dans les récits des voyageurs français du XIXe siècle (1796-1895) Histoire et voyage & Histoires de voyages le Français, l'Orient & l'Arménien au XIXe siècle |
Thèse présentée et soutenue
publiquement
sous la direction de Charles-Olivier CARBONELL
UNIVERSITÉ MONTPELLIER III - PAUL VALÉRY
Arts et Lettres, Langues et Sciences humaines et Sociales
U.F.R. Histoire
DOCTORAT DE L'UNIVERSITÉ PAUL VALERY - MONTPELLIER III
Discipline : Histoire et civilisations
table des matières
PLAN 5
PRÉFACE 11
INTRODUCTION 13
MÉTHODE 21
SOURCES IMPRIMÉES : LES UVRES ET LES AUTEURS 25
Les voyages faits entre 1796 et 1828 25
Les voyages faits entre 1828 et 1856 31
Les voyages faits entre 1856 et 1895 45
Première partie 67
L'IMAGINAIRE 67
LA QUÊTE D'UN ORIENT RÊVÉ ET LA MYTHIFICATION
DES ARMÉNIENS 67
A/ DU RÊVE AU VOYAGE 70
1/ L'Orient miroir de l'Occident 70
a/ L'Orient, une création-appropriation de l'Occident triomphant
70
b/ L'Orient et l'Oriental imaginaires : inversions mythiques de
l'Occident et de l'Occidental. 72
2/ Les Arméniens au piège de la vision orientaliste
74
3/ Christianisme de l'Orient, Orient du christianisme : la chrétienté
arménienne aux prises avec les illusions de l'Occident.
80
B/ L'ARMÉNIEN DU VOYAGEUR FRANÇAIS : L'AUTRE ET
LE MÊME, L'ORIENTAL ET LE CHRÉTIEN. 86
1/ Orient du despotisme et de l'ignorance, Orient de la sensualité
et du pittoresque : l'expression de représentations définitivement
figées. 86
a/ L'Orient du despotisme et l'Orient de l'ignorance 87
b/ L'Orient de la sensualité et du pittoresque, l'Orient
des " Mille et une nuits " : 93
c/ Des représentations de référence, un imaginaire
immuable : l'Orient des grands voyageurs des XVIIe et XVIIIe siècles.
103
2/ Des Arméniens victimes, des chrétiens persécutés
: des images instrumentalisées. 107
a/ Une image essentielle : L'Arménien chrétien persécuté
et opprimé. 108
b/ Une image instrumentalisée : L'Arménien victime.
115
3/ L'obsession du touriste et sa quête de l'Arménien
pittoresque 123
a/ La négation d'une particularité arménienne
dans l'harmonie orientale rêvée 123
b/ Les Arméniens en tant qu'élément du pittoresque
oriental : 124
C/ CONSTANTINOPLE, VENISE, JÉRUSALEM : LA TRILOGIE DE L'ARMÉNIEN
RÊVÉ 131
1/ Une image stéréotypée, superficielle et
partielle, une image attendue et reproduite : le riche marchand
ou banquier de Constantinople. 131
2/ Images des Mékhitaristes : images idéales d'une
" modernité arménienne " 142
a/ L'histoire mékhitariste et ses représentations
partielles et partiales 143
b/ Les Mékhitaristes ou la spiritualité arménienne
idéale 145
c/ Les Mékhitaristes ou les lumières de l'Occident
: 149
3/ Jérusalem, une communauté arménienne prestigieuse
et essentielle : images ambivalentes " d'ombres " et
de " lumière " 152
a/ Les représentations du patriarche et de la communauté
arménienne : entre universalisme et particularisme. 154
b/ De la magnificence arménienne aux " usurpations
" 158
CONCLUSION 162
Deuxième partie 163
DES IMAGINAIRES AUX RÉALITÉS 163
OBSESSIONS ET ILLUSIONS DES VOYAGEURS 163
A/ LE VOYAGEUR ET SA QUÊTE DE " L'AUTHENTIQUE "
165
1/ Les pratiques sociales et culturelles : une érudition
" ethnologique " et " ethnographique " ou
le fourvoiement d'un éphémère regard ? 165
a/ Les habitudes alimentaires, les pratiques ludiques et de sociabilité,
les comportements familiaux : entre " naturalisme "
et pittoresque. 166
L'alimentation et les comportements alimentaires 166
Les pratiques ludiques et les actes de sociabilité 170
La famille, la femme et les comportements familiaux 173
Un code de lois arméniennes 176
b/ Les cérémonies de la naissance, du mariage et
de la mort : le souci de l'essentiel et l'égarement pittoresque.
177
La naissance et le baptême 177
Les fiançailles et le mariage 180
La mort, les rites funéraires et les cimetières
184
2/ Les pratiques et cérémonies religieuses : du
témoignage " objectif " et érudit à
la démarche partiale et critique. 190
a/ Une préoccupation descriptive : entre érudition
et anecdotique. 191
La messe 191
Les fêtes religieuses et les processions 192
La liturgie et les dogmes 195
Ferveur religieuse et dévotion populaire 197
b/ Un regard ethnocentrique : incompréhension et rejet.
200
B/ UNE COMTEMPLATION SUPERFICIELLE ET L'ILLUSION DE LA PROFONDEUR.
205
1/ L'approche réductrice par " l'extériorité
arménienne " 206
a/ La coiffe, les vêtements, les chaussures : marques visibles
et ostentatoires de la nationalité. 206
La coiffe 207
Les vêtements 209
Les chaussures 210
b/ " Le type arménien " ou le déterminisme
chimérique du regard. 211
c/ L'architecture arménienne : une vision essentielle mais
" épidermique " et limitée. 216
d/ La femme arménienne, simple élément du
décor sensuel et pittoresque de l'Orient. 226
2/ La découverte d'une complexité arménienne
et la simplification des représentations. 234
a/ Un regard privilégié sur les élites arméniennes
: une représentation fragmentée ou la négation
d'une diversité sociale. 234
b/ " L'apparition " de l'Arménien de Russie et
les regards divergeants des voyageurs. 240
c/ De la diversité culturelle et spirituelle à la
dualité des représentations 246
CONCLUSION 253
Troisième partie 257
DES REPRÉSENTATIONS IDEALISÉES 257
CONCEPTUALISATION ET RECONSTITUTION DU RÉEL 257
A/ LES CONCEPTUALISATIONS DU GROUPE ARMENIEN : ENTRE " TRADITIONNISME
" ET " POSITIVISME " . 259
1/ L'option " traditionniste " : des représentations
moralistes et religieuses. 259
a/ Des représentations rassurantes et illusoires d'un monde
immuable : les images orientalistes et romantiques d'un retour
aux sources. 260
b/ La résurgence des valeurs traditionnelles : les Arméniens
ou les images idéales d'un conformisme bien pensant 266
2/ L'option " positiviste " : les représentations
d'une modernité en marche. 271
a/ Une pensée moderniste et ethnocentrique : les images
d'Arméniens naturellement réceptifs aux lumières.
272
b/ Des représentations idéalisées : le constat
d'une marche arménienne vers la modernité et le
progrès. 278
B/ LE COLONIALISME DES REPRÉSENTATIONS : L'AR-MÉNIEN
COMME MODÈLE DE L'INDIGÈNE COLONIAL. 289
1/ L'Arménien catholique et civilisé : un idéal
spirituel, social et culturel. 290
a/ Les Arméniens catholiques : une entité sur-représentée
et idéalisée. 291
b/ Le schisme : crépuscule des prévaricateurs. 299
2/ La France, mère-patrie des Arméniens : vision
chimérique et illusoire, ultime rêve du voyageur
français du XIXe siècle. 309
a/ L'union : une illumination régénératrice.
309
b/ Du paternalisme au colonialisme ordinaire. 319
CONCLUSION GÉNÉRALE 329
BIBLIOGRAPHIE : VOYAGES ET VOYAGEURS DU XIXe
SIÈCLE DANS L'ESPACE ARMÉNIEN 335
Les voyages faits entre 1796 et 1828 336
Les voyages faits entre 1828 et 1856 339
Les voyages faits entre 1856 et 1895 348
LES GUIDES TOURISTIQUES AU XIXe SIÈCLE 361
LES VOYAGES : REVUES ET JOURNAUX DU XIXe SIÈCLE 362
ORIENTALISME ET LITTÉRATURE AU XIXe SIÈCLE 364
ORIENTATIONS BIBLIOGRAPHIQUES 365
DICTIONNAIRES / ATLAS 365
Généralités 365
Biographiques 365
Spécialisés 365
BIBLIOGRAPHIES 367
L'ORIENT DU XIXe 368
LES ARMÉNIENS AU XIXe SIÈCLE 370
RECUEILS DE VOYAGES ET GÉNÉRALITÉS SUR LES
VOYAGEURS 372
VOYAGES ET LITTERATURE FRANCAISE 372
LES GUIDES ET LES TOURISTES 373
LES EXPLORATIONS ET L'ASPECT SCIENTIFIQUE DES VOYAGES 373
VOYAGES ET ARTS 374
VOIES DE COMMUNICATION ET TRANSPORTS 375
IMAGE, IMAGINAIRE ET MYTHES 375
LA PSYCHOHISTOIRE ET METHODOLOGIE HISTORIQUE 376
DIVERS 377
BIBLIOGRAPHIE : VOYAGES ET VOYAGEURS DU XIXe SIÈCLE DANS L'ESPACE ARMÉNIEN
Les voyages faits entre 1796 et 1828
ANDREOSSY (général)
. Constantinople et le Bosphore de Thrace pendant les années
1812, 1812, 1814 et pendant l'année 1826 (Barrois Duprat,
1828)
BEAUJOUR (Félix, baron de)
. Voyage militaire dans l'empire othoman (2 tomes, Didot, 1829)
BEAUCHAMPS (L'abbé Joseph)
. Relation historique et géographique d'un voyage à
Constantinople à Trébizonde par mer, l'an V de la
République (dans Mémoire sur l'Egypte, tome II,
Didot, 1802)
. Voyage d'Alep à Bagdad (dans Le journal des savants,
1785)
. Mémoire sur Trébizonde (dans MOURIER : Voyage
en Perse, 1813)
BELANGER (Charles)
. Voyages aux Indes orientales par le nord de l'Europe, les provinces
du Caucase, la Géorgie, l'Arménie et la Perse (4
volumes, Arthus Bertrand, 1834-1838)
BRAYER (A.)
. Neuf années à Constantinople (Bellizard, 1836)
CASTELLAN (Antoine Laurent)
. Lettres sur Constantinople (Nepveu, 1811)
. Lettres sur la Morée et Constantinople (2e édition,
3 volumes, Nepveu, 1820)
CHATEAUBRIAND (François René,
vicomte de)
. Itinéraire de Paris à Jérusalem (1re édition,
Lenormant, 1811 / 2e édition, Ladvocat, 1820)
DEHERAIN
. Lettres inédites de la mission Gardane (dans La revue
de l'histoire des colonies françaises, 1923, p.249-282)
DROUVILLE (le colonel GASPARD)
. Voyage en Perse, fait en 1812 et 1813 (Saint Petersbourg, 1819
/ Paris, 1825)
DUPRE (Adrien)
. Voyage en Perse, fait dans les années 1807, 1808, 1809,
en traversant la Natolie et la Mésopotamie, depuis Constantinople
jusqu'à l'extrémité du golfe persique, et
de là à Jréwan (2 volumes, Dentu, 1819)
FABVIER (Charles Nicolas, baron de)
. L'Orient (Paris, 1840)
FIRMIN-DIDOT (Amboise)
. Notes d'un voyage fait dans le Levant en 1816, 1817 (Paris,
1821)
FONTANIER (Victor)
. Voyage en Orient, entrepris par ordre du gouvernement français
de l'année 1821 à l'année 1829 et de 1830
à 1833 (3 volumes, Paris, 1829-1834)
FORBIN (le comte Louis Auguste de)
. Voyage dans le Levant 1817-1818 (Challamel, 1819)
GAMBA (Le chevalier)
. Voyage dans la Russie méridionale et particulièrement
dans les provinces situées au delà du Caucase, fait
depuis 1820 jusqu'en 1824 (2 volumes, Trouvé, 1826)
GARDANE (Claude, Mathieu, Ange de)
. Journal d'un voyage dans la Turquie d'Asie et la Perse, fait
en 1807, 1808, 1809 (Marseille, Mossy, 1809 / Paris, Lenormant,
1809)
. La mission du général Gardane, d'après
sa correspondance (Lainé et Harvard, 1865)
JAUBERT (Pierre Amédée, chevalier
de)
. Voyage en Arménie et en Perse, fait dans les années
1805-1806 (1re édition, Pelicier, 1821 / 2e édition,
Ducrocq, 1860)
JULIEN (Le domestique)
. Itinéraire de Paris à Jérusalem par Julien,
domestique de Chateaubriand (H. Champion, 1904)
LABORDE (Léon de)
. Voyage en Orient, Asie mineure et Syrie (Didot frères,
1837-1862)
. Magie orientale (dans La revue des deux mondes, tome III, 1833)
MARCELLUS (Le vicomte de)
. Souvenirs d'Orient (2 volumes, Debécourt, 1839)
OLIVIER (Guillaume Antoine)
. Voyage dans l'empire ottoman, l'Egypte et la Perse, fait par
ordre du gouvernement français pendant les six premières
années de la République (Agasse, 1801-1807)
PERTUSIER (Charles)
. Promenades pittoresques dans Constantinople et les rives du
Bosphore, suivi d'une notice sur la Dalmatie (Nicolle, 1819)
POUQUEVILLE (François)
. Voyage en Morée, à Constantinople et en Albanie
(Paris, 1815)
RIFAUD (Jean-Jacques)
. Voyage en Egypte, en Nubie et dans les lieux circonvoisins,
depuis 1805 jusqu'en 1827 (imprimerie de Roissyn 1830)
TANCOIGNE (J.M.)
. Lettres sur la Perse et la Turquie d'Asie (Nepveu, 1819)
. Voyage à Smyrne (Nepveu, 1817)
URVILLE (M. d')
. Relation de la campagne hydrographique de la gabarre du roi,
" la Chevrette " , dans le Levant et la mer noire, durant
l'année 1826 (dans Le journal des voyages, mars 1821, p.273-317)
Les voyages faits entre 1828 et 1856
ALLARD (Camille)
. Souvenirs d'Orient, les échelles du Levant (A. Le Clerc
et Cie, 1864)
AMPERE (J.J.)
. Une course en Asie (dans La revue des deux mondes, 1842)
ANONYME (E.F.)
. Voyage illustré dans les cinq parties du monde (édité
et publié par Adolf Joanne, Plon)
AUCHER-ELOY (Rémy)
. Relation de voyages en Orient de 1830 à 1838 (Librairie
encyclopédique Robert, 1843)
BARRAULT (Emile)
. Occident et Orient. Etudes politiques, morales, religieuses
(Paris, 1835)
. Noces à Constantinople (dans La revue des deux mondes,
tome IV, 1834)
BAUDENS (M.L.)
.Souvenirs d'une mission médicale à l'armée
d'Orient (dans La revue des deux mondes, 1857, tome I p.876-908,
tome II p.590-635, tome III p.587-616)
BERTON (L'abbé Charles)
. Quatre années en Orient et en Italie. Constantinople,
Jérusalem et Rome en 1848, 1849,1850 et 1851 (Vivés,
1854)
BLANCHARD (Pharamond)
. Itinéraire historique et descriptif de Paris à
Constantinople (Hachette, 1855)
. Voyage de Tiflis à Stavropol par le défilé
du Darial en 1858 (dans Le tour du monde, 1861)
. Voyage en Perse pendant les années 1840-1841 (Gide, 1851-1854)
BORE (Eugène)
. Fragments d'un voyage dans l'Asie mineure (dans Le bulletin
de la société de géographie, tome III, 1839,
p.382-393)
. Correspondances et mémoires d'un voyageur en Orient (2
volumes, Olivier Fulgence, 1840)
BOUCHER de PERTHES (Jacques)
. Voyage à Constantinople par l'Italie, la Sicile et la
Grèce. Retour par la Mer Noire, la Roumélie, la
Bulgarie, les provinces danubiennes, la Hongrie, l'Autriche et
la Prusse (Paris, 2 volumes, 1855)
BROSSET (Marie Félicité)
. Rapport sur un voyage archéologique dans la Géorgie
et dans l'Arménie, exécuté en 1847-1848 (St
Petersbourg, 1849-1851)
BRIZEUX (A.)
. Fragments de voyages (dans La Revue des deux mondes, tome II,
1833, p.54-63)
CAIGNART de SAULCY (Louis Félicien)
. Voyage autour de la mer morte et dans les terres bibliques (Gide,
1853)
. Expédition en Syrie (dans Le bulletin de la société
de géographie, 1864, p.126)
CALLIER (Camille)
. Voyage en Asie mineure, en Syrie, en Palestine et en Arabie
pétrée (dans Le bulletin de la société
de géographie, 1835, p.5-22)
. Voyage en Orient (dans Le bulletin de la société
de géographie, 1835, p.239-262)
. Les courriers en Turquie et la caravane de Bagdad (dans Le bulletin
de la société de géographie, 1837, p.289-302)
CORNILLE (M.)
. Souvenirs d'Orient 1831-1832 (Leroux, 1833)
CHENAVARD et REY
. Voyage en Grèce et dans le Levant (Lyon, imprimerie Léon,
1849)
CRESSEN (Jean François)
. Constantinople en 1831 (dans La revue des deux mondes, tome
II, 1831, p.43-57)
DAUZAT (J.E.)
. Excursion agricole dans le nord de l'Anatolie (dans Le tour
du monde, 1er semestre 1861, p.145-160)
DU CAMP (Maxime)
. Souvenirs littéraires (dans La revue des deux mondes,
tome V, 1881, p.5-40 et tome VI, p.564-894)
DUCKETT (William Alexander)
. La Turquie pittoresque (Lecou, 1855)
ENAULT (Louis)
. Constantinople et la Turquie. Tableau historique, pittoresque,
statistique et morale de l'empire ottoman (Hachette, 1855)
FLANDIN (Eugène ) et COSTE (Pascal)
. Voyage archéologique en Perse (dans La revue des deux
mondes, juillet-août 1850)
. Souvenirs d'un voyage en Arménie et en Perse (dans La
revue des deux mondes, tome III et IV, 1851)
. Voyage en Perse de Flandin et Coste, attachés à
l'ambassade de France en Perse, pendant les années 1840-1841
(Gide et Baudry, 2 volumes, 1851-1854)
. Voyage en Mésopotamie (dans, Le tour du monde, tome I,
1861, p.49-80)
. Itinéraire de l'ambassade de France en Perse de Monsieur
le comte de Sercey et des missions scientifiques des deux artistes
attachés à cette mission (Paris, 11 volumes)
FLAUBERT (Gustave)
. Souvenirs et paysages d'Orient (Arthus Bertrand, 1848)
. Lettres d'Orient (L'horizon chimérique, Bordeaux, 1990)
FRIDOLIN (Le major)
. Scènes de vie religieuse en Orient (dans La revue des
deux mondes, tome II, 1854, p.73-99)
GAUTIER (Théophile)
. Constantinople (Lévy, 1853 / nouvelle édition,
La boîte à doc., 1990)
GOBINEAU (Joseph Arthur, comte de)
. Trois ans en Asie (1re édition, Hachette, 1859 / 2e édition,
Leroux, 1902)
. Voyage en Perse, fragments 1855-1858 (dans Le tour du monde,
tome II, 1860, p.17-48)
GUIBOUT (Eugène)
. Les vacances d'un médecin (Masson, 7 volumes, 1880-1889)
HOMMAIRE de HELL (Monsieur et Madame Xavier)
. Les steppes de la mer Caspienne, le Caucase, la Crimée
et la Russie méridionale. Voyage pittoresque, historique
et scientifique (Paris, Bertrand, 3 volumes, 1845)
. Géographie historique du bassin de la mer Caspienne (Paris,
1845)
. Voyage en Turquie et en Perse, exécuté par ordre
du gouvernement français pendant les années 1846,
1847 1848, rédigé par madame Hommaire de Hell, partie
géographiques par Daucy, notice biographique par M. de
la Roquette (Paris, 1854-1866)
JAUBERT (Hippolyte François, comte de)
. Lettres écrites d'Orient (dans La revue des deux mondes,
février 1842)
JOUVE (Eugène)
. Lettres sur la guerre d'Orient (Delhomme, 1854)
. Guerre d'Orient. Voyage à la suite des armées
alliées en Valachie et en Crimée (Delhomme, 2 volumes,
1855)
LAMARTINE (Alphonse Marie Louis de)
. Voyage en Orient. Souvenirs, impressions, pensées et
paysages pendant un voyage en Orient (4 volumes, Gosselin, 1835)
LANGLOIS (Victor)
. Voyage dans la Cilicie et dans les montagnes du Taurus, exécuté
pendant les années 1852-1853, par ordre de l'empereur et
sous les auspices du ministère de l'instruction publique
(Benjamin Duprat, 1861)
LE BAS (Philippe) et WADDINGTON (W.H.)
. Voyage archéologique en Grèce et en Asie mineure,
fait par ordre du gouvernement français pendant les années
1843 et 1844, publié sous les auspices du ministère
de l'instruction publique (Didot, 12 volumes, 1847-1868)
MARCHEBEUS
. Voyage de Paris à Constantinople pat bateau à
vapeur (Arthus Bertrand, 1839)
MARMIER (Xavier)
. Du Rhin au Nil. Souvenirs de voyage (Arthus Bertrand, 1843)
. Lettres sur la Russie, la Finlande et la Pologne (Garnier, 1844)
MAS LATRIE (L. de)
. Notes d'un voyage archéologique en Orient (dans Les archives
des missions scientifiques et littéraires, imprimerie impériale,
tome I, p.94-112, 161-183 et 502-556)
MICHAUD (Joseph) et POUJOULAT (Jean Joseph)
. Correspondance d'Orient (Ducollet, 7 volumes, 1833-1835)
MICHON (L'abbé)
. Voyage religieux en Orient (Mme V. Common Librairie, Paris,
2 volumes, 1853)
MOLEMES (Paul de)
. Les commentaires d'un soldat (dans La revue des deux mondes,
tome I, 1860, p.257-294, 574-609, 769-790)
NERVAL (Gérard de)
. Voyage en Orient (Charpentier, 1851)
NOE (Le vicomte de)
. Les bachi bouzouks et la cavalerie irrégulière.
Souvenirs de la guerre d'Orient (dans La revue des deux mondes,
tome V, octobre 1859, p.769-806)
OPPERT (Jules), FRESNEL (Fulgence ) et THOMAS
(Félix)
. Expédition scientifique en Mésopotamie, exécutée
par ordre du gouvernement de 1851 à 1854 (Gide, 2 volumes,
1856-1863)
POUJOULAT (Baptistin)
. Voyage en Asie mineure, en Mésopotamie et à Palmyre
(Ducollet, 1840)
REBOUL (Charles)
. La forteresse de Vnézapné. Scènes et récits
de la guerre du Caucase (dans La revue des deux mondes, tome II,
1853, p.333-367)
REYNAUD (Charles)
. D'Athènes à Balbeck (Fiurme, 1846)
SALLES (Eusèbe de)
. Pérégrinations en Orient (Pagnére, 1840)
SAINT JULIEN (Charles de)
. Voyage pittoresque en Russie (Belin Leprieur et Morizot, 1853)
. Souvenirs du Caucase (dans La revue de Paris, juin 1866)
SAND (George)
. Lettres d'un voyageur (dans La revue des deux mondes, tome III,
1834, p.716-721)
SERCEY (Edouard, comte de)
. La Perse en 1840 (dans La revue contemporaine, mars-mai 1854)
SUZANNET (Le comte de)
. Les provinces du Caucase sous la domination russe (dans La revue
des deux mondes, 1841, tome II, p.50-106)
. Souvenirs de voyages : les provinces du Caucase, l'empire du
Brésil (Dentu, 1845)
TEULES (J.C.)
. Pensées et notes critiques du journal de mes voyages
dans l'empire du sultan, dans les provinces russes, géorgiennes
et tartares du Caucase, dans le royaume de Perse (Arthus Bertrand,
1842)
TEXIER (Charles)
. L'exploration de l'Arménie, du Kurdistan et de la Susiane
(Paris, 1840)
. Description de l'Asie mineure. Beaux arts, monuments historiques,
plans et topographies des cités antiques (Paris, 1839)
. Description de l'Arménie, de la Perse, de la Mésopotamie.
Géographie, géologie, monuments anciens et modernes
(Paris, 1842-1845)
THOUVENEL (E.)
. Constantinople sous Abdul Medjid (dans La revue des deux mondes,
tome I, 1840, p.68-89)
VALON (Alexis, vicomte de)
. Une années dans le Levant (2 tomes, Jules Labitts, 1846)
. La Turquie sous Abdul Mejid (dans La revue des deux mondes,
1844, p.481-515)
VISQUENEL (A.)
. Rapport sur une mission géologique en Turquie (dans Les
archives des missions scientifiques et littéraires, Imprimerie
impériale, tome I, p.207-214 et 311-362)
Les voyages faits entre 1856 et 1895
ANONYME
. Italie et Levant. Notes d'un marin (dans La revue des deux mondes,
1883, tome V, p.422-452)
ANONYME (Madame X.)
. Visite au sérail (dans Le tour du monde, 1863)
ABOUT (Edmond)
. De Pontoise à Stamboul (Hachette, 1884)
BAPST (Germain)
. Souvenirs de deux missions dans le Caucase. Notes et documents
(Leroux, 1886)
. Les fouilles sur la grande plaine (Leroux, 1885)
BEAUMONT (Aldabert de)
. Les arts déco. (dans La revue des deux mondes, 1866)
. Venise (dans Le tour du monde, 1862)
BAYE (Le baron de)
. En Géorgie (Per Lamm, 1896)
. De Moscou à Krasnoïarsk (Per Lamm, 1897)
. Au sud de la chaîne du Caucase. Souvenirs d'une mission
(Per Lamm, 1899)
BERGER (Philippe)
. Souvenirs d'un voyage en Egypte et en Syrie (dans La revue des
deux mondes, juillet 1894, tome IV, p.370-388)
BERNOVILLE (Raphaël)
. La Souanétie libre. Episode d'un voyage dans la chaîne
du Caucase (A. Morel et Cie, 1875)
BEYLIE (Léon de)
. Mon voyage de Lorient à Samarcande (Grenoble, Allier,
1889)
BIGOT (Charles)
. Grèce, Turquie, Danube (Ollendorf, 1886)
BINDER (Henri)
. Au Kurdistan, en Mésopotamie et en Perse (Quantin, 1887)
BONVALOT (Gabriel)
. En Asie centrale. De Moscou en Bactriane (Paris, 1884)
. En Asie centrale. Du Khohistan à la mer Caspienne (Paris,
1885)
. Du Caucase aux Indes à travers le Pamir (Paris, 1888)
. Aux Indes par terre à travers le Pamir (dans La revue
des deux mondes, 1888, tome V, p.601-631)
BOROTRA (Henry)
. Lettres orientales (1resérie, Simonis Empis, 1893)
BOULANGIER (Edgar)
. Traversée du Caucase par la route militaire du Darial
(1887)
. Voyage à Merv. Les Russes de l'Asie centrale et le chemin
de fer Transcaspien (Hachette, 1888)
BOURQUELOT (Emile)
. Promenade en Egypte et à Constantinople (Challamel aîné,
1885)
CAHU (Théodore)
. Vingt jours à Constantinople (Oblong, 1885)
CANTEL (Henri)
. Le prince Domenti, scènes de vie géorgienne (dans
La revue des deux mondes, août 1862, p.707-732)
. Héraklès, scènes de vie géorgienne
(dans La revue des deux mondes, juillet 1863, p.451-471)
CHANTRE (Ernest)
. Rapport sur une mission scientifique dans l'Asie occidentale
et spécialement dans les régions de l'Ararat et
du Caucase (Paris, 1883)
. Recherches anthropologiques dans le Caucase (Lyon, Henri Georg
Librairie, 4 volumes, 1885-1887)
. De Beyrouth à Tiflis (dans, Le tour du monde, 1889, tome
II, p.209-304)
. Rapport sur une mission scientifique en Arménie russe
(Paris, 1893)
.L'Ararat (dans, L'année géographique, 1893, p.81-94)
. Rapport sur une mission scientifique en Asie mineure, spécialement
en Cappadoce (Paris, 1896)
. Recherches anthropologiques dans l'Asie occidentale. Mission
en Cappadoce (Paris, 1898)
CHANTRE (Madame)
. A travers l'Arménie russe (Hachette, 1893 ou Le tour
du monde, 1891, tome I et II et 1892, tome I et II
. En Asie mineure. Souvenirs de voyage en Cappadoce (dans Le tour
du monde, 1896, p.409-480)
. En Asie mineurs. La Cilicie (dans Le tour du monde, 1898, tome
I, p.145-180)
CHAMBORD (Le comte de)
. Journal d'un voyage en Orient, 1861 (Tallandier, 1984)
CHARMES (Gabriel)
. Voyage en Syrie. Impressions et souvenirs (dans La revue des
deux mondes, 1881, tome III, p.753-782)
CHAUVIERRE (L'abbé Patrice)
. Voyage en Orient (Paris, 1883)
CHOLET (Armand Pierre, comte de)
. Excursion en Turkestan et sur la frontière russo-afghane
(Paris, 1889)
. Arménie, Kurdistan, Mésopotamie (Plon Nourrit,
1892)
COLLIGNON (Maxime)
. Notes d'un voyageur dans l'Asie mineure (dans La revue des deux
mondes, janvier 1880, tome I, p.150-177 ; avril 1880, tome II,
p.891-917)
COQUAND (H.)
. Notice géologique sur Panderma (Asie mineure) (dans Le
bulletin de la société géologique de France,
séance du 18 mars 1878)
DAMAS (Amédée, Révérend
Père de)
. Coup d'il sur l'Arménie à propos d'une mission
de la compagnie de Jésus (Delhomme et Briguet, 1887)
. Lettre du R.P. de Damas (dans Les annales de la propagation
de la Foi, mars 1883, p.79-99)
. Lettre du R.P. de Damas (dans Les annales de la propagation
de la Foi, 1884, p.67-85)
DESCHAMPS (Gaston)
. En Turquie, Smyrne (dans La revue des deux mondes, mai 1893,
tome III, p.281-320)
. En Turquie, l'île de Chio (dans La revue des deux mondes,
janvier 1893, tome I, p.146-169 ; décembre 1893, tome VI,
p.843-876)
. Sur les routes d'Asie (Colin et Cie, 1894)
DEVELAY (A.)
. D'Arménie en Perse (dans Le journal des voyages, janvier
1896, n°989 à 996)
DEYROLLE (Théophile)
. Voyage dans le Lazistan et l'Arménie (dans Le tour du
monde, 1875, tome I, p.1-32, tome II, p.257-288 ; 1876, tome I,
p.369-410)
DIEULAFOY (Jane)
. La Perse, la Chaldée, la Susiane (dans Le tour du monde,
1883, tome I, p.1-80, tome II, p.81-160 ; 1884, tome I, p.145-224,
tome II, p.97-144 ; 1885, tome I, p.81-160 ; 1885. 1886 tome I,
p.46-112 / ou Hachette, 1886)
. A Suse, 1884-1886, journal des fouilles (dans Le tour du monde,
1887, tome II, p.1-96 ; 1888, tome I, p.1-80)
. Une amazone en Orient. Du Caucase à Persépolis
(nouvelle édition, Phébus, 1989)
DREE (M. de)
. Les météores (dans Le tour du monde, 2e semestre1881)
DROUET (Francis)
. De Marseille à Moscou par le Caucase. Notes de voyage
(Cagniart Rouan, 1893)
DUHOUSSET (Louis Emile)
. Etudes sur les populations de la Perse et des pays limitrophes
pendant trois années de séjour en Asie (Paris, 1863)
DUMAS (Alexandre)
. De Paris à Astrakhan. Impressions de voyage en Russie
(Paris, 1860)
. Le Caucase (Paris, 1865)
DUMONT (Albert)
. Souvenirs de Roumélie (dans La revue des deux mondes,
juillet 1871, tome IV, p.418-443 ; août 1871, p.810-839)
DUMUYS (Léon)
. Lettres de Grèce et de Turquie. D'Orléans à
Stamboul (Orléans, Herluison, 1895)
DURAND DE FONTMAGNE (La baronne)
. Un séjour à l'ambassade de France à Constantinople
sous le second empire (Plon Nourrit, 1902)
DUTREUIL DE RHINS
. Mission scientifique dans la haute Asie (Leroux, 1890-1897)
EUDEL (Paul)
. Constantinople, Smyrne et Athènes. Journal d'un voyage
(Dentu, 1885)
EYNAU (Albert)
. La chanson de Férizadé, scènes de la vie
turque en Anatolie (dans La revue des deux mondes, février
1873, tome I, p.830-860)
. Montagne kurde, scènes de la vie turque en Anatolie (dans
La revue des deux mondes, avril 1873, tome II, p.923-950)
. La maison du bey, scènes de la vie du harem (dans La
revue des deux mondes, mai 1873, tome III, p.372-401)
FOURNIER (Eugène)
. Description géologique du Caucase centrale (thèse
de doctorat à la Sorbonne, 1890)
. De Marseille à Tiflis en hiver. En Transcaucasie, le
Caucase du nord (Chez l'auteur, 1896)
FREDE (Pierre)
. Voyage en Arménie et en Perse (Delagrove, 1885)
FEUVRIER (Le docteur)
. Trois ans à la cour de Perse (Paris, Juven)
GASPARIN (La comtesse de)
. A Constantinople (Levy, 1867)
. Journal d'un voyage au Levant (Ducloux, 2 volumes, 1850)
GALLAND (Joseph)
. Dans le Kurdistan (dans La Géographie, 1901, tome I,
p.393-402)
GIRARD (Le capitaine B.)
. Souvenirs d'une campagne dans le Levant. Les côtes de
la Syrie et de l'Asie mineure (dans La revue maritime et coloniale,
tome 80, 1884, p.43-81, 389-436, 643-689)
GODINS DE SOUHESMES (Gaston des)
. Au pays des Osmanlis (2e édition, Havard, 1894)
GODINS DE SOUHESMES (Raymond des)
. De St Pétersbourg à Samarkande. Du Caucase à
la Vistule (Paris, 1897)
GUYOT (Lieutenant)
. De Montélimar à Constantinople par mer et retour
à bicyclette (Plon Nourrit, 1894)
KOECHLIN-SCHWARTZ (A.)
. Un touriste au Caucase. Volga-Caspienne-Caucase (Hetzel et Cie,
1880)
LACOIN DE VILMORIN (Auguste)
. De Paris à Bombay par la Perse (Didot, 1894)
LALLEMAND (Charles)
. D'Alger à Constantinople (Alger, Librairie imprimerie
réunies, 1894)
LAUNAY (Louis de)
. Chez les Grecs de Turquie (1897)
LE CAMUS (L'abbé)
.Voyage aux sept églises de l'Apocalypse (dans Le tour
du monde, 1ersemestre 1892, p.249-288 ; 2e semestre 1893, p. 333-404)
LEFEVRE PONTALIS (Carle)
. De Tiflis à Persépolis. Erewan, Tabriz, Téhéran,
Ispahan (Plon, 1894)
LEJEAN (Guillaume)
. Voyage dans la Babylonie (dans Le tour du monde, 1867, tome
II, p.49-96)
. Une nuit d'hivers dans l'anti-Taurus (dans, Le tour du monde,
2e semestre1873)
LOTI (Pierre)
. Constantinople (dans, Capitales du monde, Hachette, 1892)
. Jérusalem (nouvelle édition, Laffont, 1991)
MELY (M.F.)
. Quatre mois en Russie (dans Le tour du monde, 1er semestre1878)
MEUNIER (F.)
. A Jérusalem, par la péninsule balkanique, l'Asie
mineure et la Syrie (Delattre)
MONNIER (Marcel)
. Itinéraires à travers l'Asie (Plon, 1900)
MORGAN (Jacques de)
. Voyage en Perse et dans le Kurdistan (dans Le bulletin de la
société de géographie, 1895)
. Mission scientifique en Perse (Leroux, 1894)
. Mission scientifique dans le Caucase. Etudes archéologiques
et historiques (Leroux, 2 volumes, 1890)
MOUSTIER (Audéric, comte de)
. Voyage de Constantinople à Ephèse par l'intérieur
de l'Asie mineure. Bithynie, Phrygie, Lydie, Ionie (dans, Le tour
du monde, 1864, p.225-272)
MOUY (A. de)
. Lettres du Bosphore, Bucarest, Constantinople, Athènes
(Plon, 1879)
MOYNET (Jean Pierre)
. Voyage au littoral de la mer Caspienne (dans, Le tour du monde,
1860, tome I, p.113-128, 305-336)
MULLER-SIMONIS et HYVERNAT
. Relations des missions scientifiques de H. Hyvernat et de P.
Muller-Simonis, du Caucase au golfe persique à travers
l'Arménie, le Kurdistan et la Mésopotamie (Delhomme
et Briguet, 1892)
NEY (Napoléon Paul)
. En Asie centrale à la vapeur. La mer noire, la Crimée,
le Caucase, la mer Caspienne. Les chemins de fer sibériens
et asiatiques, inauguration du chemin de fer transcaspien. L'Asie
centrale, Merv, Boukhara, Samarkand. Notes de voyage (1828)
. Tiflis (Garnier frères,1888)
ORSOLLE (Ernest)
. Le Caucase et la Perse (Plon et Cie, 1885)
PANISSE (Le comte de)
. La Russie, la Perse, l'Inde. Souvenirs de voyage (Jouaust, 1867)
PARMENTIER (E.)
. Voyage dans la Turquie d'Europe (Leroux, 1890)
PATENOTRE (Jules)
. Un voyage d'hiver au Caucase (dans La revue des deux mondes,
décembre 1874, p.509-535)
. Souvenirs d'un diplomate : voyages d'autrefois.
. Les Persans chez eux. Notes de voyage (dans La revue des deux
mondes, mars 1875, tome II, p.145-168)
PERROT (Georges)
. Souvenirs d'un voyage en Asie mineure (Levy frères, 1864)
. Exploration archéologique de la Galatie et de la Bithynie,
d'une partie de la Mysie, de la Phrygie, de la Cappadoce et du
Pont (Didot, 1862-1869)
. Les Kurdes de l'Haïmaneh (dans La revue des deux mondes,
février 1865, tome I, p.607-631)
PERTHUIS (Le comte de)
. Le désert de Syrie, l'Euphrate et la Mésopotamie
(Hachette, 1896)
PONTEVES SABRAN (Jean)
. Notes de voyages d'un hussard. Un raid en Asie (Paris, 1890)
PROUST (Antonin)
. Les murs turques (dans Le tour du monde, 2e semestre1863)
RAMBAUD (Alfred)
. Sébastopol et la Chersonèse. Souvenirs de voyage
(dans La revue des deux mondes, 1874, tome VI,)
RAYET (O.) et THOMAS (A.)
. Milet et le golfe Latniq (J. Baudry, 5 livraisons,1877-1885)
REINACH (Joseph)
. Voyage en Orient (Charpentier, 1879)
RENAN (Ernest)
. Mélanges d'histoires et de voyages (Paris, 1878)
. Souvenirs d'enfance et de jeunesse (Calmann-Levy, 1883)
RHETORE (Jean Jacques, Père)
. Voyage d'un missionnaire dans les provinces de Kerkouk et de
Souleimanié dans l'empire turc (dans L'année dominicaine,
1879-1880)
. Excursion dans les pays nestoriens du Nord (dans Les annales
de la propagation de la Foi, 1883, p.283-308)
ROCHECHOUART (Julien de)
. Souvenirs d'un voyage en Perse (Challamel, 1867)
ROCQUIGNY DU FAYEL (Le comte de)
.Trois mois en Orient. Basse Egypte- Syrie- Jérusalem-
Constantinople. Journal de voyage pouvant servir de guide aux
voyageurs en Orient (2e édition, Challamel, 1876)
ROGERON (Gabriel)
. Trois mois à Constantinople (dans La revue de l'Anjou,
Angers, Germain et Gorassins, 1880, p.101-164)
. Souvenirs d'un voyage en Orient (Picart et fils, 2 volumes,
1899)
ROUGON (F.)
. Smyrne, situation commerciale et économique (Beger Levrault,
1892)
ROLLER (Théophile)
. Le tour d'Orient. Egypte, Terre Sainte, Syrie, Constantinople
(Bridel, 1891)
SALLES (A.)
. De Constantinople à Corfou. Promenade à travers
la Méditerranée (Vanier, 1894)
SIEGFRIED (Jacques)
. Seize mois autour du monde, 1867-1869 (Paris, 1869)
SOUDAK (Louis de)
. Théodosie, port de mer (dans Le tour du monde, 1896)
TROTIGNON (Lucien)
. L'Orient qui s'en va. Egypte, Palestine, Syrie, Constantinople.
Notes d'un voyage (Savine, 1893)
VIGIER (René, vicomte de)
. Un Parisien à Constantinople (Ollendorf, 1886)
VOGUE (Eugène Melchior de)
. Voyage en Syrie (dans La revue des deux mondes, janvier 1875,
tome I, p.320-626)
. Voyage au pays du passé (Plon, 1876)
. En Crimée (dans La revue des deux mondes, 1886, tome
VI, p.481-521)
. Dans les steppes. Notes de voyages (dans La revue des deux mondes,
1884, tome VI, p.544-576)
. Vangheli, scènes de la vie orientale (dans La revue des
deux mondes, 1876, tome VI, p.370-408)
WOESTYNE (Henri Pierre VAN, Yvan de)
. Voyage au pays des bachi-bouzouks (Bachelin et Deflorene, 1876)
LES GUIDES TOURISTIQUES AU XIXe SIÈCLE
JOANNE
. Itinéraire descriptif, historique et archéologique
de l'Orient (Hachette, 1re édition en 1861, 2e édition
en 1873)
LACROIX (Frédéric)
. Guide du voyageur à Constantinople et dans ses environs
(Bellizard et Dufour, 1839)
MOURIER (J.)
. De Vladikavkaz à Tiflis. La route militaire de Géorgie.
Guide du Caucase (Tiflis, édition Baerenstamm, 1887)
LES VOYAGES : REVUES ET JOURNAUX DU XIXe SIÈCLE
Bulletin monumental de la société française
d'archéologie (trimestriel, à partir de 1834)
Bulletin de la société orientale
L'anthropologie (Masson, à partir de 1890)
La revue de l'Orient, de l'Algérie et des colonies
La revue des deux mondes (mensuel, à partir de 1830)
La revue archéologique (semestriel, à partir de 1844)
Le bulletin de la société géographique de Paris (bimestriel, A. Colin, à partir d'octobre 1891)
Le journal des voyages (hebdomadaire, sous la direction de A. Develay et Pisson)
Le tour du monde. Nouveau journal de voyages (semestriel, Hachette, publié sous la direction de M. Charton, 1860-1914)
Les annales de l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres (à partir de 1857)
Les annales des voyages de la société de géographie et d'histoire (1807-1814)
Les archives des missions scientifiques et littéraires (à partir de 1850)
Les nouvelles annales de la société de géographie et d'histoire (à partir de 1815)
Mémoires de la société nationale des antiquaires de France (périodicité irrégulière, à partir de 1804)
Recueil de voyage et mémoire de la société
de géographie
ORIENTALISME ET LITTÉRATURE AU XIXe SIÈCLE
ABDOULFEDA : Géographie (traduction de Reinaud, Paris, 2 volumes, 1848)
EDRISIS : Géographie (traduction de Jaubert, Paris, 2 volumes, 1836-1840)
MACOUDI : Les prairies d'or (traduction de Barbier de Meynard, Paris, 9 volumes, 1861-1878)
Les contes des milles et une nuits (traduits
par Galland, 1704-1717 / nouvelle édition traduite par
Trébustien, Dondey Dupré, 1828)
ORIENTATIONS BIBLIOGRAPHIQUES
DICTIONNAIRES / ATLAS
Généralités
Larousse (Pierre) : Grand dictionnaire universel du XIXe siècle
Biographiques
Michaud : Biographie universelle ancienne et moderne (Desplaces)
Prévost et Roman d'Amat : Dictionnaire de la biographie
française (Letouzey et Ané)
Vapereau : Dictionnaire universel des contemporains (6e édition,
1893)
Spécialisés
Dictionnaire illustré des explorateurs et des grands voyageurs
du XIXe siècle (tome II, Asie, CTHS, 1992)
Dictionnaire d'histoire et de géographie ecclésiastique
(commencé sous la direction de Mgr Alfred Baudrillat, continué
par A. de Meyer et Et. Van Cauwenbergh) (Argaiz - Athaulf, Paris,
1930, tome IV)
Grand atlas de géographie (Encyclopedia universalis, 1992)
Hommes et destins. Dictionnaire bibliographique d'outre mer (tome
VI, Asie, 1985)
- Baquol et Schnitzler : Atlas historique et pittoresque (Strasbourg,
1864)
Bouillet : Dictionnaire universel d'histoire et de géographie
(édition de 1876)
Challiand et Rageau : Atlas de la découverte du monde (1984)
Duby (Georges) : Atlas historique (Larousse, 1978)
Dufour (A.) et Dyonnet : Atlas universel, physique, historique
et politique (Paulin et Lechevalier, 1855)
Duval (Henri) : Atlas universel (Johanneau, 1831)
Eyries (J.B.) : Voyages pittoresques en Asie et en Afrique. Résumé
général des voyageurs anciens et modernes (Fiurne,
1839)
Frangulis : Dictionnaire diplomatique (tome V, 1954)
La Croix (l'abbé de) : Géographie moderne et universelle
(2 volumes, 1817)
Laffont-Bompiani : Dictionnaire biographique des auteurs (1957)
Lemonof : Le livre d'or de la géographie. Essai de biographie
géographique (1902)
Masselin : Dictionnaire universel de géographie (Delalan,
2 volumes, 1830)
Maury (Alfred) : La terre et les hommes (Hachette, 1861)
Reclus (Elisée) : Géographie universelle. La terre
et les hommes (Hachette, 19 volumes, 1875-1893)
Reclus (Elisée) : Tableaux statistiques de tous les Etats
comparés (Hachette, 1894)
Riverain : Dictionnaire des explorations (1965)
Schrader (F.) : Atlas de géographie (1911)
Taillemite : Dictionnaire des marins français (1982)
Thornton (Lynne) : Les orientalistes, peintres voyageurs (ACR
édition, poche couleur, 1993)
Vosgien : Dictionnaire géographique ou description des
4 parties du monde (Pitrat, 1813)
INTRODUCTION
" Les Arméniens sont généralement de
beaux hommes, ils ont les yeux et les cheveux noirs, le regard
vif, le nez aquilin, le teint un peu basané. Les femmes
sont remarquables par la régularité et la délicatesse
de leurs traits. Elles ne sortent que voilées et vivent
très retirées. Frugal, économe, hospitalier,
obligeant, l'Arménien a beaucoup de probité et son
cur est étranger à la vengeance. Il a le sens
droit et montre une grande habileté dans les spéculations
commerciales, une application continuelle et infatigable au travail.
L'amour du gain le rend avare et lui donne quelques ressemblances
avec le Juif dont il est l'émule et le rival. Lent, tranquille,
réfléchi, très attaché aux usages
de ses ancêtres, il se concentre dans sa famille et aime
beaucoup ses enfants. Il ne brille ni par son courage, ni par
sa valeur. On lui reproche d'aimer la bonne chaire, le vin et
surtout l'argent " . Voici comment au milieu du XIXe siècle
le Larousse définit ou plutôt caricature l'Arménien.
Ce portrait admis et accepté, stéréotype
consensuel de l'imaginaire français, véhicule une
série de clichés, de lieux communs, d'images édulcorées
et sans relief.
Résumé médiocre et vulgarisateur de la fantasmagorie
collective, les guides touristiques du XIXe, et le plus célèbre
d'entre eux, le Joanne, reprennent à la même époque,
cet imaginaire simpliste et de pacotille : " Ces Arméniens
sont une race d'hommes superbes, vêtus noblement et simplement
d'un turban noir et d'une longue robe bleue nouée au corps
par un châle en cachemire blanc ; leurs formes sont athlétiques,
leurs physionomies intelligentes mais communes ; le teint coloré,
l'il bleu, la barbe blonde ; laborieux, paisibles, réguliers,
calculateurs et cupides. Ils mettent leur génie trafiquant
aux gages du Sultan et des Turcs, rien d'héroïque,
ni de belliqueux dans cette race d'hommes. Le commerce est leur
génie, ils le feront sous tous les maîtres. Ce sont
les Chrétiens qui sympathisent le mieux avec les Turcs.
Leurs femmes dont les traits aussi purs mais plus délicats
rappellent la beauté calme des Anglaises ou des paysannes
des montagnes d'Helvétie. Cette description est d'une exactitude
complète pour les Arméniens du littoral ou des grands
centres urbains de population où leur rapacité dépasse
celle des Juifs ; mais dans le pays d'où la race est sortie,
les Arméniens ont toutes les qualités solides, tous
les instincts indépendants que les habitudes commerciales
ont fait perdre à leurs compatriotes " .
Ces deux portraits très proches l'un de l'autre, celui
du Larousse et celui du Joanne, portent témoignage de la
représentation commune du XIXe siècle relative aux
Arméniens. Cette perception stéréotypée
s'impose ainsi comme une norme, comme la référence
inéluctable et acceptée par " l'esprit français
" .
Le voyageur français qui rencontre, observe et décrit
le monde arménien, qui est témoin direct et solitaire
dans une démarche originale, peut-il par la double prérogatives
du voyage et de l'écriture, se targuer d'une vision singulière,
novatrice et libre ? N'est-il que le vecteur du conformisme intellectuel,
de la stéréotypie vulgarisatrice ? Parvient-il à
se dégager des images préconçues et des idées
reçues ? Peut-il objectivement analyser le réel
en se démarquant de son environnement culturel, de son
éducation spirituelle et sociale ?
Issus des catégories socio-économiques supérieures
et/ou intellec-tuelles de la société française
du XIXe siècle, en général catholiques, ces
voyageurs sont des témoins de leur temps. Ils sont des
spectateurs plus ou moins fidèles, plus ou moins attentifs
du monde arménien. Mais ils sont aussi les interprètes
d'une certaine représentation du monde, celle de la France
du XIXe siècle. Sachant que la norme socioculturelle apparaît
comme " le noyau solide et relativement stable à partir
duquel se jouent les comportements " , le récit de
voyage, témoignage personnel d'une expérience vécue,
ne fait-il que reproduire des valeurs et des représentations
collectives ? Peut-il être un vecteur innovant capable d'insuffler
un schéma de pensée original et autonome ? Autrement
dit, il s'agit de s'interroger sur la portée du témoignage
direct, du récit, en considérant son influence éventuelle
sur les courants d'opinion. Le mouvement arménophile français
de la fin du XIXe et du début XXe, mené par des
intellectuelles de renom (Antoine Meillet, Séverine, Pierre
Quillard, Anatole France... ) , peut-il, par exemple, avoir été
déterminé et préparé par les récits
du XIXe siècle ou procède t-il d'un cheminement
plus complexe ?
L'étude entreprise ici, visant à déterminer
" Les images des Arméniens dans les récits
des voyageurs français du XIXe siècle " , se
veut une réponse à ces interrogations. Elle peut
être pensée comme l'amorce d'un questionnement plus
vaste autour des rapports entre imaginaire et réalité.
Il s'agit de brosser le tableau du monde arménien du XIXe
siècle par le biais original et spécifique du récit
de voyage. Etude de l'imaginaire français sur les Arméniens,
étude des réalités arméniennes observées
par les voyageurs, ce travail tentera en dernier lieu de déterminer
le sens profond de ces représentations.
Préalablement il est nécessaire de procéder
à une définition précise des termes et de
définir une méthodologie.
L'image sera considérée ici comme la reproduction
mentale d'une perception ou d'une impression intérieure,
autrement dit c'est une réalité abstraite, une représentation
subjective. En liaison on considérera l'imaginaire comme
les reconstitutions des images par la psychologie collective,
plus généralement comme l'ensemble des représentations
et reconstitutions des réalités. En ce sens le récit
de voyage ne peut être qu'un agrégat d'images. Les
uvres retenues ici relèvent non pas du roman, mais
de ce que recouvre le mot voyage contenu dans la plupart des titres
: le témoignage direct d'une expérience vécue,
dut-il parfois s'étayer sur ceux des voyageurs précédents
ou sur des travaux scientifiques voir même littéraires.
Par souci d'homogénéité il s'agit de ne pas
retenir les textes qui ont exclu le support du journal, du récit,
au seul profit de l'exposé historique, littéraire
ou autre. Le support autobiographique a donc été
le critère essentiel de sélection.
Un espace et un temps arménien significatifs ont également
été déterminés et utilisés
comme données sélectives et méthodologiques.
L'espace se définit de lui-même par rapport à
la démographie arménienne du XIXe siècle.
Un espace, non pas historique, non pas dogmatique, mais en des
termes stricts de peuplement, a ainsi été délimité.
Cet espace, lieu de rencontre probable entre le voyageur et l'Arménien,
s'étend de Constantinople à la mer Caspienne, du
Caucase à la région du lac Ourmiah, voire même
jusqu'à Ispahan et son faubourg arménien de Nor
Djoulfa. Les grands centres de peuplement arménien du XIXe
siècle sont en effet Constantinople , la Cilicie et le
Taurus , l'Anatolie orientale et la Transcaucasie . L'espace arménien
d'étude se centre donc sur la capitale ottomane, l'Arménie
géographique (" vaste contrée de l'Asie occidentale
bornée au nord par la chaîne du Caucase, à
l'est par la mer Caspienne, au sud par la Mésopotamie,
à l'ouest par le cours supérieur de l'Euphrate "
) et l'Arménie historique (conglomérat de "
toutes les zones qui à un moment donné furent incluses
dans un Etat arménien " ). En raison de leurs places
essentielles dans la perception et la représentation du
monde arménien, la communauté de Jérusalem,
celle des Mékhitaristes de Vienne et de l'île Saint
Lazare à Venise ont également été
prises en comptes.
A cet espace, il s'agit de faire correspondre un temps d'étude
suffisamment significatif. Il s'avère intéressant
d'établir un bornage aux années charnières
de 1796 et 1895
1796, car deux ans avant l'expédition d'Egypte de Bonaparte
(expédition révélatrice et annonciatrice
du mouvement orientaliste en France), les Arméniens s'affirment
en tant que tels dans le jeu stratégique régional
entre les empires russe, ottoman et perse. A l'appel de l'archevêque
Hovsêp', ils prennent part à une expédition
russe en Transcaucasie engendrant l'occupation d'une partie de
l'Azerbaïdjan et du Daghestan, aux confins des khanats persans
d'Arménie.
1895, car c'est une année décisive faisant basculer
les Arméniens dans une ère nouvelle. Dans le prolongement
de l'internationalisation de la question arménienne , les
premiers signes d'un vaste mouvement arménophile se manifeste
en France . Son émergence est liée aux " massacres
hamidiens " (du nom du Sultan Abdul Hamid) qui s'amorcent
à la fin de l'année 1894 et s'amplifient en 1895-1896.
Cette répression va (tardivement) frapper l'opinion publique
française comme le montrent, par exemple, quelques articles
publiés dans la Revue des deux mondes de 1895 - 1896 qui
évoquent des " chasses à l'arménien
" dans les rues de Constantinople, une " férocité
turque sans égale " , des " massacres "
, des " charniers " , des " atrocité "
et plusieurs " milliers de victimes " . Dans le même
temps et en réaction, on assiste aussi à une radicalisation
du mouvement national arménien avec les révoltes
du Sassoun, de Zeytoun, de Van, le regain d'activisme des partis
révolutionnaires Hentchak et Dachnak, la prise de la banque
nationale ottomane par un groupe Dachnak et le développement
du mouvement Fédaï .
Entre ces deux dates charnières de 1796 et 1895, les années
1828 et 1856 constituent des étapes intermédiaires
conséquentes.
1828, puisque avec le traité russo-perse de Turkmentchaï
une fraction de l'Arménie historique (les khanats persans
de Erevan et de Nakhitchevan) est intégrée à
l'empire tsariste qui se revendique européen et chrétien.
1856, puisque le traité de Paris qui met un terme à
la guerre de Crimée modifie en partie les données
régionales. Ce traité est notamment censé
instauré un protectorat européen sur les chrétiens
de Turquie. Le Hatt-i-humayoun qui lui fait suite proclame d'ailleurs
l'égalité juridique entre sujets ottomans. 1856
c'est donc pour les Arméniens l'acte de naissance de l'illusion
d'une protection occidentale.
Trois périodes sont ainsi dégagées : 1796-1828
; 1828-1856 ; 1856-1895.
Le support de l'étude, l'espace géographique et
temporel déterminé, 165 voyageurs-narrateurs ont
alors été répertoriés et 134 analysés,
soit un échantillonnage représentatif de plus de
80%. Pour la première période, 19 des 25 voyageurs
recensés (soit 76%) ont été considérés
; 47 sur 57 pour la seconde (82%) ; enfin 68 sur 83 pour la dernière
période (82%).
Les voyageurs à l'origine de plusieurs voyages ont été
comptabilisés une seule fois à l'exemple d'Ernest
Chantre qui en 1893 publie son Rapport sur une mission scientifique
dans l'Asie occidentale et spécialement dans les régions
d'Ararat et du Caucase, puis en 1898 ses Recherches archéologiques
dans l'Asie occidentale. Mission en Cappadoce. De même certains
voyages qui ont induit plusieurs récits d'un même
auteur ne sont pris en compte qu'une seule fois. On pense par
exemple à Jules Patenôtre dont le voyage en Perse
en 1874-1877 est à l'origine d'un Voyage d'hivers au Caucase
, puis de Souvenirs d'un diplomate : voyages d'autrefois . A contrario
un voyage qui débouche sur plusieurs récits d'auteurs
différents doit engendrer une comptabilisation multiple.
On songe encore ici à Ernest Chantre dont la femme, voyageant
en sa compagnie, publiera différents articles dans la revue
Le tour du monde . De même doivent être étudiés
de façon autonome l'ensemble des ouvrages publiés
à l'issu de grandes missions, comme la mission de Mathieu
de Gardane en Perse de 1807 à 1809, qui est à l'origine
du récit du secrétaire et historiographe du voyage
Ange de Gardane , des interprètes Adrien Dupré et
J.M. Tancoigne et du lieutenant Fabvier .
La classification bibliographique a été présentée
sous la forme de fiches signalétiques pour chaque voyageur
indiquant, outre l'ensemble de ses récits de voyage, sa
catégorie socioprofessionnelle, les lieux principaux et
le temps du voyage.
INTRODUCTION
PRESENTATION DE LA THESE DE DOCTORAT
Après une année à la faculté d'histoire
de Grenoble, je me suis dirigé vers l'université
Paul Valéry où à la suite d'un DEUG et d'une
licence, j'ai entamé un travail de longue haleine avec
le professeur Charles-olivier Carbonell que j'avais précédemment
connu et fort apprécié en cours d'historiographie
et en cours d'histoire des Balkans au XIX°.
Sous sa direction, j'ai entrepris un DEA intitulé : "A
la rencontre des Arméniens, les voyageurs français
du XIX° ". Ce premier travail, véritable préambule
à la thèse, peut être considéré
comme un essai méthodologique puisque les techniques de
recensement et de statistiques y ont été éprouvées
; mais ce DEA a surtout permis de "débroussailler
" le terrain de recherche par une analyse sociologique des
voyageurs, par une étude sur les raisons et les conditions
du voyage dans un temps et un espace arméniens qui avaient
dors et déjà été définis. Tout
naturellement le projet de doctorat a découlé de
ce travail de DEA.
Le titre de la thèse est le suivant : Les images des Arméniens
dans les récits des voyageurs français du XIX°
siècle 1796-1895. Cette thèse a été
soutenue à l'université Paul Valéry (Montpellier
III) en décembre 2000 : mention très bien avec félicitations
du jury.
La méthode utilisée s'articule
autour de trois éléments essentiels.
En priorité il a fallu effectuer le recensement le plus
exhaustif possible des relations de voyageurs français
dans un temps et dans un espace arménien prédéfinis
(le voyage devait avoir était mis en uvre entre 1796
où la poussée russe en Transcaucasie s'avère
décisive, et 1895 où les premiers massacres "hamidiens
" engendre le mouvement arménophile français.
Par ailleurs ce voyage devait s'effectuer en partie dans l'empire
ottoman, le Nord de la Perse ou dans le Caucase russe, lieux essentiels
du peuplement arménien au XIX° siècle). La recherche
s'est ici engagé dans une perspective prosographique. Chaque
voyageur a fait l'objet d'une enquête afin de collecter
des informations spécifiques (état civil, profession,
date du périple, principales étapes). Il s'agissait
ici de constituer une biographie collective du groupe étudié.
Celle-ci a ensuite été retranscrite au début
de la thèse.
Le cadre de recensement ainsi établi, il a été
nécessaire de prendre en compte l'environnement formel
et les méthodes rédactionnelles pour ne retenir
que le critère autobiographique. 165 écrivains -
voyageurs ont été répertoriés et j'en
ai étudié 134 soit un échantillonnage représentatif
de plus de 80 %. Il s'agit par exemple d'auteurs très connus
tels les écrivains Alexandre Dumas, Lamartine, Gustave
Flaubert, tels les historiens Victor Langlois ou George Perrot.
Mais il s'agit aussi d'illustres inconnus à l'exemple de
Pierre Rémi Aucher-Eloi, modeste botaniste qui après
avoir été imprimeur à Blois, sa ville natale,
se fixe à Constantinople. De là tandis que sa femme
dirige une pension de famille, il parcourt de 1830 à 1838
la Turquie, l'Arménie et la Perse à la recherche
de plantes et d'insectes rares pour les revendre ensuite à
des collectionneurs. Finalement après de multiples aventures
et des problèmes d'argent récurrent, cet attachant
personnage, victime d'une grave maladie, achèvera son existence
au monastère arménien catholique de Djoulfa (dans
la banlieue de la grande ville perse d'Ispahan). Ce parfait inconnu
nous a cependant légué une uvre publié
à titre posthume, sa "relation de voyage " qui
comporte de nombreuses allusions et descriptions de la société
arménienne du début XIX°. Voilà ici un
exemple d'un des voyageurs qui constitue l'épine dorsale,
la source bibliographique de mon étude.
Enfin, la méthode s'est fondée sur une série
de statistiques nominatives nécessaires pour une analyse
thématique et sémantique.
L'objet de la thèse a été
de confronter l'imaginaire sur les Arméniens véhiculé
par les voyageurs français aux réalités arméniennes
qu'ils rencontrent à l'occasion de leurs voyages. Autrement
dit, il s'agit de rendre compte du jeu subtile et complexe entre
l'Arménien rêvé et l'Arménien réel.
Au-delà et en liaison, j'ai cherché à dégager
les mécanisme de constitution d'une représentation
idéale : celle d'un Arménien catholique et civilisé,
appréhendé comme le modèle de l'indigène
à coloniser.
Le postulat de départ était fondé sur l'arménophilie
d'une grande partie des intellectuels français à
la fin du XIX° et au début du XX°. Ce mouvement
très bien mis en exergue par Edmond Khayadjian (Archag
Tchobanian et le mouvement arménophile français,
CNDP 1986) ne pouvait, me semblait il, qu'avoir été
amorcé ou tout du moins préparé tout au long
du XIX° siècle. Or le voyageur, témoin direct,
représentant souvent caricaturale de l'âme et de
l'esprit français, n'était-il pas le mieux placé
pour, si ce n'est influer, tout du moins conforter les représentations
admises et acceptées, et au-delà les mouvements
d'opinion.
Cette trame, ce fil rouge, m'a conduit à envisager d'une
part les déterminismes inhérents aux voyages et
aux voyageurs (une limitation dans le temps et l'espace ; un statut
de chrétien occidental, le plus souvent catholique, en
terre d'Orient), d'autre part l'expérience originale et
personnelle qui induit tout témoignage. Les illusions,
les stéréotypes sont en effet largement mis à
l'épreuve et parfois contrariés dans cette démarche
d'observation et de transcription qu'est le récit. L'Arménien
réel et l'Arménien onirique s'y opposent parfois,
s'y nourrissent toujours l'un de l'autre dans le regard décalé
et subjectif du voyageur écrivain.
SYNOPSIS
Ebauche de l'ouvrage : le fond et le sens des témoignages
Censé appartenir à l'Orient, l'Arménien des
récits porte aussi en lui tous les mythes et toute la fantasmagorie
qui traversent l'imaginaire collectif français sur l'Orient.
Oriental et chrétien, oriental ou chrétien, cet
Arménien ne peut s'extirper qu'avec difficultés
des lieux communs de l'Orient rêvé et mythique définitivement
fixé au XIX° siècle. Le prix à payer
pour cette singularité est peut être celui d'une
vision architectonique et édulcorée qui se perd
alors dans la facilité et dans la dimension superficielle
du stéréotype : celui de l'Arménien de Constantinople,
le riche commerçant, le riche banquier avec des traits
de caractère sans cesse reproduits par les voyageurs. Si
au fil du siècle les témoignages s'enrichissent,
les regards demeurent à bien des égards contemplatifs
et superficiels. D'une part la nature même de cette littérature
exacerbe le pittoresque et le sensationnel, d'autre part le voyage
est rapide et le plus souvent cantonné aux lieux communs
et aux circuits préétablis. Enfin la qualité
même de l'observant est une donnée irréductible.
Appartenant aux catégories sociales et intellectuelles
supérieures, les voyageurs français fréquentent
et sont reçus en priorité par la bourgeoisie urbaine
et par le clergé (notamment par le haut clergé).
Des lors les réalités populaires et rurales sont
souvent absentes des récits, la description de la société
arménienne est morcelée et partielle. Ainsi la volonté
descriptive du récit, clairement affichée, se fourvoie
la plupart du temps dans le furtif, l'incohérence et la
partialité et ne débouche que sur une vision pittoresque,
sans profondeur et stéréotypée.
Malgré tout, certains voyageur parviennent à s'engager dans une démarche véritablement "ethnologique ". Obsédés par le vécu et par l'authentique, loin des sentiers battus, ils cherchent à décrire et à comprendre les pratiques sociales, culturelles et religieuses des Arméniens qu'ils rencontrent. Leur soucis souvent érudit du détail les amène à sortir des lieux communs et inspire parfois sur un travail réfléchi et original. Le médecin Brayer au début du siècle qui décrit minutieusement un repas arménien, et Alexandre Dumas qui observe avec attention le baptême, le mariage et les cérémonies funéraires arméniennes, sont de ceux là. Leurs témoignages sont alors d'une richesse incomparables pour l'historien comme pour l'ethnologue qui peuvent s'appuyer sur un travail érudit et qui se veut objectif. Les descriptions sont fouillées et érudites, les réflexions pertinentes, lucides et souvent sans a priori. Ce sont de véritables références qui éclairent d'un jour nouveau les Arméniens du XIX° siècle. Je songe ici à l'exemple de l'abbé Michon qui au milieu du siècle observe et décrit avec minutie les dissensions qui se font jour au sein de la communauté arménienne catholique.
Mais étudier le spectacle probable et
possible du monde arménien en mutation au XIX° siècle,
n'était pas le seul objet de cette recherche doctorale.
Un travail sur les récits de voyages présente également
l'intérêt d'une étude des mentalités
dans un temps et dans un contexte donnés. En effet toute
écriture et qui plus est l'écriture du voyageur
(qui observe et décrit l'Autre, cet inconnu, ce sujet à
fantasmes), implique inexorablement un positionnement philosophique,
éthique et politique. Même si c'est l'intention affichée
de l'auteur, l'écriture n'est jamais neutre, reste imprégnée
des passions et de l'esprit du temps.
Ainsi dans les témoignages, qu'ils glorifient les Arméniens
censés incarner les valeurs et les vertus morales et "traditionnelles
" ou qu'ils mettent plutôt en exergue le mirage "positiviste
" d'une société arménienne en marche
vers la modernité et le progrès, c'est toujours
l'Occident chrétien et idéal qui est vénéré
et qui tient lieu de référence et de repère.
Ethnocentrique et orientaliste (je fais ici mienne de la thèse
d'Edward Saïd pour qui l'Orient ne serait qu'une création-appropriation
de l'Occident triomphant du XIX° siècle), les représentations
demeurent teintées de l'idéologie colonialiste la
plus classique. Les voyageurs français du XIX° siècle,
explicitement ou implicitement, dressent ainsi le portrait d'un
Arménien idéal, catholique et civilisé. Portée
par le fantasme missionnaire et civilisateur, la représentation
de l'Arménien relève, il me semble, de la dialectique
colonialiste. Le voyageur reste donc avant tout et par-dessus
tout le représentant de normes et de valeurs "nationales
", le vecteur de l'idéologie dominante de son époque.
Alors finalement au sein de l'imaginaire, quelle
peut être la place de ces récits, mémoires
d'expériences vécues ? Quelle est la portée,
s'il en est, de ces témoignages ?
Il me semble, d'une part que leurs actions sur l'imaginaire, d'autre
part que leurs interactions avec les mouvements d'opinion, ne
se réalisent pas directement mais par un cheminement beaucoup
plus complexe. De fait ils n'ont guère la possibilité
d'inverser les courants d'opinion, et ils n'ont a fortiori en
aucun cas la faculté d'agir sur l'imaginaire. Ce n'est
d'ailleurs pas leur dessein qui vise en premier lieu à
séduire et à distraire un lectorat en quête
d'évasion, voire, et c'est bien plus rare, à informer.
Le voyageur ne fait donc que répandre les influences qu'il
a lui-même subis et ne fait que véhiculer un ensemble
de représentations acceptées et intégrées.
Cela dit si les témoignages de voyageurs ne peuvent inverser
les courants d'opinion, s'ils ne peuvent contrarier l'imaginaire,
ils contribuent cependant à les renforcer que cela soit
dans le sens de la stabilité ou dans celui du changement.
On comprend donc qu'en mettant en avant l'image d'un Arménien
persécuté et opprimé, en développant
toute une vulgate paternaliste et protectrice, la littérature
du voyage ait accompagné le rapport à l'affectif
et à l'émotionnel qui caractérise l'image
des Arméniens en France à la fin du XIX° et
au début du XX° siècles. Le mouvement arménophile
français ne lui doit donc ni son impulsion, ni sa dynamique.
Comme l'a très bien démontré Edmond Khayadjian,
ce mouvement, engendré par des faits exceptionnels au sens
propre (les massacres hamidiens, puis le génocide), a été
véhiculé par des personnalités éminentes
de l'intelligentsia française ; il repose sur une littérature
journalistique militante et sur des manifestations collectives
dans la lignée de l'engagement et de la tactique "dreyfusarde
". Cependant le mouvement arménophile français
a pu s'ancrer sur des témoignages historiques directs et
s'appuyer sur une tradition intellectuelle : celle des voyageurs.
En plaçant le devenir arménien sous la responsabilité
bienveillante de la France, les voyageurs n'en affirmaient pas
moins leurs ambitions : faire de la France la matrice d'un monde
arménien en quête d'identité.
Le XIX° siècle marque sans doute une rupture avec les
siècles précédents. On y découvre
le regard prédateur d'une France sur d'elle-même,
de son bon droit et engagée dans le jeu de la compétition
coloniale. Les récits de voyages, où se dévoile
parfois avec simplicité toute une facette de l'esprit français,
permettent alors de subodorer et de ressentir ce siècle
qui voit l'émergence de tout un imaginaire ethnocentrique
de la convoitise et de la bonne conscience française.
Pour conclure, il faut encore citer Louis Reybaud. Dans la Revue des deux monde, à la fin des années 30 cet homme de Lettres tente de définir et d'appréhender avec passion ce qui constitue l'essence même du récit de voyage : l'hésitation et l'incertitude d'un être, le voyageur écrivain, aux prises avec ses convictions et ses illusions. Ce voyageurs du XIX° siècle, il faut le jauger, le déjouer, l'analyser, le comprendre et le respecter, tâche incommensurable et peut être vaine pour un chercheur de la fin du XX° siècle. Je vais donc terminer par cette citation de Louis Reybaud que je fais mienne : "Le voyageur est un être si divers, si mobile, si impressionnable, il se trompe avec un aplomb si parfait, il se trompe lui-même avec une bonne fois si naïve ! avant de se fier à lui, même pour des riens, il faut l'étudier, deviner ce qu'il est comme tempérament, comme capacité, comme nationalité, comme humeur ; savoir d'où il vient et où il va, prendre ses impressions à leur source et s'assurer qu'aucune cause personnelle n'en a altéré le caractère. Tel voyageur n'abuse son public que parce qu'il s'abuse lui-même ; tel autre plus vain et plus fanfaron, se fait un piédestal de ce qu'il décrit ; il en est qui sont plus enclins à tout exagérer, d'autres à tout amoindrir ; ceux ci ont le sens mathématiques et mesurent ; ceux là ont l'instinct poétique et colorent. En général, dans chacun d'eux, si médiocre qu'il soit, il y a une corde vraie, et c'est celle là qu'il faut faire résonner ; elle donne le ton de l'individu ; on devine quand il se tait ; on rectifie quand il dénature. D'ailleurs ce que l'examen partiel peut laisser dans l'ombre, la comparaison le met bientôt au jour, et ainsi, de document en document, de voyageur en voyageur, un esprit droit et pénétrant arrive à la presque certitude des choses, tantôt par l'induction seule, tantôt par la mise en regard des observations corrélatives " (Louis Reybaud, La revue des deux mondes, 1839, p.178)
Ebauche de l'ouvrage : Forme et méthode rédactionelle
L'ouvrage relève de prime a bord de
l'anthologie, du recueil commenté et expliqué. Il
s'agit avant tout de faire parler les voyageurs.
Cette démarche vise à mettre le lecteur en relation
directe avec ces sources originales que sont les récits
et témoignages de voyageurs. Il s'agit de partager avec
lui une esquisse historique et ethnologique sur l'Orient et le
monde arménien du XIX° siècle. Au delà
l'objectif est de réfléchir sur le sens et le poids
des mots, sur l'écrit et l'écriture de l'histoire.
L'ouvrage est constitué de trois grandes parties.
. I / Rêve d'Orient et images arméniennes
Cette première partie fait état
des mythes et fantasmes français sur l'Orient du XIX°.
La thématique de " l'Orient rêvé "
est là en premier plan et sert de toile de fond aux stéréotypes
arméniens.
- La rencontre des voyageurs français avec "les réalités
arméniennes " du moment, procède du voyage
en Orient. Un simple regard sur les titres des récits recensés
montre l'existence de ce rapport Orient-Arméniens, que
ce lien soit explicite dans le cadre d'un voyage arménologique
(où les Arméniens et leur étude constituent
l'essence du voyage), ou implicite lors d'une traversée
des lieux de peuplés d'Arménien. Ainsi Victor Fontanier
chargé en 1830 de rétablir le consulat de France
à Trebizonde entreprend un " Voyage en Orient "
, le comte de Gobineau passe " Trois ans en Asie " ,
l'interprète Amboise Firmin Didot " voyage dans le
Levant " , le pasteur Théophile Roller fait son "
Tour d'Orient " ; cette thématique du voyage d'Orient
tend à s'imposer comme l'élément majeur et
le moteur de la pérégrination dans l'espace étudié
,un simple coup d'oeil sur les titres d'ouvrages permettrait de
le confirmer.
Dés lors il semble inévitable que l'imaginaire sur
les Arméniens et l'imaginaire sur l'Orient soient intimement
liés ; que le premier soit en partie déterminé
par des concepts et des sens qui s'attachent au second. La définition
de l'Orient telle qu'elle prévaut au XIX° siècle
englobe l'ensemble des espaces de peuplement arménien :
l'article Orient du Grand dictionnaire universel Larousse (1866-1879)
le définit géographiquement comme " l'Asie
tout entière, en y détachant la partie sibérienne,
qui se distingue par ses origines, ses moeurs et son histoire
, et en y ajoutant l'Egypte , qui se rattache par ses moeurs ,
son histoire et sa civilisation , aux contrées asiatiques
". Ce même dictionnaire parle de l'Arménie comme
d'une "vaste contrée de l'Asie occidentale possédée
aujourd'hui par la Turquie, la Perse, la Russie, et quelques princes
kurdes indépendants ". De nombreux auteurs du XIX°
siècle affirment également, de façon explicite,
cette identité orientale. Ainsi A.de Wickering considèrent
les Arméniens comme "Orientaux par leur position géographique
et leurs traditions " ;l'éminent arménologue
E. Dulaurier les perçoit comme " un peuple d'Orient
" , " une nation orientale " à " l'idiome
oriental " ; Eugéne Melchior de Vogüé
dans un vibrant hommage au général russe d'origine
arménienne, Louis Melikoff, qui venait de s'éteindre
à Nice, le décrit de cette façon : "Toute
la personne de Louis criait son origine; du premier coup d'oeil
on reconnaissait en lui le montagnard du Caucase .. les traits
caractéristiques de la race étaient fortement accusés
sur son visage; le teint, le regard, achevaient de trahir l'Oriental
" .
Les Arméniens semblent donc pleinement intégrés
à l'Orient tel qu'il est communément défini.
Les images qu'on en donne ne peuvent par conséquent ni
se déterminer, ni se comprendre hors du cadre orientaliste,
hors de l'Orient imaginaire du XIX° siècle. Il vaudrait
cependant mieux parler des imaginaires de l'Orient, ensemble de
mythes, de représentations qui se chevauchent, se contredisent,
s'attirent, se repoussent : l'Orient du despotisme et de l'ignorance,
l'Orient de la sensualité des "mille et une nuits
", l'Orient du pittoresque, l'Orient des origines et de la
spiritualité.
- Cette première partie de l'ouvrage s'articule elle même est plusieurs sous parties.
1/ Du rêve au voyage
Orientalisme - " Orientalisation " des Arméniens
- Les Arméniens, chrétiens orientaux ou l'Orient
chrétien.
2/ Mythes d'Orient et Arméniens orientaux
L'Orient de la sensualité et du pittoresque - L'Orient
du despotisme et l'oppression des Arméniens.
3/ Constantinople, Venise, Jérusalem
: la trilogie de l'Arménien rêvé Le stéréotype
de l'Arménien constantinoplois : le riche marchand, le
banquier, le boutiquier - Venise ou la modernité arménienne
(cette partie est essentiellement consacrée à la
communauté religieuse mékhitariste de l'île
de st Lazare à Venise) - La Jérusalem arménienne
: les ombres et les lumières
. II / Le voyage ou la quête de l'authentique
- Le récit de voyage se positionne,
par son essence même, dans la sphère de l'observation,
de la considération et du regard ethnologique. Ainsi dés
les années 1793-1798, le médecin et naturaliste
G.A. Olivier prétend avoir retranscrit "les murs,
usages et lois des peuples " qu'il a visité, sans
pour autant avoir négligé les "relations politiques
et commerciales, la géographie tant ancienne que moderne,
et la physique générale " . Le voyageur se
réclame souvent de l'objectivité. Il tente de dresser
un tableau descriptif et compréhensible des réalités
observées, tout du moins de les approcher et de les retranscrire
le plus fidèlement possible. Ce qui prime dans la relation
de voyage, c'est un souci d'exactitude et de vérité
reposant sur le témoignage et l'expérience personnelle.
Ainsi au début du XIX°, le comte de Chateaubriand se
revendique de "l'exactitude " ; Alphonse de Lamartine
prétend avoir composé "une description complète
et fidèle des pays parcourus " . Dans les années
1840-1850, Xavier Hommaire de Hell s'attache "à faire
connaître sous leur véritable jour toutes ces contrées
méridionales de l'empire (russe) " ; l'abbé
Michon tente de donner "le plus d'éclaircissements
possibles " ; Victor Langlois cherche "à combler
les lacunes " . Enfin à la fin du siècle George
Perrot s'efforce de démonter "les idées préconçues
" ; Paul Eudel garantit la sincérité de son
récit .
Les voyageurs se montrent donc véritablement obsédés
par le vécu, par l'observation objective et la transcription
du réel. Ils s'attachent à décrire et à
comprendre les pratiques culturelles et religieuses arméniennes
avec un souci évident du détail. Plus le siècle
avance et plus les récits relèvent d'une vision
en profondeur et recherchent l'essence même des réalités
observées. Les voyageurs vont alors entrevoir la très
grande complexité du monde arménien. Celle-ci appréciée
dans la sphère socio-économique et politique, mais
aussi dans la sphère spirituelle et culturelle, permet
de considérer l'éclatement et la dispersion de la
société arménienne du XIX° siècle.
Mais paradoxalement cet effort manifeste et sensible dans la voie
de l'objectivité et du discernement, s'égare dans
un océan d 'illusions et se traduit par un imaginaire simplifié
reposant sur une conception dualiste et manichéenne, sur
une réduction ou négation du réel. Le regard
du voyageur reste en général un regard superficiel
et de surface. Il ne peut pas saisir "l'essence arménienne
" et "les réalités intrinsèques
". Le voyage relève en effet du temps court et le
récit n'est qu'une image instantanée et extérieure.
Par ailleurs l'incompréhension ou l'ignorance de l'observant
conduit parfois à des simplifications, à des raccourcis
et à des silences : le réel tel qu'il est traité
par l'écriture, s'en trouve d'autant réduit et altéré.
Ainsi, le voyageur français du XIX° siècle avance
et tergiverse entre son obsession du vécu et de l'objectivité,
et ses illusions. Or c'est paradoxalement son statut de voyageur,
donc d'observateur furtif et fuyant, qui en est la cause essentielle.
D'un coté le voyageur travaille à la description et cherche à comprendre les réalités arméniennes observées ; de l'autre coté son regard reste superficiel, et par cette furtive contemplation il ne peut pas véritablement capter la profondeur et le sens des pratiques sociales, culturelles et religieuses.
- Cette seconde partie de l'ouvrage se découpe
en deux grands thèmes.
Une place essentielle est accordée ici aux témoignages
des voyageurs par le recueil thématique et commenté
de leur écrits. La parole est donnée aux voyageurs.
1 / L'obsession du vécu : entre érudition et anecdotique
Descriptions comparées des pratiques sociales, culturelles
et religieuses des Arméniens par les voyageurs.
2 / L'illusion de la profondeur
Cette sous partie vise à démontrer, par de multiples
exemples, que cette quête de l'authentique se heurte à
une vision essentiellement contemplative et simplifiée.
La coiffe et les vêtements arméniens - la femme arménienne,
simple élément du décor pittoresque de l'Orient
- les élites arméniennes ou l'absence de diversité
sociale - l'illusion de la dualité spirituelle des Arméniens
(Catholiques et Schismatiques)
. III / Le voyageur et l'Arménien : le français, la France et l'Orient
- Il s'agit ici de déterminer les éléments
constants des représentations afin d'en dégager
le sens profond. Pour ce faire il faut relever ce qui rassemblent
et mobilisent les regards des voyageurs. Il semble donc nécessaire
de considérer l'essence mythique de la pensée française
relative aux Arméniens qui est véhiculée
et mise en exergue dans les récits de voyage. Autrement
dit il importe d'analyser ce qui sur un siècle structure
et détermine l'imaginaire sur les Arméniens, c'est
à dire un ensemble de certitudes partagées, héritées
et diffusées. Ce sont toutes choses qui permettent d'éclairer
le réel et de coordonner inconsciemment les représentations.
Il s'agit donc de déterminer le fond commun de pensée
donnant au groupe, en l'occurrence les voyageurs français
du XIX° siècle, sa cohésion culturelle et sa
cohérence morale. Partant de cette hypothèse, plusieurs
interrogations se font jour : Quels sont donc les concepts qui
accompagnent et sous-tendent les images motrices sur les Arméniens
? Quelle est la part de mythes, entendus comme "les archétypes
de la psyché collective " , dans l'imaginaire relatif
aux Arméniens ? Quel est le sens profond de ces représentations
? Quel en est l'enjeu que dévoile consciemment ou non les
voyageurs ?
- Cette dernière partie s'organise autour
de deux axes complémentaires abordés sous l'angle
d'une histoire des mentalités du XIX° siècle.
Les Arméniens et l'Orient vus par les voyageurs servent
de toile de fond à une étude relative à la
vision française du monde au XIX°.
1 / Les Arméniens entre traditions et
modernité.
Deux éléments fondamentaux de la pensée française
du XIX° sont abordés ici : le traditionalisme et le
positivisme. Le voyageur français et ses écrit s'inscrivent
irrémédiablement dans l'un ou l'autre.
Le premier est vu au prisme du christianisme oriental, des traditions
arméniennes. Ce sont, par le biais des Arméniens,
les représentations d'un monde immuable et l'idéal
d'un retour aux sources
Le second s'agence autour des Lumières arméniennes
et de la modernité en marche d'une société
résolument tournée vers l'Occident.
2/ L'Arménien ou le modèle de
l'indigène à coloniser.
L'emprise d'une vision colonialiste du monde apparaît à
la lumière des récits de voyage. L'Arménien,
oriental et chrétien, chrétien ou oriental, se doit
d'être protégé, guidé et " materné
".
L'idéal de l'Arménien catholique et civilisé
- La France, " mère patrie " des Arméniens
ou l'ultime rêve du voyageur français.