La Bouquinerie

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GÉRARD BOUCHET

Meurtre à l’hôtel de ville

 

Dans une ville anonyme – qui pourrait être n’importe lequel de nos chefs-lieux de département – le directeur général des services de la ville est retrouvé mort dans son bureau à l’hôtel de ville. Ce meurtre intervient au lendemain de l’ouverture d’une enquête préliminaire portant sur les conditions d’attribution de certains marchés publics. Toutes les hypothèses sont ouvertes. Dans l’état actuel de nos investigations seul le crime de rôdeur semble exclu. (Le procureur chargé du dossier). Mêlé à de grandes affaires nationales et internationales, Hubert de Lagarde devait donc être au courant de pas mal de choses et n’avait pas dû se faire que des amis. (La presse locale).

Après « Meurtre à Nyons » qui nous avait entraînés dans le monde de l’huile d’olive et « Meurtres dans les Baronnies » qui nous avait mis sur la piste d’un manuscrit ancien au contenu explosif, l’auteur nous invite, avec ce troisième opus, dans un nouvel environnement, celui des marchés publics.


« UNE ENQUÊTE QUI TIENT EN HALEINE », RENÉ SAINT-ALBAN


DANS LA MÊME COLLECTION (PAR ORDRE DE PARUTION) : 24 MEURTRE(S) À...
JAUJAC, RUOMS, VALENCE, LES VANS, ANNONAY, AUBENAS, NYONS, CRUSSOL, PRIVAS,
DAVÉZIEUX, PEYREBEILLE, MONTÉLIMAR, CHOMÉRAC, CREST, TOURNON, VALS-LÈS-BAINS,
ALISSAS, ROMANS, COUX, THUEYTS, BOURG-LÈS-VALENCE, VALLON-PONT-D’ARC, DIE, DANS
LES BARONNIES...


Reprise dans le dauphiné article la debrif de la semaine le samedi 18 mars 2017

nous avons fait la une du dauphiné libéré le jeudi 16 mars 2017 avec cet article repris en page de valence

 

à la une du dauphiné du jeudi 16 mars 2017

 

Extraits

Avertissement
Les faits, les lieux, les personnages, de ce récit n'existent que dans l'imagination de l'auteur.
Il serait évidemment vain de rechercher quelque ressemblance que ce soit avec des personnes existantes ou ayant existé. Les lecteurs qui croiraient en trouver seraient les dupes de leur propre imaginaire.
Quant aux pratiques rapportées, elles ne peuvent pas se ren-contrer dans une société policée comme la nôtre où le respect du droit et des bonnes mœurs est le souci majeur de chacun.
Cette œuvre est donc une œuvre de pure fiction dont l'objectif est seulement de divertir. Elle doit être reçue comme telle.

Prologue
La scène se passe dans le bureau cossu d'un notaire en vue de la place. Quatre hommes sont réunis dans l'élégante étude de l'officier ministériel qui, selon le dictionnaire de l'Académie " reçoit ou rédige les contrats, les obligations, les transactions et les autres actes volontaires et leur confère l'authenticité."
Il y a là, outre le maître de céans, un promoteur qui apporte des fonds, un architecte qui a esquissé un projet immobilier de grand luxe et un membre du cabinet du maire de la ville parfaitement au fait de l'état du plan d'occupation des sols, des conditions et des procédures d'attribution des permis de construire. Ils viennent de boucler le montage d'une opération dont ils attendent, les uns comme les autres, quelques profits sonnants et trébuchants.
- Ainsi nous sommes bien d'accord, interroge le notaire.
Les trois autres opinent du chef.
- Je peux donc lancer l'opération dès maintenant ?
- Pas de problème de mon côté, sourit le promoteur étalé dans un vaste fauteuil de cuir et suçant un gros havane. Les premiers fonds sont d'ores et déjà disponibles. On peut y aller.
- Pas de problème pour moi non plus, confirme son voisin avec une solennité grotesque, ponctuant son affirmation d'un ample geste des bras et d'une profonde inclination de tête. Les esquisses sont prêtes.
- Vous êtes sûrs de vos relais à la Région, demande encore l'homme qui se tient derrière un large bureau d'acajou témoin de sa réussite professionnelle. Cette étape est essentielle pour le bon déroulement du programme !
- Certains, répondent en chœur le financier et l'architecte.
- Et du côté de la mairie ?
- Il ne devrait pas y avoir de problème non plus, confirme le quatrième homme. Les délibérations nécessaires seront prises dans les délais prévus dans le planning que nous venons d'établir. Le maire et les adjoints concernés sont d'accord. Tout devrait donc se passer sans accroc. Le conseil municipal suivra.
- Rien à craindre du côté des gens de l'opposition ?
- Pas grand-chose en tout cas. Il est peu probable qu'ils soient attentifs à cette question. Les problèmes immobiliers ne sont pas au centre de leurs préoccupations et ils n'ont pas grande compétence en cette matière. Je ne pense pas qu'il y ait quoi que ce soit à redouter de ce côté-là.
- Et le trublion qui avait essayé de nous chercher des poux dans la tonsure dans l'affaire du " Grand Pavois " ? Il a été réélu ?
- Oui, mais on lui donnera un os à ronger qui l'orientera dans une autre direction. Il s'est cassé les dents dans l'affaire en question et je ne crois pas qu'il se risque une deuxième fois à être tourné en ridicule ou à se voir menacé d'un procès en diffamation. De toute façon, même s'il essaye, il n'a pas les moyens d'aller très loin.
- Vous êtes sûr de vous ?
- Sûr !
- Je vous crois sur parole.
- Vous pouvez !
- Et bien, dans ces conditions, il ne nous reste plus qu'à arroser ça et à trinquer au succès de notre entreprise, conclut le maître des lieux en se levant et en invitant ses interlocuteurs à s'approcher du meuble bar. Whisky ?
Satisfaits d'eux-mêmes, les quatre hommes se congratulent, lèvent leur verre à la réussite du programme " Horizons " et aux bénéfices qu'ils vont pouvoir en tirer. Les voilà engagés, sous les meilleurs auspices pensent-ils, dans une opération qui devrait leur rapporter de substantiels dividendes. Habitués à brasser les affaires d'envergure et imaginer des montages compliqués, ils ne doutent pas que tout se passera sans difficulté particulière.
Ils ne savent pas encore que celle dans laquelle ils se lancent sera moins classique que prévu et qu'elle va réserver quelques surprises.
1
Le nouveau directeur de l'urbanisme était ressorti de son entre-tien avec la directrice de cabinet et le directeur général des services en s'interrogeant sérieusement sur le rôle que ses nouveaux employeurs entendaient réellement lui voir tenir.
C'était un homme d'expérience, mais il n'avait pris son poste dans les services de la ville que depuis peu de temps.
Désireux de se rapprocher professionnellement de sa région d'origine, il avait profité, pour candidater et obtenir l'emploi, de ce que l'agent contractuel qui occupait avant lui la fonction n'avait pas souhaité prolonger sa collaboration avec l'équipe municipale qui venait d'être réélue. Les raisons du refus de la jeune femme de renouveler son contrat n'étaient pas tout à fait claires, mais il n'avait pas vraiment cherché à savoir ce qui l'avait réellement conduite au choix de ne pas poursuivre sa tâche avec une équipe reconduite à la gestion des affaires municipales. Il s'était contenté, lors d'une brève entrevue, de l'explication qu'elle lui avait donnée. Elle cherchait une nouvelle expérience lui permettant d'améliorer ses compétences. Cela cachait sans aucun doute quelques difficultés avec les élus, voire des divergences de point de vue sur l'évolution urbanistique de la ville. Il l'avait bien senti, mais il avait pensé que, quelles que soient les difficultés à venir, son expérience lui permettrait de faire face. Revenir dans sa région valait bien de prendre quelques risques avec ses futurs employeurs. Il n'avait donc pas questionné plus avant sa jeune collègue, se contentant de lui souhaiter bonne chance dans les nouvelles fonctions qu'elle allait prendre dans une grosse communauté urbaine.
De nature assez souple et bon diplomate, il avait toujours assez bien réussi à faire valoir les points de vue qu'il voulait respectueux de l'intérêt général. Dans les différents postes qu'il avait occupés, sa méthode, pour être simple, n'en était pas moins efficace. Il écoutait le maire et son adjoint à l'urbanisme lui exposer les priorités qu'ils entendaient développer pour l'aménagement de leur ville. À charge pour lui de faire des propositions pour une mise en œuvre effective de ces objectifs dans le cadre d'opérations chif-frées, programmées et planifiées. Il concevait son rôle comme celui d'un expert indiquant aux élus des hypothèses et décrivant des alternatives pour la réalisation de leurs projets. Il présentait des études comparatives propres à les aider dans la prise de décision. Travaillées, et souvent habillement mises en forme par les techniciens de son service, présentées de manière très profession-nelle et surtout très pédagogique, il était bien rare qu'il ne réussisse pas à faire adopter celle de ces hypothèses qui avait sa faveur, sans jamais avoir à la défendre positivement. Les artifices de la présen-tation en 3D, qu'il maîtrisait parfaitement, lui permettaient d'influencer discrètement des élus qui, en toute bonne foi, avaient le sentiment de choisir et d'être les seuls auteurs de la décision finale. En cela, il disposait de toutes les qualités d'un bon collaborateur.
Pour la première fois dans sa carrière, les choses ne s'étaient pas passées comme il en avait l'habitude et la pratique.
On ne lui avait pas présenté des objectifs à atteindre, mais on lui avait énoncé une série d'opérations très précises à réaliser : ici un parking qui demandait à ce que la ville se rende préalablement maîtresse du foncier nécessaire à la création de l'équipement ; là, la préparation de la cession d'un terrain à un promoteur pour une opération d'aménagement et la construction d'un immeuble de standing ; ailleurs le percement d'une rue qui supposait une déclaration d'utilité publique et des expropriations ; plus loin, la rénovation d'un quartier ancien.
Lorsqu'il avait demandé quelles étaient les raisons qui prési-daient à ces choix et quelle était la cohérence d'ensemble du projet dans lequel ces opérations pouvaient prendre place, ses demandes d'explication s'étaient heurtées à une évidente mauvaise volonté de la part de ses interlocuteurs. On s'était borné à lui dire que ces projets étaient arrêtés et qu'il trouverait dans le service les dossiers correspondants. Tout semblait avoir été décidé, il ne savait ni par qui, ni pourquoi, ni dans quelles conditions précises.
Il avait retiré de cet entretien une impression de malaise. Le directeur général des services lui était apparu comme disposant d'une autorité tout à fait particulière et inhabituelle dans une municipalité de cette importance. La directrice de cabinet, qui était censée porter la volonté politique du maire, et qui aurait dû, logique-ment, conduire l'entretien, avait été étrangement muette, se bornant à opiner aux propos du D.G. Elle avait donné le sentiment d'être plutôt à disposition du fonctionnaire que d'être le donneur d'ordre qu'elle avait, théoriquement, vocation d'être.
Du coup, il regrettait de n'avoir pas été plus curieux auprès de la collègue qui l'avait précédé dans la fonction, et de ne pas l'avoir interrogée sur le fonctionnement habituel de l'équipe municipale. Il s'était promis de la contacter par téléphone et de la questionner plus précisément. Il pouvait le faire au prétexte de recueillir des renseignements sur quelques dossiers en cours. Il allait aussi prendre contact avec l'adjoint à l'urbanisme, curieusement absent lors de la séance de travail au cours de laquelle sa mission lui avait été tracée. Cela lui avait donné le sentiment désagréable d'être destiné à une position de simple exécutant alors qu'il souhaitait mettre en œuvre toutes ses compétences de concepteur.

*
Dès le lendemain, il téléphonait à sa collègue.
- Madame Lhermet !
- En effet.
- Nicolas Bardon. Je viens de vous succéder au poste de direc-teur de l'urbanisme à… et j'aurais quelques questions à vous poser pour essayer de bien comprendre où j'ai mis les pieds. Vous avez quelques minutes à m'accorder ?
- Bien sûr. Je me doute même de certaines questions que vous allez me poser.
- Ce sera donc facile. J'irai droit au but.
- Je vous en prie.
- J'imagine que vous n'avez pas quitté votre poste uniquement pour parfaire votre expérience professionnelle ?
- Tout à fait exact.
- Vos relations avec la hiérarchie et la direction générale je suppose ?
- Encore tout à fait exact.
- Vous pouvez m'en dire plus ?
- Bien sûr.
- Je vous en remercie.
- Le problème principal vient de ce que cette équipe municipale n'est pas dirigée par les élus mais par le directeur général des services. Le député-maire s'en remet entièrement à lui pour toutes les affaires importantes et il donne même le sentiment de ne pas toujours chercher à comprendre certaines des décisions de ce fonctionnaire. Il semble même lui faire beaucoup plus confiance qu'à ses adjoints qui sont largement tenus en lisière.
- Lequel D.G aime particulièrement exercer le pouvoir et semble un homme très autoritaire.
- Au-delà de cela même. C'est un homme cultivé, intelligent, compétent, politiquement très engagé à droite et qui a fait partie de l'équipe rapprochée d'un ancien ministre actuellement en réserve de la politique pour avoir été rattrapé par une affaire de corruption.
- Bigre.
- Attention, rien ne prouve qu'il ait été, de quelque manière que ce soit, personnellement impliqué dans cette affaire. Il n'a jamais été inquiété et il est très probable qu'il avait été assez prudent pour se tenir effectivement en dehors des affaires qui ont finalement fait l'objet d'une intervention de la justice. Il est cependant tout à fait évident qu'il sait parfaitement utiliser les règlements pour conduire des opérations " border line " sans jamais se trouver en défaut au regard de la loi. Il fait passer l'efficacité avant toute chose. En tire-t-il un profit matériel personnel ? Je n'en sais rien. C'est possible, mais c'est tout aussi possible qu'il n'agisse ainsi qu'au service de ce qu'il considère comme relevant de l'intérêt général ou pour le simple plaisir d'exercer le pouvoir.
- Vous avez été témoin de ce genre de pratique ?
- Oui.
- Par exemple ?
- Je vous laisse le soin de vous renseigner directement auprès de vos services. Intéressez vous, par exemple, à l'historique du programme immobilier " Grand Pavois ". C'est un chantier en cours à propos duquel vous aurez peut-être à intervenir. Vous verrez des choses curieuses. C'est très instructif.
- Mais encore ?
- Voyez par vous-mêmes. Je ne voudrais pas fausser votre point de vue.
- Je le ferai. Les adjoints et les élus se laissent donc dominer par l'administration ?
- Vous savez, il y a deux types d'élus.
- Seulement deux ?
- Deux grandes catégories et, à l'intérieur de ces catégories, beaucoup de variantes.
- Voyons.
- Il y a ceux qui veulent servir la collectivité, cherchent à s'impliquer activement dans la vie municipale, à comprendre et à maîtriser les dossiers. Ceux-ci interrogent, débattent avant de se déterminer et argumentent des points de vue. Et puis il y a ceux qui sont là pour avoir leur photo dans la presse, leur nom sur la porte d'un bureau, une cocarde sur leur voiture ou un pin's à la boutonnière. Ceux-là sont toujours de l'avis du maire sans trop s'interroger. Puisqu'il est le chef, il a raison. En conseil municipal, ils approuvent, quitte à se dédouaner dans les couloirs : je ne suis pas complètement d'accord mais, que voulez-vous, il est difficile de contredire le maire. Il ne faut pas faire le jeu de l'opposition. Et puis, vous savez, il maîtrise mieux les dossiers que nous. Alors, pourquoi ne pas lui faire confiance ?
- N'êtes-vous pas un peu caricaturale ?
- Excessive peut-être, mais certainement pas caricaturale.
- Et l'adjoint à l'urbanisme ?
- C'est un homme personnellement sympathique mais qui tient à sa place d'adjoint. Il n'avait pas, à l'origine, de formation en matière d'urbanisme. Il était enseignant en lettres. Son intérêt pour la question, sa curiosité naturelle et sa culture lui ont permis d'acquérir une certaine compétence. Mais, même s'il a désormais des opinions personnelles fondées, il n'oserait jamais contredire un avis du maire… que dis-je, du D.G.
- Je vois, je vois. Pas une forte personnalité sur laquelle on pourrait s'appuyer.
- Tout à fait exact. Intéressant dans le contact privé, chaleureux même, mais inefficace pour défendre un dossier ou une option face à l'autorité parce qu'il n'a nulle envie de présenter et de défendre un point de vue face à un pouvoir supérieur qu'il considère comme légitimé par le suffrage universel.
- Toute l'équipe est à cette image ?
- Je ne connais pas tous les nouveaux élus. Je ne porterai pas de jugement global. Mais ce que je sais, c'est que les élus du mandat précédent qui ont fait la preuve de leur appartenance au premier genre n'ont pas été repris dans la nouvelle municipalité. Il fallait bien renouveler les cadres. Plutôt éliminer ceux-là que les autres. Ceux de la seconde catégorie, par contre, sont, à peu près tous, tou-jours là. Ce n'est pas grave. De toute manière, les élus ne décident de rien. Ils se rangent à l'avis de la direction générale qui tranche de tout, y compris dans des domaines où ses compétences ne sont pas avérées.
- Vous avez visiblement eu des heurts avec cette direction géné-rale.
- Pas vraiment, car je ne suis pas du genre à chercher le conflit frontal et que, en tout état de cause, je n'aurais probablement pas pu faire fait valoir mes points de vue. J'ai préféré me taire, remplir mon contrat dans la fonction d'exécution qui m'était impartie et partir sous d'autres cieux dès que je le pouvais. Par ailleurs, n'oubliez pas que je ne suis que contractuelle. On se défait aisément d'un agent contractuel. Il est ensuite difficile pour lui, dans un C.V, d'expliquer et justifier une rupture anticipée de con-trat. Les employeurs ont tendance à ne pas aimer ça. Ils sont toujours un peu soupçonneux lorsqu'un candidat a été en conflit dans ses postes précédents. Il y a une sorte de solidarité incons-ciente des employeurs face aux employés. Et ce, même chez les élus de gauche.
- Ce n'est, hélas, pas faux.
- C'est, vous le constaterez, une des caractéristiques de cette ville que d'avoir un taux important d'agents contractuels aux postes d'encadrement. Ils sont moins bien protégés que les fonctionnaires territoriaux et donc plus " influençables ". Il n'est pas du tout impossible que ce soit une politique délibérée de gestion des ressour-ces humaines. Vous vous rendrez rapidement compte qu'il y a une connivence entre la directrice des ressources humaines et le D.G.
- Connivence ?
- Certains pensent qu'il y a même plus que de la connivence.
- C'est-à-dire ?
- Vous avez ce que sont les bruits, les rumeurs, les ragots dans une collectivité…
- Je vois. Je suis donc tombé dans une situation un peu com-plexe même si elle n'est pas tout à fait originale.
- Je ne sais pas, je manque d'expérience. Je pense que vous avez - pardonnez-moi cette expression - beaucoup plus de bouteille que moi et que vous avez des moyens de faire face dont je ne disposais pas. Je ne regrette en rien de vous avoir laissé la place.
- Vous auriez peut-être pu m'alerter sur cette situation.
- Quelle raison aurais-je pu avoir de vous mettre en garde ? Vous auriez pu croire que je cherchais à vous dissuader d'être candidat pour pouvoir faire du chantage sur l'employeur et garder le poste en négociant un meilleur salaire. Vous savez aussi bien que moi que ce sont des choses qui se pratiquent. Dès lors que vous ne me demandiez rien, je n'avais pas de motif à vous avertir de ce que vous alliez trouver.
- Je vous l'accorde.
- Mais je reste évidemment à votre disposition pour toutes les informations dont vous pourriez avoir besoin.
- Je vous en remercie. Je ne manquerai pas de faire appel à vous dès que j'aurai des questions à propos desquelles vous pouvez m'éclairer.
- Comptez sur moi.
- J'espère que vous trouverez une ambiance plus agréable dans votre nouveau poste.
- Je l'espère aussi mais, vous savez, l'administration territoriale n'est pas le long fleuve tranquille que l'on imagine parfois quand on n'en fait pas partie.
- Ce n'est pas pire que le monde de l'entreprise.
- Certes non.
- La vie est un combat permanent.
- Merci de m'encourager !
- Vous êtes jeune, vous avez sans aucun doute un bel avenir professionnel à vous construire. Je vous rappelle dès que j'ai un problème à vous soumettre.
- N'hésitez pas. Et pensez à regarder ce qui se passe autour du programme " Grand Pavois ".
- Je n'y manquerai pas.
2
Au siège de la section du Parti socialiste, on fait grise mise. Les élections municipales de mars dernier n'ont pas, et de loin, donné le résultat escompté.
Les experts en tactique électorale du parti avaient mis au point une martingale qu'ils pensaient imparable pour récupérer la mairie perdue aux élections précédentes.
Face à la droite, regroupée autour du maire sortant qui émar-geait au principal parti dominant de ce côté-là mais qui mordait largement sur tout l'électorat conservateur, y compris à l'extrême droite, ils avaient fait le pari de la jeunesse et du rassemblement.
Tête de liste : une trentenaire, jeune femme sortie des grandes écoles, haut(e) fonctionnaire dans une administration prestigieuse, compétente, bosseuse et de surcroît plutôt bien de sa personne. (Mais cela, évidemment, personne n'osait l'ajouter de peur de s'entendre traiter d'affreux machiste). Pour l'appuyer, mais aussi pour la contrôler - avec ces jeunes, on ne sait jamais - quelques anciens du parti, rodés aux campagnes et aux manœuvres électo-rales.
En seconde position : un militant écologiste connu pour ses posi-tions à l'emporte-pièce mais suffisamment avisé pour savoir comment ne pas aller trop loin dans ses propos parfois iconoclastes et un rien provocateurs. Les communistes, incapables de bâtir leur propre liste faute de militants crédibles à des postes d'élus, s'étaient laissés séduire par la perspective d'avoir un ou deux adjoints dans la future équipe et ils avaient avalé la couleuvre écologiste malgré les divergences sérieuses qu'ils avaient avec les Verts, en particulier à propos de l'avenir de la filière nucléaire, importante pourvoyeuse d'emplois dans la région. On avait complété le marquage à gauche avec des radicaux, d'anciens communistes ayant transité par la " gauche autrement " et d'autres qui s'étaient ralliés au républicanisme chevènementiste. La " so-ciété civile " : militants associatifs de diverses disciplines, avait permis de boucler une liste qui, sur le papier, avait fière allure et pouvait raison-nablement tenter sa chance.
*
Les électeurs en avaient décidé autrement.
Ils avaient confié les rênes de la ville à la droite pour un second mandat consécutif. La prime au sortant avait joué en faveur d'un maire qui n'avait certes pas un bilan extraordinaire à présenter mais qui était en même temps député et savait parfaitement comment utiliser sa réserve parlementaire et son carnet d'adresses. Et puis, surtout, il n'avait pas augmenté les taux d'imposition. Cela expliquait certainement, pour une grande partie, une victoire qui tenait, pour le reste, à l'apparent " jeunisme " de la liste de gauche et à son manque d'expérience évident. La ville, de tradition petite bourgeoise et plutôt centre droit, se méfiait de ce que pourrait effectivement être la gestion des affaires publiques par une jeune femme, ambitieuse certes mais plutôt inexpérimentée, et par ailleurs flanquée d'un écologiste au verbe haut et aux idées parfois surprenantes. Le maire sortant était rassurant : pas de grands projets somptueux, une stabilité de l'impôt, peu d'emprunt, de quoi satisfaire ceux qui tenaient à la tranquillité de la vie publique. On sait ce qu'on a, on ne sait pas ce qu'on pourrait avoir. Le principe de précaution l'avait emporté sur l'esprit d'aventure.
Au soir de l'élection, en plus de la réelle déception consécutive à l'échec, les responsables du P.S avaient dû mesurer les consé-quences d'une erreur tactique majeure. Persuadés que leur liste allait l'emporter, ils avaient négligé d'envisager les conséquences d'un échec électoral et ils avaient, finalement, péché par naïveté dans la mise en ordre des candidatures. Avec dix élus pour l'ensemble de la liste, la répartition de l'opposition donnait trois sièges pour le P.S, deux pour le parti communiste, deux pour les écologistes et trois pour diverses petites formations de gauche qui avaient contribué à " colorer " la liste en liste d'ouverture citoyenne. Les socialistes encartés se trouvaient minoritaires dans une opposition qu'ils ne contrôlaient pas et, quelques jours après l'installation officielle de la municipalité, les élus du P.C.F et deux " divers gauche " leur avaient porté un coup - dans lequel ils avaient voulu voir une traîtrise - en déclarant constituer un groupe et en faisant bureau à part dans un local installé dans une soupente de l'annexe de l'hôtel de ville.
La majorité jouait de ces divisions avec d'autant plus de facilité que la faiblesse de l'effectif socialiste ne lui permettait pas d'être présent dans l'ensemble des commissions réglementaires. En lâchant certaines informations aux uns sans les donner aux autres, elle contribuait à entretenir un climat de suspicion entre les mem-bres de l'opposition dont chaque composante passait beaucoup de temps à chercher à deviner ce que l'autre pouvait bien savoir qu'elle-même ignorait. Les réunions des dix, quand elles avaient lieu, prenaient parfois des allures un peu surréalistes.
Et pendant ce temps-là, la majorité " faisait ses affaires ".

*
Quelle stratégie adopter maintenant pour regagner l'opinion et la mairie ? C'est la question obsédante que se posaient les res-ponsables du P.S ?
Une cellule de crise siègeait quasiment sans désemparer pour trou-ver la solution. L'équation à résoudre n'était pas simple. Pendant le mandat de six ans qui s'amorçait, le parti ne pouvait pas déserter le terrain municipal. Il y allait de la préparation des échéances futures - notamment des cantonales à venir - et de la sauvegarde de ses chances de revenir prendre la direction de l'hôtel de ville. Il devait être capable d'intervenir sur les gros dossiers, être présent dans le débat, ne pas laisser échapper une seule occasion de mettre en difficulté le maire qui venait d'être réélu, montrer qu'il était vigilant et porteur des intérêts du peuple de gauche, faire des propositions répondant aux besoins de la population. Mais, avec trois représentants seulement au conseil municipal, les choses ne seraient pas faciles et ce d'autant moins que les " alliés " allaient essayer, eux aussi, d'occuper le terrain afin d'apparaître comme des alternatives crédibles au leadership socialiste ou, à tout le moins, de se placer comme incontournables pour la suite.
Les vieux militants étaient là, un peu amers et cachant mal les reproches qu'ils faisaient aux jeunes qui n'ont pas su faire face dans une campagne qu'ils auraient dû mener de façon plus virulente. Ils rappelaient volontiers comment, dans les années 70, ils avaient su, eux, accéder au pouvoir en prenant appui sur les réseaux associatifs qui quadrillaient les quartiers. C'est dans la réactivation de ces réseaux, qui avaient permis au parti de con-trôler les associations, qu'ils pensaient trouver la solution. Mais cela demandait beaucoup de disponibilité, des volontaires suscep-tibles de prendre des responsabilités associatives, un accompagne-ment de ces gens par des militants sachant orienter les actions. Le parti pouvait-il encore fournir cette logistique ? Rien n'était moins sûr. Il manquait de cadres. Les temps n'étaient plus où l'on entrait en politique comme en religion et où les militants de base sacri-fiaient tout à leur parti. Même les communistes - ou ce qu'il en restait - n'en étaient plus là.
Le vieux gourou qui, pendant toute une génération, avait été au cœur de la vie politique de la ville et du département se désespérait. Lui qui avait occupé quasiment tous les postes électifs se désolait plus que les autres d'une situation dont il savait bien, au fond de lui-même, qu'il portait une part de responsabilité dans ce qu'elle était devenue. Ayant eu quasiment tous les pou-voirs, il avait en effet témoigné de ce défaut commun à beaucoup d'hommes politiques qui est de ne pas savoir - ou plutôt de ne pas vouloir - préparer sa succession.
Le mécanisme d'une telle impuissance si bien partagée est simple. Un élu, pour gérer une collectivité, a besoin de s'appuyer sur des gens compétents, surtout lorsqu'il cumule les mandats. Il propose donc des fonctions et des postes à des personnes dont il pense qu'elles seront capables d'agir de manière efficace au servi-ce de la cause qu'il défend… et de celui qui l'incarne.
Mais il faut être prudent. Il ne faut pas prendre le risque de laisser émerger des rivaux. Si la compétence prend trop de place, s'il devient trop visible que les réalisations de l'élu sont en fait directement explicables par l'action de son collaborateur, on pourrait finir par préférer celui-ci à son patron. Le collaborateur lui-même pourrait se lasser de l'action dans l'ombre et de la seconde place et il pourrait, un jour, réclamer la première. On voit beaucoup d'adjoints se sentir un jour l'envie d'être patrons.
Ainsi, dès qu'un collaborateur paraît un peu trop efficace, ima-ginatif, entreprenant, utile, on prend soin de lui glisser une peau de banane sous les pieds. On cherche - et on trouve - un prétexte pour le remplacer dans ses fonctions par d'autres qui seront peut-être moins performants mais aussi, pense-t-on, moins tentés par l'ambition de devenir calife à la place du calife.
C'est ainsi que s'organise la valse périodique des directeurs de cabinet, des chargés de mission ou des secrétaires de section du parti que l'on choisit plutôt parmi les plus dociles que parmi les plus imaginatifs. Si, d'aventure, l'un d'entre eux réussit à échapper au filtre, ce ne peut-être que le signe d'un raté du système et il est certain qu'on trouvera les moyens d'organiser une crise qui permettra de virer l'importun et de continuer à gérer les choses entre soi. L'histoire récente de la plupart des grands partis illustre parfaitement ce processus que l'on trouve à l'œuvre aussi bien à droite qu'à gauche.
Le " sage de la montagne " comme l'appelaient entre eux, ami-calement mais cependant avec quelque ironie, les militants, savait bien qu'il n'a pas toujours eu la main heureuse. Il avait pesé pour le choix de certains leaders qui s'étaient montrés soit trop entre-prenants et avaient donc été éliminés par les " éléphants " dépar-tementaux, soit beaucoup trop dociles, et partant, ineffica-ces. S'agissant de sa nouvelle recrue placée en tête de liste des municipales, la jeune et sémillante Martine Rioux, il ne savait pas encore avec certitude dans quelle catégorie il faudrait la placer, mais la période de l'état de grâce passée avec l'échec aux muni-cipales, il avait, sans oser encore se l'avouer, beaucoup de crainte quant à l'avenir qui pourrait, une nouvelle fois, consacrer une erreur de casting de sa part.
*
Les quatre " minoritaires " de la minorité regardaient cette situation avec un relatif amusement. Ils savaient bien que, dans le système politique français, pour avoir des élus, les petites forma-tions doivent passer des accords avec les grandes, celles qui ont pignon sur rue et qui peuvent prétendre avoir un candidat au second tour de l'élection présidentielle, la mère de toutes les élections. Ils avaient donc passé l'accord électoral qu'il fallait mais, en même temps, ils étaient bien décidés à n'être pas des alliés faciles. " Alliés mais par ralliés ", disait fréquemment l'un d'entre eux. Cela leur laissait la possibilité de prendre des positions qui pouvaient ne pas être conformes à celles du parti dominant.
Siégeant chacun dans une des commissions clés de la vie muni-cipale : la commission des finances et de l'urbanisme pour les deux communistes, celle des marchés et des affaires sociales pour les deux autres, ils étaient à peu près certains qu'aucune des gran-des questions débattues au sein de l'équipe municipale n'échap-perait à leur vigilance et qu'ils pourraient être le poil-à-gratter de la majorité comme de leurs partenaires de l'opposition.
Et tout ça faisait la joie de la presse qui jouait à souligner les contradictions des uns et des autres ce qui lui fait vendre du papier.
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La direction " Marchés/Achats publics " occupe une place essentielle dans le mécanisme de gestion des affaires municipales. Sa tâche est double : assurer la sécurité juridique de toutes les opérations qui font l'objet d'une dépense publique et acheter, aux meilleures conditions pour les finances de la ville, l'ensemble des biens et des services dont la collectivité a besoin. À cet égard, c'est une des directions les plus exposées juridiquement mais aussi celle qui permet sans doute d'avoir la meilleure vue d'ensemble sur ce que fait l'équipe municipale et de comprendre, concrètement, la politique qu'au-delà des discours destinés à la communication elle met réellement à l'œuvre.
Denise Chatel assure la responsabilité de cette direction. Juriste spécialiste de droit public, ce n'est pas son premier poste. Elle a fait ses premières armes dans diverses collectivités territoriales mais n'a jamais voulu passer les concours qui lui auraient assuré la stabilité et la sécurité de l'emploi. Elle tient à son statut de contractuelle qui donne la liberté à son employeur de la remercier mais qui lui évite la tentation de s'installer dans la routine qui, selon elle, menace tout fonctionnaire en place. À l'approche de la quarantaine, célibataire qui ne dédaigne pas les aventures humai-nes, elle est d'un contact agréable, entretient de bons rapports avec les personnels qu'elle supervise et ne " s'en laisse conter " ni par ses agents, ni par la hiérarchie dont elle dépend, ni par les élus qui interviennent dans le domaine des marchés. Elle parle courtoise-ment mais clairement, et ses avis sont en général écoutés parce que toujours marqués au coin du bon sens et de l'efficacité.
Les tâches de la direction se répartissent entre deux " pôles ". Au service " Achats ", la responsabilité de répondre à tout ce qui concerne les besoins en matière de fonctionnement : papier, matériel de bureau, produit d'entretien, service de nettoyage, mobi-lier, équipements de travail, énergie, etc. Au service " Marchés " les grosses opérations plus complexes : travaux d'équipement, presta-tions intellectuelles, investissements divers, etc.
Une curiosité de cette direction tient à ce que le service " Achats " est entièrement assuré par un personnel masculin mais animé par une femme chef de service et que, dans le service " Mar-chés ", on ne trouve que des femmes dont la direction est assurée par un homme. Faut-il voir dans cette organisation " sexuée " une " ruse " de la DRH au service de quelque projet expérimental en matière de gestion des compétences ? Les agents se perdent en conjectures sur la question et s'amusent à échanger des hypothèses à ce sujet lors des pots amicaux qui témoignent de la bonne ambiance qui règne dans ce service dont le professionnalisme est reconnu par tous, même si, parfois, les agents des autres directions subissent, sans plaisir, le contrôle juridique de leurs collègues sur les opérations qu'ils montent.
*
C'est précisément une de ces opérations de contrôle que la directrice veut mettre en place. Elle a convoqué les agents du service " Marchés " pour une réunion de travail.
Elle attaque directement.
- Alexandre m'a fait part de ce qui est peut-être - et je crains qu'il ait raison - un problème. Il a l'impression qu'un des tech-niciens du service " espaces verts ", appelons le BG, pour ne pas le nommer mais tout le monde voit de qui il s'agit, fait preuve d'une propension à proposer des analyses des offres qui abou-tissent assez régulièrement à attribuer les marchés à une entreprise qu'il semble privilégier pour des motifs dont la pertinence ne serait pas toujours avérée et ce alors même qu'elle n'est pas forcément la moins disante. L'élu, président de la commission d'appel d'offre, qui est très attentif à ce qui se passe, m'en a discrètement fait la remarque ce qui signifie qu'il souhaiterait que cela soit approfondi. Alexandre, tu veux bien répéter ce que tu m'as dit et préciser les choses ?
Alexandre, le chef de service, s'exécute.
- Si tu veux, mais tu as déjà dit l'essentiel. Cela fait plusieurs marchés qui font l'objet d'une attribution à une entreprise qui n'est pas la moins chère, mais la mieux disante selon le technicien. Lorsque les membres de la commission demandent des explica-tions pour légitimer le surcoût qu'on leur propose, le chargé de projet fournit des justificatifs qui relèvent de la technique. Les élus n'ont pas la compétence pour vérifier réellement la validité de ces arguments. Ils ont tendance à faire confiance au spécialiste. Mais comme c'est toujours la même entreprise qui est proposée comme attributaire, le président de la CAO commence à se poser des questions en se demandant s'il n'y aurait pas du favoritisme dans l'air. Par ailleurs, lorsque les entreprises évincées réclament des justifications, ce n'est pas toujours évident de fournir des explications convaincantes. Jusqu'ici nous nous en sommes tou-jours sortis, mais je crains que nous ayons un jour affaire à des recours non amiables.
Les agents se regardent
- Je vois de qui vous voulez parler, acquiesce Véronique, une des quatre gestionnaires de marchés qui constituent l'équipe. Le président n'a peut-être pas tort de s'inquiéter. Vous vous en souve-nez peut-être, l'an passé, j'avais déjà signalé que le monsieur en question ne me paraissait pas tout à fait clean dans ses rendus d'avis. À plusieurs reprises, j'avais dû lui faire reprendre l'argu-mentation fournie car il y avait des incohérences et la rigueur n'était pas au rendez-vous. Je pense qu'il faut vérifier.
- Marie, ton avis, demande la directrice à l'adresse de l'autre gestionnaire.
- Je n'ai pas vraiment d'avis. Je crois ce que vous dites, mais, pour ma part, je n'ai pas eu beaucoup de dossiers communs avec lui. Le fait qu'il ne propose pas systématiquement le moins cher n'est pas forcément un indice qu'il y ait favoritisme de sa part. L'entreprise qu'il soutient est peut-être réellement plus perfor-mante que les autres en termes professionnels.
- Certes, mais quand c'est toujours la même entreprise qui l'emporte, on peut s'interroger.
- Et bien, interrogeons nous, reprend Marie en souriant. C'est quoi les indices qui vous inquiètent ?
Alexandre et Véronique développent leur point de vue. Chacun y va de son commentaire. La directrice conclut la discussion.
- Voici ce que nous allons faire. Chacun va reprendre les dossiers qu'il a suivis avec BG au cours des deux dernières années : montants estimés du marché, état des diverses propo-sitions, montant de l'attribution, etc. Nous établissons un tableau synthé-tique. Si l'impression d'une trop grande fréquence d'attribu-tion au même soumissionnaire se confirme, j'en parle à l'élu et il décidera ce qu'il fait de cela. Après tout, c'est lui qui signe les attributions et qui prend les risques de devoir éven-tuellement affronter le recours d'un candidat évincé. Notre devoir est de l'informer au plus juste. Vous me fournissez les données pour la fin de la semaine. De mon côté, je vois avec le directeur de l'espace public ce qu'il pense de cet agent. OK ?
- OK, répondent les cinq participants à la réunion.
Chacun s'en retourne dans son bureau à ses tâches ordinaires.

 

 

 

 

Du même auteur

Laïcité et enseignement - Armand colin - 1996
Laïcité : textes majeurs - Armand Colin - 1997
L'école dans la Drôme - 1830/1880 - Editions et Régions - 2006
Meurtre à Nyons - Une énigme au pays des olives - Editions et Régions - 2009
Meurtres dans les Baronnies. Le manuscrit de Sainte-Jalle. 2014

En collaboration avec Chantal Forestal

La laïcité par les textes, documents fondamentaux et matériaux d'ensei-gnement - L'Harmattan - 2013
Tome 1 - La laïcité, genèse du concept
Tome 2 - La laïcité aujourd'hui, enjeux et controverses
Tome 3 - École et laïcité, un lien privilégie

Contributions à des ouvrages collectifs

Feu les écoles normales - L'Harmattan - 1994
Le Plan Langevin-Wallon. Une utopie vivante - PUF - 1998

En préparation

L'École dans la Drôme - 1880/1914

 

 

EAN : 978 284794 1609

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Dans la même collection (par ordre de parution) :

Meurtre à Jaujac. Gabriel Jan
Meurtres à Ruoms. Philippe Granchamp
Meurtres à Valence. Gabriel Jan
Meurtre à Annonay. Raymond Pascal
Meurtre aux Vans. Frances Harper
Meurtre à Nyons. Gérard Bouchet
Meurtre à Aubenas. Gabriel Jan
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Meurtre à Davézieux. Raymond Pascal
Meurtre à Chomérac. Gabriel Jan
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Meurtres à Romans. Claude Ferrieux
Meurtres à Tournon. Yohann Fourey
Meurtre à Coux. Jean Nito
Meurtre à Vals-lès-Bains. Gabriel Jan
Meurtre à Thueyts. Gabriel Jan
Meurtre à Bourg-lès-Valence. Anny Blaise Resnik
Meurtre à Die. Chris Escot
Meurtre à Vallon-Pont-d'Arc. Philippe Granchamp
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Le mystère du bréviaire de Valence. Jean-Louis Thomas
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