en Ardèche ou la vie recluse de quatre jeunes au temps du Covid-19
Christian Chapus, Chaps pour ses
camarades de lycée et de fac, est né en 1949 à
Saint-Michel-de-Chabrillanoux, où il fut maire au cours
des années 80 et 90. Ce professeur ditalien en retraite
a déjà publié deux fictions : Ce village
si paisible (2014) et Mystères au village (2016), mettant
en scène les habitants de son village natal durant les
années de loccupation et de laprès-guerre.
Depuis quatre ans, ses fidèles lecteurs attendaient un
troisième roman qui tardait à venir. Tout récemment,
cest une autre période tragique qui lui donna lidée
de reprendre la plume et décrire à nouveau
sur ce coin dArdèche, au moment de la crise sanitaire
du Covid-19. 15 euros + 8 euros de frais de port à parution soit 23 euros Prix spécial lancement
et par correspondance jusqu'au 30 mai 2020 : 20 euros franco Soyez les premiers à lire chez vous en primeur ce livre qui fera date ! 200 pages tiré sur bouffant crème. Couverture en couleurs péliculée. Format 16 x 24 cm livre agrémentés de photos et gravures anciennes comme cette attestation de circuler de 1720 ! mais vous aussi d'autres surprises en achetant le livre
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Chers amis et amies
A la Bouquinerie, on a continué à faire des livres pendant le confinement et nous vous proposons un livre tout à fait extraordinaire qui est un beau roman sur l'Ardèche et qui va sortir une semaine après la fin du confinement.
Ce livre de Christian Chapus s'intitule :
Chroniques du confinement
en Ardèche.
17 MARS - 11 MAI 2020.
Coronaméron
ou la vie recluse de quatre jeunes au temps du Covid-19.
Il nous fait revire cette période tout à fait exceptionnelle à travers une histoire de jeunes confinés en Ardèche ! Un pur moment de plaisir où le roman s'écrit au jour le jour à la manière du fameux Décameron de Boccace.
Ce livre a été fait au fur et à mesure du confinement et sera chez l'imprimeur le 11 mai 2020 !
Sortie prévue le 21 mai 2020
L'éditeur René Adjémian
: 0688083596
Numéro de télephone de l'auteur pour presse et médias
disponible en appelant l'éditeur
Prix spécial lancement
et par correspondance jusqu'au 30 mai 2020 : 20 euros franco
Livré chez vous à parution avant le 30 mai 2020
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de : Chapus. Chroniques du confinement
au prix de ......... 19 euros franco ( Pour 2 livres 30 euros
(frais de port gratuit) jusqu'au 1er juillet 2020
Prix spécial jusqu'au 30 mai 2020 : 19 euros franco au
lieu de 23 euros.
Laissons l'auteur vous en parler :
Amies lectrices et amis lecteurs
Depuis la publication de mes deux premiers
romans, on me demandait régulièrement si j'en avais
un autre en préparation. Etait-ce par simple politesse
ou pour marquer l'intérêt porté à mes
écrits ? Peut-être un peu les deux à la fois
! Pour justifier ma réponse négative, je ne savais
invoquer une autre raison que le manque d'inspiration et j'ajoutais
qu'en attendant je me satisfaisais de rédiger des articles
pour La Chabriole, notre revue locale.
Effectivement, je ne voulais pas écrire un troisième
livre pour le seul plaisir de noircir des pages. Hélas,
à la fin de l'hiver une terrible épidémie
s'est abattue sur la planète et plus particulièrement
sur notre belle terre de France. Comme vous tous, je me suis alors
retrouvé confiné à l'image des Florentins
lors de la fameuse Peste Noire de 1348, très bien décrite
dans le Décaméron. Le déclic était
là et, remerciant Boccace d'avoir été ma
source d'inspiration, je me suis lancé dans ce récit
sans prétendre, bien évidemment, rivaliser avec
cet éminent auteur toscan !
Par ailleurs, je dois préciser que la rédaction
a été une occupation merveilleuse et qu'elle s'est
effectuée au jour le jour à la manière d'un
journal intime, sans connaître les évènements
du lendemain et sans modification à posteriori. Ceci répondait
à ma volonté de fixer l'actualité dans toute
son authenticité immédiate.
Bien que directement inspiré de la triste réalité
du moment, ce roman est une fiction. En conséquence, toute
ressemblance avec des personnes vivantes ou disparues ne serait
que pure coïncidence.
J'ai le plaisir de dédier humblement cet ouvrage à
toutes les victimes, soignées et soignantes, de cette épidémie
inédite et meurtrière.
Je vous souhaite une bonne et agréable lecture.
Christian Chapus
PS : n'hésitez pas à me faire
part de vos impressions.
chapusc@wanadoo.fr
Extrait : CHAPITRE I
CHAPITRE I
Jeudi 12 mars 2020, 20 heures.
"
Il s'agit de la plus grave crise sanitaire qu'ait
connue la France depuis un siècle " Ces mots arrivèrent
aux oreilles de Luca alors qu'il était occupé à
préparer avec application une sauce bolognaise pour le
repas du soir ; il attendait ses amis Quentin et Léna qui
ne devaient tarder et il ne voulait pas les décevoir en
leur proposant ses " tagliatelle al ragù fatte in
casa " .
Depuis son entrée en Fac fin septembre 2017, en première
année de LLCER Italien, il avait acquis, en qualité
de fils d'immigré piémontais, la réputation
de spécialiste incontesté de la cuisine italienne.
Il logeait rue des Archives dans un immeuble des années
1910 où toutes les anciennes chambres de bonnes avaient
été transformées en studios très fonctionnels
destinés à la jeunesse estudiantine. Celle-ci s'y
rassemblait régulièrement le week-end pour "
se faire une petite bouffe " selon sa terminologie habituelle.
Luca était si souvent sollicité qu'il en avait même
fait un petit commerce, ce qui lui permettait de s'offrir chaque
mois quelques fantaisies comme aller au cinéma, au théâtre
ou prendre un pot dans le quartier des Halles avec son groupe
de copains.
Aux dires de tous, le jeune homme avait su cultiver la fibre familiale
transmise par son père Attilio : cet authentique piémon-tais,
à la fin des années quatre-vingt, était venu
rejoindre son cousin Angelo en région parisienne où
ils avaient tous les deux ouvert une épicerie-pizzeria
dans un ancien atelier de couture, le long du canal Saint-Martin.
Attilio et Stéphanie Pasino résidaient aux Lilas,
dans un petit pavillon qu'ils avaient acheté à la
naissance de leur fils aîné. Leur choix avait été
déterminé par les commodités d'accès
à leur travail en prenant le métro, ligne 11. L'arrivée
de Luca, né avec le siècle, combla de bonheur ce
couple franco-italien. Par souci d'équité, les parents
avaient tenu à lui donner un prénom qui fût
populaire des deux côtés des Alpes. Ils firent de
même avec leur second fils. Ayant grandi entre le four à
bois et le laminoir à pâtes, Luca n'ignorait rien
des secrets de la gastronomie italienne et tout son entourage
proche ne manquait pas une occasion d'en profiter. Autant dire
que personne ne se faisait prier pour répondre à
ses invitations et pour monter le rejoindre au quatrième
étage de la rue des Archives.
" Malgré nos efforts pour le freiner, le virus continue
de se propager " précisa le président, l'air
vivement préoccupé. Il invitait les personnes de
plus de soixante dix ans à " rester autant que possible
à leur domicile ".
Alors qu'Emmanuel Macron terminait sur un ton grave son allocution,
les deux amis de Luca frappèrent à la porte. Le
jeune homme, Quentin, était un parisien pur jus dont le
père, Marc Chalon, conduisait le métro depuis la
fin de son service militaire et la mère, Marianne Dépret,
effectuait des ménages dans une tour de la Défense.
Quant aux parents de Léna, François et Isabelle
Verdier, ils étaient des provinciaux montés à
Paris après avoir réussi tous les deux un concours
d'agents du Trésor.
Les deux étudiants connaissaient parfaitement le logement
de Luca qui, bien que de surface modeste, offrait pas mal d'espace
depuis qu'avait été installé un lit escamotable,
ce qui permettait aux trois convives de manger sans aucune gène.
Pour accompagner les tagliatelles ils avaient pris le soin d'apporter
une bouteille de Barbera achetée dans une cave réputée,
rue Turbigo. Tout au long du repas, le sujet de discussion fut
centré sur la crise sanitaire. Quentin, fidèle à
ses convictions d'insoumis, demeurait convaincu que le gouvernement
dramatisait uniquement pour se refaire une santé lors des
élections municipales.
- Si la situation est aussi grave qu'ils le prétendent,
pourquoi ont-ils maintenu le premier tour ? On dit que le Premier
ministre est dans une situation difficile au Havre : s'il est
battu, il devra quitter Matignon ! précisa-t-il. Et Collomb,
il va se prendre une bonne claque à Lyon. Qu'il prenne
sa retraite, place aux jeunes !
- T'es pas ouf, rétorqua Luca ! Même si je n'ai pas
beaucoup de sympathie pour la République en Marche, le
président me semble quelqu'un de sérieux et il ne
parle pas souvent à la télé, alors il doit
avoir de bonnes raisons !
- Moi, je fais confiance au président, répliqua
Léna.
- Léna, à ce que je vois, tu kiffes encore Macron
! Tu jalouses toujours Brigitte ? ironisa Quentin, il faudrait
quand même terminer ta crise d'ado attardée !
Mise en difficulté par son ami, Léna souhaita changer
de sujet et s'adressa à Luca :
- Quoi qu'il en soit, Luca, tu es champion " es tagliatelles
". " Congratulazioni ! "
- Merci, Léna. Tu sais, je vais parfois manger Rue Sainte
Croix de le Bretonnerie et, à mon humble avis, leurs tagliatelles
" Made in Italy " ne sont pas meilleures que les miennes
! Et tu les payes quand même seize euros.
- C'est vrai qu'ils ne s'emmerdent pas ! surenchérit Quentin.
La discussion se prolongea fort tard en prenant à nouveau
une tournure politique. Luca, viscéralement attaché
à la terre de ses ancêtres, était préoccupé
par le sort de ses cousins piémontais soumis depuis quelques
jours aux affres d'un mal qui semblait incurable.
- Léna, tu as vu ce qui arrive en Italie, ils dépassent
les mille morts en moins d'une semaine. C'est une véritable
hécatombe ! Les hôpitaux sont incapables de faire
face.
- J'ai lu ce matin dans la Repubblica que ce serait le résultat
des coupes budgétaires faites par Berlusconi dans le secteur
sanitaire, lui répondit-elle.
- En fait, ce sont tous les gouvernements libéraux qui
sont en cause, rappela Quentin, en Italie, comme en France ou
en Espa-gne. Et idem pour l'Allemagne ! Et vous verrez l'Angle-terre
! Thank you Miss Thatcher ! Et ne parlons pas de Trump qui veut
supprimer l'Obama Care ! Si le virus débarque aux States,
ce sera encore pire !
Finalement, après avoir longuement échangé
sur le sujet, les trois amis se quittèrent fort tard en
campant chacun sur ses positions. Ils n'étaient pas fâchés
pour autant, car leur première année d'études
supérieures avait fait naître des liens très
forts au sein de ce trio d'étudiants en langue étrangère.
Même si les vannes fusaient en permanence entre eux, rien
ne pouvait entamer l'affection qu'ils se portaient réciproquement.
Vendredi 13 mars.
Habitué par sa maman à être ordonné
et méticuleux, Luca avait passé un bon moment à
remettre son studio en ordre après le départ de
ses amis. Par voie de conséquence, il n'avait pas fermé
l'il avant deux heures du matin. Alors, quand le lendemain
son iPhone le tira de son sommeil, il s'empressa de le couper
sans prendre la peine d'éclairer et il se rendormit encore
jusqu'à midi. Comme il n'avait pas cours de la matinée,
il avait tout le temps de se préparer et d'aller jusqu'à
la Fac, en prenant un vélib : les trois kilomètres
ne lui prendraient pas plus de vingt minutes. Il ne voulait pas
manquer son cours de littérature du Moyen Âge qui
le passionnait d'autant plus que le programme du quatrième
semestre - la découverte de Boccace - fut pour lui une
véritable révélation. C'est ainsi que le
Décaméron allait rapidement devenir son livre de
chevet. En effet, cet imposant volume, abon-damment annoté
dans le but d'éclaircir ses innombrables références
historiques et culturelles, ne se lisait pas en un jour. Divisé
en dix journées, il en faudrait bien davantage pour une
lecture approfondie de ce recueil de cent nouvelles. Mais il comptait
sur les deux heures de cours hebdomadaires et sur les conseils
de son prof de littérature pour en venir à bout.
Cet après-midi-là, durant sa brillante intervention,
le maître de conférences, en osant un parallèle
entre les évènements de 1348 et ceux de 2020, avait
suscité chez les étudiants beaucoup d'intérêt
mais aussi pas mal d'inquiétude. Effectivement, selon lui,
le coronavirus présentait d'incontestables similitudes
avec la Peste Noire, elle aussi venue d'orient. En illustrant
son propos d'une citation prémonitoire tirée du
Décaméron, cet enseignant-chercheur avait ébranlé
l'optimisme viscéral de Luca : " Quelques années
auparavant, elle s'était déclarée dans les
pays orientaux, où elle avait enlevé une innombrable
quantité de vivants ; puis poursuivant sa marche d'un lieu
à un autre, sans jamais s'arrêter, elle s'était
malheureusement étendue vers l'Occident. La science ni
aucune précaution humaine ne prévalait contre elle
".
Samedi 14 mars
À l'issue d'une nuit fortement perturbée par les
propos de son professeur, Luca passa la matinée à
lire quelques pages de son livre de chevet qui le plongea dans
la société florentine du XIVe siècle où
se mêlaient maris jaloux, curés lubriques, servantes
entreprenantes, femmes vertueuses, marchands malhonnêtes
et chevaliers valeureux. En milieu d'après-midi, satisfait
de sa lecture, il descendit les quatre étages, il sortit
dans la rue et fit une longue promenade au milieu d'une foule
totalement insouciante. Alors qu'il passait devant les terrasses
bondées du quartier des Halles il reçut un texto
de Léna : " si ok, partons demain avec Quentin nous
mettre au vert quinze jours en Ardèche dans maison de famille
: emporte tes cours, tes bouquins, ton duvet et n'oublie pas ta
guitare". Agréablement sur-pris par cette invitation
inattendue, il s'empressa de répondre : " ok, mon
petit frère viendra aussi, on ira en voiture, je prendrai
le vieux SW Peugeot de mon père, n'oubliez pas de voter
à 8 H, je passerai à 9 H ".
Sans perdre une minute, il avertit ses parents de ce départ
précipité en leur précisant qu'il passerait
aux Lilas pour récupérer la voiture ainsi que Matteo
et qu'il en profiterait pour manger " la pasta " avec
eux. Toujours prévenants, ses parents avaient pris soin
de lui préparer un carton plein de produits italiens :
de l'huile d'olive, des pâtes, des boites de tomates concassées,
quelques morceaux de parmesan et un panettone. Ensuite, il rentra
rue des Archives avec Matteo afin de préparer ses bagages
: un sac de vêtements, sa guitare, son pc portable sans
oublier l'uvre de Boccace annotée par Vittore Branca
et recommandée par tous les médiévistes de
la Fac.
Léna, qui avait passé la journée de samedi
dans l'île Saint-Louis à vendre des cornets de glaces,
avertit sa patronne qu'il ne faudrait pas compter sur elle pour
les prochains week-ends :
- Comme la Fac est fermée à partir de lundi je pars
bosser mes partiels en Ardèche avec mes copains. Ce sont
mes parents qui me l'ont proposé.
- Ah oui, c'est vrai que vous avez une maison là-bas !
- C'est celle de mes ancêtres. On y va depuis longtemps
en famille.
- Alors, Léna, je te souhaite bonne route et j'espère
te revoir bientôt ! Tu sais que tu auras toujours ta place
chez nous, lui répondit la patronne.
- Je n'en ai jamais douté ! Je compte bien revenir après
cette épidémie. Et en attendant, bon courage à
vous.
- Et tu emporteras cette boite de gourmandises que vous mangerez
en route.
- Merci beaucoup Madame, c'est très gentil. Je suis sure
que mes amis y feront honneur !
Dimanche 15 mars
Avec un quart d'heure de retard, le Peugeot 407 SW chargé
jusqu'au toit traversa les rues sinistres de la capitale avec
toutes les devantures fermées : des images qui rappelaient
étrangement les années sombres de l'occupation.
Le véhicule passa à proxi-mité de la cathédrale
Notre-Dame caparaçonnée d'échafau-dages et
il longea les quais de Seine.
- C'est lugubre, réagit Léna, pratiquement pas un
prome-neur et tous les bouquinistes fermés ! Je n'ai jamais
vu ça !
Profitant d'une circulation particulièrement clairsemée,
la voiture rejoignit rapidement le périphérique
puis l'autoroute A6 quasi déserte à cette heure.
Malgré son vieil âge, le break 407 avalait les kilomètres
à bonne vitesse. Assise à côté du chauffeur,
Léna ne tarda pas à s'assoupir, la tête appuyée
contre la vitre, et Quentin en fit de même, coincé
sur la banquette arrière entre son sac à dos et
la guitare de Luca. Quant au jeune Matteo, enchanté par
ce voyage imprévu, il regardait le paysage, inconnu pour
lui, défiler devant ses yeux, que ce fût la Forêt
de Fontainebleau ou bien les terres céréalières
de l'Auxerrois.
En arrivant à l'aire de repos de Beaune, une première
halte fut demandée par le plus jeune voyageur qui voulait
aller aux toilettes et se dégourdir un peu les jambes.
Pendant que Luca faisait le plein de gazole, Quentin en profita
pour entrer à l'Autogrill et en ressortir avec des gobelets
de boisson chaude. Léna avait posé sur le capot
de la voiture la boite de gourmandises que lui avait offertes
Madame Berthon.
- C'est un cadeau de ma patronne pour mon départ. Vous
allez fondre de plaisir !
Aucun des trois ne se fit prier pour goûter les pâtisseries
au chocolat qui faisaient la renommée de cet artisan réputé
dans Paris depuis plus d'un demi-siècle. Deux heures plus
tard, ils s'arrêtèrent pour une deuxième pause
à Isardrôme après avoir passé sans
encombre le Tunnel de Fourvière, célèbre
pour ses bouchons lors des week-ends de grands départs.
Les quatre voyageurs achetèrent alors des burger-frites
qu'ils dévorèrent en quelques minutes. Une fois
rassasiés et se sachant presque arrivés à
destination, ils prirent le temps de déguster leur café
à l'extérieur, en profitant de l'ensoleillement
printanier.
- Vous voyez ce soleil et ce ciel bleu, ce n'est pas tout à
fait le midi, mais déjà le midi moins le quart,
fit remarquer Léna.
- Tu as raison Léna, on sent bien la différence
avec la région parisienne, répondit Luca. Il y a
au moins trois ou quatre degrés d'écart.
Encore quarante kilomètres d'autoroute et ils sortirent
au péage de Valence-Sud, ils traversèrent le Pont
des Lônes, puis ils suivirent la RN 86 jusqu'à Beauchastel
avant d'emprunter la route départementale qui serpente
le long de l'Eyrieux. Ils traversèrent successivement Saint-Laurent-du-pape,
Saint-Fortu-nat, Dunières admirant les pêchers précocement
en fleurs. En pénétrant dans Les Ollières,
l'impatience de la jeune fille était à son comble
tant elle avait hâte de retrouver ce refuge, berceau de
ses meilleurs souvenirs de vacances.
Quelques minutes plus tard, leur long voyage les conduisit tout
près de l'Eyrieux, devant la maison de famille chère
à Léna. Située sur la partie aval de la commune
de Saint-Michel-de-Chabrillanoux, cette vieille bâtisse,
restée les volets clos entre 1955 et 1979, avait été
en partie rénovée durant les années 1980
par ses grands-parents. Coincée entre la montagne abrupte,
l'ancienne voie ferrée et la rivière, elle ne manquait
pas de charme et elle aurait rapidement trouvé preneur
si elle avait été mise en vente.
La demeure, somme toute modeste, fut édifiée en
des temps très reculés, et connut un destin tragique,
puisque, lors de la guerre contre les Camisards, elle fut rasée
par les dragons royaux suite à la Révocation de
l'Edit de Nantes par Louis XIV. C'est à cette occasion
qu'un des fils de la famille fut arrêté et conduit
à Viviers où un tribunal le condamna à être
pendu " pour y avoir tenu une assemblée, malgré
la défense du Roi " . Reconstruite rapidement, la
maison ne fut pas modifiée par la suite et elle hébergea
pendant près de trois siècles une quinzaine de générations
Verdier. Exposée sud-ouest, elle bénéficiait
d'un bel ensoleillement, excepté au plus profond de l'hiver
quand les rayons étaient masqués par une montagne
trop proche.
En raison du terrain en pente, la bâtisse reposait, côté
rivière, sur deux caves voûtées taillées
dans le granit ; le rez-de-chaussée était constitué
d'une grande pièce à vivre faisant à la fois
office de cuisine, de salle à manger et de séjour,
agrémentée de sa cheminée monumentale qui
avait traversé les siècles sans encombres. Jadis,
c'était là que vivaient et dormaient les occupants.
Contrairement à beaucoup de hameaux isolés, la maison
avait disposé de la lumière avant la Seconde Guerre
mondiale grâce à sa proximité avec la première
centrale hydroélectrique installée sur l'Eyrieux.
Quant à l'eau potable publique, elle arriva beaucoup plus
tard, au cours des années 1980. Précédemment,
il fallait aller la puiser dans une source creusée à
même le rocher, au fond de la cave. L'eau, extrêmement
fraîche, était toujours appréciée par
la famille au moment de l'apéritif. Depuis les derniers
travaux engagés par les parents de Léna, une échelle
meunière donnait accès à trois chambres indépendantes
qui occupaient l'ancien grenier et aux sanitaires aménagés
dans une sous-pente. Extérieurement, la maison ne manquait
pas de charme, ses murs épais en pierre de pays et ses
tuiles romanes anciennes qui lui permettaient de se fondre dans
le paysage. Toutefois, des volets bleu lavande égayaient
la façade en granit gris car monsieur et madame Verdier,
lassés par leur teinte bois datant du siècle dernier,
avaient tenu à leur donner une touche de modernité
qui leur seyait à merveille. Un petit escalier en rondins
de châtaignier donnait accès au jardin situé
en contrebas et permettait d'arriver facilement à la rivière.
Jusqu'à la guerre de 1914, la maison était entourée
de vignes qui avaient constitué au XIXe siècle une
ressource importante, en plus du maigre salaire d'ouvrier que
le chef de famille rapportait du moulinage. Ces vieux cépages,
en partie détruits par le phylloxéra venu des Etats-Unis,
furent remplacés par des pêchers au cours des années
1930. Comme de nombreux riverains du CFD, le Chemin de Fer Dé-par--temental,
l'arrière-grand-père de Léna, profitait du
passage du train à vapeur pour expédier ses fruits
jusqu'au marché de gros de Lyon. Ces précieuses
cagettes de pêches représentaient une manne indispensable
à la survie de sa famille. On racontait qu'il déposait
chaque après-midi sa récolte le long de la voie
ferrée et qu'il n'oubliait pas de cacher dans le buisson
une bouteille de vin rouge enveloppée dans un linge mouillé,
afin de remercier les cheminots exposés en plein été
à la chaleur étouffante de la chaudière à
charbon.
Sans prendre le temps d'admirer le cadre environnant, les jeunes
Parisiens déchargèrent les bagages et les déposèrent
dans la grande pièce du rez-de-chaussée. Etant donné
que la maison n'avait pas vu danser les flammes depuis les vacances
de Noël, Quentin fut chargé d'aller chercher du bois
sec sous l'auvent situé au coin du jardin et d'allumer
la grande cheminée. Rapidement, la fraîcheur humide
qui les avait saisis en entrant se transforma en une tiédeur
agréable. Tandis que Luca et Matteo mettaient le cap sur
Les Ollières dans l'espoir de trouver une boulangerie encore
ouverte, Léna s'affairait au rez-de-chaussée pour
ouvrir les volets et enlever les toiles d'araignées. Quant
à Quentin, il installait les bagages dans les chambres
et déroulait les sacs de couchage. En moins d'une heure
cet espace confiné pendant des mois fut transformé
en un intérieur presque douillet.
- Ce sera impeccable, ici on devrait passer un bon séjour
! s'exclama Quentin, agréablement surpris par le cadre,
lui qui n'avait jamais mis les pieds dans un coin aussi reculé
et qui nourrissait pas mal de préjugés défavorables
envers la campagne. Et il y a même la 4 G ! constata-t-il
avec satisfaction en pianotant sur son iPhone.
- Qu'est-ce que tu crois ? L'Ardèche ce n'est pas le bout
du monde ! répondit Léna. Ici on est encore en pays
civilisé et tu verras, mes parents ont été
prévoyants. C'est là qu'ils comptent se retirer
dans une dizaine d'années, alors ils ont tenu à
rendre la maison confortable. Ils ont même profité
d'une offre spéciale pour installer une box Internet, ce
qui nous permettra de travailler en ligne sans problème.
Ils essaient de descendre de Paris le plus souvent possible, au
moins quatre fois dans l'année et ils passent ici tout
le mois d'août. Ils en profitent pour acheter des fruits
chez les voisins, et faire des conserves et des confitures qu'ils
entreposent dans la cave. Ils congèlent aussi des légumes.
Et puis, mon père y entasse pas mal de bouteilles qu'il
achète dans la région. C'est une véritable
passion ! Il y a même du Cornas et du Saint-Joseph.
- Ah bon ? Tu nous les feras goûter ?
- Attention Quentin ! Je te connais bien et je te vois venir !
Avec Luca, si vous lui videz sa cave, il ne sera pas content du
tout ! Ces bouteilles sont réservées à ses
collègues de bureau quand ils descendent le voir pendant
leurs congés. Mais, en restant raison-nable, on doit pouvoir
tenir un siège de quelques semai-nes.
Luca et Matteo revinrent les bras chargés de pains et de
croissants en précisant :
- On est arrivé juste avant la fermeture, on a raflé
tout ce qui restait à la boulangerie. Les clients, derrière
nous, ont dû se contenter de biscottes !
- Parfait ! Pour ce soir on va ouvrir un bocal de haricots verts
qu'on mettra en salade, je vais sortir des caillettes du congé-lateur
et on les mangera avec des pommes de terre cuites à l'eau,
à la manière des ardéchois. Et, pour finir,
on goûtera le panettone de Luca.
Dans la soirée, pendant qu'ils étaient attablés
dans la grande pièce à savourer les haricots verts
et les caillettes, ils virent défiler sur l'écran
télé les images des nombreux parcs et jardins envahis
par les Parisiens, inconscients du danger qui les menaçait.
À cet instant, Quentin reçut de ses parents un texto
inquiétant, laissant entendre que le Président était
furieux d'un tel comportement irresponsable et que le confinement
était inéluctable.
- Ils sont inconscients, les Parisiens ! commenta Luca tentant
une comparaison osée : c'est comme sur le Titanic ! On
est en train de couler et les gens continuent à danser
!
- Que veux-tu, quand vous vivez à plusieurs dans trente
mètres carrés, vous étouffez et vous avez
besoin de prendre l'air ! réagit Quentin. Les appartements
sont de plus en plus chers et de plus en plus petits !
- Bien sûr, mais les Français ne sont pas très
raisonnables, un peu comme les Italiens ! intervint Léna.
Le respect des règles, c'est leur dernier souci ! Tu connais
le proverbe italien " Votata la legge, trovato l'inganno
!
- Trêve de plaisanterie ! coupa Luca. On n'est pas venu
ici pour passer des vacances, demain commencent les choses sérieuses.
Le matin, il faudra aller à Saint-Sauveur pour faire le
plein. Nous, on doit penser aux prochains partiels qui finiront
bien par avoir lieu. Toi, Matteo, tu as tes cours de CM1 sur le
site du CNED et puis, on est là pour t'aider.
- C'est ce que m'a dit maman. À l'école, ma maîtresse
m'aide beaucoup. Si je suis tout seul, je vais galérer.
- Pour toi Matteo, ce sera extinction des feux à neuf heures
et demie. Tu dormiras dans la même chambre que ton frère.
Il y a un petit lit. C'était le mien quand j'avais ton
âge, conclut Léna.
Alors que les trois garçons montaient se coucher, Léna
resta seule au rez-de-chaussée, prétextant qu'elle
voulait faire un peu de rangement ; en réalité,
elle avait une idée en tête depuis le milieu de la
journée. Au cours du voyage, tout en somnolant contre la
vitre de la portière, elle avait fait un rêve à
demi éveillé : depuis son lieu de retraite en Ardèche,
elle se voyait en train d'animer un blog intitulé "
Le coronaméron de Léna " en liaison avec ses
copines et copains de Fac demeurés à Paris. Ce blog
devait permettre un échange fructueux à propos du
Décaméron, du coronavirus et du confinement de chacun.
Sans retard, elle se mit à l'uvre et, au bout d'une
demi-heure à peine, elle fut en capacité de mettre
en ligne le compte-rendu de la première journée,
en précisant que des photos et des vidéos seraient
visibles dès le lendemain. Elle envoya ce mail aux étudiants
dont elle disposait des coordonnées.
" À mes copains et copines de 2e année de LLCER
Italien
À l'annonce de la fermeture de la FAC, avec Luca et Quentin,
nous sommes partis bosser nos exams pendant une quinzaine de jours
en Ardèche où mes parents ont une maison. Ne souhaitant
pas rester coupés de vous, je viens de mettre en ligne
un blog où nous pourrons échanger nos expériences
et nos réflexions personnelles sur notre travail et notre
confinement.
https://lecoronamerondelena.wordpress.com/
Faites-moi passer vos commentaires, vos photos et vos vidéos.
J'aurai plaisir à les mettre en ligne.
N'hésitez pas à faire suivre l'info à toute
l'équipe de L2.
Et, comme ils disent là-bas, " Tutto andrà
bene ".
@ plus
Léna Verdier "
Quelques minutes à peine après la diffusion du lien, elle reçut déjà des messages de copines emballées par son idée mais surprises par son départ précipité de la capitale. Elle en avertit aussi ses parents qui saluèrent son initiative, heureux à l'idée d'avoir des nouvelles en direct chaque jour.
Prix spécial lancement
et par correspondance jusqu'au 30 mai 2020 : 20 euros franco
Livré chez vous à parution avant le 30 mai 2020
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de : Chapus. Chroniques du confinement
au prix de ......... 20 euros franco ( Pour 2 livres 30 euros
(frais de port gratuit) jusqu'au 30 juin 2020
Prix spécial souscription -lancement jusqu'au 30 jun 2020
: 20 euros franco au lieu de 23 euros)
Ci-dessous
le lien pour accéder à la page de l'auteur :
https://coronameron.wordpress.com/
Editions et Régions. La Bouquinerie - 77 avenue des Baumes - 26000 Valence - France
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Dernière mise-à-jour : 2020 Last update :