La Bouquinerie

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2e tirage le 10 juin 2020 !

 

CHRISTIAN CHAPUS

Chroniques du confinement
en Ardèche

17 MARS - 11 MAI 2020

Coronaméron
ou la vie recluse de quatre jeunes
au temps du Covid-19


12 mars 2020 : suite à l’intervention télévisée du président de la République annonçant la fermeture de tous les établissements scolaires et
universitaires de France, Léna, Luca et Quentin, trois étudiants parisiens inscrits en deuxième année de LLCER italien, décident d’aller se mettre au vert pour préparer leurs examens du mois de mai. Ils vont quitter la capitale et trouver refuge dans la maison de campagne des parents de Léna, en Ardèche afin de travailler en toute sérénité. Ils seront accompagnés par Matteo, petit frère de Luca. Partis pour passer quinze jours au bord de l’Eyrieux, ils verront leur séjour se prolonger jusqu’au 11 mai. Au cours de ces huit semaines de confinement, les deux garçons vont faire la découverte d’une terre totalement inconnue pour eux, tout en étudiant avec Léna les œuvres littéraires au programme de L2 : le « Décaméron » de Boccace et « Les fiancés » de Manzoni. Ce sont ces cinquante-six jours de vie confinée que l’auteur vous propose de partager.

Christian Chapus, Chap’s pour ses camarades de lycée et de fac, est né en 1949 à Saint-Michel-de-Chabrillanoux, où il fut maire au cours des années 80 et 90. Ce professeur d’italien en retraite a déjà publié deux fictions : Ce village si paisible (2014) et Mystères au village (2016), mettant en scène les habitants de son village natal durant les années de l’occupation et de l’après-guerre. Depuis quatre ans, ses fidèles lecteurs attendaient un troisième roman qui tardait à venir. Tout récemment, c’est une autre période tragique qui lui donna l’idée de reprendre la plume et d’écrire à nouveau sur ce coin d’Ardèche, au moment de la crise sanitaire du Covid-19.


© E & R, ÉDITIONS ET RÉGIONS. VALENCE. 2020. EAN : 9782847942019

15 euros + 8 euros de frais de port à parution soit 23 euros

Prix spécial lancement et par correspondance jusqu'au 30 mai 2020 : 20 euros franco
Livré chez vous à parution avant le 30 juin 2020

Soyez les premiers à lire chez vous en primeur ce livre qui fera date !

200 pages tiré sur bouffant crème. Couverture en couleurs péliculée. Format 16 x 24 cm

livre agrémentés de photos et gravures anciennes

comme cette attestation de circuler de 1720 !

mais vous aussi d'autres surprises en achetant le livre

 

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au prix de ......... 19 euros franco ( Pour 2 livres 30 euros (frais de port gratuit) jusqu'au 1er juillet 2020
Prix spécial jusqu'au 30 mai 2020 : 19 euros franco au lieu de 22 euros.

 

 



 

 

 

 



Chers amis et amies

A la Bouquinerie, on a continué à faire des livres pendant le confinement et nous vous proposons un livre tout à fait extraordinaire qui est un beau roman sur l'Ardèche et qui va sortir une semaine après la fin du confinement.

Ce livre de Christian Chapus s'intitule :
Chroniques du confinement en Ardèche. 17 MARS - 11 MAI 2020.
Coronaméron ou la vie recluse de quatre jeunes au temps du Covid-19.

Il nous fait revire cette période tout à fait exceptionnelle à travers une histoire de jeunes confinés en Ardèche ! Un pur moment de plaisir où le roman s'écrit au jour le jour à la manière du fameux Décameron de Boccace.

Ce livre a été fait au fur et à mesure du confinement et sera chez l'imprimeur le 11 mai 2020 !

Sortie prévue le 21 mai 2020

L'éditeur René Adjémian : 0688083596
Numéro de télephone de l'auteur pour presse et médias disponible en appelant l'éditeur

 

Prix spécial lancement et par correspondance jusqu'au 30 mai 2020 : 20 euros franco
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Laissons l'auteur vous en parler :

Amies lectrices et amis lecteurs

Depuis la publication de mes deux premiers romans, on me demandait régulièrement si j'en avais un autre en préparation. Etait-ce par simple politesse ou pour marquer l'intérêt porté à mes écrits ? Peut-être un peu les deux à la fois ! Pour justifier ma réponse négative, je ne savais invoquer une autre raison que le manque d'inspiration et j'ajoutais qu'en attendant je me satisfaisais de rédiger des articles pour La Chabriole, notre revue locale.
Effectivement, je ne voulais pas écrire un troisième livre pour le seul plaisir de noircir des pages. Hélas, à la fin de l'hiver une terrible épidémie s'est abattue sur la planète et plus particulièrement sur notre belle terre de France. Comme vous tous, je me suis alors retrouvé confiné à l'image des Florentins lors de la fameuse Peste Noire de 1348, très bien décrite dans le Décaméron. Le déclic était là et, remerciant Boccace d'avoir été ma source d'inspiration, je me suis lancé dans ce récit sans prétendre, bien évidemment, rivaliser avec cet éminent auteur toscan !
Par ailleurs, je dois préciser que la rédaction a été une occupation merveilleuse et qu'elle s'est effectuée au jour le jour à la manière d'un journal intime, sans connaître les évènements du lendemain et sans modification à posteriori. Ceci répondait à ma volonté de fixer l'actualité dans toute son authenticité immédiate.
Bien que directement inspiré de la triste réalité du moment, ce roman est une fiction. En conséquence, toute ressemblance avec des personnes vivantes ou disparues ne serait que pure coïncidence.
J'ai le plaisir de dédier humblement cet ouvrage à toutes les victimes, soignées et soignantes, de cette épidémie inédite et meurtrière.
Je vous souhaite une bonne et agréable lecture.
Christian Chapus

PS : n'hésitez pas à me faire part de vos impressions.
chapusc@wanadoo.fr

Extrait : CHAPITRE I

 

CHAPITRE I

 

Jeudi 12 mars 2020, 20 heures.
" …Il s'agit de la plus grave crise sanitaire qu'ait connue la France depuis un siècle " Ces mots arrivèrent aux oreilles de Luca alors qu'il était occupé à préparer avec application une sauce bolognaise pour le repas du soir ; il attendait ses amis Quentin et Léna qui ne devaient tarder et il ne voulait pas les décevoir en leur proposant ses " tagliatelle al ragù fatte in casa " .
Depuis son entrée en Fac fin septembre 2017, en première année de LLCER Italien, il avait acquis, en qualité de fils d'immigré piémontais, la réputation de spécialiste incontesté de la cuisine italienne. Il logeait rue des Archives dans un immeuble des années 1910 où toutes les anciennes chambres de bonnes avaient été transformées en studios très fonctionnels destinés à la jeunesse estudiantine. Celle-ci s'y rassemblait régulièrement le week-end pour " se faire une petite bouffe " selon sa terminologie habituelle. Luca était si souvent sollicité qu'il en avait même fait un petit commerce, ce qui lui permettait de s'offrir chaque mois quelques fantaisies comme aller au cinéma, au théâtre ou prendre un pot dans le quartier des Halles avec son groupe de copains.
Aux dires de tous, le jeune homme avait su cultiver la fibre familiale transmise par son père Attilio : cet authentique piémon-tais, à la fin des années quatre-vingt, était venu rejoindre son cousin Angelo en région parisienne où ils avaient tous les deux ouvert une épicerie-pizzeria dans un ancien atelier de couture, le long du canal Saint-Martin. Attilio et Stéphanie Pasino résidaient aux Lilas, dans un petit pavillon qu'ils avaient acheté à la naissance de leur fils aîné. Leur choix avait été déterminé par les commodités d'accès à leur travail en prenant le métro, ligne 11. L'arrivée de Luca, né avec le siècle, combla de bonheur ce couple franco-italien. Par souci d'équité, les parents avaient tenu à lui donner un prénom qui fût populaire des deux côtés des Alpes. Ils firent de même avec leur second fils. Ayant grandi entre le four à bois et le laminoir à pâtes, Luca n'ignorait rien des secrets de la gastronomie italienne et tout son entourage proche ne manquait pas une occasion d'en profiter. Autant dire que personne ne se faisait prier pour répondre à ses invitations et pour monter le rejoindre au quatrième étage de la rue des Archives.
" Malgré nos efforts pour le freiner, le virus continue de se propager " précisa le président, l'air vivement préoccupé. Il invitait les personnes de plus de soixante dix ans à " rester autant que possible à leur domicile ".
Alors qu'Emmanuel Macron terminait sur un ton grave son allocution, les deux amis de Luca frappèrent à la porte. Le jeune homme, Quentin, était un parisien pur jus dont le père, Marc Chalon, conduisait le métro depuis la fin de son service militaire et la mère, Marianne Dépret, effectuait des ménages dans une tour de la Défense. Quant aux parents de Léna, François et Isabelle Verdier, ils étaient des provinciaux montés à Paris après avoir réussi tous les deux un concours d'agents du Trésor.
Les deux étudiants connaissaient parfaitement le logement de Luca qui, bien que de surface modeste, offrait pas mal d'espace depuis qu'avait été installé un lit escamotable, ce qui permettait aux trois convives de manger sans aucune gène. Pour accompagner les tagliatelles ils avaient pris le soin d'apporter une bouteille de Barbera achetée dans une cave réputée, rue Turbigo. Tout au long du repas, le sujet de discussion fut centré sur la crise sanitaire. Quentin, fidèle à ses convictions d'insoumis, demeurait convaincu que le gouvernement dramatisait uniquement pour se refaire une santé lors des élections municipales.
- Si la situation est aussi grave qu'ils le prétendent, pourquoi ont-ils maintenu le premier tour ? On dit que le Premier ministre est dans une situation difficile au Havre : s'il est battu, il devra quitter Matignon ! précisa-t-il. Et Collomb, il va se prendre une bonne claque à Lyon. Qu'il prenne sa retraite, place aux jeunes !
- T'es pas ouf, rétorqua Luca ! Même si je n'ai pas beaucoup de sympathie pour la République en Marche, le président me semble quelqu'un de sérieux et il ne parle pas souvent à la télé, alors il doit avoir de bonnes raisons !
- Moi, je fais confiance au président, répliqua Léna.
- Léna, à ce que je vois, tu kiffes encore Macron ! Tu jalouses toujours Brigitte ? ironisa Quentin, il faudrait quand même terminer ta crise d'ado attardée !
Mise en difficulté par son ami, Léna souhaita changer de sujet et s'adressa à Luca :
- Quoi qu'il en soit, Luca, tu es champion " es tagliatelles ". " Congratulazioni ! "
- Merci, Léna. Tu sais, je vais parfois manger Rue Sainte Croix de le Bretonnerie et, à mon humble avis, leurs tagliatelles " Made in Italy " ne sont pas meilleures que les miennes ! Et tu les payes quand même seize euros.
- C'est vrai qu'ils ne s'emmerdent pas ! surenchérit Quentin.
La discussion se prolongea fort tard en prenant à nouveau une tournure politique. Luca, viscéralement attaché à la terre de ses ancêtres, était préoccupé par le sort de ses cousins piémontais soumis depuis quelques jours aux affres d'un mal qui semblait incurable.
- Léna, tu as vu ce qui arrive en Italie, ils dépassent les mille morts en moins d'une semaine. C'est une véritable hécatombe ! Les hôpitaux sont incapables de faire face.
- J'ai lu ce matin dans la Repubblica que ce serait le résultat des coupes budgétaires faites par Berlusconi dans le secteur sanitaire, lui répondit-elle.
- En fait, ce sont tous les gouvernements libéraux qui sont en cause, rappela Quentin, en Italie, comme en France ou en Espa-gne. Et idem pour l'Allemagne ! Et vous verrez l'Angle-terre ! Thank you Miss Thatcher ! Et ne parlons pas de Trump qui veut supprimer l'Obama Care ! Si le virus débarque aux States, ce sera encore pire !
Finalement, après avoir longuement échangé sur le sujet, les trois amis se quittèrent fort tard en campant chacun sur ses positions. Ils n'étaient pas fâchés pour autant, car leur première année d'études supérieures avait fait naître des liens très forts au sein de ce trio d'étudiants en langue étrangère. Même si les vannes fusaient en permanence entre eux, rien ne pouvait entamer l'affection qu'ils se portaient réciproquement.

Vendredi 13 mars.
Habitué par sa maman à être ordonné et méticuleux, Luca avait passé un bon moment à remettre son studio en ordre après le départ de ses amis. Par voie de conséquence, il n'avait pas fermé l'œil avant deux heures du matin. Alors, quand le lendemain son iPhone le tira de son sommeil, il s'empressa de le couper sans prendre la peine d'éclairer et il se rendormit encore jusqu'à midi. Comme il n'avait pas cours de la matinée, il avait tout le temps de se préparer et d'aller jusqu'à la Fac, en prenant un vélib : les trois kilomètres ne lui prendraient pas plus de vingt minutes. Il ne voulait pas manquer son cours de littérature du Moyen Âge qui le passionnait d'autant plus que le programme du quatrième semestre - la découverte de Boccace - fut pour lui une véritable révélation. C'est ainsi que le Décaméron allait rapidement devenir son livre de chevet. En effet, cet imposant volume, abon-damment annoté dans le but d'éclaircir ses innombrables références historiques et culturelles, ne se lisait pas en un jour. Divisé en dix journées, il en faudrait bien davantage pour une lecture approfondie de ce recueil de cent nouvelles. Mais il comptait sur les deux heures de cours hebdomadaires et sur les conseils de son prof de littérature pour en venir à bout.
Cet après-midi-là, durant sa brillante intervention, le maître de conférences, en osant un parallèle entre les évènements de 1348 et ceux de 2020, avait suscité chez les étudiants beaucoup d'intérêt mais aussi pas mal d'inquiétude. Effectivement, selon lui, le coronavirus présentait d'incontestables similitudes avec la Peste Noire, elle aussi venue d'orient. En illustrant son propos d'une citation prémonitoire tirée du Décaméron, cet enseignant-chercheur avait ébranlé l'optimisme viscéral de Luca : " Quelques années auparavant, elle s'était déclarée dans les pays orientaux, où elle avait enlevé une innombrable quantité de vivants ; puis poursuivant sa marche d'un lieu à un autre, sans jamais s'arrêter, elle s'était malheureusement étendue vers l'Occident. La science ni aucune précaution humaine ne prévalait contre elle ".
Samedi 14 mars
À l'issue d'une nuit fortement perturbée par les propos de son professeur, Luca passa la matinée à lire quelques pages de son livre de chevet qui le plongea dans la société florentine du XIVe siècle où se mêlaient maris jaloux, curés lubriques, servantes entreprenantes, femmes vertueuses, marchands malhonnêtes et chevaliers valeureux. En milieu d'après-midi, satisfait de sa lecture, il descendit les quatre étages, il sortit dans la rue et fit une longue promenade au milieu d'une foule totalement insouciante. Alors qu'il passait devant les terrasses bondées du quartier des Halles il reçut un texto de Léna : " si ok, partons demain avec Quentin nous mettre au vert quinze jours en Ardèche dans maison de famille : emporte tes cours, tes bouquins, ton duvet et n'oublie pas ta guitare". Agréablement sur-pris par cette invitation inattendue, il s'empressa de répondre : " ok, mon petit frère viendra aussi, on ira en voiture, je prendrai le vieux SW Peugeot de mon père, n'oubliez pas de voter à 8 H, je passerai à 9 H ".
Sans perdre une minute, il avertit ses parents de ce départ précipité en leur précisant qu'il passerait aux Lilas pour récupérer la voiture ainsi que Matteo et qu'il en profiterait pour manger " la pasta " avec eux. Toujours prévenants, ses parents avaient pris soin de lui préparer un carton plein de produits italiens : de l'huile d'olive, des pâtes, des boites de tomates concassées, quelques morceaux de parmesan et un panettone. Ensuite, il rentra rue des Archives avec Matteo afin de préparer ses bagages : un sac de vêtements, sa guitare, son pc portable sans oublier l'œuvre de Boccace annotée par Vittore Branca et recommandée par tous les médiévistes de la Fac.
Léna, qui avait passé la journée de samedi dans l'île Saint-Louis à vendre des cornets de glaces, avertit sa patronne qu'il ne faudrait pas compter sur elle pour les prochains week-ends :
- Comme la Fac est fermée à partir de lundi je pars bosser mes partiels en Ardèche avec mes copains. Ce sont mes parents qui me l'ont proposé.
- Ah oui, c'est vrai que vous avez une maison là-bas !
- C'est celle de mes ancêtres. On y va depuis longtemps en famille.
- Alors, Léna, je te souhaite bonne route et j'espère te revoir bientôt ! Tu sais que tu auras toujours ta place chez nous, lui répondit la patronne.
- Je n'en ai jamais douté ! Je compte bien revenir après cette épidémie. Et en attendant, bon courage à vous.
- Et tu emporteras cette boite de gourmandises que vous mangerez en route.
- Merci beaucoup Madame, c'est très gentil. Je suis sure que mes amis y feront honneur !

Dimanche 15 mars
Avec un quart d'heure de retard, le Peugeot 407 SW chargé jusqu'au toit traversa les rues sinistres de la capitale avec toutes les devantures fermées : des images qui rappelaient étrangement les années sombres de l'occupation. Le véhicule passa à proxi-mité de la cathédrale Notre-Dame caparaçonnée d'échafau-dages et il longea les quais de Seine.
- C'est lugubre, réagit Léna, pratiquement pas un prome-neur et tous les bouquinistes fermés ! Je n'ai jamais vu ça !
Profitant d'une circulation particulièrement clairsemée, la voiture rejoignit rapidement le périphérique puis l'autoroute A6 quasi déserte à cette heure. Malgré son vieil âge, le break 407 avalait les kilomètres à bonne vitesse. Assise à côté du chauffeur, Léna ne tarda pas à s'assoupir, la tête appuyée contre la vitre, et Quentin en fit de même, coincé sur la banquette arrière entre son sac à dos et la guitare de Luca. Quant au jeune Matteo, enchanté par ce voyage imprévu, il regardait le paysage, inconnu pour lui, défiler devant ses yeux, que ce fût la Forêt de Fontainebleau ou bien les terres céréalières de l'Auxerrois.
En arrivant à l'aire de repos de Beaune, une première halte fut demandée par le plus jeune voyageur qui voulait aller aux toilettes et se dégourdir un peu les jambes. Pendant que Luca faisait le plein de gazole, Quentin en profita pour entrer à l'Autogrill et en ressortir avec des gobelets de boisson chaude. Léna avait posé sur le capot de la voiture la boite de gourmandises que lui avait offertes Madame Berthon.
- C'est un cadeau de ma patronne pour mon départ. Vous allez fondre de plaisir !
Aucun des trois ne se fit prier pour goûter les pâtisseries au chocolat qui faisaient la renommée de cet artisan réputé dans Paris depuis plus d'un demi-siècle. Deux heures plus tard, ils s'arrêtèrent pour une deuxième pause à Isardrôme après avoir passé sans encombre le Tunnel de Fourvière, célèbre pour ses bouchons lors des week-ends de grands départs. Les quatre voyageurs achetèrent alors des burger-frites qu'ils dévorèrent en quelques minutes. Une fois rassasiés et se sachant presque arrivés à destination, ils prirent le temps de déguster leur café à l'extérieur, en profitant de l'ensoleillement printanier.
- Vous voyez ce soleil et ce ciel bleu, ce n'est pas tout à fait le midi, mais déjà le midi moins le quart, fit remarquer Léna.
- Tu as raison Léna, on sent bien la différence avec la région parisienne, répondit Luca. Il y a au moins trois ou quatre degrés d'écart.
Encore quarante kilomètres d'autoroute et ils sortirent au péage de Valence-Sud, ils traversèrent le Pont des Lônes, puis ils suivirent la RN 86 jusqu'à Beauchastel avant d'emprunter la route départementale qui serpente le long de l'Eyrieux. Ils traversèrent successivement Saint-Laurent-du-pape, Saint-Fortu-nat, Dunières admirant les pêchers précocement en fleurs. En pénétrant dans Les Ollières, l'impatience de la jeune fille était à son comble tant elle avait hâte de retrouver ce refuge, berceau de ses meilleurs souvenirs de vacances.
Quelques minutes plus tard, leur long voyage les conduisit tout près de l'Eyrieux, devant la maison de famille chère à Léna. Située sur la partie aval de la commune de Saint-Michel-de-Chabrillanoux, cette vieille bâtisse, restée les volets clos entre 1955 et 1979, avait été en partie rénovée durant les années 1980 par ses grands-parents. Coincée entre la montagne abrupte, l'ancienne voie ferrée et la rivière, elle ne manquait pas de charme et elle aurait rapidement trouvé preneur si elle avait été mise en vente.
La demeure, somme toute modeste, fut édifiée en des temps très reculés, et connut un destin tragique, puisque, lors de la guerre contre les Camisards, elle fut rasée par les dragons royaux suite à la Révocation de l'Edit de Nantes par Louis XIV. C'est à cette occasion qu'un des fils de la famille fut arrêté et conduit à Viviers où un tribunal le condamna à être pendu " pour y avoir tenu une assemblée, malgré la défense du Roi " . Reconstruite rapidement, la maison ne fut pas modifiée par la suite et elle hébergea pendant près de trois siècles une quinzaine de générations Verdier. Exposée sud-ouest, elle bénéficiait d'un bel ensoleillement, excepté au plus profond de l'hiver quand les rayons étaient masqués par une montagne trop proche.
En raison du terrain en pente, la bâtisse reposait, côté rivière, sur deux caves voûtées taillées dans le granit ; le rez-de-chaussée était constitué d'une grande pièce à vivre faisant à la fois office de cuisine, de salle à manger et de séjour, agrémentée de sa cheminée monumentale qui avait traversé les siècles sans encombres. Jadis, c'était là que vivaient et dormaient les occupants. Contrairement à beaucoup de hameaux isolés, la maison avait disposé de la lumière avant la Seconde Guerre mondiale grâce à sa proximité avec la première centrale hydroélectrique installée sur l'Eyrieux. Quant à l'eau potable publique, elle arriva beaucoup plus tard, au cours des années 1980. Précédemment, il fallait aller la puiser dans une source creusée à même le rocher, au fond de la cave. L'eau, extrêmement fraîche, était toujours appréciée par la famille au moment de l'apéritif. Depuis les derniers travaux engagés par les parents de Léna, une échelle meunière donnait accès à trois chambres indépendantes qui occupaient l'ancien grenier et aux sanitaires aménagés dans une sous-pente. Extérieurement, la maison ne manquait pas de charme, ses murs épais en pierre de pays et ses tuiles romanes anciennes qui lui permettaient de se fondre dans le paysage. Toutefois, des volets bleu lavande égayaient la façade en granit gris car monsieur et madame Verdier, lassés par leur teinte bois datant du siècle dernier, avaient tenu à leur donner une touche de modernité qui leur seyait à merveille. Un petit escalier en rondins de châtaignier donnait accès au jardin situé en contrebas et permettait d'arriver facilement à la rivière.
Jusqu'à la guerre de 1914, la maison était entourée de vignes qui avaient constitué au XIXe siècle une ressource importante, en plus du maigre salaire d'ouvrier que le chef de famille rapportait du moulinage. Ces vieux cépages, en partie détruits par le phylloxéra venu des Etats-Unis, furent remplacés par des pêchers au cours des années 1930. Comme de nombreux riverains du CFD, le Chemin de Fer Dé-par--temental, l'arrière-grand-père de Léna, profitait du passage du train à vapeur pour expédier ses fruits jusqu'au marché de gros de Lyon. Ces précieuses cagettes de pêches représentaient une manne indispensable à la survie de sa famille. On racontait qu'il déposait chaque après-midi sa récolte le long de la voie ferrée et qu'il n'oubliait pas de cacher dans le buisson une bouteille de vin rouge enveloppée dans un linge mouillé, afin de remercier les cheminots exposés en plein été à la chaleur étouffante de la chaudière à charbon.
Sans prendre le temps d'admirer le cadre environnant, les jeunes Parisiens déchargèrent les bagages et les déposèrent dans la grande pièce du rez-de-chaussée. Etant donné que la maison n'avait pas vu danser les flammes depuis les vacances de Noël, Quentin fut chargé d'aller chercher du bois sec sous l'auvent situé au coin du jardin et d'allumer la grande cheminée. Rapidement, la fraîcheur humide qui les avait saisis en entrant se transforma en une tiédeur agréable. Tandis que Luca et Matteo mettaient le cap sur Les Ollières dans l'espoir de trouver une boulangerie encore ouverte, Léna s'affairait au rez-de-chaussée pour ouvrir les volets et enlever les toiles d'araignées. Quant à Quentin, il installait les bagages dans les chambres et déroulait les sacs de couchage. En moins d'une heure cet espace confiné pendant des mois fut transformé en un intérieur presque douillet.
- Ce sera impeccable, ici on devrait passer un bon séjour ! s'exclama Quentin, agréablement surpris par le cadre, lui qui n'avait jamais mis les pieds dans un coin aussi reculé et qui nourrissait pas mal de préjugés défavorables envers la campagne. Et il y a même la 4 G ! constata-t-il avec satisfaction en pianotant sur son iPhone.
- Qu'est-ce que tu crois ? L'Ardèche ce n'est pas le bout du monde ! répondit Léna. Ici on est encore en pays civilisé et tu verras, mes parents ont été prévoyants. C'est là qu'ils comptent se retirer dans une dizaine d'années, alors ils ont tenu à rendre la maison confortable. Ils ont même profité d'une offre spéciale pour installer une box Internet, ce qui nous permettra de travailler en ligne sans problème. Ils essaient de descendre de Paris le plus souvent possible, au moins quatre fois dans l'année et ils passent ici tout le mois d'août. Ils en profitent pour acheter des fruits chez les voisins, et faire des conserves et des confitures qu'ils entreposent dans la cave. Ils congèlent aussi des légumes. Et puis, mon père y entasse pas mal de bouteilles qu'il achète dans la région. C'est une véritable passion ! Il y a même du Cornas et du Saint-Joseph.
- Ah bon ? Tu nous les feras goûter ?
- Attention Quentin ! Je te connais bien et je te vois venir ! Avec Luca, si vous lui videz sa cave, il ne sera pas content du tout ! Ces bouteilles sont réservées à ses collègues de bureau quand ils descendent le voir pendant leurs congés. Mais, en restant raison-nable, on doit pouvoir tenir un siège de quelques semai-nes.
Luca et Matteo revinrent les bras chargés de pains et de croissants en précisant :
- On est arrivé juste avant la fermeture, on a raflé tout ce qui restait à la boulangerie. Les clients, derrière nous, ont dû se contenter de biscottes !
- Parfait ! Pour ce soir on va ouvrir un bocal de haricots verts qu'on mettra en salade, je vais sortir des caillettes du congé-lateur et on les mangera avec des pommes de terre cuites à l'eau, à la manière des ardéchois. Et, pour finir, on goûtera le panettone de Luca.
Dans la soirée, pendant qu'ils étaient attablés dans la grande pièce à savourer les haricots verts et les caillettes, ils virent défiler sur l'écran télé les images des nombreux parcs et jardins envahis par les Parisiens, inconscients du danger qui les menaçait. À cet instant, Quentin reçut de ses parents un texto inquiétant, laissant entendre que le Président était furieux d'un tel comportement irresponsable et que le confinement était inéluctable.
- Ils sont inconscients, les Parisiens ! commenta Luca tentant une comparaison osée : c'est comme sur le Titanic ! On est en train de couler et les gens continuent à danser !
- Que veux-tu, quand vous vivez à plusieurs dans trente mètres carrés, vous étouffez et vous avez besoin de prendre l'air ! réagit Quentin. Les appartements sont de plus en plus chers et de plus en plus petits !
- Bien sûr, mais les Français ne sont pas très raisonnables, un peu comme les Italiens ! intervint Léna. Le respect des règles, c'est leur dernier souci ! Tu connais le proverbe italien " Votata la legge, trovato l'inganno !
- Trêve de plaisanterie ! coupa Luca. On n'est pas venu ici pour passer des vacances, demain commencent les choses sérieuses. Le matin, il faudra aller à Saint-Sauveur pour faire le plein. Nous, on doit penser aux prochains partiels qui finiront bien par avoir lieu. Toi, Matteo, tu as tes cours de CM1 sur le site du CNED et puis, on est là pour t'aider.
- C'est ce que m'a dit maman. À l'école, ma maîtresse m'aide beaucoup. Si je suis tout seul, je vais galérer.
- Pour toi Matteo, ce sera extinction des feux à neuf heures et demie. Tu dormiras dans la même chambre que ton frère. Il y a un petit lit. C'était le mien quand j'avais ton âge, conclut Léna.
Alors que les trois garçons montaient se coucher, Léna resta seule au rez-de-chaussée, prétextant qu'elle voulait faire un peu de rangement ; en réalité, elle avait une idée en tête depuis le milieu de la journée. Au cours du voyage, tout en somnolant contre la vitre de la portière, elle avait fait un rêve à demi éveillé : depuis son lieu de retraite en Ardèche, elle se voyait en train d'animer un blog intitulé " Le coronaméron de Léna " en liaison avec ses copines et copains de Fac demeurés à Paris. Ce blog devait permettre un échange fructueux à propos du Décaméron, du coronavirus et du confinement de chacun.
Sans retard, elle se mit à l'œuvre et, au bout d'une demi-heure à peine, elle fut en capacité de mettre en ligne le compte-rendu de la première journée, en précisant que des photos et des vidéos seraient visibles dès le lendemain. Elle envoya ce mail aux étudiants dont elle disposait des coordonnées.
" À mes copains et copines de 2e année de LLCER Italien
À l'annonce de la fermeture de la FAC, avec Luca et Quentin, nous sommes partis bosser nos exams pendant une quinzaine de jours en Ardèche où mes parents ont une maison. Ne souhaitant pas rester coupés de vous, je viens de mettre en ligne un blog où nous pourrons échanger nos expériences et nos réflexions personnelles sur notre travail et notre confinement.
https://lecoronamerondelena.wordpress.com/
Faites-moi passer vos commentaires, vos photos et vos vidéos. J'aurai plaisir à les mettre en ligne.
N'hésitez pas à faire suivre l'info à toute l'équipe de L2.
Et, comme ils disent là-bas, " Tutto andrà bene ".
@ plus
Léna Verdier "

Quelques minutes à peine après la diffusion du lien, elle reçut déjà des messages de copines emballées par son idée mais surprises par son départ précipité de la capitale. Elle en avertit aussi ses parents qui saluèrent son initiative, heureux à l'idée d'avoir des nouvelles en direct chaque jour.

 

 

 

 

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Prix spécial souscription -lancement jusqu'au 30 jun 2020 : 20 euros franco au lieu de 23 euros)

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