Très nombreuses photos et documents inédits. Ce livre retrace pour la première
fois laffaire complète des bandits de la Drôme
appelés aussi Chauffeurs de la Drôme car ils brûlaient
les pieds de leurs victimes pour leur faire avouer la cache de
leurs économies.Vous vivrez la longue traque, le procès
et lexécution de trois d'entre eux devant la prison
de Valence dans une ambiance survoltée, puis la capture
du quatrième bandit, alors en fuite, et son départ
pour Cayenne. Cette affaire, qui sest déroulée
de 1906 à 1910 en Drôme nord et dans la région
de Tournon, a défrayé la chronique régionale
et nationale semant leffroi et la terreur dans les campagnes.
Elle a mobilisé toutes les polices de Valence, Romans
et de Tournon, aidées par les toutes récentes brigades
mobiles qui allaient devenir célèbres sous le nom
de « Brigades du Tigre ». |
dernière page du Dauphiné libéré du 20 août 2017 avec notre ami et auteur Jacques Bénévise
Ce livre est composé du retirage du livre ancien entièrement recomposé accompagné d'un dossier très important et inédit sur cette affaire. De plus, l'iconographie est tout à fait exceptionnelle : de très nombreuses photos d'époque dont toute la série des vues de l'exécution émaille cet ouvrage. Des cartes postales anciennes, des photos de reconstitution, des photos pendant le procès, un dessin de David, etc. agrémentent ce livre tout à fait unique.
PRÉFACE
Les Chauffeurs ont fait leur apparition en France pendant les
premières années de la Révolution. Ces bandes
de brigands, pour la plupart des déserteurs et des truands,
profitèrent de l'absence d'État à une époque
où les hommes politiques étaient davantage préoccupés
à s'entretuer qu'à lutter contre le crime organisé.
Cagoulés ou barbouillés de suie, ils écumaient
toutes les régions de France, s'en prenant aux habitants
des grosses fermes ou des maisons isolées. Autrefois les
habitations possédaient toutes une pièce unique
au rez-de-chaussée, où du feu était entretenu
dans l'âtre de la cheminée pour faire cuire la soupe
au lard dans la marmite suspendue à la crémaillère,
ou rôtir les volailles à la broche les jours de fête.
Les Chauffeurs, et c'est de là que vient leur nom, se saisissaient
des personnes et leur mettaient les pieds dans le feu pour leur
faire révéler où elles cachaient leurs économies.
Lorsque leurs victimes se refusaient à parler, ils n'hésitaient
pas à tuer, à piller et à incendier après
avoir vidé la cave et fait ripaille de la cochonnaille
du cellier. À la fin du XIXème siècle, un
groupe se constituait à Romans, avec : David, natif de
Paris, qui résidait avec sa femme Mado à Tournon,
quartier du ruisseau. On voyait souvent les époux sur les
marchés de Romans où ils vendaient des cartes postales
exposées sur une charrette à bras. Redouté
dans son quartier, David, avec son accent de titi parisien, était
considéré comme un amuseur par les chalands qui
fréquentaient son étalage. Lamarque venait de Bordeaux.
Cordonnier de métier, il travailla d'abord à Limoges
avant de venir s'installer à Romans qui, vers 1900, était
le plus important centre de fabrication de chaussures. Seul homme
cultivé de la bande, il inspirait confiance. Berruyer,
originaire de Margès, appartenait à une famille
honorable. Personnage primaire mais vaillant, il travailla comme
valet de ferme avant de venir à Romans. D'abord homme de
peine, il apprit le métier de la chaussure et fut employé
dans une des plus célèbres fabriques de la ville.
Homme au-dessus de tout soupçon, il résidait avec
sa famille rue Pêcherie et recevait même à
sa table le curé archiprêtre de Saint-Barnard. Liottard
était issu, lui aussi, d'une bonne famille de Piégros-la-
Clastre. Batailleur, il avait eu affaire dès son jeune
âge à la gendarmerie. Devenu adulte, il se maria
et trouva un emploi fixe. Père de trois fillettes, tout
semblait aller pour le mieux, quand il rencontra une femme divorcée
qui devint sa maîtresse. Le besoin d'argent le fit se tourner
vers la délinquance. Après avoir purgé deux
ans de prison pour tentative de meurtre il devait, lui aussi,
s'installer à Romans où il se louait comme manoeuvre
chez divers patrons. Le hasard voulut qu'il trouva à louer
une petite maison située place du Grotton, à une
vingtaine de mètres de l'arrière de l'immeuble de
Berruyer. Romarin, de son vrai nom Finet, était natif de
Bourg-de-Péage où il résidait. Beau garçon
il était l'amant de La Poule et c'est à ce titre
qu'il faisait partie de la bande. La Poule Noire s'appelait Noémie
Nirette. C'était une brave fille de la campagne qui, désemparée
après avoir été engrossée par le patron
chez qui elle était placée, tua son enfant et ne
put retrouver de travail. Elle s'adonna alors à la prostitution
et vivait rue Fusterie sur les quais de Saint Nicolas. Bel OEil,
qui devait son surnom à un oeil démesurément
plus grand que l'autre, se nommait Hyppolite Caleu et était
natif de Bourg-de-Péage. Dès l'âge de dix
ans, au grand désespoir de ses parents, il traînait
dans les rues, pratiquant le vol à l'étalage. Adolescent,
il vivait chez les filles de joie à qui il rendait de menus
services, et c'est ainsi qu'il avait connu La Poule. Tout devait
commencer un soir dans la maison de Berruyer où Lamarque,
l'intellectuel du groupe, leur parla sur un ton professoral des
Chauffeurs de la bande d'Orgères et de leur chef Rouge
d'Auneau, qui opérait dans l'Orléanais vers 1795.
Le moyen pour faire parler les gens fut adopté à
l'unanimité ; les Chauffeurs de la Drôme étaient
nés. Jean-Pierre Ginet
AVANT PROPOS
La Bouquinerie à Valence, spécialiste en livres
anciens depuis près de trois décennies, recherche
inlassablement tous les documents sur notre région. Après
" L'affaire Peyrebeille ", où nous donnions une
version " coupable " et une version " innocent
" pour les aubergistes de l'auberge rouge ardéchoise,
nous proposons aujourd'hui aux lecteurs une nouvelle affaire :
celle des Chauffeurs de la Drôme. La présente édition
réunit les travaux et recherches effectués par Jacques
Bénévise. Pour éviter la difficulté
de réécrire toute l'histoire de cette bande, il
a choisi de reproduire dans une 1ère partie et dans son
intégralité, comme document de base, le texte de
Emmanuel Dossat, Les Hommes Rouges, publié en 1909 très
peu de temps après la triple exécution. Ce récit,
quelque peu romancé, et auquel on peut reprocher parfois
des positions partisanes et un manque d'objectivité à
l'encontre de certains faits et de certaines personnes, garde
malgré tout, toute sa valeur de référence
en la matière ; il a été cependant, corrigé,
annoté et complété. C'est surtout en 2ème
partie que l'on trouvera l'état des recherches récentes
puisées dans différentes archives tant personnelles
que privées. Compléments indispensables au récit
d'Emmanuel Dossat, les éléments développés,
dans cette partie, sont le fruit d'une analyse pertinente et d'une
synthèse de toute la documentation rassemblée sur
le sujet. De nombreux recoupements ont été nécessaires
car nombre d'ouvrages et articles traitant du sujet possèdent
des inexactitudes. À certains endroits, des articles de
journaux de l'époque ont été reproduits dans
le but de traduire fidèlement l'esprit, l'atmosphère
et les différentes idées qui avaient cours au moment
de l'affaire. L'ensemble de ce livre a été illustré
de très nombreuses photos et documents tout à fait
exceptionnels faisant partie, pour la grande majorité,
de la collection personnelle de l'auteur rassemblée depuis
plus de vingt ans. Un siècle plus tard, étant entré
dans un nouveau millénaire, qu'aurait récolté
David et ses acolytes pour de tels méfaits ? - 8 - Sans
doute une réclusion plus modérée à
l'image de ce que l'on peut constater dans les verdicts des procès
actuels ! Mais certainement pas la peine capitale puisque nous
fêtons aujourd'hui les 20 ans de son abolition. À
la fin de votre lecture, en possession de tous les éléments
relatifs à cette affaire, nous vous laissons le soin de
décider à votre tour, comme si vous étiez
juré, quel serait votre propre verdict, en votre âme
et conscience bien sûr : la perpétuité, sachant
qu'elle est toujours assortie d'une durée de sûreté,
ou bien une détention plus modeste obtenue par le biais
des circonstances atténuantes ? René Saint-Alban,
Remerciements Nous remercions toutes les personnes qui ont contribué
à la réalisation de ce livre. Tout particulièrement
M. Henri Rey pour l'autorisation de reproduire le registre-dossier
des affaires que possédait son père, juré
au procès, puis nos amis cartophiles : Jean Eynard, Jacqueline
et Jean-Pierre Gélibert et Yvon Jacob pour le prêt
de cartes anciennes sur les cantons de Tain, Tournon et Romans,
Gérard Blémet, le docteur Jean Boyadjian, la famille
de Victor Colomb , la Médiathèque de Romans et les
Archives Départementales de la Drôme pour l'accès
à leurs archives. Note : Le Ministère de la Justice
signalait par une lettre du 18 septembre 1909 : " On s'opposera
de manière absolue à ce qu'il soit fait usage d'appareil
photographique ou cinématographique ou de tout autre moyen
de reproduction de la scène de l'exécution et on
retirera les appareils aux personnes admises à pénétrer
sur l'emplacement. " Pourtant des clichés ont été
pris par trois opérateurs différents ; nous avons
réparti cet ensemble de 12 vues, en notre possession, sur
les deux parties du livre.
1ère Partie
EMMANUEL DOSSAT LES HOMMES ROUGES ou l'histoire véridique
des Chauffeurs de la Drôme Notes et Illustrations de JACQUES
BÉNÉVISE
CHAPITRE I
SUR LA ROUTE DE LA MONTAGNE
Le 15 septembre 1906, le train matinal qui dessert, avec une sage
lenteur, la ligne pittoresque de Grenoble à Valence sur
la rive droite de l'Isère arrivait à 6 heures 10
en gare de Saint- Nazaire-en-Royans et y déposait, selon
la coutume quotidienne de cette époque de l'année,
un petit flot de voyageurs gai et animé, composé
de touristes, représentants de commerce et négociants
en bois ou bestiaux, se rendant vers les riantes montagnes des
massifs du Royannais et du Vercors. Ces voyageurs divers, dès
la sortie de la gare, se partagèrent immédiatement,
avec une étonnante rapidité, en deux groupes, dont
l'un à droite et l'autre à gauche, prirent d'assaut
chacune des deux voitures qui font le service de Saint-Jean et
de Pont-en- Royans. Cette rapidité d'assaut étant
d'ailleurs nécessaire, puisqu'il s'agit pour chacun de
s'emparer à l'instant d'une bonne place dans ces petites
diligences d'antique structure, qui ne manquent pas d'un certain
cachet au milieu du gracieux tableau des routes de montagne sur
lesquelles elles circulent. La première des voitures qui
se mit en marche, fut celle de Pont-en-Royans, conduite par son
légendaire conducteur Janvier, lequel a le secret de l'achat
des truites et des arrêts aux bonnes auberges ; et tandis
qu'il excitait ses chevaux, les voyageurs de l'impériale
entamaient une conversation matinale. Le premier un touriste parisien,
à en juger par son accent, demandait à son voisin
de droite, dont l'allure frétillante dénotait le
voyageur de commerce : - Que pensez-vous, Monsieur, de ce beau
pays, quelle fraîcheur et quelle végétation
! Ne trouvez-vous point, par cette claire matinée de septembre,
qu'une promenade comme la nôtre, même en patache antique,
est un véritable régal pour les amateurs de la nature
? - Vous avez raison, répondit le voyageur de commerce,
malheureusement, notre métier de promeneur continuel nous
blase un peu trop sur les beautés de la nature et... autres.
- Certes, reprit le parisien en riant, je vous comprends à
merveille, cependant lorsque vous sortez de la ville, vous devez
au moins dans ces parages splendidement tranquilles, ne pas redouter
le sanglant apache de nos boulevards ? À ces mots, le troisième
personnage des banquettes de l'impériale fit un mouvement
brusque et vite réprimé, mais pas assez cependant
pour que le parisien et son voisin ne s'en fussent aperçu
et n'aient instinctivement dirigé leurs regards sur leur
compagnon de route qu'ils avaient à peine examiné
jusque là. Les yeux du voyageur se reportèrent bientôt
avec indifférence vers l'attelage qui s'engageait, à
ce moment, sur le hardi pont suspendu qui relie la gare au bourg
de Saint-Nazaire à cent pieds au-dessus de la torrentueuse
Isère ; mais ceux du parisien s'animèrent d'un éclair
rapide, qui semblait appartenir à ce genre de regard particulier
aux hommes qui ont par habitude d'analyser en une seconde le caractère
et la raison sociale, si on peut ainsi écrire, d'un personnage
intéressant ou suspect. Le personnage examiné de
la sorte était-il donc intéressant ou suspect ?...
Peut-être l'un ou l'autre, ou peut-être aussi les
deux, car le touriste semblait le détailler furtivement
et sans vouloir éveiller son attention. Après cet
examen, notre parisien tira de sa poche une sorte d'album de petit
format, puis ostensiblement, en regardant dans la direction de
la forêt de Lente, il se mit à crayonner en amateur.
Mais celui qui aurait alors jeté un coup d'oeil sur la
page de l'album y aurait vu reproduits avec fidélité,
en légers traits de plume portative, la silhouette et surtout
le visage expressif du singulier compagnon de route qui avait
attiré si spécialement l'attention de son voisin.
Personne d'ailleurs ne remarqua les détails de ce manège
qui paraissait bien naturel à un amateur de sites et l'album
réintégra la poche de son propriétaire lorsque
la voiture dépassait le Pontde- Manne, laissant à
droite la route de Saint-Jean-en-Royans. - 13 - Pont de Manne.
Cependant le portrait ainsi conservé était-il donc
si digne d'attention et qu'avait de particulier le personnage
qui en était l'objet ? Était-ce un type de beauté
ou de laideur, un montagnard pittoresque ?... rien de tout cela,
mais seulement un trimardeur de qualité accentuée,
si accentuée même qu'à notre tour nous en
décrirons l'image. Cet individu, assis à ce moment
et depuis le commencement du voyage sur la banquette du conducteur,
un peu au dessous de celle qui contenait les autres personnes
de l'impériale, se présentait vu du haut de la voiture,
placé en biais, les jambes pendant presque en dehors, le
visage tourné vers la gauche de la route qu'il regardait
avec une grande attention, surtout à l'apparition d'une
ferme ou maison isolée. Il était donc facile de
l'observer et de détailler sa mine et sa tournure. Or l'une
et l'autre étaient loin de prévenir en sa faveur.
Il fumait depuis le commencement du voyage avec cette allure de
débauche, stigmatisée par certains signes de vague
bestialité empreinte sur son visage et dans les gestes
nonchalants dont il se servait, notamment, pour aspirer et rendre,
après une pause, la fumée décolorée
de sa cigarette. C'était le type non pas du trimardeur
de grande route quelquefois ennuyeux mais parfois aussi honnête
; mais bien celui de l'apache parisien dont l'évocation,
il y a un instant, l'avait fait sursauter. Il pouvait avoir trente-cinq
ans, sa figure plombée était barrée d'une
moustache sombre et assez clairsemée. Les rides précoces
de ses tempes et le bistre noir cerclant ses yeux de félin
rendus ainsi plus brillants, donnaient à sa physionomie
un aspect tour à tour astucieux et méchant selon
l'allure du regard. Le corps, de grandeur moyenne, semblait miné
par le commencement d'une maladie qui recouvrait sa peau, pour
ainsi dire au dessous de son hâle, d'une teinte cendrée.
Cependant à sa carrure et à ses membres, on sentait
que la nature l'avait doté de muscles puissants. Cet homme,
lorsque la passion l'emportait, devait être très
dangereux. - La suite de ce récit nous apprendra bientôt
ce qu'il était en réalité - et ce qu'il devait
être plus tard. Mais avant de le suivre spécialement,
il nous importe de revenir à nos deux premiers voyageurs
dont l'un surtout, doit occuper dans cette dramatique et véritable
histoire une place prépondérante. Et celui qui attirera
ainsi notre attention aux parties les plus intéressantes
peut-être de notre récit, n'est autre que le touriste
parisien dont nous rapportions les propos et les gestes au début
de ce chapitre. Nous avons indiqué qu'au cours de la route
il avait dessiné le portrait du trimardeur, puis avait
réintégré son album. Ceci fait, il reprit,
avant d'arriver à Pont-en-Royans avec son voisin le voyageur
de commerce, la conversation un instant interrompue et il demandait
des renseignements sur les sites du chemin et sur ceux qu'il se
proposait de visiter pendant quelques jours. Son compagnon de
route lui répondait avec complaisance et tandis que la
diligence, côtoyant le barrage de la Bourne qui forme un
lac riant et coquet, descendait la pente qui arrive aux portes
du Pont, il lui montrait sur la droite un peu au-dessus du barrage
et à gauche du pittoresque village de Sainte-Eulalie, la
splendide entrée des Goulets. Par cette matinée
de septembre, dans le calme particulier des profondes gorges du
Royannais et du Vercors, où les dernières gouttes
de rosée matinale scintillaient immobiles à l'extrémité
des ramures verdoyantes, sous les premiers rayons du soleil, le
spectacle était vraiment impressionnant. Combien d'amateurs
font chaque année des centaines de kilomètres pour
contempler ce tableau et ils ont raison. Le dessinateur touriste
impressionné lui aussi, exprimait vivement sa satisfaction
lorsque la voiture, après avoir traversé avec fracas
la première rue de Pont-en-Royans s'arrêta brusquement,
au milieu du bourg, près de la petite halle qui abrite
marchandises, voitures et passagers. Pont-en-Royans. Le trimardeur
sauta aussitôt sur la route, solda le conducteur sans prononcer
une parole et remontant la principale rue du bourg, reprit la
route par laquelle on venait d'arriver, marchant assez vite, les
mains dans ses poches, avec un roulement d'épaules significatif.
Nous le retrouverons bientôt. Le voyageur de commerce et
le touriste, liés déjà par une conversation
aimable descendirent à leur tour et décidèrent
d'un commun accord, comme cela arrive maintes fois, entre gens
de bonne compagnie dans ces sortes de voyage, d'aller prendre
ensemble le café matinal. Ils se dirigèrent vers
l'établissement Berthoin, situé au milieu du village
et commandèrent un frais mais chaud moka, deux termes qui
semblent se contredire, mais qui deviennent par leur réunion
la qualité indispensable du bon café. - Ma foi,
dit le voyageur en achevant sa tasse, me voici au regret de vous
quitter, Monsieur, je vais à La Chapelle-en- Vercors et
la voiture qui en fait le service part dans quelques minutes.
- Cependant, répondit le touriste, j'ai l'intention de
continuer avec vous, si cela du moins ne vous dérange point.
- Mais nullement, au contraire, j'en serai heureux. Aussi partons
vite occuper nos places dans la petite voiture du courrier. -
Volontiers. Vers les 10 heures du matin, leur courrier les emmenant,
ils purent admirer tour à tour, les Petits et les Grands-Goulets,
une des merveilles du Dauphiné et des Alpes, si riches
cependant déjà en curiosité naturelles. Mais
parmi ces curiosités, rien n'est comparable au massif du
Vercors qui semble garder pour lui, avec jalousie, une empreinte
toute originale. C'est un coin de la Suisse la plus riante. Mais
c'est en même temps, à certains endroits, et notamment
vers les tunnels des Grands Goulets, l'aspect heurté et
grandiose des déchirures de la haute montagne. Tout cela
couronné de magnifiques forêts, encadré aussi
dans les contours des vallons par de belles prairies qui font
de ce paysage un tableau unique au monde. Le touriste n'avait
jamais traversé ces parages, aussi ne tarissait-il pas
d'éloges communiqués à son compagnon, à
tel point que celui-ci finit par lui dire : " Mais il m'a
semblé, Monsieur, que vous étiez dessinateur de
paysage et que vous avez en poche certain album qui doit contenir
d'agréables pages auxquelles vous pourriez bien joindre
une esquisse des beautés qui nous entourent. - Le touriste
parut vivement embarrassé par cette simple observation.
- Il réfléchit quelques instants avant de répondre,
puis semblant se décider à un parti rapidement pris,
il répondit : - Je vais vous étonner, mais je ne
suis pas ce que vous croyez. À cette observation brève
et inattendue, le voyageur hocha la tête, semblant solliciter
une explication plus nette. Celle-ci ne se fit pas attendre :
- Voici ma carte, continua le parisien
TABLE DES MATIÈRES
PRÉFACE ................................................................................5
AVANT PROPOS ....................................................................7
PREMIÈRE PARTIE
LES HOMMES ROUGES
par Emmanuel Dossat
SUR LA ROUTE DE LA MONTAGNE............................... 11
L'AUBERGE DU FURAN....................................................21
SOMBRES DEMEURES ......................................................32
LES HOMMES ROUGES.....................................................44
PREMIERS CRIMES. LE CHAUFFAGE ............................60
DANS LES CÉVENNES.......................................................78
LES ÉPOUX REY LE PÈRE TARDY..................................90
L'AFFAIRE DE BREN........................................................100
LE MEUNIER GIRARD. L'ORGIE ...................................
110
LE DOUBLE CRIME DE CHAMBOIS .............................124
AUX BORDS DU RHÔNE.................................................134
TRIPLE ASSASSINAT .......................................................142
PREMIÈRES ARRESTATIONS LA BRIGADE MOBILE164
LA CHASSE À L'HOMME................................................178
LES AVEUX. LE CADAVRE DE ROMARIN...................195
LES DRAMES DE LA PRISON.........................................207
LE RÊVE .............................................................................214
L'ACTE D'ACCUSATION.................................................225
LA COUR D'ASSISES .......................................................254
LA GUILLOTINE ...............................................................284
LA GRANDE LIGNE..........................................................298
DEUXIÈME PARTIE
LES COMPLÉMENTS DE L'AFFAIRE
par Jacques Bénévise
COMPLÉMENTS AU LIVRE DE DOSSAT......................306
RÉFLEXIONS - INTERROGATIONS...............................330
LES RÉVÉLATIONS ..........................................................355
RECONSTITUTIONS SUR LES LIEUX DES CRIMES ..365
CONFESSIONS ET MÉMOIRES.......................................377
RETOMBÉES MÉDIATIQUES..........................................395
LAMARQUE ET LE 2ème PROCÈS....................................420
ÉPILOGUE..........................................................................435