Romans-sur-Isère (Drôme), la vie tranquille dune
cité moyenne, active, tournée vers la petite industrie,
lartisanat et lactivité commerciale, se voit
tout à coup troublée par un
fait divers sordide. Cest sur la commune limitrophe de Chatuzange-le-Goubet,
à lensemble sportif de Pizançon, qu'à
l'occasion dune fête, un crime atroce paraît
avoir été
initié. Les faits : lors dune soirée de juin
où était organisé un concours de pétanque
avec la joyeuse ambiance qui lentoure, une jeune fille de
quatorze ans disparaît. Sagit-il dune
simple fugue ? Doit-on redouter le pire ? La famille, les amis
de la victime sont romanais, et si les premières constatations
ont été faites par la gendarmerie de Bourg-de-Péage,
relayée par Romans et Valence, cest une équipe
du commissariat de Romans qui est en charge de lenquête
: les capitaines Kévin Dévaux de Triors (déjà
présent comme lieutenant dans « Alerte à Romans
»), et Annabelle Favara, naguère lieutenant dans
une autre série policière de lauteur, bien
connue pour avoir officié dans « Bourbonnais pris
au piège ». Elle vient dêtre mutée
à
Romans.
Claude Ferrieux est l'auteur de Meurtre à Romans et
Alerte à Romans, ouvrages qui ont connu un vif succès.
Ancien professeur agrégé d'italien et romanais d'adoption
depuis de longues années, il se consacre à l'écriture.
Outre les romans policiers, il a publié de nombreux ouvrages
historiques ou romanesques et est aussi correspondant pour Romans
de LImpartial de la Drôme. Lenquête présentée
ici parcourt la ville de Romans et sinfiltre dans la zone
habituellement si paisible, de la Drôme des Collines.
14,8 cm x 21 cm. 208 pages. 13 euros
Franco de port : 19 euros jusqu'au 1 décembre 2020
2020. Editions & Régions. Isbn : 9782847942071
labouquinerie.com, 77 avenue des Baumes.
26 000 Valence
Extrait les 4 premiers chapitres
1
Des vies bien rangées
Place Gailly, Romans-sur-Isère. Le carillon de la tour
Jacque-mart vient de lancer sa mélodie aigrelette et charmante.
Comme un air de fête en ce vendredi après-midi de
mai, prélude aux loisirs du week-end. Les platanes de l'artère
voisine se prélassent ; leurs feuilles récemment
sorties frémissent sous une légère brise.
Jacques, quadra solide, victime d'un léger embonpoint,
s'es-claffe à la terrasse du " Princier ", au
milieu de fumeurs buvant un or couronné de mousse blanche.
Olympique de Marseille contre Olympique Lyonnais. L'aven--ture
du Sud face à une référence classique.
Pourtant, quoi de mieux qu'un double petit rappel mytho-logique
pour élever le débat ? Mais rien n'y fait. On se
lance dans des querelles générales aussi vaines
que récurrentes, écran de fumée tendu devant
les risques de dérive sur la vie person-nelle et une intimité
que l'on ne saurait partager.
Le " Marseillais " conspue le " Lyonnais ",
et vice-versa. Le ton monte. Aucune hargne, nul quolibet, comme
cela pourrait être le cas entre supporters " verts
" ou " quenelle ". La fibre chauvine n'est pas
directement titillée puisqu'il s'agit de deux équipes
extérieures, même si la logique voudrait que file
vers le nord et le chef-lieu régional, la préférence
d'un Romanais.
Mais, ce jour-là, l'OM, logiquement, a gagné sur
ses terres footballistiques, et Jacques en profite pour enfoncer
le clou face à ses amis, qui, en cette douloureuse occasion,
feignent d'ignorer un tel résultat. Eux, penchent assez
naturellement vers la ville d'où viennent, d'après
Jacques, tous les ennuis.
- Déjà le vent, clame-t-il à la ronde. Avec
les pollutions qui l'accompagnent.
- Parce que le vent ne vient jamais du sud ? s'écrie Ronan,
grand brun mince à nez fort, légèrement plus
jeune.
- Rarement.
- Et ta ville préférée ne nous envoie pas
des pollutions, peut-être ?
- Que veux-tu dire ?
- Tu ne vois pas ? Si je parle de remontée de poudre blanche,
réseaux, tu comprends mieux ? clame Ronan.
- Revenons au foot, concède Jacques en regardant alentour,
ce sera mieux pour tout le monde.
Maintenant, les voici lancés sur une autre piste. C'est
Michel, un de leurs camarades un peu plus âgé qui
a lancé le sujet.
Michel travaille comme pigiste à l'Impartial de la Drôme.
Associée à plusieurs autres petits boulots, cette
activité lui permet de vivre tout juste décemment,
mais sans avoir recours aux minima sociaux. C'est déjà
une satisfaction pour lui. Cependant, il n'a pas les moyens d'habiter
comme Jacques, dans une villa en périphérie de Romans.
Il se contente d'un studio, petit mais tout à fait correct,
non loin de la gare, de l'autre côté de la voie ferrée
par rapport au centre-ville. Aussi vit-il un peu par procuration
dans l'enclos accueillant de son ami en donnant la main pour un
bricolage, un petit ouvrage de maçonnerie ou le transport
d'un meuble. En échange, il reste boire un apéro,
le soir à la fin du chantier, parfois complété
d'une viande grillée au barbecue, ou même d'un plongeon
dans la piscine en cas de canicule. Il convient de préciser
: chez Jacques, car c'est le seul qui bénéficie
de cette possibilité, depuis peu, dans un lotissement récent
des quartiers ouest.
Les trois amis s'entraident selon les possibilités de chacun.
Michel, lui, le plus souvent, apporte l'Impartial qu'il reçoit
gracieu-sement grâce à sa collaboration.
Jacques, romanais de souche, même s'il se reconnaît
volon-tiers une origine grenobloise par sa mère, occupe
un poste de cadre à l'usine Framatome à la périphérie
de la ville. Ancien élève d'une série technique
du lycée du Dauphiné, il a rapide-ment trouvé
cet emploi dans lequel il a réussi. Tout s'est harmo-nieusement
enchaîné.
Il a fait la rencontre d'une jeune fille venue du Sud-drômois
pour exercer la profession d'assistante médicale à
l'hôpital de Romans. L'intitulé officiel : Hôpitaux
Drôme nord l'avait un peu glacée au début,
mais elle s'est vite rendu compte qu'un ou deux degrés
en moins sur l'échelle météorologique sont
large-ment compensés par la civilité qui caractérise
la ville et ses habitants. Et puis le soleil est tout aussi présent
en basse vallée de l'Isère qu'à Montbrun-les-Bains,
sa ville d'origine.
C'est l'objet de petites querelles avec son mari. Le terme : joute
serait plus adapté car, au fond, ils ne sont pas vraiment
en désaccord. Mais, pour le plaisir, elle s'affirme différente,
n'ayant rien de drômois.
- Quoi ? fait Jacques, affectant un grand courroux, regarde la
carte ! Comment oserais-tu contester cette réalité
?
- Oui, peut-être. Mais nous sommes provençaux. Et
ce n'est pas un découpage arbitraire des députés
de la Révolution qui y changera quelque chose. Ils ne connaissaient
pas le pays, un point, c'est tout.
- Trop facile. Tu n'as qu'à remonter un peu plus loin dans
le temps et regarder attentivement la carte de l'ancienne province
du Dauphiné.
Son épouse, naturellement, se garde bien de suivre ce conseil,
qui, elle le sait parfaitement, l'amènerait à un
cuisant revers. Elle préfère se cantonner dans des
affirmations géné-rales qui n'ont nul besoin d'être
étayées de preuves et expriment seulement des préférences
passionnelles.
Jacques, jouant les savants, insiste :
- Certaines communes étaient enclavées : elles dépendaient
du Pape ou des Comtes de Provence bien que situées dans
la province du Dauphiné, devenue plus tard territoire drômois,
mais ta ville à toi n'était pas dans cette situation-là.
- Oh, tu m'embêtes, répond-elle, tu veux toujours
avoir raison. Je suis originaire de la Drôme Provençale.
Voilà !
- Ça n'existe pas, la Drôme provençale, ce
n'est qu'un label touristique.
- Chez moi, on ne connaît pas Valence ; notre ville de réfé-rence,
c'est Carpentras. Point barre.
Et Jacques, qui craint quelques représailles intimes, conclut
en affirmant que le label Drôme Provençale est plus
vendeur que Haut Vaucluse, chute victorieuse car son épouse
ne trouve aucun argument à objecter.
Ronan, lui, habite un appartement qui appartient à ses parents dans le centre ancien de Romans, non loin de la place Maurice Faure. Le coup de main de ses " potes " a consisté à refaire quelques tapisseries et peintures. Il vient de s'établir dans la vie à bientôt trente-cinq ans, et plus concrètement, à emménager avec une compagne après avoir trouvé un boulot tardivement. Lui aussi, avait suivi un cursus au lycée du Dauphiné, comme son ami Jacques, mais dans une filière commerciale. Cependant, à la fin des études, il ne s'est pas bousculé pour trouver du travail. Il a occupé plusieurs emplois précaires dans le milieu associatif, et, entre temps, a vécu, il faut bien le dire, au crochet de ses parents. Il a longtemps profité d'un autre logement familial situé dans le quartier de La Pierrotte et gardé les indemnités sociales perçues en guise d'argent de poche, pour conduire une existence insouciante et oisive. Mais tout ça est du passé. Avec une embauche à Hyper U comme responsable de plusieurs rayons, il se sent mûri et capable de stabilité. Cerise sur le gâteau, les locaux entière-ment rénovés et climatisés de l'hypermarché incitent à se sentir à l'aise.
2
Soirée festive
Les trois copains pratiquent un loisir commun : le vélo.
Ils partent pour de longues randonnées le samedi ou le
dimanche, organisées par un club de cyclotourisme de Chatuzange-le-Goubet.
Mais pourquoi Chatu ? leur demande-t-on souvent. Ques-tion à
laquelle ils répondent par une autre interrogation : pourquoi
pas ? En fait, ce qui les a attirés n'est autre que le
charme d'une petite cité qui s'étale depuis le pied
du Vercors jusqu'aux portes de l'agglomération romanaise
et où on se trouve à pied d'uvre pour se lancer
dans la campagne.
Or, le club organise une petite fête, comme chaque année
au mois de juin. Cela se passe à la Halle des sports de
Pizançon. Plusieurs activités sont proposées.
Tournoi de pétanque dans les allées gravillonnées
entourant le gymnase, face au panora-ma dégagé façon
cinémascope, du Vercors ; tables de jeux pour enfants ;
buffet-buvette.
Une campagne d'affichage en ville dans les trois communes de l'agglomération
a porté ses fruits. Un nombreux public, étendu bien
au-delà des adhérents au club de cyclotourisme,
s'est présenté, incité par la chaleur idéale
de la journée : soleil tempéré de brise légère.
Les joutes boulistes, en raison du grand nombre d'inscrits, sont
appelées à durer, ce qui ravit les organisateurs.
En effet, quoi de mieux, en attendant son tour, que de manger
une merguez dont les effluves pénétrants commencent
à titiller les narines ? On croque quelques frites tout
en contribuant à la chute radicale du niveau dans les tonnelets
de bière qui ont été convoyés. L'ambiance
monte. La sono, entre deux annonces, diffuse une musique rythmée
et quelques personnes se sont élancées sur une étroite
portion de terrasse bétonnée, puis, à même
le sol gravillonné. Il n'est pas besoin, comme dans les
danses de salon, d'une piste huilée. On s'agite, se trémousse,
pratiquement sur place. Mais cela paraît procurer détente
et bien-être à plusieurs épouses de cyclo-boulistes
qui, jusque là patientaient, un peu désuvrées.
Le site, prolongé d'un stade et à l'opposé
d'un espace arboré, est clos mais pas fermé. Le
portail d'entrée voit arriver des véhicules tard
dans la soirée. Une grande fréquentation marque
le succès de la manifestation. Vers minuit, le concours
de boules entame tout juste sa phase finale. Près de la
sono, le nombre de danseurs s'est considérablement accru
et, d'abord marginales, leurs évolutions sont devenues
le pôle d'attraction de la soirée.
C'est un danger pour les parents qui doivent exercer leur vigilance
sur les jeunes enfants. On ne déplore pas d'incident qui
troublerait la soirée ; les participants n'éveillent
pas la méfiance. Aucun braillard, nul délire dû
à une ingurgitation répétitive de bière.
Au contraire, une certaine torpeur a envahi les esprits, aussi,
lorsque Jacques cherche sa fille, c'est plus par habitude qu'en
raison d'une réelle inquiétude.
Une vie qui s'écoule paisiblement, heureuse depuis toujours,
paraît devoir poursuivre inéluctablement son cours
tranquille. Pourtant, les dangers sont là, tout près,
à guetter. On l'ignore, mais ils nous côtoient et
si, d'aventure, ils parviennent à mettre la main sur leur
proie, nous en l'occurrence, nous tombons de haut.
Célia a quatorze ans. C'est une adolescente d'aspect déjà
mûr, mais qui a toujours vécu dans son cocon. Sa
vie, jusqu'à présent, est restée exclusivement
familiale. En dehors de l'école et maintenant du collège,
où elle suit un parcours fort hono-rable, elle a pratiqué
quelques activités, comme la musi-que, en suivant un cours
de guitare au conservatoire de Romans, ou le tennis de table,
en ces mêmes lieux ou presque, puisque les entraînements
dirigés se tiennent dans la salle adjacente. C'est dire
si l'endroit lui est familier et cela montre à quel point
elle a dû s'y sentir en confiance tout au long de la soirée.
Jacques n'en revient pas. S'agit-il d'une fugue ? Célia
a-t-elle rencontré un garçon qu'elle aurait suivi
? Cette fugue serait d'autant plus inexplicable que Jacques et
sa femme, Céline, ne jouent pas aux parents tyranniques.
Au contraire, ils se montrent plutôt conciliants et bienveillants.
Que faire ? Appeler la police comme voudrait Céline ?
Non, Jacques entend dédramatiser, ne pas s'affoler. On
est encore dans le temps où agir de manière privée
réduit l'événe-ment en simple incident. On
se forge une carapace optimiste, on s'étourdit de courses
en toutes directions, on prête l'oreille aux avis rassurants
des amis.
3
Angoisses
Jacques a rappelé ses copains, puis rameuté toutes
les personnes présentes sur le site. La nouvelle s'est
colportée. Les parties finales du concours de pétanque
ont été interrompues. Puis annulées. On a
fouillé le gymnase, les vestiaires, recherché d'éventuels
indices jusque sur le stade et promené des lampes de poche
dans les moindres recoins du site et du parking extérieur.
En vain.
Le portable de Célia est coupé, et le torrent d'appels
déversé par Céline n'a produit aucun résultat.
C'est alors que Ronan s'écrie :
- Jacques, pourquoi tu ne demandes pas une géo localisation
à la police ?
Celui-ci réfléchit un instant, puis dit :
- Et si on la surprend en compagnie d'un petit copain... imagine
la honte ! Elle m'en voudra toute sa vie.
Tout à coup, un homme accompagné d'un enfant s'approche
dans le faisceau relevé du projecteur qui servait au concours.
Il agite sa main levée pour montrer un objet. Il revient
des pro-fondeurs sombres du bout du stade.
- Mon fils a trouvé ça, dit-il, tout excité.
Ça n'appartiendrait pas à votre fille ?
L'objet, une boucle d'oreille, se trouve maintenant dans la paume
de Jacques. Il l'observe attentivement. Céline survient,
écarte les amis qui s'étaient penchés. Elle
s'empare du bijou qui brille lorsqu'elle l'expose à la
pleine lumière du spot.
- Bien sûr, que c'est à elle. Je lui ai offert ces
boucles d'oreilles pour l'anniversaire de ses douze ans. Où
l'as-tu trouvée ?
- Là-bas, dit le jeune garçon âgé d'une
dizaine d'années.
Son père intervient pour préciser que cela se situe
près du portail d'entrée, mais du côté
du parking extérieur.
- Mauvais, mauvais, murmure Jacques.
Le père et son fils s'éloignent et on entend l'enfant
qui dit :
- Ils ne m'ont même pas dit merci.
Puis, la voix plus grave du père paraît prononcer
des paroles apaisantes que l'on ne comprend pas.
Les parents, Jacques et Céline, accusent le coup. Le silence
s'est fait tout autour. Michel, le pigiste de l'Impartial de la
Drôme, suggère de se déplacer vers le portail
et de passer au peigne fin le parking.
- Tu es fou, s'exclame Ronan, en plein nuit on ne verra rien.
- Il y a un éclairage public, dit Michel.
- Les flics diront qu'on a pollué le site.
- Il a raison, tranche Jacques. On n'a pas le choix, je vais appeler
la police. Tu peux leur parler, Ronan? ajoute-t-il en esquissant
un geste en direction du groupe des fidèles encore présents.
Ronan s'exprime d'une voix forte :
- La famille vous remercie pour votre soutien. On va passer le
relais à la police. S'il vous plaît, en rentrant
chez vous, ouvrez l'il, on ne sait jamais. Il faut évitez
de piétiner aux abords du portail et sur le parking extérieur.
Bonne nuit malgré tout !
4
Premières constatations policières
Dès que la boucle d'oreille a été retrouvée,
Jacques a saisi son portable et composé le 17.
Un moment plus tard, deux gendarmes aux paupières lour-des
sont arrivés tandis que le public commençait à
se clairsemer. Comme Jacques regardait sa montre qui indiquait
plus de deux heures du matin, le plus âgé des deux
militaires, qui portait un chevron de plus à l'épaulette,
dit en manière d'excuse :
- Désolé, c'est un peu plus long de nuit...
- Vous venez d'où ?
- Bourg-de-Péage.
- Ah, fait Jacques, sceptique.
- On connaît notre métier. Dites-moi tout avec précision.
Tandis que le gendarme plus jeune prenait des notes, le récit
commença, interrompu par les mouvements d'humeur de Jacques
qui estimait qu'on perdait du temps. Calmé par la pédagogie
patiente du chef gendarme : il ne servait à rien de perdre
son sang-froid, un travail efficace part d'une bonne analyse de
la situation, etc.
Les gendarmes prenaient les coordonnées des proches et
de personnes encore présentes. Puis ils demandaient qu'on
prépare celles de tous les participants, parce qu'on risquait,
à moins que les choses ne s'arrangent rapidement, d'établir
des listes d'audition à la gendarmerie pour rechercher
des témoignages et d'éventuels clichés ou
vidéos qui auraient pu être pris lors de la soirée.
Plus tard dans la matinée. Jacques, qui a pris un congé,
est revenu sur le site, bien qu'on lui ait dit et répété
de rentrer chez lui. En effet, un fourgon portant clairement l'inscription
IDENTIFICATION CRIMINELLE, stationne près du portail, venu
de la région grenobloise. Des blouses blanches s'affairent.
La gendarmerie scientifique a recueilli soigneusement la boucle
d'oreille, présentée dans un petit sachet plastique
par le maréchal des logis de Bourg-de-Péage. Le
labo recherchera les traces Adn ou même, en cas de chance,
les empreintes.
On est, jusqu'à preuve du contraire, dans une procédure
de disparition inquiétante, mais Jacques a alerté
sa hiérarchie et un petit coup de fil à la préfecture,
sans doute aussitôt répercuté, a stimulé
le Parquet.
Mais les indices sont rares. Il y a eu beaucoup de passage. On
a présenté un vêtement de Célia à
un chien renifleur aux abords du gymnase, mais il tourne dans
tous les sens sans but. On répète l'opération
sur le parking et il s'immobilise devant un emplacement non loin
de l'endroit où était la boucle d'oreille.
Il va falloir visionner les vidéos du péage autoroutier
qui pourraient apporter une avancée en cas de fugue. Mais
sans doute pas dans une hypothèse criminelle car on peut
supposer qu'un éventuel coupable ne serait pas assez stupide
pour se présenter devant les caméras. Et on peut
imaginer aussi une échappée à l'opposé
vers la LACRA et Valence. Mais là, on dépasse largement
les compétences des gendarmes locaux et le procureur, dans
un souci de simplicité et aussi d'économie, a mandaté
une équipe d'OPJ du commissariat de Romans pour prendre
la direction des opérations.
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