|
Robert Valladier-Chante
nous a quitté (29juin 1929-19 juin 2023).
Hommage de la Bouquinerie
Robert Valladier-Chante nous
a quitté la veille de ses 94 ans mais est-il réellement
parti lui qui par ses livres restera à jamais dans nos
curs, dans nos pensées et dans l'histoire de "
notre petit pays ", le Vivarais appelé aujourd'hui
l'Ardèche.
Etant son éditeur depuis plus de 30 ans, j'ai un immense
plaisir de saluer ce grand et exceptionnel ardéchois qui
me permit de publier les plus grands livres de l'histoire de
notre département. C'était au temps de l'autre
siècle et autre millénaire, à l'aube des
années 90 où je l'entendis me parler des "
Estimes " de l'Ardèche.
Sans rentrer dans les détails et je pourrai en faire un
autre livre, il s'agit simplement des données d'une enquête
fiscale réalisée en Ardèche sur ordre de
Louis XI en 1464. Ce qu'il y a d'exceptionnel et d'unique est
que cette enquête ne fut réalisée qu'en Ardèche,
le Vivarais d'antan. Notre roi voulant plus d'argent et pensant
que les impôts n'étaient pas optimum voulut tout
remettre à plat et fit réaliser une nouvelle enquête.
Rien ne nouveau sous le soleil. Tous les villages et tous les
habitants furent passés au crible et les documents soigneusement
conservés. Jean Régné, archiviste de l'Ardèche,
avait publié en 1926 un petit opuscule de 112 pages sur
" La vie en Vivarais d'après les Estimes de 1464
" où il signalait ce fonds colossal et exceptionnel
conservé aux archives. Mais personne, même le grand
Albin Mazon (Le docteur Francus), l'historien du Vivarais qui
rédigea plus de cent livres sur notre département,
n'avait osé mettre le nez dans ces documents qui font
l'inventaire des biens de chaque ardéchois commune par
commune au lendemain de la guerre 100 ans. Pourquoi ? La réponse
est assez simple : il faut lire l'écriture de 1464 donc
avoir fait des études de paléographie voire l'école
des Chartres pour accéder à ces documents. Pierre
Valladier-Chante, autodidacte total, ne se laissa pas démonter
et apprit à déchiffrer ces textes ingrats. Le deuxième
problème est que ces documents ne servirent à rien.
En effet, l'étude coûta beaucoup d'argent car il
fallut faire l'inventaire de tous les biens chez chaque personne
et on se rendit vite compte que les impôts étaient
fort bien établis. La somme de l'argent récupéré
était bien inférieure au coût de la récolte
des données. Comme on dit en Ardèche : " on
ne peut tondre un uf deus fois ".
Robert Valladier-Chante, heureux d'avoir trouvé cette
mine inédite me proposa son plan de " publication
". Sortir un premier livre sur une commune pour montrer
toute la richesse de ces données et étendre ensuite
la recherche à toute l'Ardèche. Devant ce projet
pharaonique, d'une ambition démesurée, avec ce
flot de documents relégués aux oubliettes depuis
plus de 500 ans par les archivistes, bibliothécaires,
écrivains et érudits des siècles passés,
je m'étonnais qu'un autodidacte voulut soulever ce lièvre.
C'était mal connaître Robert Valladier-Chante, homme
de conviction, infatigable travailleur qui me fit publier le
premier opus : " Vallon Pont d'Arc au XVe siècle
" en 1992. On peut publier un livre sur chaque commune d'Ardèche
avec ces documents ! Qui s'y est attelé depuis ?
Ne faiblissant pas sur sa lancée, sort en 1994 son incontournable
" Bas Vivarais au XVe siècle " qui fait l'inventaire
global de toutes les communes du sud-est de l'Ardèche
puis le " Haut Vivarais et les Boutières au XVe "
qui concerne tout le Nord de l'Ardèche. En plus des données
avec le nom des personnes par communes chaque livre est agrémenté
de superbes dessins de l'auteur et d'une étude spécifique
sur un sujet : l'agriculture pour le premier et l'industrie et
l'artisanat pour le second.
Robert-Valladier Chante était un homme très modeste
et son érudition hors pair aurait dû être
récompensé comme un professeur d'université
qui m'avait annoncé que son Bas-Vivarais à lui
seul correspondait à une thèse lui donnant droit
directement au titre de " docteur ". Homme de l'ombre
dans sa chère bibliothèque ardéchoise de
Vallon, Robert ne voulait pas se mettre en avant. Même
la Revue du Vivarais est passée à côté
de son uvre unique car quelques esprits chagrins jalousaient
son sa discrète érudition. Le Prix Villard du Conseil
Général de l'Ardèche fut même donné
à un obscur recueil de poésie ! Qui peut comprendre
une uvre d'une telle ampleur ? L'histoire jugera.
Robert Valladier Chante a aussi réalisé quelque
chose de grand en passant la flambeau à Christophe Banache
qui finalisa le projet avec : " La Cévenne au XVe
" et " La Montagne au XVe siècle " afin
que tout le Vivarais soit publié.
Jean Favier, membre de l'Institut, premier président de
la Bibliothèque nationale de France, dans sa préface
dans " la Montagne ardéchoise au XVe " écrivait
: " l'uvre (
) met en uvre un document
dont tous les historiens savent le prix, car les estimes sont
le plus fidèle reflet d'une société pour
une grande part rurale et donc peu portée vers les fortunes
mobilières. A cet égard, c'est une chance de disposer
sur une aussi large base géographique d'informations chiffrées
quant à la valeur des patrimoines, c'est-à-dire
des terres, celle du mobilier réduit aux meubles meublants
et à l'outillage, et celle de ces " meubles se mouvant
" qu'est le cheptel. "
Ayant publié plus de 450 titres sur l'Ardèche,
nous affirmons de nouveau que les plus beaux fleurons de nos
éditions sont ces titres sur les " Estimes ".
Merci Robert pour cette belle et grande uvre qui te fait
entrer au Panthéon des vrais auteurs ardéchois.
" Arriveïra " comme tu disais
" Au
revoir ".
René Adjémian/Saint-Alban
RobertValladier-Chante sera
inhumé à Vallon le 23 juin 2023
quelques réactions
Je viens d'apprendre le décès
de M. Valadier Chante. C'est un Historien Essentiel pour l'Ardèche.
Il a publié une étude magistrale des ESTIMES .
Les Ardéchois lui en ont et en garderont une Reconnaissance
" éternelle ". De même que son éditeur
qui l'a fait découvrir a droit lui aussi à notre
reconnaissance. MERCI. Pierre RIBON.
|