ALBIN MAZON (Le docteur Francus)
ISBN / EAN : 9782847941524 |
TABLE DES MATIÈRES
LES PRODIGES DU SACCOL 7
Le pays des accols et du saccol. - La marche triomphale d'un porc gras et son entrée solennelle aux Vans. - Le chapsal. - La solution d'un problème. - Comment on porte au saccol des pierres de vingt-cinq et trente quintaux. - Le saccol donne la sagesse. - Tas-té, foutraou !
LE PIED DE BORNE 22
La route de Chassezac. - Le ravin de Gachaloup. - Les crânes de nos paysans. - Malarce et ses sources sulfureuses. - La vie verticale. - Sainte-Marguerite-la-Figère. - Planchamp. - La canalisation des montagnes pour l'arrosage des châtaigniers. - Le père Coulomb. - Fabrique de billes. - Le château de la Garde Guérin. - Les abîmes de Balémont. - La vallée de Bayard. - Le viaduc de l'Altier. - Villefort. - Les fromages de la Lozère. - Malons. - Brahic.
BANNE 50
La duchesse d'Uzès, concessionnaire de toutes les houillères de France. - Visite de M. de Genssane dans la région de Banne. - François Pierre de Tubeuf. - Les diverses concessions de Banne. - Les couches de Bessèges se prolongent-elles sous le sol ardéchois ? - M. de la Vernède. - L'histoire ancienne de Banne. - Le pariage de 1271. - Banne élevée au rang de ville et les démêlés qui en résultent. - Destruction du château de Banne en 1792. - Une matinée sur les ruines. - Bannelle et le quartier des Combres.
LE BOIS DE PAIOLIVE 72
La formation du bois de Païolive. - Les plus anciennes habitations de l'homme dans nos contrées. - Casteljau. - Première excursion à Païolive. - Le guide Tastevin. - La Gleizasse. - Les dolmens de la Lauze. - Un dolmen habité. - Comment on construisait les dolmens. - Leur origine, d'après M. de Valgorge. - Le mémoire de M. de Malbos. - L'arrivée du premier homme en Vivarais. - L'époque de la pierre. - La collection d'Ollier de Marichard à l'Exposition de 1878. - La protestation des vieux crânes.
DE SAINT-PAUL-LE-JEUNE A GROSPIERRE 90
Saint-Paul-le-Jeune. - Une rivière souterraine. - Courry. - Saint-André-de-Cruzières. - Vincent Malignon. - Beaulieu. - Écho sarrasin. - Le château de Jalès. Berrias et ses antiquités romaines. - La fontaine de Berre. - Jules de Malbos. - Comment les paysans jugent les archéologues. - Une imprimerie à Berrias. - Les Plantin de Villeperdrix. - Auriolles. - Grospierres. - Le prieur poète Gasque. - La chaux de la Bastide.
RUOMS 106
Ruoms et son église romane. - La chapelle de Notre-Dame-des-Pommiers. - Le 23e milliaire de la voie d'Albe à Nîmes. - La fondation du prieuré de Ruoms. - Les revenus et charges du prieuré. - Les surs de St-Joseph. - Le colonel Scipion Tourre. - Les deux brasseries. - Lou Cami de moussu Volodier. - Les cubes de Ruoms. - Les cigales. - Sampzon. - Incendie des archives des États du Vivarais au XVIIE siècle.
VALLON 127
Un mariage empêché par les mouches. - Les écorces de chênes-verts. - Le Mas-Neuf. - Les établissements industriels dans les campagnes. - Le rocher de Gors. - La tour du Moulin. - Salavas. - Les poissons de l'Ardèche. - Le vieux et le nouveau Vallon. - Le Chastelas. - Où mon ami Barbe m'oblige à revenir sur la question de Clotilde de Surville. -. - L'opinion de M. Littré. - Le roman de M. Eugène Villard. - Un bon exemple donné par les pasteurs à leurs ouailles. - Les trois élixirs.
LES MERLES DE LA GORCE 145
Les anciens seigneurs de Vallon. - Une quittance de la dame de Salavas en 1448. - Mlle d'Apchier en 1793. - Mathieu Merle. - Un trait d'héroïsme au siège de Vallon. - Le serrurier Chalanqui. - Moyen infâme dont il se servit pour faire capituler la Tour du Moulin. - La mort d'Hérail de Merle. - Le défenseur de Salavas contre le duc de Rohan. - Construction du nouveau château de Vallon. - Les tapisseries de la famille de Montréal.
EUGÈNE VILLARD 157
Les uvres d'Eugène Villard. - Olivier de Serres et son uvre. - La question sociale et le moyen de la résoudre. - La terre à celui qui la cultive. - Les Vallonnaises. - Eugène Villard et son jardinier. - Le suffrage d'Olivier de Serres et le suffrage universel. - L'Ardèche et les romanciers. - Le Péché de Madeleine. - La Lionne amoureuse. - Jacqueline de la Borie. - Trop de pécheresses vivaroises ! - Manque d'unité dans les personnages. - Le sort des paysannes égarées. - Les études d'économie sociale doivent remplacer le roman. - Il faut toujours prendre ses modèles dans la nature. - La mort d'Eugène Villard.
A PROPOS DE M. LAURIOL 176
M. Ollier de Marichard. - M. Lauriol. - La baleine de Jonas. - Le suffrage universel. - Les grottes. - L'Avin de Chazot. - La fontaine de Vanmale. - Les sociétés secrètes à Vallon et dans le Bas-Vivarais en 1850. - Cérémonial des réceptions. - L'avantage des promenades à travers les partis. - La meilleure des sociétés secrètes. - Les maisons d'école. - Le clergé laïque. - Où Pélican reparaît et démontre que la folie est l'essence de la nature humaine.
L'OR DANS LES RIVIÈRES CÉVENOLES 203
Les filons de plomb argentifère de Gravières. - Les paillettes d'or des rivières cévenoles. - Y a-t-il de l'or dans Chassezac ? - L'or du Sablas. - Auriolles. - Qu'est-ce qu'il y a de plus mobile que le sable ? - Pourquoi l'or a disparu de nos rivières. - Le rôle de la folie dans ce monde.
LE ROYAUME DE CHASSEZAC 214
L'ascension de la montagne de Barre. - Les Fustier de Folcherand. - Sakéses et Bourniquels. - Le château de la Tour. - La généalogie des la Garde de Malbos. - Comment Pélican entendait sa royauté. - La bête du Gévaudan et la bête du Vivarais-Uzège.
INDEX DES NOMS ET DES LIEUX 229
TABLE DES MATIÈRES 235
CATALOGUE ÉDITEUR 240INDEX DES NOMS ET LIEUX
abbaye de St-Gilles,42
abbé Boissel,99
abbé Pertus,60, 66
accols,7, 239
Agrain des Hubas,48
Aigues-Mortes,95
Alais,37, 50, 52, 53, 54, 56, 159, 160
Alba,160, 182
Albourniers,204, 216, 227
Aldebert,39
Alissas,69
Altier,22, 32, 33, 35, 37, 42, 44, 239
Antoine de la Molette,39
Ardèche,4, 6, 24, 34, 37, 42, 43, 44, 45, 51, 54, 57, 62, 66, 74, 75, 78, 80, 81, 83, 84, 87, 93, 97, 101, 111, 113, 120, 122, 123, 127, 129, 130, 131, 132, 133, 134, 135, 137, 139, 140, 141, 142, 143, 144, 151, 157, 159, 160, 168, 169, 174, 176, 182, 183, 185, 186, 190, 191, 202, 204, 205, 206, 210, 213, 220, 241
Assions,68, 83, 191, 218
Aubenas,4, 108, 125, 134, 138, 139, 145, 146, 147, 149, 177, 191, 196
Aurelle,85
Auriolles,5, 72, 83, 90, 103, 112, 114, 203, 210, 240, 242
Avelas,58
avins,184
Ay,210
Ayrs,92
bailli de Suffren,95, 96
Balazuc,77, 144, 156, 171, 172, 177
Balbiac,48
Banne,5, 49, 50, 51, 52, 54, 55, 56, 57, 59, 60, 61, 62, 63, 64, 65, 66, 67, 68, 69, 70, 72, 78, 83, 90, 101, 124, 147, 148, 216, 226, 227, 239
Bannelle,50, 55, 57, 61, 69, 240
Baravon,83
baron d'Acier,150
Barre,8, 23, 26, 45, 46, 47, 85, 209, 214, 215, 216, 224, 242
Barry,49
Bastide-de-Virac,83, 144
Beaulieu,69, 81, 83, 90, 93, 94, 97, 103, 240
Beaumes,31, 38
Beaumont,54, 151, 206
Becdejun,94
Benolhac,44
Bérenger de Surville,138, 139
Berre,216
Berrias,57, 69, 70, 71, 79, 83, 90, 94, 96, 97, 98, 100, 101, 102, 103, 191, 216, 240
Bessas,83, 144
Bessèges,50, 54, 57, 58, 216, 239
Bidon,83
bière,119
Bois-Noir,54
Borne,5, 24, 32, 33, 34, 36, 37, 38, 112, 142, 146, 149, 171, 216, 217, 221, 222, 228
Boucieu,95
Bourdaric,107, 216
Brahic,22, 47, 48, 49, 83, 197, 226, 239
Brion,138, 139, 151
caillettes,10
Casteljau,69, 72, 75, 76, 78, 81, 83, 96, 99, 103, 240
Cévennes,31, 56, 65, 72, 136, 205, 206, 208
Cèze,59, 205, 207, 208, 209, 212, 225
Chabiscol,218
Challamel,126, 132
Chamades,206
Chambonas,33, 37, 216, 218, 219, 220, 223
Chames,183
Chandolas,83, 97, 104, 216
Charnier,85
Chassagnes,27, 57, 69, 76, 83, 88
Chassezac,5, 9, 22, 23, 24, 25, 26, 32, 33, 34, 35, 37, 40, 72, 74, 75, 76, 77, 83, 85, 96, 103, 105, 129, 203, 204, 207, 209, 210, 212, 213, 216, 217, 218, 220, 221, 239, 242
Chassiers,68
Chastelas,23, 124, 127, 135, 136, 137, 140, 153, 154, 216, 241
châtaignier,27, 36, 45, 203
Chaussi-la-Rousse,216
Chaussy,115
Chauzon,69, 110
Chazot,176, 184, 242
Chibasse,57, 58
Chomérac,72, 115, 130
Claisse,90, 91, 93
Claude d'Apchier,145, 147
Clotilde de Surville,127, 137, 138, 139, 241
Cluny,111, 114
Coiron,69, 72, 141
Combres,50, 69, 70, 228, 240
Commentaires du Soldat du Vivarais,141
Comps,69, 97
Condamine,113
Coudoulas,209, 216
Courry,90, 91, 240
Croix du Pradal,9
Cruas,191
Crussol,4, 51, 148
d'Albigny,74, 219, 220
d'Apcher,51
d'Apchier,145, 146, 147, 148, 149, 150, 241
Dalmas,57, 58, 72, 105, 206
Darbres,83
Daudet,169, 170, 171, 172
de Bournet,56, 72, 104, 105
de Malbos,75, 81, 99, 100, 222, 223
de Saint-Andéol,92
de Valgorge,4, 72, 81, 101, 115, 222, 240
de Virgili,150
dolmen,72, 79, 80, 81, 240
dolmens,25, 72, 76, 78, 79, 80, 81, 82, 83, 85, 93, 240
Doulovy,54, 55, 56, 57, 59
Dragonnière,69
Erieux,206
Espervelouse,40
Eugène Villard,119, 127, 140, 159, 160, 164, 174, 176, 185, 241
Faget,216
Figère,22, 26, 27, 31, 32, 34, 36, 216, 225, 227, 239
fontaine de Berre,90, 98, 240
Fontaine de Madame,185
Fontaine du Buf,185
Fontaine Vigier,185
Fontanilles,31
Gachaloup,22, 23, 26, 239
Gache,204, 216
Gadilhe,51, 55
Gagnères,54, 59, 204, 206, 209
Garabit,,43
Gard,44, 51, 53, 54, 57, 65, 93, 98, 109, 206
Garde-Giral,55
Garde-Guérin,34, 38, 39, 40, 41, 42
Gascheloup,216
Genssane,50, 52, 70, 205, 239
Gévaudan,38, 42, 145, 150, 151, 214, 220, 224, 225, 228, 242
Giraud,33, 145
Gleizasse,72, 76, 77, 78, 85, 240
Grajel,113
Granson,216
Granzon,58, 69
Gras,69
Gravières,9, 14, 15, 17, 22, 23, 31, 37, 40, 83, 203, 216, 219, 220, 222, 225, 227, 228, 242
Grimoard de Beauvoir du Roure,38, 48
Grospierres,5, 69, 81, 83, 90, 103, 104, 105, 124, 130, 216, 240
grotte,72, 76, 77, 82, 84, 183, 186, 187
grotte de Néron,84
grotte du Grand-Louret,84
grottes,73, 74, 77, 85, 86, 88, 140, 176, 181, 182, 186, 242
Hébrard du Cheylard,139
Ibie,85, 135, 137, 142, 181, 184, 185
Issoire,150, 151, 152
Jalès,60, 61, 62, 64, 66, 81, 90, 92, 93, 94, 95, 96, 97, 240
Jovyac,97
Joyeuse,31, 47, 50, 65, 81, 93, 105, 107, 124, 146, 148, 191, 195
La Bastide,125
La bête féroce,225
La Blachère,68, 191
la Champ,46, 47, 68, 137
la Fare,171
la Gorce,83, 85, 124, 128, 136, 137, 144, 145, 146, 148, 150, 152, 153, 154, 155, 156, 157
la Voulte,206
Lafarge,58, 105
Lanas,74, 83
Languedoc,52, 63, 64, 126, 132, 148, 156, 171, 205, 220, 225
Laoul,85
Largentière,14, 65, 83, 94, 109, 159, 160, 169, 174, 177, 186, 191, 220, 223
Lauze,72, 79, 81, 101, 240
Les Vallonnaises,159, 160, 166, 167, 241
Lobé-Rivière de Quinsonnas,97
Louoï-Inférieur,85
Lozère,22, 32, 34, 37, 39, 42, 43, 44, 55, 66, 137, 216, 224, 239
Lussas,69, 72, 83, 88
Maisonneuve,64, 69
Malarce,9, 22, 23, 26, 27, 28, 30, 31, 41, 68, 216, 217, 239
Malbos,49, 72, 75, 77, 78, 80, 81, 85, 90, 93, 94, 98, 99, 100, 101, 214, 222, 223, 226, 240, 242
Malbosc,59, 206, 226, 227, 228
Malons,9, 22, 45, 46, 48, 226, 227, 239
Marguerite Chalis,139
Mariac,138
Maricamp,144
Martin des Salelles,51
Marvejols,43, 151
Mas-Dieu,22, 203, 204, 209
Mathieu Merle,145, 146, 150, 151, 152, 157, 241
Maurin,94, 99
Mazel,52, 55, 56, 57
Mende,23, 32, 38, 42, 143, 150, 151, 221, 224
menhirs,83
Merdaric,43
Mgr Guibert,49
Mirabel,68, 147, 148
Mirandol,112, 171
Montgros,54, 55, 56, 57, 58
Montingrand,85
Montjoc,217, 223
Montlaur,171
Montréal,68, 145, 152, 156, 241
Montselgues,40, 47, 141, 221, 226
Morangiés,42
Moulinas,29, 30
Murjas,91, 226
N. D. des Neiges,40
Napoléon Rieutord,226
Naves,9, 57, 61, 62, 112, 223, 226
Neussargues,43
Notre-Dame de Tout-Bien,68
Notre-Dame des Pommiers,108, 109, 111
Notre-Dame des Songes,104
Notre-Dame-de-Bon-Secours,68, 227
Odilon Barrot,32, 35, 56
Olivier de Serres,5, 143, 159, 160, 162, 165, 168, 183, 241
Ollier de Marichard,24, 72, 75, 83, 86, 87, 145, 146, 151, 155, 157, 176, 182, 184, 186, 240, 242
omelette,91
Orgnac,83
Païolive,5, 69, 71, 72, 73, 75, 76, 79, 88, 97, 209, 216, 240
Payzac,68
Peschaire,124, 125
Peyre,27, 68, 148, 150, 216, 220, 221
phylloxera,9, 213
Pied de Borne,32
Pigère,52, 54, 55, 56, 57, 58
Pinèdes,57, 206
Planchamp,22, 32, 33, 34, 35, 36, 40, 215, 225, 239
Plan-Redon,69
Planzolles,68
Pléou,94
pont d'Arc,140, 141, 152, 181, 183, 185, 186, 197
Pont de Mars,149
Ponteils,44, 225, 226
Pont-St-Esprit,52, 102, 114
Pradons,110, 112, 114
Privas,4, 64, 69, 72, 95, 115, 125, 129, 139, 154, 171, 190
Prunet,83
Puech,48, 51
Regourdane,38
Rhône,37, 73, 74, 81, 83, 98, 134, 169, 205, 206, 212
Ribes,171
Roche de Glun,206
Rochecolombe,152
Rochemure,220
Roffiac,151
Roqueyrol,209
Rosières,94, 103
Roure,31, 32, 35, 38, 40, 48, 51, 54, 61, 62, 63, 65, 67, 112, 156, 171, 215
Ruoms,23, 69, 72, 73, 83, 88, 103, 104, 106, 107, 108, 109, 110, 111, 112, 114, 115, 119, 122, 124, 128, 134, 144, 197, 240
saccol,5, 7, 8, 9, 10, 11, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 20, 24, 71, 200, 239
Saillans,66, 92, 93, 215
Saint-André de Crugières,81
Saint-André-de-Crugières,83, 90
Saint-Remèze,85, 105
Salavas,83, 110, 124, 125, 127, 131, 132, 136, 137, 144, 145, 146, 148, 150, 152, 153, 154, 155, 156, 218, 241
Salelles,31, 83, 209, 216, 218
Salles-Fermouse,54, 56, 57
Sampzon,5, 68, 83, 95, 103, 104, 105, 106, 111, 124, 125, 129, 136, 142, 241
Sarrasine,94
Sarrasins,23, 94, 217
Sauvas,58, 90
Savel,107
Serre de Montjoc,217
Soulavie,65, 105, 132, 181, 207
Soyons,84
St-Agrève,149, 206
St-Alban,69, 83, 103, 104, 112, 114, 130
St-Ambroix,208, 223
St-André-de-Crugières,90, 92, 112, 191
St-André-la Champ,68
Ste-Barbe,59
Ste-Marguerite,13, 26, 32, 33, 225
Ste-Marguerite-la-Figère,13, 225
St-Fortunat,206
St-Germain,88
St-Giniès,93
St-Hippolyte-de-Brès,68
St-Jean-Chazorne,34, 36, 38, 225
St-Jean-de-Pourcharesse,68
St-Laurent-du-Pape,206
St-Laurent-les-Bains,40, 216
St-Laurent-sous-Coiron,68
St-Loup,42, 43
St-Marcel,83, 157
St-Martin-d'Ardèche,84
St-Maxime,58
St-Mélany,29, 30, 31, 101
St-Paul-le-Jeune,5, 90
St-Pierre-le-Déchausselat,68, 216
St-Pierreville,191
St-Privat,93
St-Remèze,82, 153, 184, 197
Tanargue,40, 68, 137
Tarnis,113
Tauriers,68, 80, 83, 149
Teil,105, 173
Templiers,92, 95, 97
Thines,9, 13, 17, 23, 26, 27, 28, 29, 31, 94, 216, 217
Thueyts,43
Tincouse,23, 216, 217
tour de Brison,68
Tuchins,95
Uzer,4, 149, 196
Uzès,32, 50, 51, 62, 148, 150, 208, 221, 223, 239
Val-d'Aurelle,36
Valgorge,27, 115, 171
Vallat d'Elze,216
Vallon,24, 25, 37, 74, 85, 86, 99, 105, 110, 119, 124, 127, 128, 129, 134, 135, 136, 137, 140, 141, 142, 143, 144, 145, 148, 149, 152, 153, 154, 155, 156, 159, 160, 161, 169, 176, 181, 182, 184, 185, 186, 191, 197, 241, 242
Vandras,151
Vans,7, 12, 13, 23, 24, 31, 33, 34, 41, 46, 48, 53, 56, 58, 65, 66, 68, 69, 70, 71, 76, 81, 88, 107, 112, 154, 171, 191, 216, 218, 220, 221, 223, 225, 239
Vaschalde,56, 58, 104
Vernon,48, 70, 112, 218
Vigne de Clastre,113
Vignette,67
Villefort,9, 22, 32, 38, 41, 43, 44, 45, 52, 209, 215, 216, 220, 221, 225, 239
Villeneuve-de-Berg,60, 65, 95, 107, 129, 139, 141
Vinezac,4, 83
Vivarais,4, 7, 40, 44, 46, 48, 60, 63, 64, 65, 66, 68, 72, 82, 86, 94, 95, 99, 103, 106, 111, 124, 125, 130, 131, 135, 136, 141, 142, 145, 148, 152, 153, 154, 156, 160, 175, 176, 207, 210, 214, 216, 218, 220, 221, 225, 240, 241, 242
Viviers,23, 32, 54, 60, 62, 92, 103, 104, 169, 171, 221, 224
Vogué,69, 73, 83
Chapitre 1LES PRODIGES DU SACCOL.
Le pays des accols et du saccol. - La marche triom-phale d'un porc gras et son entrée solennelle aux Vans. - Le chapsal. - La solution d'un problème. - Comment on porte au saccol des pierres de vingt-cinq et trente quintaux. - Le saccol donne la sagesse. - Tasté, foutraou !
Vous connaissez sans doute, dit Pélican, le proverbe caractéristique de la contrée, qui s'applique d'ailleurs à une bonne partie du Bas-Vivarais :
Per lou poïs d'en bas,
lou bât ;
Per lou poï d'accol,
lou saccol.
(Pour le pays d'en bas - le bât ! - Pour le pays l'accol - le saccol !).
Les accols, dans le langage local, sont ces innom-brables terrasses, construites de main d'homme, qui font des pentes les plus abruptes un terrain admira-blement cultivé, et qui excitent l'étonnement et l'admi-ration de tous les observateurs étrangers. Quand Dieu, chassant l'homme du paradis terrestre, lui dit : Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front ! je pense qu'il dut penser spécialement à l'homme des accols. Ici, en effet, ni char, ni cheval, ni âne ni mulet ne sont venus en aide au travail humain ; c'est au dos seul de l'homme qu'est dévolue la charge de tous les fardeaux, et c'est au moyen du saccol que se font tous les transports.
Connaissez-vous le saccol, ami Barbe ? Non ! - preuve nouvelle que les inventions les plus merveil-leuses ne sont pas les plus admirées, simplement parce qu'elles sont les plus simples et les plus anciennes. Le saccol est ce petit sac de toile, rembourré de paille, dont nos intrépides travailleurs se font un capuchon et qu'ils jettent sur leurs épaules, en guise de coussinet, pour porter le faix.
Que de prodiges ne fait-on pas avec le saccol ! C'est grâce à lui que se sont élevées, comme par enchantement, ces vertes terrasses dont les murs empruntent à leurs énormes blocs l'apparence de vrais remparts, et c'est encore grâce à lui qu'on a pu sans relâche faire face à toutes les brèches causées par la pression des terrains ou les inondations. De père en fils, le Cévenol a continué ce travail de Sisyphe en s'encou-rageant du mot traditionnel : Rien dont on ne vienne à bout avec la persévérance et le saccol !
Écoutez ! quel est ce bruit ? On dirait le sonore piétinement d'un escadron de cavalerie ou le fracas d'une avalanche qui se précipite du sommet de Barre. C'est un groupe de paysans qui rapportent du sommet de la montagne l'énorme faix de bruyère ou de feuilles mortes destiné au fumier des étables et des basses-cours. Ils ont gravi le matin la montagne à pas de buf. Les voilà qui redescendent au pas gym-nastique, par bonds et par sauts, faisant jaillir l'éclair du grès avec leurs souliers ferrés. Grâce au saccol, un homme descend du sommet de Barre environ soixante kilos de bruyère, de feuilles mortes ou de bois de chauffage. Huit ou dix kilomètres à parcourir avec un fardeau pareil semblera une impossibilité à bien des gens. Cela n'est cependant que la vérité pure. Il est vrai qu'on fait deux ou trois pauses pendant lesquelles on dé-bou-chait autrefois la coucourde pleine de bon vin du pays. Aujourd'hui il faut faire la pause à côté des fontaines. L'eau est sans doute une excellente chose, mais elle a le tort de couper les jambes, et puis le proverbe est là :
Quaou beou dévi
Changeo soun sang en vi,
Quaou beou d'aïgo
Changeo soun sang en aïgo.
(Qui boit du vin change son sang en vin. - Qui boit de l'eau change son sang en eau).
C'est au saccol qu'on porte les châtaignes fraîches et sèches, mais ce sont surtout les plus précoces, les prumeirenchos, qui sont un excellent objet de com-merce. Aussi s'empresse-t-on de les mettre en sac pour les envoyer au marché. La Croix du Pradal, où viennent s'embrancher les chemins de Gravières, de Malons, de Naves, de Malarce, de Thines, présente, à la fin de septembre, un spectacle des plus animés. On peut y voir passer la presque totalité de qui conque est en âge de porter le saccol dans la vallée de Chassezac, ce qui permet de juger de visu comment, dans ce pays, l'homme est mis au saccol dès son enfance et arrive graduellement à pouvoir parcourir lestement de quatre à seize kilomètres et même plus, sous le faix de cinquante ou soixante kilos, charge ordinaire de l'homme arrivé à la plénitude de ses forces.
Avant le phylloxera, les habitants de Naves, Gravières et les environs se faisaient un certain revenu en allant vendre du raisin aux Sakèses, sur la place de Villefort. C'était un trajet fatigant : quatre bonnes heures de marchep ar un chemin montant, sablonneux, malaisé, avec cinquante ou soixante kilos sur le saccol : on conviendra qu'ils gagnaient joliment leur argent.
Le transport au saccol du plus gros personnage de la contrée mérite une mention spéciale. Ce personnage est celui que nos paysans ne nomment jamais sans ajouter : en parlant par respect. C'est le père plantureux des boudins, des caillettes, des saucisses, des andouilles et des jambons. Pauvre diable qu'on dénigre et qu'on méprise toujours, tout en le croquant à belles dents !
Le cochon cévenol est généralement nourri de châtaignes, ce qui lui vaut d'avoir une graisse de première qualité. Tous les rebuts de la clède sont à sa disposition, et le paysan trouve là un ingénieux et lucratif moyen de porter d'un coup toute sa cléade logée dans le ventre de la bête engraissée. Le cochon, avant de mourir, a son jour de triomphe. C'est entre la Noël et le carnaval. Il est alors à fleur de graisse et on craindrait bien trop de lui en faire perdre une partie en route. D'ailleurs, il est si gras qu'il peut à peine mettre une patte devant l'autre. S'il y avait des chemins carrossables, la chose irait toute seule, mais les amateurs de pittoresque y perdraient. D'ailleurs, le saccol est là, et avec le saccol et quatre bons voisins, la chose est bientôt faite. Voici comment on procède :
Deux barres transversales sont fixées aux deux bouts d'une petite échelle sur laquelle on dispose une épaisse couche de paille ; on y garrotte le triom-phateur. Cela fait, les quatre voisins ôtent leurs vestes, vu que, pour cette opération, quoique au fort de l'hiver, c'est assez de garder son tricot. Les quatre vestes, à coupe de type royol, sont surajoutées à l'emballage en guise de trophées, comme aussi les quatre chapeaux, plus une branche de laurier et quel-ques rubans flottants, de manière à ce que rien ne man-que au malheureux grognant ; pas même la grande bouteillo paillado, ou le petit bidon, qu'on a soin d'attacher par dessus le tout et qu'on détache à chaque halte.
Ces préparatifs terminés, les quatre porteurs, d'une main vigoureuse, dressent le lourd fardeau sur leurs saccols, et les voilà attelés deux à deux, les nerfs du cou tendus, les veines de la face gonflées et opposant le front en avant à la traction des barres transversales qui s'impriment dans le saccol et semblent le couper en deux ; ils emboîtent le pas et s'avancent, cheminant de pied ferme, en tête du groupe qui forme cortège et se compose ainsi :
D'abord, les voisins qui, ayant eux aussi à faire au marché, se trouvent heureux de voyager en si honorable compagnie et, au besoin, de donner un coup de main aux porteurs. D'ailleurs, étant tous gens du pays, aucun n'ignore le proverbe :
Quaou tiro d'orgen,
Es counten,
Pouo paga,
S'en faou sorra.
(Qui tire de l'argent, - est content ; - il peut payer, - il faut s'en tenir près !)
Après eux vient l'active et intelligente ménagère qui a élevé le roi du jour - le brave animal dont la vente va apporter l'aisance dans la maison. Son triomphe à elle se passe de rubans et de palanquins, mais il est plus durable. Son élève lui fait honneur. Eh bien ! le croiriez-vous, il lui en coûte de s'en séparer. Tout à côté marche son plus jeune garçon, à qui elle a dit tant de fois : Garde bien le cochonnet, quand il sera grand, on te mènera en ville et on t'habillera de neuf. Et c'est sérieux, car la bonne ménagère sait fort bien que
Il ne faut rien promettre à un enfant
Qu'on ne le lui donne exactement.
Tout ce monde parle en cheminant et parle beaucoup, comme gens qui vont au marché, à l'exception, bien entendu, des quatre porteurs trop tenus par les épaules pour donner libre cours à leur langue. Les chemins sont, d'ailleurs, des plus scabreux, et il faut une longue expérience pour maintenir la charge en équilibre. Et l'animal, ainsi pompeusement véhiculé, lui non plus, ne parle pas et pense encore moins. Heureusement pour lui, car sa haute position ne pourrait que lui inspirer les plus philosophiques, c'est-à-dire les plus tristes réflexions. Cela fait songer invinciblement.
- De grâce, dit Barbe, pas de digressions !
- Le cortège s'accroît en route de tous les nouveaux allants qui débouchent par les chemins messadiers ou drayols ; l'animal grogne, les porteurs soufflent, les femmes jasent ; tout le monde sue à grosses gouttes - jusqu'à tant qu'enfin le grave triomphateur effectue sa solennelle entrée en la ville des Vans. S'il y avait des touristes en hiver, la chose eût été cent fois décrite et un bon dessin eût fait fortune dans un journal illustré ; mais journalistes et dessinateurs sont alors au coin du feu et nos indigènes sont blasés sur ces sortes de fêtes. N'importe, on voit qu'il se passe quelque chose d'extraordinaire. Toute la population est sur les portes ou aux fenêtres pour voir le porc sur son brancard ! Autrefois, le cortège s'arrêtait sur la place de Grave, où de temps immémorial se tenait le marché des porcs gras ; mais il paraît qu'on a réservé cet endroit pour les fêtes républicaines. Les porcs ont été envoyés se faire pendre à la porte de l'Oie. Il faut traverser toute la ville. La grand'rue est en émoi. Toute autre circu-lation est momentanément suspendue, les voitures reculent, les passants se rangent le long des maisons, les marchands forains s'immobilisent devant leurs tentes, tout le monde veut voir, et de tous côtés volent ces paroles, expression des sentiments populaires :
Comme il est gras ! disent les hommes.
Comme ils sont forts ! disent les femmes.
On arrive sur la place de l'Oie. Ici le dénouement : pour le cochon gras, la roche tarpéienne ; pour les porteurs, les épaules soulagées, et il s'en faisait temps, surtout quand on vient de Thines ou de Ste-Marguerite-la-Figère ; pour le vendeur, de beaux écus ; pour le petit pastrillon, un habit neuf, et pour tous les voisins, le vin, la danse et le fricot. Car le proverbe est surtout vrai à ce moment :
Quon tiro d'orgen
Es counten,
Pouo paga,
S'en faou sorra.
***
Les femmes de la campagne sont pour leurs laborieux maris de vaillantes auxiliaires. Leur saccol à elles est un coussinet en forme de couronne qu'elles mettent sur leur tête pour y asseoir tous les fardeaux. Ce coussinet est appelé chapsal du côté des Vans (mot qui dériverait, dit-on, de caput tête et sagum, saye, vêtement), et chassou du côté de Largentière. La femme au chapsal porte surtout le ferrat, c'est-à-dire le seau d'eau qui fait la navette de la maison à la fontaine ; le paillas, qui contient la pâte du pain destinée au four, et la foule multiforme des paniers ou corbeilles, aux chargements divers, qui vont et viennent entre la campagne et le marché voisin.
Le faix ordinaire d'une femme est de trente à quarante kilos. La femme au chapsal, moins chargée que l'homme au saccol, marche plus vite que lui et fait surtout moins de haltes. Toutes les femmes de la contrée sont formées à ce genre de transports dès leur plus tendre enfance et en acquièrent une telle habitude qu'elles vont aussi librement, avec un fardeau sur la tête, que si elles portaient une sim-ple coiffure. Ce sont des équilibristes de première force ; leur charge est pour ainsi dire identifiée avec leur person-ne et ne les empêche ni de tricoter ni de jaser en route.
Toutes les denrées du pays sont portées à la ville au saccol ou au chapsal, comme aussi toutes les provisions sont rapportées de la ville par le même moyen. Outre le faix reposant sur le chapsal, les femmes portent souvent des paniers aux bras ou la fandado, c'est-à-dire le plein tablier, sans compter deux poches gonflées comme des besaces, en sorte qu'elles sont souvent plus chargées que les hommes.
***
Pélican nous fit remarquer au clocher de Gravières des pierres de vingt-cinq à trente quintaux. Savez-vous, dit-il à Barbe, d'où viennent ces pierres ?
- Non.
- Eh bien ! tous les maçons du pays vous diront qu'elles ne peuvent venir que de la carrière du Bouschon, située à deux kilomètres environ d'ici.
- Après ? dit Barbe.
- On vous dira aussi que jamais chemin propre au passage d'un char ou d'un traîneau n'a pu exister entre la carrière et l'église. Comment ces pierres sont-elles donc venues ici ?
- Vous voudriez peut-être, répondit Barbe, me faire croire que c'est par l'opération du St-Esprit ?
- Au lieu de cette plaisanterie démodée, vous feriez mieux, mon vieux camarade, d'avouer simplement que vous n'en savez rien.
- Eh bien ! dit Barbe, si cela fait votre bonheur, je l'avoue.
- Voudriez-vous maintenant me dire comment s'y prendraient les ingénieurs, en notre siècle de progrès, pour transporter du Bouschon à Gravières les énormes blocs que nous voyons figurer dans ce clocher ?
- C'est bien simple, ils feraient une route et mettraient au transport un nombre suffisant de chevaux ou de mulets.
- Avouez, dit Pélican, que les hommes d'autrefois - de ce que vous appelez les siècles d'obscurantisme - étaient plus forts, puisqu'ils transportaient ces énormes blocs sans route carrossable, sans chars, chevaux ni mulets.
- Est-ce qu'ils les auraient, par hasard, portés au saccol ?
- Vous croyez plaisanter, dit Pélican, et vous avez touché juste. Oui, ces blocs de vingt à trente quintaux ont été transportés au saccol.
Barbe crut que Pélican se moquait de lui.
- Expliquez-nous donc, dit-il, comment ils s'y prenaient pour exécuter cette prodigieuse opération.
- Je vais vous le dire, ou plutôt vous allez le comprendre, au simple exposé de ce qui se fait tous les jours aujourd'hui, de ce que vous pourriez voir de vos yeux, pour peu que votre séjour dans la contrée se prolongeât. Vous savez déjà qu'un seul homme suffit pour transporter au saccol une pierre de cinquante à soixante kilos, dite pierre quintalière ou faixilière. S'il s'agit d'une pierre de cent ou cent cinquante kilos, on se met à deux, c'est-à-dire qu'après avoir solidement attaché la pierre à une corde, on la suspend à une barre transversale dont les deux extrémités portent sur les deux saccols.
Les deux hommes, ainsi chargés, vont naturel-lement beaucoup moins vite que le pur sang anglais aux courses d'Epsom ou du bois de Boulogne ; mais chi va piano va sano, si leur marche est lente et pesante, elle n'en est pas moins sûre. Il est vrai que, s'ils peuvent aller loin, ils ne peuvent guère faire plus d'un kilomètre sans se reposer et sortir la coucourde.
- C'est très bien jusqu'ici, dit Barbe ; mais comment font-ils quand la pierre pèse dix, vingt ou trente quintaux ?
- Cela ne les embarrasse guère, répondit Pélican. On se met à huit, douze, seize, vingt saccols ou même davantage. On prend une barre longue et forte en proportion du poids de la pierre. Celle-ci est solidement attachée et suspendue au milieu. En avant et en arrière sont fixées avec des cordes, à des distances convenables autant de petites barres transversales qu'il y a de couples de saccols à employer. Le nombre des couples ainsi attelés est toujours le même en avant et en arrière. C'est ce qu'on appelle l'emballage à la grande barre, et c'est merveille de voir avec quelle discipline admirable ces hommes savent exécuter cette pénible et étonnante manuvre dans les sentiers les plus difficiles. Celui qui, en cette circonstance, est investi du comman-dement donne seul tous les ordres qui sont exécutés avec une soumission et une précision toutes militaires. Voilà, mon bon, comment, grâce au Saint-Esprit qui avait inspiré à ces braves gens l'invention du saccol et l'emballage à la grande barre, les ignorants d'autrefois réalisaient des travaux dignes de la science moderne !
- Cela résoud pour moi, dis-je alors, le problème de la construction de l'église de Thines, dont les énormes pierres de grès, venues de huit ou dix kilomètres de distance et par des sentiers de chèvres, m'avaient si fort intrigué jusqu'à ce jour. L'architecte Raymondon évalue à quatorze cents kilos la pierre du maître-autel, en grès fin, qui a trois mètres de long sur un mètre de large et trente centimètres d'épaisseur . Que de dépenses et de peines a dû coûter ce travail !
- En admettant, ce qui doit être, dit Pélican, de fréquents relais et de nombreux porteurs habitués de longue date à ce genre de transport, on s'étonne beaucoup moins des tours de force opérés au moyen du saccol. Que si quelqu'un doutait de la puissance de l'emballage à la grande barre, nous pouvons lui faire observer, comme argument final, qu'il n'y a pas, ni à Thines ni au clocher de Gravières, de pierre si lourde qu'on ne transporte encore de nos jours par ce moyen. D'où la conclusion que ce qu'on fait aujourd'hui a pu se faire autrefois, ou pour employer encore un adage campagnard :
Coumo dit lou ressairé,
En vesen én billou,
Avén ressa soun fraïré,
Aquesté se pouo faïré !
(Comme dit le scieur de long - En voyant un tronc d'arbre, - Nous avons scié son frère - Celui-ci peut se faire).
***
- Allons, dit Barbe, votre histoire du saccol m'a beaucoup intéressé. Il est vrai que je ne la considère peut-être pas tout-à-fait à votre point de vue. Vous admirez le côté mécanique. Moi, j'y vois le côté politique et social. Je plains les pauvres diables condam-nés au saccol et je bénis le progrès qui va en délivrer nos pauvres campagnards.
Barbe continua sur ce ton, pendant quelques minutes. Il répéta - sans s'en douter, l'excellent homme - bon nom-bre de ces banalités que repro-duisent périodiquement toutes les feuilles répu-blicaines de province, au grand conten-tement des badauds et des savants de village. Pélican se contenta de sourire et ajouta :
- Je ne vous ai pas dit, mon vieux camarade, le plus grand mérite du saccol, c'est qu'il donne du bon sens. Les gens à saccol sont beaucoup plus que les autres assidus à l'église et fréquentent moins les cabarets. Ils se marient, élèvent leur famille et ne font pas de politique. Tenez, en voici la preuve devant vous !
Un paysan passait devant nous, portant un gros faix de fumier sur son saccol. Le brave homme suait et soufflait, mais semblait porter son fardeau comme le sage porte sa destinée, c'est-à-dire avec résolution et patience. Un petit garçon qui l'accompagnait se plaça devant lui et dit quelque chose qui sans doute ne lui convenait pas.
- Garo, gropaou ! (ôte-toi de là, crapaud !) dit le paysan.
Et le petit s'écarta bien vite.
Barbe prit son air le plus affable pour saluer le paysan et l'invita à se reposer un peu. Celui-ci déposa son faix sur une muraille et écouta notre ami Barbe.
- N'est-ce pas, dit celui-ci, que c'est un fardeau bien fatigant pour un homme ?
- Malomén ! répondit le paysan (ce qui est un terme évasif signifiant Oui - assez - sans doute - comme vous voudrez).
- N'est-ce pas qu'il vaudrait mieux que tout fût organisé de telle façon que les plus lourds fardeaux fussent réservés aux animaux ?
- Malomén ! Malomén ! répondit le paysan.
- C'est pour améliorer le sort des pauvres gens, continua Barbe, que la république a été instituée. Elle a déjà donné l'instruction laïque, gratuite et obligatoire qui doit être le plus puissant agent de la richesse publique.
- Malomén ! dit le paysan, mais j'ai besoin de mon garçon pour m'aider aux champs pendant la belle saison.
- La République a mis à la raison le clergé toujours disposé à empiéter sur le pouvoir civil.
- Malomén ! notre curé est un brave homme qui est plus civil que personne.
- La République a établi le service militaire obligatoire pour tous, le riche comme le pauvre.
- Malomén ! J'ai été remplaçant et je sois bien des garçons du village qui voudraient pouvoir remplacer aujourd'hui.
- La République allègera les charges du pauvre.
- Elle ferait bien de se dépêcher. Je paye pour mon champ dix francs de plus que du temps de l'autre.
- Qui ça, l'autre ?
- Eh bien ! le roi ou l'empereur qui était avant la République.
- La République a construit partout de belles maisons d'écoles laïques ; elle mettra les magistrats réactionnaires à la raison ; elle restreindra dans de justes limites l'action de la police et des gendarmes ; elle créera partout des routes et des chemins de fer. Le peuple français, n'étant plus courbé sous la tyrannie d'un despote, sentira sa dignité croître autant que sa prospérité. Il sera le modèle de l'Europe et tous les autres. États voudront, comme lui, se débarrasser de leurs tyrans et établir chez eux la République qui est l'idéal de la sagesse et de la grandeur humaines.
- Tas té, foutraou ! (Tais-toi, imbécile !) répondit assez brutalement le paysan.
Il reprit tranquillement son faix de fumier et s'en alla, non sans regarder du coin de l'il son interlocuteur comme craignant d'avoir à faire à un fou.
Pélican consola un peu ironiquement notre ami Barbe.
- Certainement, dit-il, ce paysan n'est pas poli. Je ne vous ai pas dit que le saccol donnait la politesse, mais seulement le bon sens. Vous êtes trop idéal, mon cher. Vous voulez le bien, mais sans savoir peut-être en quoi il consiste. Le progrès matériel ne suffit pas. Si l'amélio-ration morale n'accompagne pas l'autre, mieux vaut encore les anciennes corvées du saccol. Et vous me paraissez la dupe d'une illusion dangereuse si vous croyez qu'il suffit d'une luxueuse maison d'école pour remplacer la plus pauvre église du village. Laïciser ce n'est pas moraliser, et je crains bien que notre pays ne s'aperçoive bientôt que c'est plutôt le contraire.
Une autre grosse erreur, mon bon, est de croire que le progrès tient à une forme de gouvernement plutôt qu'à une autre. On juge le vin au goût, et non à l'étiquette ou à la bouteille. Je vois bien que l'étiquette gouvernementale a changé plusieurs fois depuis que nous avons quitté le collège, mais il me semble que les hommes sont furieusement restés les mêmes, et, s'il y a quelque différence avec le temps d'autrefois, je doute qu'elle soit à l'avantage du temps présent.
Du même auteur à nos éditions :
Par Albin Mazon (Le docteur Francus)
La franc-maçonnerie en Ardèche. 288pp.
La guerre de 100 ans en Vivarais. 338pp.
Le préhistorique dans l'Ardèche.
Les églises du Vivarais. 2 volumes (650 pages). Tous les textes fondateurs de l'histoire de l'Ardèche dont la " Charta Vetus "
Les muletiers du Vivarais. 128 pages.
Notes historiques sur Saint-Agrève. 196pp.
Notice sur la Baronnie de La Voulte. 398pp.
Les huguenots du Vivarais. 4 volumes. 1628pp. La somme sur le protestantisme ardéchois. Un fac-similé exceptionnel en tirage limité. L'index des nom de lieux et de personnes comporte plus de 300 pages dans le 4e volume.
Notice sur Uzer. 94pp.
Notice sur Vinezac. 196pp.
Voyage au Bourg-Saint-Andéol. 440pp.
Voyage autour de Valgorge. 2 volumes. Environ 500pp.
Voyage aux pays volcaniques du Vivarais. 2 volumes.
Voyage dans le midi de l'Ardèche. 2 volumes.
Voyage le long de la rivière d'Ardèche. 2 volumes.
Voyage autour de Crussol. 280 pages.
Privas. 120 pp.
Chronique religieuse du vieil Aubenas. 180 p.
La commanderie des Antonins à Aubenas. 100 p.
L'ancienne paroisse de Jaujac. 350 p. (épuisé)
Un romans à Vals. 220 p.
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Editions et Régions. La Bouquinerie - 77 avenue des Baumes - 26000 Valence - France
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