paru fevrier 2018
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Meurtre à Rochemaure La citadelle des ombres Un meurtre à Rochemaure
où se mêlent vérités et scoops historiques,
recherches documentées, personnages curieux, ballades
dans le village, connaissances des lieux et des familles
D'où vient le château de Rochemaure ? Qu'y a-t-il
à Notre-Dame des Anges ? Pourquoi tuer Henri Lantouzet
? À tel point que l'on ne sait plus trop, au bout de quelques
pages, s'il s'agit d'un roman historique, d'un polar ou de secrets
millénaires qui seraient enfin dévoilés.
Marc Cheynet de Beaupré
est Docteur en Histoire moderne de l'Université Paris
I Panthéon-Sorbonne. Il est l'auteur d'une biographie
de Joseph Paris Duverney (Honoré Champion, 2 vol., 2012
et 2016), du Dernier seigneur de Rochemaure (Revue du Vivarais,
2004, fasc. 4), etc. DANS LA MEME COLLECTION (PAR
ORDRE DE PARUTION) : 26 MEURTRE(S) A... JAUJAC, RUOMS, VALENCE,
LES VANS, ANNONAY, AUBENAS, NYONS, CRUSSOL, PRIVAS,
livre paru le 28 février 2018. 13 euros + 6 euros de frais de port = 19 euros extraits, table des matières, bon de commande, cliquez ici |
Le mot de l'éditeur
Marc Cheynet de Beaupré est un très ancien client de la Bouquinerie et je lui ai proposé depuis de nombreuses années de m'écrire un policier, sachant qu'il taquine la plume à l'occasion ! "N'a-t-on jamais eu envie de tuer quelqu'un ?" Après bien des refus, ne voilà-t-il pas qu'un jour il m'annonce que sa femme serait partante pour l'écrire avec lui ! "Banco", lui ai-je répondu, "les femmes sont de meilleurs auteurs lorsqu'il s'agit de crimes !"
Je dois reconnaître que ce policier tout à fait original va beaucoup vous amuser, et je ne vous parlerai pas du dénouement et de l'intrigue tout à fait exceptionnelle. Ce livre est aussi un hymne à Rochemaure avec forces détails historiques aussi j'incline tous nos fidèles clients à se procurer cet ouvrage qui est autre chose qu'un polar ! Vous m'en direz des nouvelles : rien que l'index affiché ci-dessous vous donnera un aperçu de cette belle quête. Cette écriture à 4 mains est tout à fait jubilatoire. Merci à sa femme Aline d'avoir ajouté sa "griffe féminine" à cette intrigue surprenante.
René Adjémian !
note : au 31 mars 2018, vu le succès de cet ouvrage, nous allons procéder à un retirage ! Merci de faire connaître ce beau livre à vos amis.
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à Rochemaure
au prix de 19 euros franco pièce.
Soit un chèque de .......... euros, à l'ordre des
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encaissé à l'expédition.
Commande à adresser à : EDITIONS DE LA BOUQUINERIE..,
77 av. des Baumes, 26 000 VALENCE
ARTICLES DE PRESSES PARUS DANS LA TRIBUNES DE MONTELIMAR LES 8 ET 15 MARS 2018
table des matières
VOIR ROCHEMAURE ET MOURIR 7
MÉTEMPSYCHOSE 8
LA QUATRIÈME CROISADE 19
ENTERRER SON AMOUR 28
AQUA SACRA 42
VIA RHODANIA 51
CHEMIN DU CHÂTEAU 61
PLUS PRÈS DES ANGES 75
DE LAVE ET DE LARMES 88
TENET 100
LEVER LE VOILE 110
LES YEUX 125
REPÈRES HISTORIQUES 140
INDEX DES NOMS CITÉS 147
BIBLIOGRAPHIE 156
TABLE DES MATIÈRES 162
Index
A
Acunum (nom romain de Montélimar)
Adhémar
- Giraud III
- Giraud IV
- Giraud VII
- Giraud VIII
- Lambert
- de Grignan
Adhémar de Monteil (évêque du Puy)
Agrippa (Empereur)
Alène
- Famille
- Étienne et Firmin, frères
- Jacques
- Jeanne, née Lachave
- Mathieue Gauthier, veuve
Alexis Ange (prince)
Alexis III Ange
Alexis IV Ange (Empereur, ex-prince Alexis Ange)
Alexis V (Alexis Doukas, Empereur),
Audibert de Massillan de Lussan (famille d')
Anne (Sainte)
Antonin le Pieux (Empereur)
Ardulphe (évêque de Viviers)
Armée des Alpes
B
Baconnier (Chanoine Jean)
Bailly (Pierre) et Gay (Nicolas), marchands-libraires à
Lyon
Banne (Blanche de), ép. Jacques de Froment
Baudelaire (Charles)
Baudoin Ier (Empereur latin)
Baussan (Auguste-Siméon)
Baux (Tacette de), ép. Giraud VIII Adhémar
Bayle
- Mathieu
- Michelle Labeille, ép. Mathieu
Beauvoir (Simone de)
Bellidentis-Rouchon (Thérèse de), ép. Lantouzet
Benoît XII (Pape)
Blacons (Alexandre de Forest, seigneur de Mirabel et de)
Blanc (Marie), ép. Sébastien Reynaud
Bise (tour de)
Bonnet (Mgr Frédéric)
Borg (René)
Borne milliaire de Jovyac
Bosphore
Boucoléon (palais de)
Bourgogne
Brassières (les)
Burnon (évêque de Viviers)
Byzance
C
Capoulier (tour du)
Carré Magique
Carron (Abbé Eustache)
Castelnau (Pierre de, légat du Pape)
Cathares (les)
Chabredier (Ludovic)
Chalon-sur-Saône
Chambon d'Espenel
- Famille
- Jeanne Victoire, ép. Cornet
- Joseph Alexandre, maire
Charles-le-Simple (roi de France)
Chapelles de Rochemaure :
- La Croix de la Lauze
- Saint-Joseph
- Saint-Nicolas
- Saint-Pierre de La Blache
- Sainte-Madeleine
Chapelles de Notre-Dame des Anges
- Notre-Dame des Alènes (aujourd'hui Saint-Jean-Baptiste)
- Sainte-Anne (aujourd'hui Notre-Dame de Lourdes)
- Sainte-Catherine
Charta Vetus (des évêques de Viviers)
Château de Rochemaure (castellum)
Château de Rochemaure (Quartier du)
Château de Rochemaure (route du)
Chemin
- du Chier
- des Échelles
- de Gaudissart
- de Guyon
- de Malbouron
- de Madame
Chenavari (volcan du)
Cheynet de Beaupré
- Alexandrine, née Ferrier
- Famille
- Constantin
- Louise, née Vinson
Cicéron
Le Claud (lieu-dit, à Rochemaure)
Cloches
- de Notre-Dame des Anges
- de Saint-Laurent
Cluny (abbaye de)
Combe
- Anne, née Laroche
- Michel
Constantin (Empereur)
Consuls de Rochemaure
Constantinople
- Pillage de, en 1204
Corne d'Or
Coulet (famille)
Croisade
- des Albigeois
- Quatrième
Cornet
- Jacques
- Victoire, née Chambon d'Espenel
Crégut (Abbé Léon)
Cruas
Curés de Rochemaure
D
Damas
Dandolo (Enrico, doge de Venise)
David (Roi)
Donjon du château
Drôme
Dumas (Félicité), ép. Terrasson de Fougères
E
Élie (Prophète)
Emerich (roi de Hongrie)
Empire latin d'Orient
Empire Romain d'Orient
Escharavil (Eusèbe)
Eugénie (Impératrice)
F
Fages-Vaumale (César, baron de)
Faubourg de Rochemaure
- Le grand-
- Le petit-
Faujas de Saint-Fond (Barthélémy)
Ferrier (Alexandrine), ép.
Cheynet de Beaupré
Fontaines (quartier des)
Fontaines de Rochemaure
- Bernarde (la)
- Croix (la)
- Placette (la)
- Fontaines (les)
Fontes Collarionis (nom romain de Rochemaure)
Foucauld (Bienheureux, Charles de)
Frères Mineurs de Montélimar (couvent des)
Freydières (les, à Saint-Martin l'Inférieur)
Froment (de)
- Jacques
- Blanche de Banne, ép. Jacques
- Gabrielle, ép. Jacques d'Hilaire de Jovyac
Gallade (tour de)
Garnier
- Louis-Aimé
- Suzanne, née Sibleyras
Garnier-Deshières (Claude)
Gaudissart (chemin de)
Gauthier (Esther), veuve Privat
Gauthier (Mathieue), veuve Alène
Gédéon (Prophète)
Gisclon
- Pierre
- Falconnette, ép. de Pierre
Guéménée (Henri-Louis-Marie de Rohan, prince
de)
Gothie (marquis de)
Gras (Gaston)
Grégoire XIII (Pape)
Guast (tour du)
Guyon (tour de)
G
Hautoy (Pauline du), ép. Hyacinthe de Jovyac
Herculanum
Hôpital Saint-Nicolas (de Rochemaure, actuelle mairie)
I
Îles (les, à Rochemaure)
Innocent III (Pape)
Isaac II Ange (Empereur)
J
Jai (Gaston)
Jérusalem
Jovyac (château et seigneurie de)
Jovyac (d'Hilaire de) :
- Château de
- Famille
- Élisabeth
- Jacques Ier
- Jacques III
- Jean-Antoine
- Joséphine, née Verdonnet
- Françoise, née Laniel
- Pauline, née du Hautoy
- Pierre-Marguerite, née Raugrave-Salm
- Régiment de
K
Kübler-Ross (Élisabeth)
L
Lacombe (Jean)
La Bastide (tour et lieu de)
La Blache
Labeille (Michelle), ép. Mathieu Bayle
Lachave (Jeanne), ép. Jacques Alène
Lacombe (Père Jean)
La Coste (quartier de)
La Fare (quartier de)
La Garde-Adhémar
Laniel (Françoise), ép. Jacques III de Jovyac.
Lantouzet
- Famille
- Henri
- Jacques
- Thérèse, née Bellidentis-Rouchon
Laroche (Anne), ép. Michel Combe
Lauragais
Le Blanc
- Famille
- Hercule
Le Masson (Louis)
Les Plans (à Saint-Martin-le-Supérieur)
Louis XV
M
Madame (chemin de)
Maires de Rochemaure
Malincor (Suzanne), ép. de Sibleyras
Manteau (François de)
Marseille (ville)
Marseille (Mabille de)
Massin (Jean-Jacques)
Mercoirol (famille)
Michel (Archange, saint)
Michel-Ange
Moïse (Prophète)
Montélimar
Montferrat (Boniface de)
Montfort (Simon IV de)
N
Nègre (Paul)
Notaires de Rochemaure
Notre-Dame de la Merci (ordre de)
Notre-Dame des Alènes (chapelle, à Notre-Dame des
Anges), actuellement chapelle Saint-Jean-Baptiste
Notre-Dame des Anges
- Cloche de
- Église
Notre-Dame du Pharos (à Constantinople)
Ordre de Saint-Louis
Ordre de la Légion d'honneur
Ordre de Saint-Grégoire le Grand
Ordre de Saint-Jean de Jérusalem
Ordre du Lys
P
Pagnol (Marcel)
Paul (Disciple, saint)
Péages de Rochemaure
Péloponnèse
Pénitents
- Chapelle des
- Confrérie des
- Fresque des
- Tribune des
Péra (ville, au bord de la Corne d'Or)
Peyroles (seigneurie)
Philippe IV le Bel
Pie X (Pape)
Platon
Poitiers-Valentinois (Louis de, évêque de Viviers)
Pont de La Rochecheyrie (famille du)
Portes de Rochemaure :
- du Capoulier (ou portail vieux)
- de Guyon
- de Soucy (ou portail neuf, puis porte Sainte-Marthe)
- de Suchet
P
Prieuré de Rochemaure
Privat de Fressenel
- Famille
- Léonce
- Ernest
- Esther, née Gauthier
R
Raugrave-Salm (Pierre Marguerite de), ép. Jean-Antoine
de Jovyac
Raymond VI (comte de Toulouse)
Régiment des Grenadiers royaux du Lyonnais
Régiment de Jovyac
Remparts
- Vintenum nord
- Vintenum sud
Revue du Vivarais
Reynaud (Oronce, fondeur lyonnais)
Reynaud
- Marie, née Blanc
- Sébastien
Rhône (fleuve)
- Crue de mai 1856
- Crue de décembre 2003
- Îles du
- Via Rhôna
- Vieux pont du
Rignas (ravin de)
Rochemaure (seigneurie et baronnie de)
Rochemaure (ville), passim.
Rochemaure (de)
- Étienne
- Guigon
- Mabille
- Odilon (père)
- Odilon (fils)
- Dame de Thouars, veuve Odilon
- Pierre
Rohan (maison de)
S
Saint-Alban (René)
Saint-Bénigne (cathédrale, à Dijon)
Saint Bonaventure
Saint-Étienne
Saint Jean Chrysostome
Saint Gabriel (archange)
Saint-Laurent de La Fare ou des Vigneaux (église)
Saint-Laurent (église)
- Cloche de
- Mas de
Saint-Laurent (tour de)
Saint-Martin-sur-Lavezon
Saint Michel (archange)
Saint Paul
Saint Raphaël (archange)
Saint Raymond de Penafort
Saint Thomas
Saint Uriel (archange)
Sainte Anne
Sainte-Catherine (chapelle de Notre-Dame des Anges)
Sainte-Croix (église, à Montélimar)
Sainte Marthe
Sainte Véronique
Salce (Chanoine Victor)
Salomon (Roi)
Seguin (Marc)
Serres (Olivier de)
Sibleyras (de)
- Isabeau, née Malincor
- Paul
- Suzanne, ép. Garnier
Soubise (Charles de Rohan-Rohan, prince de)
Soucy (tour de)
Suchet (tour du)
T
Terrasson de Fougères
- Famille
- Félicité, née Dumas
- François
- Henri
Thomas (Apôtre, saint)
Tours
- de Bise
- du Capoulier
- de Gallade
- donjon du château
- du Guast ou de La Bastide ou du Colombier
- de Guyon
- de Notre-Dame des Anges
- de Saint-Laurent
- de Soucy
- du Suchet
U
Urbain II (Pape)
Uzès (diocèse d')
V
Vallette Viallard
- Famille
- Pierre
Venise (république de)
Ventadour (Gilbert III de Lévis, duc de)
Verdier (famille de)
Verdonnet (Joséphine de), ép. Alfred de Jovyac
Véronique (voile de)
Vingtain (droit de)
Vinson (Louise), ép. Cheynet de Beaupré
Vintenum
Vivarais
- États de
- Province
Viviers
- Chapitre
- Évêques de
- Ville
Z
Zara (port, sur l'Adriatique)
Extrait
CHAPITRE I
VOIR ROCHEMAURE ET MOURIR
Comme moi, tu l'aimeras.
Tante Jacqueline le disait : " Qui n'a pas vu Rochemaure,
n'a rien vu " .
Nous irons le mois prochain.
CHAPITRE II
MÉTEMPSYCHOSE
Puis une dame à sa haute
fenêtre (
),
Que, dans une autre existence, peut-être,
J'ai déjà vue
- et dont je me souviens !
Connaissez-vous Henri Lantouzet ?
Quand Isaure traversa le Rhône, elle ne put s'empêcher
de scruter l'eau en y cherchant, peut-être, inconsciemment,
le corps d'Henri.
Pourtant, les gendarmes l'avaient sorti des rives la semaine précédente.
Un pêcheur avait averti la gendarmerie quand, de bon matin,
il avait fait la macabre découverte au milieu des roseaux,
près du nouveau pont de Rochemaure. Le corps, immobile,
flottait douce-ment, les yeux absents tournés vers un soleil
légèrement voilé. Une large plaie entaillait
son crâne.
Isaure avait reçu cet appel téléphonique
un dimanche, de grand matin, péniblement réveillée
par la sonnerie. Depuis, elle revivait la scène en boucle,
comme un refrain obstiné dont on ne parvient pas à
se défaire :
- Bonjour Madame, connaissez-vous Henri Lantouzet ?
- Qui est à l'appareil ?
- Gendarmerie nationale, connaissez-vous Henri Lantouzet ?
- C'est mon fiancé, pourquoi ?
- Nous avons une mauvaise nouvelle à vous annoncer
" Connaissez-vous Henri Lantouzet ? " La rengaine ne
la quittait plus, obsédante.
Elle avait traversé le canal puis le Rhône comme
dans un jeu de pistes, découvrant, redécouvrant
presque les lieux où elle n'avait jamais été
auparavant mais dont il lui avait tant parlé.
" Le canal a peu d'âme, mais quand même. S'il
y a des moutons, c'est que le mistral est vraiment fort. D'ailleurs
les fumées de la centrale ne sont alors pas droites. Tu
sais comment les enfants appellent la centrale nucléaire
? La machine à faire des nuages !... Si j'ai le courage
et que mon matériel tient le coup, j'irai volontiers refaire
un peu de planche sur le Rhône. Tu verras, je n'étais
pas mauvais
"
Il parlait toujours de son pays avec enthousiasme et ces derniers
temps, s'était assigné une priorité : faire
découvrir à sa fiancée le village où
ils se marieraient dans quelques mois. " Tu verras
".
Elle voyait. Mais son cur ne pouvait se réjouir de
ce qu'elle découvrait ou reconnaissait.
" Tu verras, sur le Rhône, à droite en contrebas,
il y a des aigrettes. Elles étaient rares avant, maintenant
il y en a tout le temps ".
Elle avait vu les aigrettes, mais comme maintenant, il y en a
tout le temps
On dit souvent qu'il faut voir le corps du défunt pour
pleinement faire son deuil. Elle l'aurait presque souhaité.
Mais en raison des circonstances imprécises du décès,
celui d'Henri devait faire l'objet d'une autopsie médico-légale.
Il était manifestement tombé d'un peu haut, d'un
pont à l'évidence. Il s'était vraisemblablement
ouvert le crâne en heurtant un rocher, avait perdu connaissance
et s'était noyé. L'autopsie chercherait à
confirmer ou infirmer cette série d'hypo-thèses.
Plaie et noyade étaient les seules certitudes. Les causes
et modalités relevaient du mystère ou de spéculations.
Pas de date d'enterrement envisageable, pas d'accès libre
au corps. Elle flottait dans un néant qui recouvrait toute
sa vie. Aussi avait-elle décidé de se rendre à
Rochemaure pour occuper le temps, avec l'impression de l'y retrouver
un peu, dans ces souvenirs tant de fois évoqués.
Et les lieux lui parlaient.
Pour un étranger, l'avantage d'un village médiéval
touristique est que le passant est pris par la main. Et même
si l'orgueil d'Isaure était un peu blessé de ce
comportement de vulgaire touriste, la solution de facilité
convenait parfaitement à son état léthargique.
Des prospectus gisaient en vrac sur une table basse de la mairie.
Elle en prit quelques-uns et ressortit. Elle ne voulait pas engager
la discussion et se laissait porter par ses pas. Sur le parvis,
elle s'assit sur le rebord de la fontaine en ciment et jeta un
coup d'il aux documents ramassés. En réalité,
pas grand-chose d'autre à faire que de visiter la vieille
cité, son château, son église. Pas de musée,
pas d'expo : la Parisienne se contenterait des balades à
pieds. L'ombre du micocoulier suffisait à peine à
atténuer la clarté du soleil de midi. Elle opta
pour une visite du village d'en bas et s'engagea dans le Faubourg
qui présentait l'immense avantage de se trouver à
l'ombre.
Elle 'connaissait' le Faubourg.
" Tu sais, quand j'étais enfant, dans le Faubourg,
il y avait encore une étable, la ferme des Mercoirol. Des
vaches en plein village, j'ai l'impression d'avoir vécu
au XIXe siècle ! "
Henri avait quarante ans. À supposer qu'il ait eu une dizaine
d'années du temps des vaches des Mercoirol, cela voulait
dire que dans les années 1980, l'étable était
encore là. Il est vrai que c'était étrange
à imaginer aujourd'hui, avec ces ruelles pavées
toutes pro-pres. Les maisons à l'enduit coloré leur
donnaient une petite allu-re provençale, voire italienne
et sur les côtés partaient des venelles enco-re plus
petites, laissant facilement imaginer qu'autre-fois, elles étaient
utiles pour évacuer les eaux, usées ou non. Le Faubourg
descendait puis remontait, débouchant sur une placette,
laquelle ouvrait sur une montée bien raide.
Elle salua une vieille dame toute simple et souriante dans sa
blouse en acrylique. Elle était allée chercher des
mûres dans la plaine et en revenait avec un plein panier.
" Vous en voulez une ou deux ? Attention ça tache
un peu. Je vais faire des confitures pour l'hiver ". Isaure,
sans trop parler, accepta pour ne pas être impolie et suivit
du regard la dame qui rentrait chez elle sans se retourner davantage.
Indiscrète, elle jeta un coup d'il à l'intérieur
de la maison. Elle avait toujours aimé 'regarder chez les
gens', rien que pour voir comment c'est. Elle fut déçue,
l'entrée ouvrant directement sur un escalier étroit
qui montait, roidement, jusqu'à l'étage. La porte
se referma, découvrant un nom sur la boîte aux lettres.
Et elle se souvint. C'était celui de l'ancien boulanger
de Rochemaure. Elle avait donc fugitivement fait connaissance
avec l'ex-boulangère du Faubourg.
Isaure avait réservé une chambre pour une semaine
- peut-être plus, elle verrait - à l'hôtel
qui se trouvait derrière l'Auberge. Comme elle ne voulait
voir personne, elle traversa la 86 , acheta de quoi dîner
discrètement dans sa chambre et rentra. Elle alluma la
télévision pour meubler un peu le silence et rendre
la pièce moins lugubre. Une forme de présence. Elle
déballa son petit sac, sortit la caillette qu'elle mangea
froide avec les doigts, faute de couverts, engloutit les chips
et la cannette de coca puis finit son dîner par un tube
de crème de marrons. Dîner équilibré
s'il en est, en adéquation parfaite avec la solitude des
chambres d'hôtel. Comme elle avait dîné assise
sur son lit, elle secoua une partie des miettes avant de s'enfoncer
sous les draps, en tirant à elle le couvre-lit faisant
office de couverture en la saison.
Éteignant la télévision, elle sortit de sa
valise quelques dizaines de feuillets : c'était l'impression
partielle d'un travail auquel Henri s'était attelé
depuis une année environ, consacré à l'histoire
de Rochemaure. Le titre provisoire en était : Essai d'approches
géogra-phique, géologique, archéologique
et historique des site, château et village de Rochemaure
en Vivarais
Si elle devait le publier post mortem en hommage
à Henri (elle le lui avait promis en riant, un jour qu'elle
se moquait de son travail), il faudrait absolu-ment qu'elle en
changeât l'intitulé qui lui rappelait l'Histoire
des Chevaliers paysans de l'an Mil. Au lac de Paladru . Ce titre
était pour eux l'archétype des intitulés
caricaturaux de thèses universitaires.
Elle avait emporté ces pages afin de se retrouver un peu
avec Henri et pour disposer d'une sorte de 'Guide vert' historique
de Rochemaure. Il lui parlait tellement d'Histoire et elle la
retenait si peu ! Elle souhaitait, en parcourant le village, rafraîchir
des notions qui ne manqueraient pas de lui être rappelées
par les lieux. Défaut de concentration ou effet soporifique
du passage qu'elle lisait, consacré au passé géologique
du pays ? À l'issue de quelques lignes, les feuillets lui
tombèrent des mains. Ayant amplement manqué de sommeil
les jours précédents, depuis l'appel des gendarmes,
elle s'endormit.
Ils avaient trouvé sur le corps tous ses papiers, son portefeuille,
son portable. La thèse d'une chute accidentelle et non
d'un acte crapuleux semblait plausible. Le suicide n'était
pas non plus exclu. Les gendarmes s'étaient renseignés
sur d'éventuelles alertes de disparitions inquiétantes
dans la région et, à défaut, avaient demandé
au maire de Rochemaure, qui était également médecin,
s'il recon-naissait le corps. Le portable était inexploitable
en l'état et il faudrait un peu de temps pour tenter d'en
récupérer les données. Et encore, sans certitudes,
même si le corps avait peu séjourné dans l'eau.
Le maire avait cru reconnaître Henri, ce qui avait facilité
la recherche d'identification par les gendarmes. Le billet de
train Paris-Mon-télimar avait conforté l'hypothèse,
le maire ayant précisé qu'Henri était parisien
mais d'une ancienne famille du pays. Il le connaissait peu.
Henri était parti pour le week-end à Rochemaure.
" Je t'expli-querai " lui avait-il dit avec un clin
d'il. Elle n'avait pas posé plus de questions, subodorant
une surprise liée à leur mariage prévu pour
l'année suivante.
- Nous n'allons pas continuer à vivre dans le péché
! Veux-tu m'épouser ?
- Ça tombe bien, je n'ai pas piscine samedi prochain.
- Il faudra patienter un peu plus, il y a au moins dix jours de
publication des bans je te rappelle
- Pour le dessert on prévoira une pièce montée
en picodons !
Elle préférait l'humour au romantisme fleur bleue.
D'ailleurs, la dernière fois qu'elle avait entendu une
amie vanter le romantisme de son propre mari - lequel venait de
lui offrir une Twingo neuve entourée d'un gros ruban, en
la faisant descendre jusqu'au parking les yeux fermés -,
le couple avait divorcé deux ans plus tard, ledit mari
ayant souhaité rajeunir la marchandise
Passerelle himalayenne
L'expertise médico-légale avait enfin pu avoir lieu
et l'auto-risation d'enterrer avait été délivrée.
Les résultats n'abou-tissaient à aucune donnée
concluante particulière, semblant accré-diter la
thèse de l'accident comme celle du suicide. Henri avait
dû tomber de la passerelle himalayenne, se cogner la tête
sur un galet - l'eau étant souvent peu profonde dans ces
parages - et se serait noyé. La mort par noyade était
donc la cause du décès officiellement retenue, ce
qui n'excluait pas de pouvoir imputer cette noyade à d'autres
hypo-thèses. Ces dernières se résumaient
essentiellement à un accident, à un suicide, voire
à un homicide.
Pourquoi Henri se serait-il mis en danger en enjambant le parapet
assez sécurisé mais pas infranchissable ? Certes,
il lui avait maintes fois parlé de cet endroit qu'il aimait,
où l'un de ses ancêtres, un autre Henri Lantouzet,
avait, de ses deniers, construit avec deux associés le
premier pont de Rochemaure, uvre de Marc Seguin, en 1842.
Mais était-ce une raison pour y avoir laissé la
vie en l'escaladant ?
Quant au suicide, la fiancée heureuse ne pouvait l'envisager.
Henri et elle formaient un petit couple véritablement serein,
lui n'était nullement dépressif et la perspective
du mariage avait renforcé un naturel déjà
joyeux.
Pour l'homicide enfin, il s'agissait d'une thèse surréaliste,
inadap-tée à la vie d'Henri, à ses fréquentations
ou à son compor-tement. Seule la mauvaise rencontre d'un
drogué ou d'un fou, hasard malheureux de la vie, constituait
une hypothèse que l'on ne pouvait écarter, malgré
son caractère improbable.
Isaure était, comme tout bon touriste ou tout Rupismaurien,
allée se promener sur les lieux. Malgré un léger
vertige, elle avait pu traverser le Rhône par le vieux pont,
empruntant la passerelle en se tenant, assez souvent, au bastingage,
le vent s'étant levé et faisant tanguer la structure.
Elle nota au passage la présence exaspérante de
ces pathétiques cadenas dont la seule certitude qu'ils
verrouillent est le risque de nuire (au minimum esthétiquement)
au pont sur lequel ils sont accrochés. La pauvre passerelle
du pont des Arts à Paris en avait déjà fait
les frais. Ces amourettes s'appuient sur des cadenas pour chercher
à être transmutées en Amour. Le véritable
Amour n'est pas pesant, n'est pas glacé comme du métal,
ne verrouille pas et rouille encore moins. Elle fut tentée
de revenir équipée d'une pince-monseigneur, libérer
la passerelle de ces entraves polluantes...
La vue sur le château
était digne d'une carte postale mais elle avait surtout
scruté les flots tourbillonnants du Rhône. Les reflets
sur l'eau du soleil de fin de journée lui faisaient regretter
sa nullité en peinture. Ce devait être passionnant,
pour un artiste, de chercher à capter ces jeux de lumière,
ces mouvements, cette brillance. Fixer avec la lenteur d'un pinceau,
sur une toile, ce qui change à chaque instant. Permanence
dans l'impermanence : les bouddhistes se sont inspirés
des peintres
Elle guettait aussi un indice, une anomalie, un accident du fleuve
qui permette d'avoir une idée de ce qui s'était
passé pour Henri. Elle avait scruté autant de galets,
de lônes et de zones de roseaux qu'il était possible
depuis la passerelle. En vain. Rien n'avait retenu son regard.
L'eau nettoie en profondeur toute trace. " Le meurtrier parfait,
c'est le Rhône ! " Arrête tes délires
- s'autocensura-t-elle -. Tu te fais des romans, comme toujours.
Qui aurait pu vouloir tuer un cadre travaillant dans une entreprise
franco-allemande de roulements à billes ?
Pourtant, le doute subsistait, ancré en elle. Elle ne comprenait
pas.
L'envol lourd d'un héron cendré sous son nez changea
le cours de ses idées. Elle accosta sur la terre ferme,
de l'autre côté du Rhône.
La dame de la plaine
Elle se trouvait donc entre Rhône et canal. Des terres inhabitées,
mais plus ou moins entretenues selon les parcelles. C'étaient
aussi les terres des anciennes îles du Rhône dont
Henri lui avaient dit qu'elles avaient fait l'objet de procès
durant plusieurs siècles, entre le règne d'Henri
II et la fin de l'Ancien régime. Un arrêt du Conseil
d'État de 1806 avait fini par mettre les plaideurs d'accord,
tranchant la question définitivement et attribuant à
deux familles ce que l'on appelait alors les " relaissées
" du fleuve, terres fertiles et convoitées
Elle poussa encore un peu plus loin mais fit demi-tour lorsqu'elle
aperçut une camionnette blanche, garée le long d'un
chemin qui menait vers la route reliant Montélimar à
Rochemaure. Elle avait reconnu cette camionnette anonyme, garée
au milieu de nulle part.
Henri lui avait raconté un jour, riant de lui-même,
une prise de conscience de sa part qui n'avait eu lieu que vers
l'âge de trente ans. Quand il était enfant, âgé
d'une dizaine d'années environ, ses parents allaient, comme
tout un chacun, régulièrement à Montélimar,
faire des courses ou prendre le train. La route entre le canal
et le Rhône est toute droite. Elle traverse successivement
les deux cours d'eau, sur cette forme d'" île "
rendue en très grande partie inconstructible du fait des
risques aigus d'inondations lors des débordements du Rhône.
Pas de maisons, peu d'humains. Le lieu ne se prêtant pas
trop aux promenades, il n'intéresse tout au plus que quelques
pêcheurs occasionnels, et encore. Pourtant, Henri avait
régulièrement observé une dame, assise sur
un pliant, tricotant au milieu de la plaine, au bord de la route.
Elle se tenait régulièrement au même endroit,
quand le temps était suffisamment chaud pour qu'une personne
puisse rester immobile sur une chaise pliante.
Il avait ainsi expliqué à Isaure que, vers la trentaine,
il roulait sur cette même route avec un ami d'enfance de
Rochemaure qui était devenu médecin à Montélimar.
Sur le trajet, l'ami médecin commenta :
- Tiens, la camionnette est là ! L'adresse ne change pas,
elles sont toujours au rendez-vous.
- En effet, elles ont leurs clients réguliers, manifestement.
Les filles doivent se passer le mot, ce ne doit pas être
toujours les mêmes.
- En tout cas, l'adresse est la même depuis toujours, tu
te souviens de celle qui était sur un pliant quand on était
jeunes ?
- La dame qui tricotait ?
- C'est ça !
- C'était une prostituée ?
- Ben bien sûr, que veux-tu qu'elle fasse à tricoter
au milieu de la plaine sur son pliant ?
Ils avaient éclaté de rire.
Henri expliqua à Isaure que si, adulte, il avait depuis
longtemps identifié l'activité des camionnettes
blanches, il n'avait jamais établi de lien avec "
la dame de la plaine " qu'il voyait régulièrement,
quand il était petit, depuis la voiture.
" Je n'avais jamais réalisé ce qu'elle faisait
là ! Et ça ne m'a jamais surpris qu'on puisse poser
son pliant au milieu de nulle part pour tricoter toute la journée
"
Il en riait. La candeur des enfants est un trésor, quel
qu'en soit l'objet.
Ce souvenir qui pourtant, l'avait intérieurement fait sourire,
avait conduit Isaure à rebrousser chemin, pudiquement,
pour ne pas s'approcher de la camionnette blanche, héritière
indirecte de la dame de la plaine.
Elle reprit la passerelle himalayenne en sens inverse mais hâta
un peu le pas, malgré la beauté de la vue offerte
sur le village. Le jour commençait à tomber, le
vent avait décidé de ne pas se coucher et le tangage
devenait déplaisant. Elle s'agrippait à la balustrade.
Peut-être Henri était-il monté sur la passerelle
un jour de grand vent ! Mais de là à passer par-dessus
bord ! Les normes de sécurité draconiennes de cette
passerelle, inaugurée en 2013, aboutissaient à une
hauteur de rampe très rassurante et difficile à
enjamber. Je regarderai la météo du jour de sa mort,
se disait-elle en s'agrip-pant un peu plus et marchant vite sans
trop regarder autour d'elle, le vertige la travaillant un peu.
Elle fixait son regard sur les plaques de métal composant
le tablier de la passerelle. Heureusement, l'ensemble était
en parfait état : pas de trous, pas de plaques dévissées
ou autres. Les pas étaient assurés, mais comment
donc Henri aurait-il pu passer au-dessus de la rambarde ?
" Quand j'étais petit, on venait avec des amis sur
le vieux pont. Il était dans un état de délabrement
avancé. À tel point que l'accès en a carrément
été interdit. Le tablier, composé de poutres
de bois, était défoncé, pourri, des planches
pendaient dans le vide. Il y a même des crétins qui,
un jour, ont fait du feu dessus ! Ça faisait un méchant
trou à contourner. Autant te dire que j'ai, plus d'une
fois, franchi la barrière qui fermait l'accès au
pont : le danger et l'aventure étaient juste derrière
!
Je n'étais pas le seul. Je pense que tous les jeunes du
village ont fait comme nous. On marchait jusqu'à la pile
centrale qui avait brûlé. Il fallait escalader un
peu pour monter dedans, mais c'était parfaitement faisable.
L'escalier en pierre était étroit et sans sécurité
aucune, mais de là-haut, quelle vue ! C'était notre
récompense !
Je te montrerai des photos du vieux pont. Il y en a une avec un
camion en mauvaise posture qui avait commencé à
traverser, du temps où l'on pouvait encore y circuler,
mais le camion dépassait le poids autorisé . Résultat
garanti ! J'ai également trouvé des photos du bombardement
du pont pendant la guerre . Je te montrerai tout cela un de ces
jours, il faut que je fouille dans les papiers des parents ".
Dans la tête d'Isaure, les souvenirs revenaient en rafales
: " Normalement, le mistral se calme en fin d'après-midi.
S'il persiste c'est qu'il soufflera toute la nuit et encore le
lendemain. Tu verras, quand il souffle, il ne fait pas semblant
! "
Et le mistral avait effectivement soufflé toute la nuit.
Il subsistait, bien vivace, au matin. Un vent à décorner
les chèvres. Il alimenterait les conversations du village
pendant la journée. Pour elle, le vent servait aussi à
sécher les larmes.