La Bouquinerie

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Sortie Septembre 2021

VAROUJEAN JINBACHIAN

RÉFUGIÉ DE PAYS EN PAYS
Livre bilingue la moitié en arménien

280 pages. 23 euros

 


Lien pour beaucoup plus de renseignements pour accéder au site de l'auteur

Cliquez ci-dessous

https://jinbachian.wixsite.com/varoujean2021


Présentation le 12 novembre 2021, maison de la culture arménienne de Bourg-les-Valence

 

 

REFUGIE DE PAYS EN PAYS

BIOGRAPHIE
Mon livre réfugié de pays en pays représente la vie d'une époque, lorsque les survivants du génocide des Arméniens étaient éparpillés à travers le monde. Moi-même, né au Liban en 1938 dans les mêmes conditions dans une famille qui non seulement avait le souci quotidien de survie, mais avaient également des difficultés à s'exprimer en arabe, la langue du pays d'accueil. Les Fendejacktsi (les habitants de Fendejack, village en Cilicie) parlaient entre eux le dialecte de leur village (l'arménien mélangé avec des mots en turc). Quant à notre famille, mes parents parlaient le turc à la maison.
J'ai appris l'arménien à l'école des Quarante martyrs de Nor Marache, notre professeur s'appelait Zareh Zarkoun, auteur du livre " sur les doigts du vent ", nous n'avions aucune idée de son talent d'écrivain, mais nous le connaissions comme un orateur hors pair, lorsqu'il déclarait à la tribune que " les chaînes de l'esclavage seraient brisées et que le drapeau tricolore (arménien) flotterait sur le mont Ararat … "
Je me souviens encore l'engouement de ma jeunesse lorsqu'à l'occasion des anniversaires du 28 mai (indépendance de la 1ère république d'Arménie ou 18 février (soulèvement contre les bolchéviques en 1921), on entendait les discours du général Tro Ganayan, Nicol Aghpalian, de Levon Chant et d'autres dirigeants historiques ovationnés par un public debout qui applaudissaient…Dans une telle ambiance nationale.
J'ai suivi dès mon enfance les réunions des adolescents de l'association Rostom de la FRA comme secrétaire et quelques années plus tard j'ai été nommé moniteur de la même association. Adhérent de la FRA (Fédération Révolutionnaire Arménien), j'ai pris en charge le poste de secrétaire du comité " Sartarabat " et par la suite de celui de " Nicol Touman " de Bourj-Hammoud.
J'ai eu l'occasion de participer souvent aux congrès du parti en tant que délégué en apportant ma contribution dans les diverses commissions.
ETUDES
A la sortie de l'école primaire mon père m'a fait inscrire au collège Hovaguimian-Manoukian de l'UGAB (Union Général Arménienne Bienfaisance) du parti ADL Ramgavar (démocrate libérale), le directeur de l'école s'appelait alors Ara Topjian, notre professeur d'histoire était Kersam Aharonian le rédacteur du journal organe du parti ADL Ramgavar Zartonk. J'ai été expulsé du collège à la suite d'une grève. Je me suis retrouvée à la rue au milieu de l'année scolaire, heureusement grâce à l'intervention des dirigeants du comité Sartarabat, j'ai été admis au collège Nchan Palandjian dont le directeur général était Simon Vratzian, le dernier Premier ministre de la première République d'Arménie indépendante de 1918. Je lui ai expliqué les raisons de mon expulsion du collège de l'UGAB. Au Djémaran. J'ai eu l'opportunité de prendre en charge la rédaction du journal étudiant " Tchahagir " (porteur du flambeau) par l'encouragement du poète Mouchegh Ichkhan, directeur du collège. En parallèle j'ai suivi les soirs les cours d'arménogie à l'université Saint-Joseph du père Messerlian en vue de connaître la littérature médiévale. A l'initiative du père Messerlian, j'ai été envoyé au pensionnat des pères jésuites à Cormonreuil près de Reims en France. A la fin de l'année scolaire, je suis retourné au Liban. J'avais la nostalgie de mon pays natal. Sur la route du retour, je visité à Paris les locaux du journal Haratch pour faire la connaissance de Chavarche Missakian, le rédacteur du journal. Je lui ai fait savoir que nous lisions ses articles au Liban dans les " maison du peuple " et nous étions fiers de lui.
DE RETOUR AU LIBAN
De retour au Liban en 1956, arrivée par le bateau, j'ai enseigné le français à 18ans dans l'école l'école Noubarian, le directeur était Mihran Seferian, (intellectuel Hentchakian), le professeur de la langue arménienne était Boghos Snabian le frère de plume d'Antranik Zaroukian rédacteur du mensuel Naïry .
Deux ans après, le comité m'a transféré à l'école des 40 martyrs de Nor Marach où j'ai continué à enseigner durant 20 ans
ACTIVITE CULTURELLE
Dans la vie publique ma préférence a été l'activité culturelle. C'est pourquoi j'ai pris en charge la présidence de l'association culturelle Hamaskaïne de Bourj-Hammoud, qui m'a permis de nouer des relations avec les cercles intellectuels, chanteurs, musiciens, comédiens, etc.
A l'initiative de Hamaskaïne, nous avons organisé un concert de la cantatrice Arpiné Pehlivanian, professeur de l'académie de musique libanaise dans la grande salle Dermelkonian une manifestation dédiée au 100e anniversaire de l'opéra arménien. L'ambassadeur de la république soviétique d'Arménie comme invité d'honneur, a déclaré à la sortie de la salle que " c'était une merveilleuse représentation de l'opéra arménien qu'on n'avait jamais vu dans un pays arabe ". Toujours à l'initiative de Hamaskaïne nous avons organisé des conférences régulières des intellectuels pour lesquels nous avons reçu des messages encourageant des instances supérieures
REFUGIE EN FRANCE
La grave maladie de mon épouse a mis fin à mon activité culturelle. Comme je n'avais pas les moyens financiers pour la soigner j'ai pris la route de réfugié avec 4 enfants mineurs en taxi, en bus, puis par train et je suis arrivé à Valence (France). A la vue de l'état de ma femme agonisante l'assistance sociale Jacqueline Lostal a pris aussi tôt la mesure urgente pour l'envoyer à l'hôpital public. D'abord 3 mois à Valence, puis à Lyon à l'hôpital Les Charpennes. Après l'opération chirurgicale, elle été sauvé mais devenue handicapé sous surveillance médicale.
Entre-temps j'avais présenté ma candidature d'enseignants aux écoles Franco-Arménien. Non seulement ma demande a été rejetée, mais il m'a été conseillé de retourner au Liban. Ne pouvant pas abandonner ma femme à son destin, j'ai cherché du travail manuel et j'ai été embauché dans une menuiserie où j'ai commencé à scier du bois dans la poussière. Fils de charretier, le travail ne me faisait pas peur. Mes aïeux étaient déjà bucherons dans le passé. Par hasard le secrétaire comptable de l'usine a pris des congés de longue maladie et le directeur, compte tenu de mon niveau de bac, m'a transféré au bureau comptable. Pour justifier la décision du directeur, j'ai suivi des cours du soir de comptabilité au centre d'études de Briffault à Valence, le temps de passer l'examen probatoire d'enseignement de comptabilité supérieure .Suite à la crise financière, la menuiserie au seuil de la faillite a déménagé. je suis resté à Valence, confiant sur mon expérience comptable j'ai trouvé rapidement du travail dans deux endroits différents, mais tous les deux ont fait faillite rapidement, je n'ai plus cherché du travail de peur d'une troisième faillite. J'ai été mis à la retraite anticipée ce qui m'a permis d'envoyer des articles humoristiques à l'hebdomadaire Nor Gyank de Los Angeles, le directeur rédacteur du journal était un ancien moine du monastère0 d'Antilias du Liban, il s'appelait Krikor Chenian qui avait réussi à grouper autour du journal des écrivains de divers pays.
Je dois la publication de mon livre à mon fils Nazo, président de la maison de la culture arménienne de Valence qui malgré un emploi de temps surchargé a trouvé le temps pour m'aider dans la réalisation de ce projet. Quant à mon fils Zaré, il a apporté sa contribution financière. J'exprime ma sympathie aux membres de la maison de la culture arménienne de Valence. Grâce à leur collaboration mon livre a vu jour avec comme titre " Réfugié de pays en pays ".
Varoujean Jinbachian

 

 

 

Préface
Le livre de mes écrits humoristiques devait être publié à Erevan par la préface d'Aramaïs SAHAKIAN, Le rédacteur du journal satiri-que VOZNI. Entre-temps, il avait publié l'un de mes con-tes "?Le gen-dre anglais?" en faisant savoir qu'à l'occasion de sa visite à Valence, il avait vu en personne le gendre anglais qui parlait l'armé-nien. Mais la mort d'Aramaïs SAHAKIAN a reporté la publication.
Récemment mon fils Nazo Alain JINBACHIAN, (le président de la Maison de la Culture Arménienne), en tenant compte de l'état de ma santé à souhaité la publication de mon livre pour éviter un second report. Il m'a présenté à l'imprimeur René AJEMIAN qui a été surpris par notre demande.
- Mais qui va lire ce livre en arménien??
L'expérience de l'imprimeur ne lui suscitait pas d'optimisme. Il nous a fait savoir qu'il ne restait plus de lecteurs en langue maternelle parmi les Franco-Arméniens. Il nous a conseillé en marge de l'arménien la traduction française tout en gardant l'esprit et l'expression populaire.
Il est utile de noter que René Adjémian est un imprimeur connu par son Almanach depuis 25 ans dans les départements de l'Ardèche et de la Drôme. Au fil des années, il a imprimé des centaines de livres d'écrivains français, mais pour la première fois on lui demandait d'imprimer un livre en Arménien.
Si la langue maternelle est en perdition par endroits, le cas est différent à VALENCE. Heureusement qu'on l'entend encore dans les cercles de l'église et de la maison de la culture arménienne. Des phares qui illuminent la langue "?magnifique?" de Mesrob Machtotz.
En tenant compte des conseils de Renée Adjemian, Nazo s'est engagé à faire la traduction et la saisie numérique en même temps.
Martine FERRE, Enseignante à l'école publique à SAINT-PERAY a eu la bienveillance de réviser la traduction française.
Marina BEDROSSIAN Membre du conseil d'administration de la maison de la culture arménienne a réalisé la saisi informatique. Zinaida (Susan) PAHLEVANYAN, animatrice de radio A et secrétaire du bureau de la MCA a exprimé sa bonne volonté de présenter le livre sur les ondes de radio A.
Je précise que mes articles humoristiques ont déjà été publiés à Los Angeles dans l'hebdomadaire "?NOR GYANK?" sous le titre "?Nouvelles de France?" .

Ce livre est composé de quatre parties
· Le quotidien de la vie Franco-Arménienne.
· Les contes du monde Français (Libre traduction de faits divers).
· Les reportages satiriques de la presse internationale.
· Mémoires biographiques de la vie Libano-Arménienne.

Je remercie mes fils,
Zareh Jinbachian pour son soutien à ce projet,
Nazo Alain Jinbachian pour sa participation active au niveau de la saisie numérique des textes et ses efforts pour la publication de mon livre sous le titre?:

RÉFUGIÉ DE PAYS EN PAYS

Varoujean JINBACHIAN




MEMOIRES BIOGRAPHIQUES
(De la vie libano arménienne)

 

Le bateau de la vie n'a pas laissé de traces derrière lui,
l'oubli m'a tout pris.
Mes vieux rêves passent comme des nuages,
et le souvenir passe comme une chanson.
Pourtant je me souviens du chemin de mon village,
où je marchais avec mon agneau dans les champs fleuris.
Roupen Vorperian

 

Le bateau de la vie n'a pas laissé la trace de chacun de nous. Roupen Vorperian se souvenait encore du jour, où il marchait avec son agneau sur le chemin de son village.
Moi, je n'ai pas rencontré d'"agneau" sur mon chemin. J'essaierai de tracer sur le papier le chemin parcouru de mon passé.
Je suis né au Liban en 1938, près de Bourj-Hammoud, à Sin-elfil. À une époque où la douleur du génocide arménien était présente dans les esprits. Chaque personne adulte avait une triste histoire du massacre des membres de sa famille.
La nouvelle des massacres était déjà arrivée jusqu'au village Fendejack (en Cilicie). Auparavant, les villageois avaient mené une résistance héroïque mais cette fois l'armée turque avais entrepris une attaque massive pour éliminer sa population arménienne.
LA VIE DES RÉFUGIÉS
Mon père (à l'âge de 11/ 12 ans) avait rejoint un groupe de villageois avec son père. Ils avaient laissé les lampes allumées pour éviter tout soupçon. Ceux qui pouvaient marcher s'étaient mis en route dans l'espoir de revenir un jour. Mais ce jour n'était jamais arrivé. Les personnes restées au village, femmes et enfants, ainsi que les malades et les personnes âgées avaient été volées, massacrées. Depuis, aucune nouvelle de leur village… Mon père pensait souvent à sa mère.
- J'avais une mère affectueuse, disait-il.
Quand j'ai entendu parler de la tragédie du village de mon père, il s'était déjà passé des dizaines d'années. Entre-temps, mon père s'était marié et, il avait formé une famille nombreuse. Je lui ai proposé d'aller visiter ensemble son village natal. Il avait, sans doute, gardé des souvenirs d'enfance.
- Non, mon fils ! Dit-il, ils nous tueront…
L'horreur du génocide était encore présente dans sa mémoire. Il ne voulait pas que je devienne, moi aussi, une victime de son village.
Mon père se souvenait encore d'une chanson que le Varjabed (l'enseignant de maternelle) avait appris aux enfants:
" Si les poètes de Koghten ont gardé le silence, que les esprits immortels descendent du ciel pour sentir le sang versé des Arméniens… " (Allusion faite aux combattants de Vartan contre la volonté des Perses qui voulaient convertir les arméniens chrétiens à l'adoration du feu, au cinquième siècle).
Mon père, encore enfant, ne savait pas que le sang arménien coulerait à nouveau au 20ème siècle. Les esprits immortels n'étaient pas en mesure d'empêcher le génocide perpétré par le gouvernement ottoman.
Le célèbre chef d'orchestre Hampartzoum Berberian nous a appris la même chanson, lorsque je fréquentais l'école secondaire Hovakimian Manoukian de l'UGAB (LIBAN). C'était la même chanson. J'étais ému en pensant qu'à la veille du génocide le Varjabed du village avait transmis l'esprit national aux élèves de maternelle.
Ainsi, mon père, dès son jeune âge, avait rejoint le groupe des réfugiés de son village. Certains réfugiés étaient restés sur les routes, incapables de continuer. Le souci quotidien était devenu un cauchemar. Les réfugiés, bien que travailleurs, n'étaient pas habitués au climat chaud du Proche-Orient, ils n'avaient aucune connaissance de la vie sociale environnante. Ils ne parlaient pas l'arabe et aucune langue étrangère. Ils parlaient seulement le dialecte de leur village. Ils étaient bûcherons, agriculteurs, éleveurs de bétail…
On racontait qu'un jour au Liban, quelques réfugiés chargés de haches et de scies s'étaient mis en route à la recherche de travail. Au Liban, il n'y avait pas de pension pour les personnes âgées. Ils devenaient un fardeau pour leurs proches. Ils ont marché jusqu'à Antelias (10km) à la recherche du travail, mais en vain…, essoufflés, fatigués, ils sont entrés au monastère arménien. Sa Sainteté, le catholicos Zareh a été surpris de la présence de ces inconnus, chargés de scies et de haches devant la porte de la cathédrale.
- Que voulez-vous ? Que cherchez-vous ? demanda-t-il.
- Nous sommes venus allumer des cierges pour trouver un travail.
Finalement, sa sainteté s'est rendu compte qu'ils étaient des bûcherons. Ému, il les invita à manger… puis il leur demanda :
-- Combien gagnez-vous dans une journée ?
Ensuite, en donnant à chacun leurs revenus journaliers il leur dit :
- J'ai besoin de vous, je vous appellerai un jour.
Bien entendu, il ne les a pas appelé. Sa Sainteté n'avait pas besoin de bûcherons, mais plutôt de philanthropes pour subvenir aux besoins du monastère.
Les bûcherons rendirent grâce à Dieu d'avoir touché leur revenu journalier.
Au retour, toujours à pied, ils ont remarqué un camion en panne au bord de la route.
- Vous tombez bien, s'est exclamé le chauffeur, poussez un peu le camion.
Les vieux bûcherons ne comprenaient pas l'arabe mais par les gestes du chauffeur, ils ont compris qu'il fallait pousser le camion. A peine poussé, le moteur s'est mis en marche et le camion s'est éloigné. Les bûcherons n'ont pas pu récupérer leurs outils déposés à l'arrière du camion.
Ce jour-là, ils avaient gagné leur salaire journalier mais ils avaient perdu leurs haches et leurs scies.
NAZAR JINBACHIAN
Parmi les réfugiés, Nazar Jinbachian a été le plus débrouillard. . Il avait acheté un vieux camion. Assis à côté du chauffeur il faisait l'aller-retour de Beyrouth à Alep. Il s'occupait du commerce d'huile de Hama (Syrie), qui était bien appréciée par les ménagères. Il s'enrichit rapidement grâce à ce commerce. Il fit construire une belle maison à deux niveaux à Nor Marache. Il loua le premier étage à une famille. Il habita au deuxième avec sa femme et ses deux enfants. La fez (Chapeau Ottoman) à la tête, il était devenu une personne importante. On l'appelait Nazar " Agha ". (Seigneur). D'autant plus, qu'il avait fait un don à l'occasion de la construction de l'église des Quarante-Martyrs à Nor Marache. L'un des piliers de l'église était béni en son nom. Ainsi, du rang de réfugié il s'était élevé au niveau des " Aghas " grâce au commerce de l'huile de Hama.
Nazar Agha était l'oncle de mon père. Je le croisais parfois sur le chemin de la maternelle lorsque je fréquentais l'école des Quarante-Martyrs de Nor Marache. Face à lui, je criais de joie :
- Emmy … (Oncle) …
Mon Emmy était généreux, la fez à la tête, il me gâtait en me donnant de l'argent et en ajoutant :
- Bravo, mon fils…
Je me considérais privilégié d'avoir un tel emmy, alors que les autres enfants des réfugiés n'avaient pas la même chance.
Nazar Emmy n'a pas eu de garçon digne de sa fez. Seulement deux charmantes filles. L'une des filles, Marie Jinbachian a fréquenté le collège Nechan Palandjian. Diplômée, elle est devenue enseignante à l'école de l'église des Quarante-Martyrs, dont un des piliers était béni au nom de son père.
MON PÈRE " ARABADJI ARTINE "
Mon père, par rapport à Nazar Agha était de taille moyenne, un modeste charretier, c'est pourquoi on l'appelait Arabadji (charretier) Artin. Il n'avait pas de fez à la tête. Il avait sept enfants (cinq garçons et deux filles), j'étais le troisième. L'un de mes frères avait été victime de la fête de " vartavar". A l'occasion de cette fête populaire, les voisins versaient de l'eau les uns sur les autres, pour purifier le corps et l'âme. Une tradition païenne qui se continuait depuis millénaire. Les gens rigolaient en voyant la victime arrosée. Un voisin, avait plongé mon frère de deux ans dans sa piscine en lui souhaitant d'être le prodige de ses parents. Mais les vœux prononcés avaient donné un résultat contraire : " l'enfant avait attrapé froid et décédé " racontait ma mère.
SÉJOUR À MARSEILLE:
Mon père s'était marié très jeune. Il s'était rendu compte que le travail de charretier n'était pas convenable pour un jeune homme. Il avait entendu dire qu'il y avait de bonne perspective de travail dans le port de Marseille.
- Tu seras mieux là-bas, avait conseillé un ami.
Mais cet ami ne lui avait pas expliqué qu'il devait apprendre le français et s'adapter aux conditions de vie sur place. D'autant plus qu'il n'avait pas de compétences professionnelles.
Jeunes mariés, ma mère et mon père étaient arrivés à Marseille en bateau dans l'espoir d'un avenir radieux.
Au cours de leur séjour de sept ans ma mère avait donné naissance à deux garçons ; Melkon et Grégoire. Mon père, jeune marié, avait mis toute son énergie pour réaliser le rêve français. Mais il était fatigué, surtout par sept années de travail de soudure. Il avait décidé de retourner au Liban, mais ma mère n'avait pas été d'accord. Elle avait aimé La France.
- Les gens étaient gentils, polis, disait-elle à diverses occasions.
A la naissance des enfants, elle avait été bien impressionnée par le soin des infirmières en maternité. Elles l'avaient appelée " la petite dame ", faisant allusion à son jeune âge.
Ma mère se rappelait également la visite des maris à leur épouse.
- En se rapprochant de leur lit, ils faisaient la bise, alors que mon mari restait debout en face de moi comme un pilier.
- Pourquoi ton mari ne t'embrasse pas ? avait demandé la dame d'à côté.
- Si, il m'embrasse mais dans le noir, loin des yeux. Nos maris considèrent qu'il est honteux d'embrasser leur femme devant les autres, avait expliqué ma mère.
En présence des enfants, ma mère évitait de parler des amoureux s'embrassant dans la rue …
RETOUR À SIN-EL-FIL
Mon père avait finalement décidé de rentrer au Liban. Il se souvenait du temps où les sangles du cheval dans les mains, il passait près des champs, pour respirer l'air frais. Si l'odeur pestilentielle du cuir de l'entreprise de Tchatalbachian arrivait jusqu'au camp Tiro, cette pollution n'existait pas à Sin-El-Fil.
A son retour au Liban,
- Pourquoi êtes-vous revenu de France ? demandaient des amis.
- Ma vie là-bas était la vie d'un cheval, j'ai préféré retourner à mon travail de charretier. Ici, le cheval travaille, moi je mange, répondait mon père.
- N'aviez-vous pas de patience ? demandaient d'autres.
- De loin les battements de tambour sont agréables aux oreilles disait mon père.
Décision prise, il avait acheté une parcelle de terrain juste en face de la maison de son père, qui jouait le saze.
L'oncle Melkon avait joué déjà le violon dans son village natal. Quant à mon père, il était simplement charretier. Si l'oncle Melkon avait fait vibrer les cordes du violon, mon père savait tirer sur les sangles du cheval. A force de travail, il avait construit d'abord une chambre à coucher pour la famille et une écurie pour le cheval. Ensuite une chambre d'hôtes, une cuisine, une salle de bains etc…
Les nuits d'hiver, nous entendions la grêle tomber sur le toit de l'écurie. Entre la maison et l'écurie il avait planté un figuier , un oranger et un petit verger, dont les feuilles grimpaient jusqu'au toit, pour protéger la maison de la chaleur de l'été.
J'ai ouvert les yeux en février 1938, à Sin-El-Fil, lorsque mes parents avaient une vie confortable. La nature environnante était belle. Au loin sur les collines de Beyt-Mery, les forêts étaient magnifiques. Il était agréable de se promener à travers des chemins sinueux des bois, entourés de fleurs champêtres. Les plantes sauvages répandaient un parfum enivrant.
Le nom de mon père Arabaji Artine était connu désormais par les commerçants et les hommes d'affaires.
Le matin, il transportait des fruits et des légumes du marché central de Beyrouth pour le compte des marchands. L'après-midi il transportait du ciment et du sable pour la construction des maisons.
Pendant le trajet, il parlait avec son cheval. Si les pédagogues savaient parler aux enfants, mon père, quant à lui, savait parler au cheval. D'après sa manœuvre, l'animal avançait ou s'arrêtait
En dehors de son travail, mon père n'avait pas de divertissement. Il n'avait pas le temps pour les jeux de société. Son seul loisir était une balade chaque dimanche matin. Parfois, il m'emmenait avec lui. Père et fils, assis sur le cheval, nous traversions le fleuve Nahr, qui séparait Bourj-Hammoud de Beyrouth. C'était une récompense pour son travail hebdomadaire. En même temps, un loisir gratuit pour mon père qui ne dépensait pas d'argent ni aux jeux ni aux courses.
Les excursions du dimanche avec mon père, l'image du cheval flottant sur le fleuve sont restés longtemps dans ma mémoire d'enfant. Souvenir d'enfance passé à Sin-El-Fil.
BÉNÉDICTION DE LA MAISON
A l'occasion de Noël et de Pâques, mon père, fils de paysan, chrétien fidèle pratiquant, invitait le prêtre de l'église des Quarante martyrs de Nor-Marache à venir bénir notre maison. Il faisait bénir tour à tour la chambre à coucher, la chambre des invités, la cuisine etc.… Le parfum de l'encens se répandait partout, dans toute la maison.
Je me souviens qu'une fois, après la bénédiction, mon père courut derrière le prêtre :
- Mon père ! Mon père ! On a oublié le plus important…
- Qu'est-ce qu'il y a… ? Qu'est-ce que nous avons oublié ? demanda le prêtre tout à fait surpris :
- Nous avons oublié de bénir le cheval !
Le prêtre et mon père sont entrés dans l'écurie. Le parfum de l'encens s'est répandu, cette fois-ci autour du cheval. Le prêtre a fait le signe de la croix sur le front du cheval pour qu'il soit à l'abri de tout accident. Heureusement, le cheval était resté tranquille pendant toute la cérémonie. Apparemment, il n'avait rien compris à cette bénédiction. Mais si on lui avait offert en même temps un peu de paille et de l'avoine, il aurait mieux compris les services spirituels du prêtre de l'église !
Mon père était très content. Il l'a rémunéré une deuxième fois pour la bénédiction du cheval. Ce qui était normal car le prêtre aurait pu bénir d'autres maisons de Nor Marache, sans compter le temps de trajet et la fatigue générée.

INSCRIPTION À L'ÉCOLE DES QUARANTES MARTYRS
Mon père ne savait ni lire ni écrire. Enfant réfugié, Il n'avait pas eu l'occasion de s'instruire. Mais il voulait que nous recevions une éducation dans la tradition arménienne. Il était convaincu que tôt ou tard nous allions apprendre l'arabe dans la vie quotidienne.
À cette fin, il avait fait inscrire mes deux frères et moi-même à l'école apostolique Arménienne des Quarante Martyrs de Nor-Marache, à 4 Km de Sin El-Fil.
En hiver, nous allions à l'école un simple sac à la main pour nous protéger de la pluie. A midi, nous mangions dans une salle aménagée. Parfois notre nourriture (dattes enroulées de fromage préparées par ma mère) était avalée par d'autres. Nous gardions l'appétit pour dîner, le soir, à la maison. Tous, nous étions des enfants réfugiés. L'important était l'éducation scolaire.
MES PARENTS
Survivants du génocide, mes parents parlaient le turc à la maison. Mes deux frères aînés avaient déjà commencé à parler arménien. Deux de mes plus jeunes sœurs et mon plus jeune frère et moi-même nous parlions arménien à la maison comme à l'école.
Dans certaines rues, sur les murs, était affiché "Répondez en Arménien à celui qui parle le turc". Nous suivions ce slogan. Ma sœur Vartouk chantait de belles chansons traditionnelles. Et ma sœur, Loucine, encore élève à l'école primaire, lisait des œuvres littéraires. Même lorsqu'elle était devenue mère de famille, elle a fréquenté les cours d'arménologie du père Messerlian à l'université Saint Joseph. Elle avait envie de connaître la littérature médiévale. Le père Messerlian était un personnage exceptionnel, qui avait fondé l'arménologie au Liban. Auparavant, elle était enseignée au monastère de l'église apostolique d'Antélias et au monastère catholique de Zemmar. Des années plus tard, des cours d'arménologie ont été créés à Djemaran et au collège protestant Haigazian.
Mon frère Vartan (le cadet de la famille) a suivi les réunions de la jeunesse de la FRA. À la suite de la mort prématurée de mon père, il n'a pas eu l'occasion de fréquenter l'enseignement secondaire. Dès son jeune âge, il a commencé à travailler. Mais il a toujours gardé l'esprit national. A ce jour, en tant qu'abonné du journal Aztag Libano-Arménien, il s'informe de la vie arménienne au travers de la diaspora.
Il a été obligé d'apprendre un métier. En achetant une machine à coudre, il a commencé à confectionner des chemises. Il n'avait pas encore de revenus suffisants, lorsqu'il a acheté une guitare avec son argent de poche. Autodidacte, chanteur guitariste, il a commencé à créer l'ambiance à l'occasion des fêtes de la jeunesse. Dans la famille Jinbachian, il s'est révélé un chanteur-guitariste… quelques mois après, il avait déjà monté son propre orchestre
LES ORCHESTRES
Il y avait deux orchestres à Bourj-Hammoud, commune de 50 000 habitants environ. L'orchestre d'Avedis Antossian et celui de Vartan Jinbachian. Ils se rendaient gratuitement à l'invitation des fêtes de la jeunesse arménienne.
Les deux orchestres mentionnés n'avaient pas un budget spécifique pour le transport, ni pour l'investissement de leurs instruments de musique. L'existence des orchestres était conditionnée par le commerce des gâteaux et des chemises. Avedis préparait de délicieuses pâtisseries pour les restaurants et pour les salons de thé, alors que Vartan faisait l'aller-retour des villes, de Beyrouth à Tripoli pour montrer ses nouvelles créations aux commerçants. Avedis devait faire attention à la préparation des gâteaux en sentant l'odeur du beurre et des œufs, tandis que Vartan devait harmoniser le bruit de la machine à coudre avec le jazz-musique de la jeunesse.
À un autre niveau, existaient, également, les orchestres de Lévon Katerdjian et Adis Harmandian. Lévon était un chanteur bien aimé dans les milieux patriotiques. Il chantait des chants traditionnels et mélancoliques de Komitas. Adis était maître des chansons de la jeunesse arménienne et chantait pour les jeunes amoureux. Tous les deux étaient devenus des stars de la scène.
LA CHANTEUSE ARPINE PEHLIVANIAN
Mais la vedette des chansons classiques était Arpiné. Professeur au conservatoire de musique libanaise. Elle avait accepté l'invitation de l'association culturelle de Hamaskaïne de Bourj Hammoud pour réaliser un concert dans la grande salle Der-Melkonian.
La manifestation dédiée au 100e anniversaire de l'opéra arménien était une réussite. Le journal indépendant Ayk a fait largement écho de cet événement. L'ambassadeur de la république d'Arménie au Liban présent sur invitation spéciale de notre association a déclaré à la sortie de la salle que " c'était une merveilleuse représentation de l'opéra arménien qu'on n'avait jamais vu dans un pays arabe ". Au Liban, il y avait bien sûr d'autres artistes chanteurs, pianistes, violonistes et trompettistes etc… J'ai cité les noms de ceux avec qui j'étais en relation dans le cadre de l'activité culturelle de l'association de Hamaskaïne.
ASSOCIATION CULTURELLE HAMASKAÏNE
Les rassemblements littéraires dominicaux de Hamaskaïne, sous le nom " le culte de la littérature " étaient également remarquables. Tandis que les croyants allaient prier à l'église, les amateurs de la littérature se rassemblaient (entre 40 et 50 personnes) pour se communiquer sur la littérature. Filles et garçons, les écrivains amateurs lisaient leurs écrits en prose et en poésie autour d'une tasse de café. On échangeait sous diverses formes : ces évènements réguliers étaient uniques dans la vie Libano-arménienne à Bourj-Hammoud.
Je me souviens d'un débat organisé par Hamaskaïne " Y-a-t-il une âme ou pas après la mort ?". Le débat a fait sensation surtout qu'il était publié dans la presse. L'important était de trouver un prêtre ou un évêque. Nous pensions qu'il était plus facile de trouver un homme d'église qu'un théoricien matérialiste. Mais, c'est le contraire qui s'est produit. Vahé Ochagan, conférencier à l'université américaine a accepté volontiers notre invitation, tout en ajoutant " que cette nouvelle n'arrive pas aux oreilles de Sa Sainteté ". Nous savions qu'il l'apprendrait tôt ou tard mais ce n'était pas notre problème. L'important était que l'écho de l'activité de Hamaskaïne arrive jusqu'au monastère. Mais il n'a pas été possible de trouver un homme d'église qui accepte notre invitation. " La foi n'est pas un sujet de discussion ! " ont-ils déclaré. Nous nous sommes adressés aux prêtres catholiques mais nous avons reçu le même refus, la foi n'était pas débattable… Nous nous sommes tournés vers le célèbre poète Jacques Hagopian publiquement connu, ses poésies étaient appréciées de tous. " Il faut que je demande d'abord ", dit-il. Nous avons eu l'impression qu'il devait prendre l'autorisation de quelqu'un, mais quand il a dévoilé sa pensée, nous avons compris qu'il devait s'inspirer par la prière pour donner une réponse. Quelques jours après, il nous a fait savoir qu'il avait prié longtemps, finalement il était arrivé à la conclusion qu'il ne pouvait pas accepter notre invitation. Si l'antagoniste pouvait convaincre quelques personnes pendant le débat il se considérerait comme responsable. Heureusement, le pasteur Manassé Shnorhokian, rédacteur en chef des journaux protestants Tchanasser et Badanegan Artzagank (Echo d'adolescent) a accepté volontiers de participer aux débats. Le problème était la capacité de la salle. Le public pourrait-il entrer dans la petite salle où se déroulaient les réunions de Hamaskaïne ?
La veille de la manifestation, la salle au troisième étage était déjà bondée tandis que d'autres attendaient sur les escaliers dans l'espoir de trouver une place. Les noms de Vahé Ochagan, professeur à l'université américaine et du pasteur Manassé Shnorhokian rédacteur en chef des deux journaux protestants avaient suscité un vif intérêt. Nous avons préféré diriger le public à l'étage inférieur de la maison du peuple, une salle spacieuse où se déroulait habituellement les réunions du parti de la FRA.
J'ai ouvert les débats en lisant quelques textes du professeurs Vahé Ochagan et du Pasteur Manassé Shnorhokian qui étaient assis au premier rang. Ils n'étaient pas au courant de ce que j'allais lire. D'abord une note de Vahé Ochagan " La dinde est passée d'un côté de la rue à l'autre et après ? " Aux lecteurs de comprendre pourquoi la dinde était passée d'un côté à l'autre de la rue… simplement il voulait dire que certaines personnes venaient au monde et passaient leur vie sans laisser de trace.
J'ai lu également une note du pasteur :
" Jeune homme, j'ai un conseil à te donner : marie-toi ! vos parents, votre sœur ou votre frère ne sont pas d'accord ? marie-toi ! tes amis ou tes connaissances vont rigoler ? Marie-toi ! "
En tant que pasteur, Manassé Shnorhokian donnait de bons conseils aux jeunes : se marier rapidement pour rester à l'écart des tentations, mais il y avait un problème, les parents voulaient confier leurs filles à des jeunes financièrement autonomes alors que les filles préféraient les prétendants qui possédaient des voitures. Je connaissais certaines personnes de petite taille qui avaient des difficultés de trouver une fille et achetant une voiture ils se sont mariés rapidement. Le pasteur suivait le dicton populaire " le temps que le sage réfléchisse, le rigolo devient père de famille ". Quant au sujet du débat " Y a-t-il une âme après la mort ou pas ? " il m'était inconnu, je n'avais aucune idée des esprits visibles ou invisibles. J'avais lu seulement que nos ancêtres en écoutant les mouvements des feuilles des arbres avaient deviné la conversation des esprits.
Vahé Ochagan et Manassé Shnorhokian savaient probablement quelque chose du monde des esprits pour développer leurs théories.
Vahé Ochagan a décrit les préjugés du passé, les mystérieux phénomènes de la flore et de la faune, comment les yeux d'un chat brillant dans l'obscurité avaient poussé les gens à l'adorer… Au fur et à mesure les croyances avaient été modifiés grâce aux révélations des prophètes. Les croyants iraient au paradis alors que les pécheurs seraient brûlés en enfer… : il a cité une théorie de la philosophie moderne " il n'y a que l'homme sur terre, Dieu est mort" D'après la compréhension populaire, Dieu était éternel et c'était l'homme qui allait mourir…
Contre la citation de Vahé Ochagan de la philosophie moderne Manassé Shnorhokian a opposé un psaume de l'Évangile
- Heureux l'homme qui ne marche pas dans le conseil des impies car ils sont comme les pailles que chasse le vent. C'est pourquoi les impies ne resteront pas debout au jour du jugement dernier.
Manassé Shnorhokian a expliqué que l'homme était créé de la poussière avec la bénédiction de Dieu et deviendrait de la poussière après la mort. L'esprit cependant devait apparaître lors du jugement dernier. Ce n'était pas la peine de se livrer aux exercices philosophiques car Le Christ avait dit "soyez comme les enfants car le royaume des cieux leur appartient ".
Ensuite, j'ai donné la parole aux cafetier Karnik Vosganian ; " seule la tombe du Christ était restée vide, car il avait ressuscité " a déclaré le cafetier croyant. Karnik Vosganian qui était une personne respectée, savait honorer ses amis en buvant de l'arak à leur santé. A son avis l'arak n'avait rien à avoir avec l'évangile. Tout en buvant à la santé des autres, il était resté fidèle à la croyance chrétienne.
Parmi les présents, il y avait aussi une personne aveugle qui voulait parler en levant le doigt. J'ai donné la parole : " Je n'ai pas eu la chance dans ce monde de voir mes parents, j'espère les voir à travers mes yeux spirituels dans le monde céleste car je suis croyant "
Les paroles de la personne aveugle étaient émouvantes, l'échange des idées pouvait durer encore longtemps. J'ai remercié les présents d'avoir assisté aux débats. Hamaskaïne n'avait pas la vocation de juger les intervenants. Les membres du conseil d'administration de Hamaskaïne n'avaient pas le niveau universitaire pour se mêler aux discussions philosophiques. L'important était de réunir les différentes couches de la société arménienne ; artisans ou intellectuels, croyants ou non croyants autour de Hamaskaïne en vue de sauvegarder l'arménité dans différents pays hors de l'Arménie.

 

 

TABLE DES MATIERES

Préface 7

MEMOIRES BIOGRAPHIQUES 9
La vie des réfugiés 10
Nazar Jinbachian 12
Mon père " Arabadji Artine " 12
Séjour à Marseille: 13
Retour à Sin-El-fil 14
Bénédiction de la maison 15
Inscription à l'école des Quarantes Martyrs 16
Mes parents 17
Les Orchestres 18
La chanteuse Arpiné Pehlivanian 18
Association culturelle Hamaskaïne 19
Ma passion pour la littérature 22
Mort accidentelle de Nazar Agha Jinbachian 23
Déménagement de Sin-el-fil à Nor Marache: 24
Affaire avec un ami 24
Activités commerciales 25
Collège Hovakimian Manoukian de l'UGAB 26
Le Duel des hymnes 28
Comment ai-je été expulsé de l'école Hovakimian-Manoukian 28
Collège Nchan Palandjian 29
Le Professeur d'histoire Karnik Guzelian 31
Le Chef de la Chorale Koussan 32
Le Père Messerlian, l'Arménologue 33
Prières sur la tombe de ma grande mère 34
Le Collège des Pères Jésuites 35
Visite à la rédaction de "Haratch" 35
Connaissance sur le bateau 36
Enseignant à l'école primaire Noubarian 38
Préparation au Baccalauréat 41
Rencontre avec le prélat 43
"Paros" l'hebdomadaire satirique 45
Satire à Bourj Hammoud 46
Esprit révolutionnaire 47
Visite en Arménie soviétique 48
Vers Léningrad 50
Léningrad 51
Moscou 51
Retour à Beyrouth 52
Vol, Enlèvement dans les quartiers de Beyrouth 53
Réfugié en France 54

DE LA VIE FRANCO-ARMENIENNE 56
Appel du fond du cœur 56
Le gendre anglais 57
Qui a répendu cette nouvelle ? 60
L'adoration du soleil 62
Quand irons-nous au casino ? 64
Qui était l'âne ? 68
La voix de la jeune fille venait de la salle de bain 69
Dans le magasin d'antiquaire 70
Leurs yeux s'étaient croisés : 73
Mano et le poker 76

Nos excuses , nous ne pouvons pour le moment éditer les caractères arméniens

 

BULLETIN DE COMMANDE


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VAROUJEAN JINBACHIAN
RÉFUGIÉ DE PAYS EN PAYS
au prix de ......... 23 euros + 7 euros

 

Chez le même éditeur
La Bouquinerie, 77 avenue des Baumes, 26000 Valence, France
www.labouquinerie.com (0033) (0)688083596

 

ARAM TURABIAN. L'Éternelle Victime de la Diplomatie Euro-péenne
Les Volontaires Arméniens en 14-18 sous le drapeau français
LE DESTIN DE L'ARMÉNIE ENTRE LES TRAITÉS DE SÈVRES ET DE LAUSANNE LE GÉNÉRAL ANTRANIK ET LES AUTRES HÉROS

Ce livre est tout à fait exceptionnel car l'auteur, responsable des Volontaires Armé-niens, nous fait revivre avec de très nombreux détails les relations compliquées entre les nations européennes et l'Arménie représentée en France par la Délégation arménienne. De très nombreuses lettres, documents, courriers, textes des traités sont fidèlement reproduits et commentés par l'auteur. L'engagement des combattants Arméniens sur tous les fronts (Verdun mais aussi en Orient) pendant la guerre de 14-18 est minutieusement relaté et agrémenté d'une importante iconographie. L'histoire de nos vaillants Volontaires Arméniens est remarquablement mise en valeur mais l'auteur est aussi critique envers ses compatriotes, intellectuels, politiciens et acteurs de la reconstruction de la communauté après le Génocide des Arméniens en 1915. C'est tout ce qui fait de ce livre d'Aram Turabian, qui était un témoin privilégié de cette période trouble, un des plus beaux hommages rendus à l'histoire de l'Arménie.
Ouvrage agrémenté de très nombreuses photographies
Table des matières : 1. L'Arménie et la Turquie. 2. A la Députation ottomane. 3. Appel aux Arméniens en 1914 en faveur de la France. 3. Les Volontaires Arméniens sur le front français. 5. Les Arméniens et la guerre. 6. Les Arméniens au Moyen Âge. 7. La grande manifestation de la Sorbonne en 1916 en l'honneur de l'Arménie. 8. Les lettres officielles. 9. La Légion arménienne et la France. Le Mandat français ou le Mandat américain. 10. Le Rapport officiel dé la Délégation nationale arménienne présenté au Quai d'Orsay. 11. Le sauvetage des 5 000 Arméniens du mont Djebal-Moussa par l'escadre française. 12. Épisode du sauvetage : l'enfant arménien. 13. M. Raymond Poincaré. 14. La République arménienne et la Russie. 15. Lettre ouverte à M. Tchitcherine. 16. L'Arménie et la Grèce. 17. Les lettres du Gouvernement grec.
18. La lettre du maréchal Franchet d'Esperey à M. Venizelos, La lettre du général Milne au général d'Anglis. 19. La Légion arménienne du général Torcom. 20. La vérité sur la tragédie de Smyrne, par M. le chanoine Poliarpe Scagliarini. 21. Le général major Antranik. 22. Boghos Pacha Nubar. 23. M. Noradounghian. 24. M. Aharonian. 25. M. Tchobanian. 26. Les richards Arméniens. 27. Le Traité de Sèvres, le Traité de Lausanne, le Traité d'Alexandropol et M. Clemenceau. 28. Conclusion. Importantes annexes.

" CE LIVRE, TOTALEMENT INTROUVABLE ENFIN RÉÉDITÉ, EST UN ÉMOUVANT ET PRÉCIEUX TÉMOIGNAGE À LA GRANDE HISTOIRE DE L'ARMÉNIE ". RENÉ ADJÉMIAN, ÉDITEUR.
300 pages. 16 x 24 cm. Nombreuses photos. 25 euros

Volontaires Arméniens.
1914-1916
Grand format 21 x29 cm à l'italienne. 100 pages sur beau bouffant ivoire. Plus de 150 photos reproduites. Reproduction fidèle de l'édition ancienne en fac-similé. Nous avons reproduit le texte original en français, russe et arménien. A été rajouté une préface de René Adjémian et une postface de Krikor Amirzayan.
Voici enfin réédité un livre fort rare dont nous n'avons retrouvé aucune trace dans toutes les bibliothèques du monde. Cette édition de La Bouquinerie apporte ainsi sa modeste pierre à l'édifice de l'Histoire de l'Arménie. Tiré à très petit nombre, cet album " Volontaires Arméniens " édité à Petrograd - aujourd'hui Saint-Pétersbourg, en Russie - en 1916 en français, russe et arménien retrace cette épopée de sang et de larmes. Avec parfois quelques larmes de joie après les victoires arméniennes sur les troupes ennemies. Des dizaines de volontaires Arméniens, généraux, commandants ou simples soldats se sont ainsi illustrés lors des heures les plus tragiques du peuple arménien à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. De ces pages d'Histoire, écrites par ces fédaïns ou volontaires Arméniens, quelques images nous sont parvenues comme autant de témoignages figés d'une époque terrible où le destin entier d'un peuple bascula entre survie et néant.
Ainsi cet ouvrage met à la disposition d'un plus grand nombre de lecteurs, ces documents photographiques et commentaires d'époque qui sont autant de témoignages pour les générations présentes et futures. Nombre de ces clichés sont très rares, voir inconnus. Que les lecteurs prennent autant de plaisir que nous à parcourir les pages de cet album-témoignage qui nous replonge dans les instants où la tragédie côtoie le pathétique, où l'angoisse de la mort et la joie de la victoire s'expriment dans les regards de ces hommes au courage exceptionnel. Que cet ouvrage aide ces héros célèbres ou anonymes qui ont la plupart payé de leur vie " les chemins de la liberté ", à revivre l'espace d'un regard ou d'une lecture dans votre cœur et dans vos esprits.
Pour des instants d'éternité. Pour l'Arménie d'hier et d'aujourd'hui. L'ordre d'exter-mination des Arméniens de l'Empire ottoman était donné dès le 24 avril 1915 avec l'arrestation et la disparition par les autorités turques de près de 600 intellectuels Arméniens par les Turcs. Malgré le génocide qui frappait le peuple, les Arméniens ont résisté et brillamment. Certains ont pris les armes pour ne pas se laisser égorger comme des moutons. C'est cette épopée héroïque que nous vous invitons à revivre dans cet album tiré de l'oubli... J'espère que vos yeux brilleront quelques instants sur ces images qui sont autant de témoignages sur l'Histoire d'un peuple vivant une tragédie : celle du génocide qui était en cours en Arménie.
C'est peut-être aussi grâce à ces hommes héroïques que le peuple arménien ne fut pas totalement anéanti et donna naissance quelques années plus tard à la République d'Arménie. Tel le mythique phœnix, l'Arménie renaissait de ses cendres par la magie de ces hommes qui n'avaient qu'une devise " la liberté ou la mort ! ".

" UNE PAGE GLORIEUSE DE L'HISTOIRE ARMÉNIENNE... VIVRE LIBRE OU MOURIR ! ", RENÉ ADJÉMIAN
EAN : 9782847941272. 150 pages. 19 euros

David Vinson. LES ARMÉNIENS DANS LES RÉCITS DES VOYAGEURS FRANÇAIS DU XIXe SIÈCLE (1796-1895).
Histoire et voyage & Histoires de voyages. Le Français, l'Orient & l'Arménien au XIXe siècle.
Comment Lamartine, Théophile Gautier ou Alexandre Dumas percevaient-ils les Arméniens ? Quels regards un modeste botaniste comme Rémy Aucher-Eloy, un éminent archéologue à l'instar de Georges Perrot ou un missionnaire jésuite tel le Révérend Père Amédée de Damas, jetaient-ils sur ce peuple éclaté entre les empires ottoman, perse et russe ? Quelles étaient les images des Arméniens véhiculées par les voyageurs français du XIXe siècle ? Cette double aventure du voyage et de l'écriture, aux temps du romantisme, du positivisme et de l'orientalisme, a engendré un imaginaire à la fois pittoresque et colonialiste. Au sein de cet univers façonné par l'esprit et l'âme française de l'époque, " l'Arménien réel " et " l'Arménien rêvé ", se nourrissent l'un de l'autre, s'opposent et se contredisent parfois. Des stéréotypes, des clichés des a priori se figent ; une société, des mystères, des scènes de vie se dévoilent. L'Arménien du XIXe siècle se découvre ainsi au gré des périples, au gré des récits de voyage. Mais est-ce la réalité ? Est- ce l'imaginaire ?
UN LIVRE CAPITAL POUR L'HISTOIRE DE L'ARMENIE (RENE ADJEMIAN).
Isbn : 2-84794-026-X. 350 pages. Couverture avec rabats. 45 euros

Henri Siranyan. Contes et légendes d'Arménie. Les anciennes croyances arméniennes
Henri Siranyan, auteur des Flâneries arméniennes en Drôme-Ardèche, nous livre ici l'antique panthéon arménien et un florilège de contes issus des légendes recueillis dans la mémoire collective de ce pays.
S'il est un pays où la tradition et la légende s'imbriquent avec le temps, c'est bien l'Arménie. L'histoire se conte ainsi, en cette terre de légendes, et fait obstacle à la tirade maintes fois entendues : " Point n'est besoin de remonter au déluge pour raconter… ". Car en ce domaine, il est impossible de faire autrement. En effet tout commence avec notre ancêtre Noé, qui au sommet du mont Ararat, s'écria : " Je vois la terre ! ", et plantant la vigne, le patriarche immortalisera le pays que les historiens appelleront Arménie. Les ménestrels l'ont chantée en glorifiant cette terre de Naïri, et les soirs, dans les chaumières, le visiteur écoutait les troubadours chantant l'envol de l'oiseau
migrateur, par une ode à la grue, à la lueur des bougies... C'est dans ce monde où la légende s'imbrique dans le vrai et où la tradition forge l'histoire, ce lieu de la terre où domine l'Ararat et où coule l'Araxe, que l'histoire s'est inscrite dans les mémoires.
LE PAGANISME SOURCE DE LEGENDES, LES POEMES EPIQUES, LE DEV, ARCHAG LE MALICIEUX, AZAD ET LA FAUCHEUSE, ACHOD, L'ANE ET DIABLE, HOVHANNES ET TAMERLAN, HOVIG LE MALICIEUX, LA BELLE THAMAR, LE LUTIN DE DILIDJAN, NAZAR LE BRAVE, SARO ET LA CHEVRE, SEMBAT LE VAILLANT, SOUREN ET ANAHID, VAHAN LE LOUP, VANIG ET LA GRENOUILLE...
Isbn : 9782847941654. 150 pages. 13 euros
Henri Siranyan. Flâneries arméniennes en Drôme-Ardèche.
Les historiens qui se sont penchés sur l'histoire du peuple arménien, n'ont pas fini d'être étonnés par sa vitalité et par sa propension à renaître coûte que coûte, malgré les tragédies qui ont jalonné son histoire. Cet ouvrage permet de découvrir l'intégration d'un peuple déraciné, dans ses joies et ses peines, dans sa vie au quotidien, à travers les " Flâneries " hebdomadaires publiées par le Dauphiné Libéré. Ces rubriques, recueillies dans ce livre, nous font découvrir l'enfance, l'adolescence et aussi la vie d'adulte de ces enfants d'émigrés qui ont réussi à s'insérer dans la société malgré les difficultés de la guerre et de l'occupation. Des " Nouvelles " complètent l'ouvrage pour faire plus amplement connaissance avec cette communauté, dans ses différences, voire son exotisme, ou pour relater les épisodes dans le quotidien d'un peuple exilé depuis la tragédie génocidaire de 1915.

Henri Siranyan est issu de cette génération, la première née en France après le génocide arménien de 1915. Né à Romans dans la Drôme en 1935, expert-comptable et enseignant universitaire retraité, il consacre son temps à l'histoire de sa communauté. Ayant vécu dans son enfance la triste période de la guerre et de l'occupation, ses souvenirs, narrés dans un style direct où alternent l'émotion et l'humour, font resurgir les instants où se mêlent les jeux d'enfants avec l'histoire d'une ville en reconstruction, Valence, ou même dans la Drôme et l'Ardèche. Il est également l'auteur d'une étude sur la littérature arménienne et d'un dictionnaire des principaux écrivains et poètes arméniens.

" UNE BELLE PAGE DE L'HISTOIRE DES ARMÉNIENS " RENÉ SAINT-ALBAN
" CET OUVRAGE FAIT PARTIE DE L'HÉRITAGE CULTUREL D'UN PEUPLE ", ALAIN BALSAN.
320 pages. 19 euros

Henri Siranyan. Nouvelles Flâneries arméniennes en Drôme-Ardèche.
Préface de Nicolas Daragon, maire de Valence.
Ces Nouvelles Flâneries reprennent les articles publiées chaque semaine dans le Dauphiné Libéré. Ces chroniques, recueillies dans ce livre, nous font découvrir l'enfance, l'adolescence et aussi la vie d'adulte de ces enfants d'émigrés qui ont réussi à s'insérer dans la société malgré les difficultés de la guerre et de l'occupation. Des tranches de vie qui nous font revivre, avec une tendre délicatesse, des portraits hauts en couleur mais aussi quelquefois très humbles.
Henri Siranyan est l'auteur de plusieurs ouvrages sur l'Arménie : une étude sur la littérature arménienne ainsi qu'un dictionnaire des principaux écrivains et poètes arméniens. Il nous livre ici le second opus de ses Nouvelles Flâneries arméniennes en Drôme-Ardèche. Il vient aussi de publier " Contes et légendes d'Arménie précédés des anciennes croyances arméniennes ".
" LES BELLES PAGES DE L'ARMÉNIE EN DRÔME-ARDÈCHE ", RENÉ SAINT-ALBAN
" A TRAVERS CES ARTICLES, PUBLIÉS CHAQUE SEMAINE DANS LE DAUPHINÉ LIBÉRÉ, L'INTELLIGENCE ET UNE GRANDE ÉRUDITION SE FAMILIARISENT AVEC L'HORIZON DES PERSONNES ET DES LIEUX CONTEMPLÉS ", NICOLAS DARAGON
" C'EST À NOUS TOUS DÉSORMAIS DE PERPÉTUER SON ŒUVRE ", VALÉRIE SIRANYAN

EAN : 9782847941586. 250 pages. 19 euros.

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