Livre bilingue la moitié en arménien |
Présentation le 12 novembre 2021, maison de la culture arménienne de Bourg-les-Valence
REFUGIE DE PAYS EN PAYS
BIOGRAPHIE
Mon livre réfugié de pays en pays représente
la vie d'une époque, lorsque les survivants du génocide
des Arméniens étaient éparpillés à
travers le monde. Moi-même, né au Liban en 1938 dans
les mêmes conditions dans une famille qui non seulement
avait le souci quotidien de survie, mais avaient également
des difficultés à s'exprimer en arabe, la langue
du pays d'accueil. Les Fendejacktsi (les habitants de Fendejack,
village en Cilicie) parlaient entre eux le dialecte de leur village
(l'arménien mélangé avec des mots en turc).
Quant à notre famille, mes parents parlaient le turc à
la maison.
J'ai appris l'arménien à l'école des Quarante
martyrs de Nor Marache, notre professeur s'appelait Zareh Zarkoun,
auteur du livre " sur les doigts du vent ", nous n'avions
aucune idée de son talent d'écrivain, mais nous
le connaissions comme un orateur hors pair, lorsqu'il déclarait
à la tribune que " les chaînes de l'esclavage
seraient brisées et que le drapeau tricolore (arménien)
flotterait sur le mont Ararat
"
Je me souviens encore l'engouement de ma jeunesse lorsqu'à
l'occasion des anniversaires du 28 mai (indépendance de
la 1ère république d'Arménie ou 18 février
(soulèvement contre les bolchéviques en 1921), on
entendait les discours du général Tro Ganayan, Nicol
Aghpalian, de Levon Chant et d'autres dirigeants historiques ovationnés
par un public debout qui applaudissaient
Dans une telle ambiance
nationale.
J'ai suivi dès mon enfance les réunions des adolescents
de l'association Rostom de la FRA comme secrétaire et quelques
années plus tard j'ai été nommé moniteur
de la même association. Adhérent de la FRA (Fédération
Révolutionnaire Arménien), j'ai pris en charge le
poste de secrétaire du comité " Sartarabat
" et par la suite de celui de " Nicol Touman "
de Bourj-Hammoud.
J'ai eu l'occasion de participer souvent aux congrès du
parti en tant que délégué en apportant ma
contribution dans les diverses commissions.
ETUDES
A la sortie de l'école primaire mon père m'a fait
inscrire au collège Hovaguimian-Manoukian de l'UGAB (Union
Général Arménienne Bienfaisance) du parti
ADL Ramgavar (démocrate libérale), le directeur
de l'école s'appelait alors Ara Topjian, notre professeur
d'histoire était Kersam Aharonian le rédacteur du
journal organe du parti ADL Ramgavar Zartonk. J'ai été
expulsé du collège à la suite d'une grève.
Je me suis retrouvée à la rue au milieu de l'année
scolaire, heureusement grâce à l'intervention des
dirigeants du comité Sartarabat, j'ai été
admis au collège Nchan Palandjian dont le directeur général
était Simon Vratzian, le dernier Premier ministre de la
première République d'Arménie indépendante
de 1918. Je lui ai expliqué les raisons de mon expulsion
du collège de l'UGAB. Au Djémaran. J'ai eu l'opportunité
de prendre en charge la rédaction du journal étudiant
" Tchahagir " (porteur du flambeau) par l'encouragement
du poète Mouchegh Ichkhan, directeur du collège.
En parallèle j'ai suivi les soirs les cours d'arménogie
à l'université Saint-Joseph du père Messerlian
en vue de connaître la littérature médiévale.
A l'initiative du père Messerlian, j'ai été
envoyé au pensionnat des pères jésuites à
Cormonreuil près de Reims en France. A la fin de l'année
scolaire, je suis retourné au Liban. J'avais la nostalgie
de mon pays natal. Sur la route du retour, je visité à
Paris les locaux du journal Haratch pour faire la connaissance
de Chavarche Missakian, le rédacteur du journal. Je lui
ai fait savoir que nous lisions ses articles au Liban dans les
" maison du peuple " et nous étions fiers de
lui.
DE RETOUR AU LIBAN
De retour au Liban en 1956, arrivée par le bateau, j'ai
enseigné le français à 18ans dans l'école
l'école Noubarian, le directeur était Mihran Seferian,
(intellectuel Hentchakian), le professeur de la langue arménienne
était Boghos Snabian le frère de plume d'Antranik
Zaroukian rédacteur du mensuel Naïry .
Deux ans après, le comité m'a transféré
à l'école des 40 martyrs de Nor Marach où
j'ai continué à enseigner durant 20 ans
ACTIVITE CULTURELLE
Dans la vie publique ma préférence a été
l'activité culturelle. C'est pourquoi j'ai pris en charge
la présidence de l'association culturelle Hamaskaïne
de Bourj-Hammoud, qui m'a permis de nouer des relations avec les
cercles intellectuels, chanteurs, musiciens, comédiens,
etc.
A l'initiative de Hamaskaïne, nous avons organisé
un concert de la cantatrice Arpiné Pehlivanian, professeur
de l'académie de musique libanaise dans la grande salle
Dermelkonian une manifestation dédiée au 100e anniversaire
de l'opéra arménien. L'ambassadeur de la république
soviétique d'Arménie comme invité d'honneur,
a déclaré à la sortie de la salle que "
c'était une merveilleuse représentation de l'opéra
arménien qu'on n'avait jamais vu dans un pays arabe ".
Toujours à l'initiative de Hamaskaïne nous avons organisé
des conférences régulières des intellectuels
pour lesquels nous avons reçu des messages encourageant
des instances supérieures
REFUGIE EN FRANCE
La grave maladie de mon épouse a mis fin à mon activité
culturelle. Comme je n'avais pas les moyens financiers pour la
soigner j'ai pris la route de réfugié avec 4 enfants
mineurs en taxi, en bus, puis par train et je suis arrivé
à Valence (France). A la vue de l'état de ma femme
agonisante l'assistance sociale Jacqueline Lostal a pris aussi
tôt la mesure urgente pour l'envoyer à l'hôpital
public. D'abord 3 mois à Valence, puis à Lyon à
l'hôpital Les Charpennes. Après l'opération
chirurgicale, elle été sauvé mais devenue
handicapé sous surveillance médicale.
Entre-temps j'avais présenté ma candidature d'enseignants
aux écoles Franco-Arménien. Non seulement ma demande
a été rejetée, mais il m'a été
conseillé de retourner au Liban. Ne pouvant pas abandonner
ma femme à son destin, j'ai cherché du travail manuel
et j'ai été embauché dans une menuiserie
où j'ai commencé à scier du bois dans la
poussière. Fils de charretier, le travail ne me faisait
pas peur. Mes aïeux étaient déjà bucherons
dans le passé. Par hasard le secrétaire comptable
de l'usine a pris des congés de longue maladie et le directeur,
compte tenu de mon niveau de bac, m'a transféré
au bureau comptable. Pour justifier la décision du directeur,
j'ai suivi des cours du soir de comptabilité au centre
d'études de Briffault à Valence, le temps de passer
l'examen probatoire d'enseignement de comptabilité supérieure
.Suite à la crise financière, la menuiserie au seuil
de la faillite a déménagé. je suis resté
à Valence, confiant sur mon expérience comptable
j'ai trouvé rapidement du travail dans deux endroits différents,
mais tous les deux ont fait faillite rapidement, je n'ai plus
cherché du travail de peur d'une troisième faillite.
J'ai été mis à la retraite anticipée
ce qui m'a permis d'envoyer des articles humoristiques à
l'hebdomadaire Nor Gyank de Los Angeles, le directeur rédacteur
du journal était un ancien moine du monastère0 d'Antilias
du Liban, il s'appelait Krikor Chenian qui avait réussi
à grouper autour du journal des écrivains de divers
pays.
Je dois la publication de mon livre à mon fils Nazo, président
de la maison de la culture arménienne de Valence qui malgré
un emploi de temps surchargé a trouvé le temps pour
m'aider dans la réalisation de ce projet. Quant à
mon fils Zaré, il a apporté sa contribution financière.
J'exprime ma sympathie aux membres de la maison de la culture
arménienne de Valence. Grâce à leur collaboration
mon livre a vu jour avec comme titre " Réfugié
de pays en pays ".
Varoujean Jinbachian
Préface
Le livre de mes écrits humoristiques devait être
publié à Erevan par la préface d'Aramaïs
SAHAKIAN, Le rédacteur du journal satiri-que VOZNI. Entre-temps,
il avait publié l'un de mes con-tes "?Le gen-dre anglais?"
en faisant savoir qu'à l'occasion de sa visite à
Valence, il avait vu en personne le gendre anglais qui parlait
l'armé-nien. Mais la mort d'Aramaïs SAHAKIAN a reporté
la publication.
Récemment mon fils Nazo Alain JINBACHIAN, (le président
de la Maison de la Culture Arménienne), en tenant compte
de l'état de ma santé à souhaité la
publication de mon livre pour éviter un second report.
Il m'a présenté à l'imprimeur René
AJEMIAN qui a été surpris par notre demande.
- Mais qui va lire ce livre en arménien??
L'expérience de l'imprimeur ne lui suscitait pas d'optimisme.
Il nous a fait savoir qu'il ne restait plus de lecteurs en langue
maternelle parmi les Franco-Arméniens. Il nous a conseillé
en marge de l'arménien la traduction française tout
en gardant l'esprit et l'expression populaire.
Il est utile de noter que René Adjémian est un imprimeur
connu par son Almanach depuis 25 ans dans les départements
de l'Ardèche et de la Drôme. Au fil des années,
il a imprimé des centaines de livres d'écrivains
français, mais pour la première fois on lui demandait
d'imprimer un livre en Arménien.
Si la langue maternelle est en perdition par endroits, le cas
est différent à VALENCE. Heureusement qu'on l'entend
encore dans les cercles de l'église et de la maison de
la culture arménienne. Des phares qui illuminent la langue
"?magnifique?" de Mesrob Machtotz.
En tenant compte des conseils de Renée Adjemian, Nazo s'est
engagé à faire la traduction et la saisie numérique
en même temps.
Martine FERRE, Enseignante à l'école publique à
SAINT-PERAY a eu la bienveillance de réviser la traduction
française.
Marina BEDROSSIAN Membre du conseil d'administration de la maison
de la culture arménienne a réalisé la saisi
informatique. Zinaida (Susan) PAHLEVANYAN, animatrice de radio
A et secrétaire du bureau de la MCA a exprimé sa
bonne volonté de présenter le livre sur les ondes
de radio A.
Je précise que mes articles humoristiques ont déjà
été publiés à Los Angeles dans l'hebdomadaire
"?NOR GYANK?" sous le titre "?Nouvelles de France?"
.
Ce livre est composé de quatre parties
· Le quotidien de la vie Franco-Arménienne.
· Les contes du monde Français (Libre traduction
de faits divers).
· Les reportages satiriques de la presse internationale.
· Mémoires biographiques de la vie Libano-Arménienne.
Je remercie mes fils,
Zareh Jinbachian pour son soutien à ce projet,
Nazo Alain Jinbachian pour sa participation active au niveau de
la saisie numérique des textes et ses efforts pour la publication
de mon livre sous le titre?:
RÉFUGIÉ DE PAYS EN PAYS
Varoujean JINBACHIAN
MEMOIRES BIOGRAPHIQUES
(De la vie libano arménienne)
Le bateau de la vie n'a pas laissé de traces derrière
lui,
l'oubli m'a tout pris.
Mes vieux rêves passent comme des nuages,
et le souvenir passe comme une chanson.
Pourtant je me souviens du chemin de mon village,
où je marchais avec mon agneau dans les champs fleuris.
Roupen Vorperian
Le bateau de la vie n'a pas laissé la trace de chacun
de nous. Roupen Vorperian se souvenait encore du jour, où
il marchait avec son agneau sur le chemin de son village.
Moi, je n'ai pas rencontré d'"agneau" sur mon
chemin. J'essaierai de tracer sur le papier le chemin parcouru
de mon passé.
Je suis né au Liban en 1938, près de Bourj-Hammoud,
à Sin-elfil. À une époque où la douleur
du génocide arménien était présente
dans les esprits. Chaque personne adulte avait une triste histoire
du massacre des membres de sa famille.
La nouvelle des massacres était déjà arrivée
jusqu'au village Fendejack (en Cilicie). Auparavant, les villageois
avaient mené une résistance héroïque
mais cette fois l'armée turque avais entrepris une attaque
massive pour éliminer sa population arménienne.
LA VIE DES RÉFUGIÉS
Mon père (à l'âge de 11/ 12 ans) avait rejoint
un groupe de villageois avec son père. Ils avaient laissé
les lampes allumées pour éviter tout soupçon.
Ceux qui pouvaient marcher s'étaient mis en route dans
l'espoir de revenir un jour. Mais ce jour n'était jamais
arrivé. Les personnes restées au village, femmes
et enfants, ainsi que les malades et les personnes âgées
avaient été volées, massacrées. Depuis,
aucune nouvelle de leur village
Mon père pensait
souvent à sa mère.
- J'avais une mère affectueuse, disait-il.
Quand j'ai entendu parler de la tragédie du village de
mon père, il s'était déjà passé
des dizaines d'années. Entre-temps, mon père s'était
marié et, il avait formé une famille nombreuse.
Je lui ai proposé d'aller visiter ensemble son village
natal. Il avait, sans doute, gardé des souvenirs d'enfance.
- Non, mon fils ! Dit-il, ils nous tueront
L'horreur du génocide était encore présente
dans sa mémoire. Il ne voulait pas que je devienne, moi
aussi, une victime de son village.
Mon père se souvenait encore d'une chanson que le Varjabed
(l'enseignant de maternelle) avait appris aux enfants:
" Si les poètes de Koghten ont gardé le silence,
que les esprits immortels descendent du ciel pour sentir le sang
versé des Arméniens
" (Allusion faite
aux combattants de Vartan contre la volonté des Perses
qui voulaient convertir les arméniens chrétiens
à l'adoration du feu, au cinquième siècle).
Mon père, encore enfant, ne savait pas que le sang arménien
coulerait à nouveau au 20ème siècle. Les
esprits immortels n'étaient pas en mesure d'empêcher
le génocide perpétré par le gouvernement
ottoman.
Le célèbre chef d'orchestre Hampartzoum Berberian
nous a appris la même chanson, lorsque je fréquentais
l'école secondaire Hovakimian Manoukian de l'UGAB (LIBAN).
C'était la même chanson. J'étais ému
en pensant qu'à la veille du génocide le Varjabed
du village avait transmis l'esprit national aux élèves
de maternelle.
Ainsi, mon père, dès son jeune âge, avait
rejoint le groupe des réfugiés de son village. Certains
réfugiés étaient restés sur les routes,
incapables de continuer. Le souci quotidien était devenu
un cauchemar. Les réfugiés, bien que travailleurs,
n'étaient pas habitués au climat chaud du Proche-Orient,
ils n'avaient aucune connaissance de la vie sociale environnante.
Ils ne parlaient pas l'arabe et aucune langue étrangère.
Ils parlaient seulement le dialecte de leur village. Ils étaient
bûcherons, agriculteurs, éleveurs de bétail
On racontait qu'un jour au Liban, quelques réfugiés
chargés de haches et de scies s'étaient mis en route
à la recherche de travail. Au Liban, il n'y avait pas de
pension pour les personnes âgées. Ils devenaient
un fardeau pour leurs proches. Ils ont marché jusqu'à
Antelias (10km) à la recherche du travail, mais en vain
,
essoufflés, fatigués, ils sont entrés au
monastère arménien. Sa Sainteté, le catholicos
Zareh a été surpris de la présence de ces
inconnus, chargés de scies et de haches devant la porte
de la cathédrale.
- Que voulez-vous ? Que cherchez-vous ? demanda-t-il.
- Nous sommes venus allumer des cierges pour trouver un travail.
Finalement, sa sainteté s'est rendu compte qu'ils étaient
des bûcherons. Ému, il les invita à manger
puis il leur demanda :
-- Combien gagnez-vous dans une journée ?
Ensuite, en donnant à chacun leurs revenus journaliers
il leur dit :
- J'ai besoin de vous, je vous appellerai un jour.
Bien entendu, il ne les a pas appelé. Sa Sainteté
n'avait pas besoin de bûcherons, mais plutôt de philanthropes
pour subvenir aux besoins du monastère.
Les bûcherons rendirent grâce à Dieu d'avoir
touché leur revenu journalier.
Au retour, toujours à pied, ils ont remarqué un
camion en panne au bord de la route.
- Vous tombez bien, s'est exclamé le chauffeur, poussez
un peu le camion.
Les vieux bûcherons ne comprenaient pas l'arabe mais par
les gestes du chauffeur, ils ont compris qu'il fallait pousser
le camion. A peine poussé, le moteur s'est mis en marche
et le camion s'est éloigné. Les bûcherons
n'ont pas pu récupérer leurs outils déposés
à l'arrière du camion.
Ce jour-là, ils avaient gagné leur salaire journalier
mais ils avaient perdu leurs haches et leurs scies.
NAZAR JINBACHIAN
Parmi les réfugiés, Nazar Jinbachian a été
le plus débrouillard. . Il avait acheté un vieux
camion. Assis à côté du chauffeur il faisait
l'aller-retour de Beyrouth à Alep. Il s'occupait du commerce
d'huile de Hama (Syrie), qui était bien appréciée
par les ménagères. Il s'enrichit rapidement grâce
à ce commerce. Il fit construire une belle maison à
deux niveaux à Nor Marache. Il loua le premier étage
à une famille. Il habita au deuxième avec sa femme
et ses deux enfants. La fez (Chapeau Ottoman) à la tête,
il était devenu une personne importante. On l'appelait
Nazar " Agha ". (Seigneur). D'autant plus, qu'il avait
fait un don à l'occasion de la construction de l'église
des Quarante-Martyrs à Nor Marache. L'un des piliers de
l'église était béni en son nom. Ainsi, du
rang de réfugié il s'était élevé
au niveau des " Aghas " grâce au commerce de l'huile
de Hama.
Nazar Agha était l'oncle de mon père. Je le croisais
parfois sur le chemin de la maternelle lorsque je fréquentais
l'école des Quarante-Martyrs de Nor Marache. Face à
lui, je criais de joie :
- Emmy
(Oncle)
Mon Emmy était généreux, la fez à
la tête, il me gâtait en me donnant de l'argent et
en ajoutant :
- Bravo, mon fils
Je me considérais privilégié d'avoir un tel
emmy, alors que les autres enfants des réfugiés
n'avaient pas la même chance.
Nazar Emmy n'a pas eu de garçon digne de sa fez. Seulement
deux charmantes filles. L'une des filles, Marie Jinbachian a fréquenté
le collège Nechan Palandjian. Diplômée, elle
est devenue enseignante à l'école de l'église
des Quarante-Martyrs, dont un des piliers était béni
au nom de son père.
MON PÈRE " ARABADJI ARTINE "
Mon père, par rapport à Nazar Agha était
de taille moyenne, un modeste charretier, c'est pourquoi on l'appelait
Arabadji (charretier) Artin. Il n'avait pas de fez à la
tête. Il avait sept enfants (cinq garçons et deux
filles), j'étais le troisième. L'un de mes frères
avait été victime de la fête de " vartavar".
A l'occasion de cette fête populaire, les voisins versaient
de l'eau les uns sur les autres, pour purifier le corps et l'âme.
Une tradition païenne qui se continuait depuis millénaire.
Les gens rigolaient en voyant la victime arrosée. Un voisin,
avait plongé mon frère de deux ans dans sa piscine
en lui souhaitant d'être le prodige de ses parents. Mais
les vux prononcés avaient donné un résultat
contraire : " l'enfant avait attrapé froid et décédé
" racontait ma mère.
SÉJOUR À MARSEILLE:
Mon père s'était marié très jeune.
Il s'était rendu compte que le travail de charretier n'était
pas convenable pour un jeune homme. Il avait entendu dire qu'il
y avait de bonne perspective de travail dans le port de Marseille.
- Tu seras mieux là-bas, avait conseillé un ami.
Mais cet ami ne lui avait pas expliqué qu'il devait apprendre
le français et s'adapter aux conditions de vie sur place.
D'autant plus qu'il n'avait pas de compétences professionnelles.
Jeunes mariés, ma mère et mon père étaient
arrivés à Marseille en bateau dans l'espoir d'un
avenir radieux.
Au cours de leur séjour de sept ans ma mère avait
donné naissance à deux garçons ; Melkon et
Grégoire. Mon père, jeune marié, avait mis
toute son énergie pour réaliser le rêve français.
Mais il était fatigué, surtout par sept années
de travail de soudure. Il avait décidé de retourner
au Liban, mais ma mère n'avait pas été d'accord.
Elle avait aimé La France.
- Les gens étaient gentils, polis, disait-elle à
diverses occasions.
A la naissance des enfants, elle avait été bien
impressionnée par le soin des infirmières en maternité.
Elles l'avaient appelée " la petite dame ", faisant
allusion à son jeune âge.
Ma mère se rappelait également la visite des maris
à leur épouse.
- En se rapprochant de leur lit, ils faisaient la bise, alors
que mon mari restait debout en face de moi comme un pilier.
- Pourquoi ton mari ne t'embrasse pas ? avait demandé la
dame d'à côté.
- Si, il m'embrasse mais dans le noir, loin des yeux. Nos maris
considèrent qu'il est honteux d'embrasser leur femme devant
les autres, avait expliqué ma mère.
En présence des enfants, ma mère évitait
de parler des amoureux s'embrassant dans la rue
RETOUR À SIN-EL-FIL
Mon père avait finalement décidé de rentrer
au Liban. Il se souvenait du temps où les sangles du cheval
dans les mains, il passait près des champs, pour respirer
l'air frais. Si l'odeur pestilentielle du cuir de l'entreprise
de Tchatalbachian arrivait jusqu'au camp Tiro, cette pollution
n'existait pas à Sin-El-Fil.
A son retour au Liban,
- Pourquoi êtes-vous revenu de France ? demandaient des
amis.
- Ma vie là-bas était la vie d'un cheval, j'ai préféré
retourner à mon travail de charretier. Ici, le cheval travaille,
moi je mange, répondait mon père.
- N'aviez-vous pas de patience ? demandaient d'autres.
- De loin les battements de tambour sont agréables aux
oreilles disait mon père.
Décision prise, il avait acheté une parcelle de
terrain juste en face de la maison de son père, qui jouait
le saze.
L'oncle Melkon avait joué déjà le violon
dans son village natal. Quant à mon père, il était
simplement charretier. Si l'oncle Melkon avait fait vibrer les
cordes du violon, mon père savait tirer sur les sangles
du cheval. A force de travail, il avait construit d'abord une
chambre à coucher pour la famille et une écurie
pour le cheval. Ensuite une chambre d'hôtes, une cuisine,
une salle de bains etc
Les nuits d'hiver, nous entendions la grêle tomber sur le
toit de l'écurie. Entre la maison et l'écurie il
avait planté un figuier , un oranger et un petit verger,
dont les feuilles grimpaient jusqu'au toit, pour protéger
la maison de la chaleur de l'été.
J'ai ouvert les yeux en février 1938, à Sin-El-Fil,
lorsque mes parents avaient une vie confortable. La nature environnante
était belle. Au loin sur les collines de Beyt-Mery, les
forêts étaient magnifiques. Il était agréable
de se promener à travers des chemins sinueux des bois,
entourés de fleurs champêtres. Les plantes sauvages
répandaient un parfum enivrant.
Le nom de mon père Arabaji Artine était connu désormais
par les commerçants et les hommes d'affaires.
Le matin, il transportait des fruits et des légumes du
marché central de Beyrouth pour le compte des marchands.
L'après-midi il transportait du ciment et du sable pour
la construction des maisons.
Pendant le trajet, il parlait avec son cheval. Si les pédagogues
savaient parler aux enfants, mon père, quant à lui,
savait parler au cheval. D'après sa manuvre, l'animal
avançait ou s'arrêtait
En dehors de son travail, mon père n'avait pas de divertissement.
Il n'avait pas le temps pour les jeux de société.
Son seul loisir était une balade chaque dimanche matin.
Parfois, il m'emmenait avec lui. Père et fils, assis sur
le cheval, nous traversions le fleuve Nahr, qui séparait
Bourj-Hammoud de Beyrouth. C'était une récompense
pour son travail hebdomadaire. En même temps, un loisir
gratuit pour mon père qui ne dépensait pas d'argent
ni aux jeux ni aux courses.
Les excursions du dimanche avec mon père, l'image du cheval
flottant sur le fleuve sont restés longtemps dans ma mémoire
d'enfant. Souvenir d'enfance passé à Sin-El-Fil.
BÉNÉDICTION DE LA MAISON
A l'occasion de Noël et de Pâques, mon père,
fils de paysan, chrétien fidèle pratiquant, invitait
le prêtre de l'église des Quarante martyrs de Nor-Marache
à venir bénir notre maison. Il faisait bénir
tour à tour la chambre à coucher, la chambre des
invités, la cuisine etc.
Le parfum de l'encens se
répandait partout, dans toute la maison.
Je me souviens qu'une fois, après la bénédiction,
mon père courut derrière le prêtre :
- Mon père ! Mon père ! On a oublié le plus
important
- Qu'est-ce qu'il y a
? Qu'est-ce que nous avons oublié
? demanda le prêtre tout à fait surpris :
- Nous avons oublié de bénir le cheval !
Le prêtre et mon père sont entrés dans l'écurie.
Le parfum de l'encens s'est répandu, cette fois-ci autour
du cheval. Le prêtre a fait le signe de la croix sur le
front du cheval pour qu'il soit à l'abri de tout accident.
Heureusement, le cheval était resté tranquille pendant
toute la cérémonie. Apparemment, il n'avait rien
compris à cette bénédiction. Mais si on lui
avait offert en même temps un peu de paille et de l'avoine,
il aurait mieux compris les services spirituels du prêtre
de l'église !
Mon père était très content. Il l'a rémunéré
une deuxième fois pour la bénédiction du
cheval. Ce qui était normal car le prêtre aurait
pu bénir d'autres maisons de Nor Marache, sans compter
le temps de trajet et la fatigue générée.
INSCRIPTION À L'ÉCOLE DES QUARANTES MARTYRS
Mon père ne savait ni lire ni écrire. Enfant réfugié,
Il n'avait pas eu l'occasion de s'instruire. Mais il voulait que
nous recevions une éducation dans la tradition arménienne.
Il était convaincu que tôt ou tard nous allions apprendre
l'arabe dans la vie quotidienne.
À cette fin, il avait fait inscrire mes deux frères
et moi-même à l'école apostolique Arménienne
des Quarante Martyrs de Nor-Marache, à 4 Km de Sin El-Fil.
En hiver, nous allions à l'école un simple sac à
la main pour nous protéger de la pluie. A midi, nous mangions
dans une salle aménagée. Parfois notre nourriture
(dattes enroulées de fromage préparées par
ma mère) était avalée par d'autres. Nous
gardions l'appétit pour dîner, le soir, à
la maison. Tous, nous étions des enfants réfugiés.
L'important était l'éducation scolaire.
MES PARENTS
Survivants du génocide, mes parents parlaient le turc à
la maison. Mes deux frères aînés avaient déjà
commencé à parler arménien. Deux de mes plus
jeunes surs et mon plus jeune frère et moi-même
nous parlions arménien à la maison comme à
l'école.
Dans certaines rues, sur les murs, était affiché
"Répondez en Arménien à celui qui parle
le turc". Nous suivions ce slogan. Ma sur Vartouk chantait
de belles chansons traditionnelles. Et ma sur, Loucine,
encore élève à l'école primaire, lisait
des uvres littéraires. Même lorsqu'elle était
devenue mère de famille, elle a fréquenté
les cours d'arménologie du père Messerlian à
l'université Saint Joseph. Elle avait envie de connaître
la littérature médiévale. Le père
Messerlian était un personnage exceptionnel, qui avait
fondé l'arménologie au Liban. Auparavant, elle était
enseignée au monastère de l'église apostolique
d'Antélias et au monastère catholique de Zemmar.
Des années plus tard, des cours d'arménologie ont
été créés à Djemaran et au
collège protestant Haigazian.
Mon frère Vartan (le cadet de la famille) a suivi les réunions
de la jeunesse de la FRA. À la suite de la mort prématurée
de mon père, il n'a pas eu l'occasion de fréquenter
l'enseignement secondaire. Dès son jeune âge, il
a commencé à travailler. Mais il a toujours gardé
l'esprit national. A ce jour, en tant qu'abonné du journal
Aztag Libano-Arménien, il s'informe de la vie arménienne
au travers de la diaspora.
Il a été obligé d'apprendre un métier.
En achetant une machine à coudre, il a commencé
à confectionner des chemises. Il n'avait pas encore de
revenus suffisants, lorsqu'il a acheté une guitare avec
son argent de poche. Autodidacte, chanteur guitariste, il a commencé
à créer l'ambiance à l'occasion des fêtes
de la jeunesse. Dans la famille Jinbachian, il s'est révélé
un chanteur-guitariste
quelques mois après, il avait
déjà monté son propre orchestre
LES ORCHESTRES
Il y avait deux orchestres à Bourj-Hammoud, commune de
50 000 habitants environ. L'orchestre d'Avedis Antossian et celui
de Vartan Jinbachian. Ils se rendaient gratuitement à l'invitation
des fêtes de la jeunesse arménienne.
Les deux orchestres mentionnés n'avaient pas un budget
spécifique pour le transport, ni pour l'investissement
de leurs instruments de musique. L'existence des orchestres était
conditionnée par le commerce des gâteaux et des chemises.
Avedis préparait de délicieuses pâtisseries
pour les restaurants et pour les salons de thé, alors que
Vartan faisait l'aller-retour des villes, de Beyrouth à
Tripoli pour montrer ses nouvelles créations aux commerçants.
Avedis devait faire attention à la préparation des
gâteaux en sentant l'odeur du beurre et des ufs, tandis
que Vartan devait harmoniser le bruit de la machine à coudre
avec le jazz-musique de la jeunesse.
À un autre niveau, existaient, également, les orchestres
de Lévon Katerdjian et Adis Harmandian. Lévon était
un chanteur bien aimé dans les milieux patriotiques. Il
chantait des chants traditionnels et mélancoliques de Komitas.
Adis était maître des chansons de la jeunesse arménienne
et chantait pour les jeunes amoureux. Tous les deux étaient
devenus des stars de la scène.
LA CHANTEUSE ARPINE PEHLIVANIAN
Mais la vedette des chansons classiques était Arpiné.
Professeur au conservatoire de musique libanaise. Elle avait accepté
l'invitation de l'association culturelle de Hamaskaïne de
Bourj Hammoud pour réaliser un concert dans la grande salle
Der-Melkonian.
La manifestation dédiée au 100e anniversaire de
l'opéra arménien était une réussite.
Le journal indépendant Ayk a fait largement écho
de cet événement. L'ambassadeur de la république
d'Arménie au Liban présent sur invitation spéciale
de notre association a déclaré à la sortie
de la salle que " c'était une merveilleuse représentation
de l'opéra arménien qu'on n'avait jamais vu dans
un pays arabe ". Au Liban, il y avait bien sûr d'autres
artistes chanteurs, pianistes, violonistes et trompettistes etc
J'ai cité les noms de ceux avec qui j'étais en relation
dans le cadre de l'activité culturelle de l'association
de Hamaskaïne.
ASSOCIATION CULTURELLE HAMASKAÏNE
Les rassemblements littéraires dominicaux de Hamaskaïne,
sous le nom " le culte de la littérature " étaient
également remarquables. Tandis que les croyants allaient
prier à l'église, les amateurs de la littérature
se rassemblaient (entre 40 et 50 personnes) pour se communiquer
sur la littérature. Filles et garçons, les écrivains
amateurs lisaient leurs écrits en prose et en poésie
autour d'une tasse de café. On échangeait sous diverses
formes : ces évènements réguliers étaient
uniques dans la vie Libano-arménienne à Bourj-Hammoud.
Je me souviens d'un débat organisé par Hamaskaïne
" Y-a-t-il une âme ou pas après la mort ?".
Le débat a fait sensation surtout qu'il était publié
dans la presse. L'important était de trouver un prêtre
ou un évêque. Nous pensions qu'il était plus
facile de trouver un homme d'église qu'un théoricien
matérialiste. Mais, c'est le contraire qui s'est produit.
Vahé Ochagan, conférencier à l'université
américaine a accepté volontiers notre invitation,
tout en ajoutant " que cette nouvelle n'arrive pas aux oreilles
de Sa Sainteté ". Nous savions qu'il l'apprendrait
tôt ou tard mais ce n'était pas notre problème.
L'important était que l'écho de l'activité
de Hamaskaïne arrive jusqu'au monastère. Mais il n'a
pas été possible de trouver un homme d'église
qui accepte notre invitation. " La foi n'est pas un sujet
de discussion ! " ont-ils déclaré. Nous nous
sommes adressés aux prêtres catholiques mais nous
avons reçu le même refus, la foi n'était pas
débattable
Nous nous sommes tournés vers le
célèbre poète Jacques Hagopian publiquement
connu, ses poésies étaient appréciées
de tous. " Il faut que je demande d'abord ", dit-il.
Nous avons eu l'impression qu'il devait prendre l'autorisation
de quelqu'un, mais quand il a dévoilé sa pensée,
nous avons compris qu'il devait s'inspirer par la prière
pour donner une réponse. Quelques jours après, il
nous a fait savoir qu'il avait prié longtemps, finalement
il était arrivé à la conclusion qu'il ne
pouvait pas accepter notre invitation. Si l'antagoniste pouvait
convaincre quelques personnes pendant le débat il se considérerait
comme responsable. Heureusement, le pasteur Manassé Shnorhokian,
rédacteur en chef des journaux protestants Tchanasser et
Badanegan Artzagank (Echo d'adolescent) a accepté volontiers
de participer aux débats. Le problème était
la capacité de la salle. Le public pourrait-il entrer dans
la petite salle où se déroulaient les réunions
de Hamaskaïne ?
La veille de la manifestation, la salle au troisième étage
était déjà bondée tandis que d'autres
attendaient sur les escaliers dans l'espoir de trouver une place.
Les noms de Vahé Ochagan, professeur à l'université
américaine et du pasteur Manassé Shnorhokian rédacteur
en chef des deux journaux protestants avaient suscité un
vif intérêt. Nous avons préféré
diriger le public à l'étage inférieur de
la maison du peuple, une salle spacieuse où se déroulait
habituellement les réunions du parti de la FRA.
J'ai ouvert les débats en lisant quelques textes du professeurs
Vahé Ochagan et du Pasteur Manassé Shnorhokian qui
étaient assis au premier rang. Ils n'étaient pas
au courant de ce que j'allais lire. D'abord une note de Vahé
Ochagan " La dinde est passée d'un côté
de la rue à l'autre et après ? " Aux lecteurs
de comprendre pourquoi la dinde était passée d'un
côté à l'autre de la rue
simplement
il voulait dire que certaines personnes venaient au monde et passaient
leur vie sans laisser de trace.
J'ai lu également une note du pasteur :
" Jeune homme, j'ai un conseil à te donner : marie-toi
! vos parents, votre sur ou votre frère ne sont pas
d'accord ? marie-toi ! tes amis ou tes connaissances vont rigoler
? Marie-toi ! "
En tant que pasteur, Manassé Shnorhokian donnait de bons
conseils aux jeunes : se marier rapidement pour rester à
l'écart des tentations, mais il y avait un problème,
les parents voulaient confier leurs filles à des jeunes
financièrement autonomes alors que les filles préféraient
les prétendants qui possédaient des voitures. Je
connaissais certaines personnes de petite taille qui avaient des
difficultés de trouver une fille et achetant une voiture
ils se sont mariés rapidement. Le pasteur suivait le dicton
populaire " le temps que le sage réfléchisse,
le rigolo devient père de famille ". Quant au sujet
du débat " Y a-t-il une âme après la
mort ou pas ? " il m'était inconnu, je n'avais aucune
idée des esprits visibles ou invisibles. J'avais lu seulement
que nos ancêtres en écoutant les mouvements des feuilles
des arbres avaient deviné la conversation des esprits.
Vahé Ochagan et Manassé Shnorhokian savaient probablement
quelque chose du monde des esprits pour développer leurs
théories.
Vahé Ochagan a décrit les préjugés
du passé, les mystérieux phénomènes
de la flore et de la faune, comment les yeux d'un chat brillant
dans l'obscurité avaient poussé les gens à
l'adorer
Au fur et à mesure les croyances avaient
été modifiés grâce aux révélations
des prophètes. Les croyants iraient au paradis alors que
les pécheurs seraient brûlés en enfer
: il a cité une théorie de la philosophie moderne
" il n'y a que l'homme sur terre, Dieu est mort" D'après
la compréhension populaire, Dieu était éternel
et c'était l'homme qui allait mourir
Contre la citation de Vahé Ochagan de la philosophie moderne
Manassé Shnorhokian a opposé un psaume de l'Évangile
- Heureux l'homme qui ne marche pas dans le conseil des impies
car ils sont comme les pailles que chasse le vent. C'est pourquoi
les impies ne resteront pas debout au jour du jugement dernier.
Manassé Shnorhokian a expliqué que l'homme était
créé de la poussière avec la bénédiction
de Dieu et deviendrait de la poussière après la
mort. L'esprit cependant devait apparaître lors du jugement
dernier. Ce n'était pas la peine de se livrer aux exercices
philosophiques car Le Christ avait dit "soyez comme les enfants
car le royaume des cieux leur appartient ".
Ensuite, j'ai donné la parole aux cafetier Karnik Vosganian
; " seule la tombe du Christ était restée vide,
car il avait ressuscité " a déclaré
le cafetier croyant. Karnik Vosganian qui était une personne
respectée, savait honorer ses amis en buvant de l'arak
à leur santé. A son avis l'arak n'avait rien à
avoir avec l'évangile. Tout en buvant à la santé
des autres, il était resté fidèle à
la croyance chrétienne.
Parmi les présents, il y avait aussi une personne aveugle
qui voulait parler en levant le doigt. J'ai donné la parole
: " Je n'ai pas eu la chance dans ce monde de voir mes parents,
j'espère les voir à travers mes yeux spirituels
dans le monde céleste car je suis croyant "
Les paroles de la personne aveugle étaient émouvantes,
l'échange des idées pouvait durer encore longtemps.
J'ai remercié les présents d'avoir assisté
aux débats. Hamaskaïne n'avait pas la vocation de
juger les intervenants. Les membres du conseil d'administration
de Hamaskaïne n'avaient pas le niveau universitaire pour
se mêler aux discussions philosophiques. L'important était
de réunir les différentes couches de la société
arménienne ; artisans ou intellectuels, croyants ou non
croyants autour de Hamaskaïne en vue de sauvegarder l'arménité
dans différents pays hors de l'Arménie.
TABLE DES MATIERES
Préface 7
MEMOIRES BIOGRAPHIQUES 9
La vie des réfugiés 10
Nazar Jinbachian 12
Mon père " Arabadji Artine " 12
Séjour à Marseille: 13
Retour à Sin-El-fil 14
Bénédiction de la maison 15
Inscription à l'école des Quarantes Martyrs 16
Mes parents 17
Les Orchestres 18
La chanteuse Arpiné Pehlivanian 18
Association culturelle Hamaskaïne 19
Ma passion pour la littérature 22
Mort accidentelle de Nazar Agha Jinbachian 23
Déménagement de Sin-el-fil à Nor Marache:
24
Affaire avec un ami 24
Activités commerciales 25
Collège Hovakimian Manoukian de l'UGAB 26
Le Duel des hymnes 28
Comment ai-je été expulsé de l'école
Hovakimian-Manoukian 28
Collège Nchan Palandjian 29
Le Professeur d'histoire Karnik Guzelian 31
Le Chef de la Chorale Koussan 32
Le Père Messerlian, l'Arménologue 33
Prières sur la tombe de ma grande mère 34
Le Collège des Pères Jésuites 35
Visite à la rédaction de "Haratch" 35
Connaissance sur le bateau 36
Enseignant à l'école primaire Noubarian 38
Préparation au Baccalauréat 41
Rencontre avec le prélat 43
"Paros" l'hebdomadaire satirique 45
Satire à Bourj Hammoud 46
Esprit révolutionnaire 47
Visite en Arménie soviétique 48
Vers Léningrad 50
Léningrad 51
Moscou 51
Retour à Beyrouth 52
Vol, Enlèvement dans les quartiers de Beyrouth 53
Réfugié en France 54
DE LA VIE FRANCO-ARMENIENNE 56
Appel du fond du cur 56
Le gendre anglais 57
Qui a répendu cette nouvelle ? 60
L'adoration du soleil 62
Quand irons-nous au casino ? 64
Qui était l'âne ? 68
La voix de la jeune fille venait de la salle de bain 69
Dans le magasin d'antiquaire 70
Leurs yeux s'étaient croisés : 73
Mano et le poker 76
Nos excuses , nous ne pouvons pour le moment éditer les caractères arméniens
BULLETIN DE COMMANDE
Nom :...............................................................
Prénom :............................................
Adresse :.....................................................................................................................
Code Postal :...................................... Ville :...........................................................
Pays :
Téléphone :......................................................
Mail.........................................@.................
Commande ........exemplaire(s) de :
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ARAM TURABIAN. L'Éternelle
Victime de la Diplomatie Euro-péenne
Les Volontaires Arméniens en 14-18 sous le drapeau français
LE DESTIN DE L'ARMÉNIE ENTRE LES TRAITÉS DE SÈVRES
ET DE LAUSANNE LE GÉNÉRAL ANTRANIK ET LES AUTRES
HÉROS
Ce livre est tout à
fait exceptionnel car l'auteur, responsable des Volontaires Armé-niens,
nous fait revivre avec de très nombreux détails
les relations compliquées entre les nations européennes
et l'Arménie représentée en France par la
Délégation arménienne. De très nombreuses
lettres, documents, courriers, textes des traités sont
fidèlement reproduits et commentés par l'auteur.
L'engagement des combattants Arméniens sur tous les fronts
(Verdun mais aussi en Orient) pendant la guerre de 14-18 est minutieusement
relaté et agrémenté d'une importante iconographie.
L'histoire de nos vaillants Volontaires Arméniens est remarquablement
mise en valeur mais l'auteur est aussi critique envers ses compatriotes,
intellectuels, politiciens et acteurs de la reconstruction de
la communauté après le Génocide des Arméniens
en 1915. C'est tout ce qui fait de ce livre d'Aram Turabian, qui
était un témoin privilégié de cette
période trouble, un des plus beaux hommages rendus à
l'histoire de l'Arménie.
Ouvrage agrémenté de très nombreuses photographies
Table des matières : 1. L'Arménie et la Turquie.
2. A la Députation ottomane. 3. Appel aux Arméniens
en 1914 en faveur de la France. 3. Les Volontaires Arméniens
sur le front français. 5. Les Arméniens et la guerre.
6. Les Arméniens au Moyen Âge. 7. La grande manifestation
de la Sorbonne en 1916 en l'honneur de l'Arménie. 8. Les
lettres officielles. 9. La Légion arménienne et
la France. Le Mandat français ou le Mandat américain.
10. Le Rapport officiel dé la Délégation
nationale arménienne présenté au Quai d'Orsay.
11. Le sauvetage des 5 000 Arméniens du mont Djebal-Moussa
par l'escadre française. 12. Épisode du sauvetage
: l'enfant arménien. 13. M. Raymond Poincaré. 14.
La République arménienne et la Russie. 15. Lettre
ouverte à M. Tchitcherine. 16. L'Arménie et la Grèce.
17. Les lettres du Gouvernement grec.
18. La lettre du maréchal Franchet d'Esperey à M.
Venizelos, La lettre du général Milne au général
d'Anglis. 19. La Légion arménienne du général
Torcom. 20. La vérité sur la tragédie de
Smyrne, par M. le chanoine Poliarpe Scagliarini. 21. Le général
major Antranik. 22. Boghos Pacha Nubar. 23. M. Noradounghian.
24. M. Aharonian. 25. M. Tchobanian. 26. Les richards Arméniens.
27. Le Traité de Sèvres, le Traité de Lausanne,
le Traité d'Alexandropol et M. Clemenceau. 28. Conclusion.
Importantes annexes.
" CE LIVRE, TOTALEMENT
INTROUVABLE ENFIN RÉÉDITÉ, EST UN ÉMOUVANT
ET PRÉCIEUX TÉMOIGNAGE À LA GRANDE HISTOIRE
DE L'ARMÉNIE ". RENÉ ADJÉMIAN, ÉDITEUR.
300 pages. 16 x 24 cm. Nombreuses photos. 25 euros
Volontaires Arméniens.
1914-1916
Grand format 21 x29 cm à l'italienne. 100 pages sur beau
bouffant ivoire. Plus de 150 photos reproduites. Reproduction
fidèle de l'édition ancienne en fac-similé.
Nous avons reproduit le texte original en français, russe
et arménien. A été rajouté une préface
de René Adjémian et une postface de Krikor Amirzayan.
Voici enfin réédité un livre fort rare dont
nous n'avons retrouvé aucune trace dans toutes les bibliothèques
du monde. Cette édition de La Bouquinerie apporte ainsi
sa modeste pierre à l'édifice de l'Histoire de l'Arménie.
Tiré à très petit nombre, cet album "
Volontaires Arméniens " édité à
Petrograd - aujourd'hui Saint-Pétersbourg, en Russie -
en 1916 en français, russe et arménien retrace cette
épopée de sang et de larmes. Avec parfois quelques
larmes de joie après les victoires arméniennes sur
les troupes ennemies. Des dizaines de volontaires Arméniens,
généraux, commandants ou simples soldats se sont
ainsi illustrés lors des heures les plus tragiques du peuple
arménien à la fin du XIXe et au début du
XXe siècle. De ces pages d'Histoire, écrites par
ces fédaïns ou volontaires Arméniens, quelques
images nous sont parvenues comme autant de témoignages
figés d'une époque terrible où le destin
entier d'un peuple bascula entre survie et néant.
Ainsi cet ouvrage met à la disposition d'un plus grand
nombre de lecteurs, ces documents photographiques et commentaires
d'époque qui sont autant de témoignages pour les
générations présentes et futures. Nombre
de ces clichés sont très rares, voir inconnus. Que
les lecteurs prennent autant de plaisir que nous à parcourir
les pages de cet album-témoignage qui nous replonge dans
les instants où la tragédie côtoie le pathétique,
où l'angoisse de la mort et la joie de la victoire s'expriment
dans les regards de ces hommes au courage exceptionnel. Que cet
ouvrage aide ces héros célèbres ou anonymes
qui ont la plupart payé de leur vie " les chemins
de la liberté ", à revivre l'espace d'un regard
ou d'une lecture dans votre cur et dans vos esprits.
Pour des instants d'éternité. Pour l'Arménie
d'hier et d'aujourd'hui. L'ordre d'exter-mination des Arméniens
de l'Empire ottoman était donné dès le 24
avril 1915 avec l'arrestation et la disparition par les autorités
turques de près de 600 intellectuels Arméniens par
les Turcs. Malgré le génocide qui frappait le peuple,
les Arméniens ont résisté et brillamment.
Certains ont pris les armes pour ne pas se laisser égorger
comme des moutons. C'est cette épopée héroïque
que nous vous invitons à revivre dans cet album tiré
de l'oubli... J'espère que vos yeux brilleront quelques
instants sur ces images qui sont autant de témoignages
sur l'Histoire d'un peuple vivant une tragédie : celle
du génocide qui était en cours en Arménie.
C'est peut-être aussi grâce à ces hommes héroïques
que le peuple arménien ne fut pas totalement anéanti
et donna naissance quelques années plus tard à la
République d'Arménie. Tel le mythique phnix,
l'Arménie renaissait de ses cendres par la magie de ces
hommes qui n'avaient qu'une devise " la liberté ou
la mort ! ".
" UNE PAGE GLORIEUSE DE
L'HISTOIRE ARMÉNIENNE... VIVRE LIBRE OU MOURIR ! ",
RENÉ ADJÉMIAN
EAN : 9782847941272. 150 pages. 19 euros
David Vinson. LES ARMÉNIENS
DANS LES RÉCITS DES VOYAGEURS FRANÇAIS DU XIXe SIÈCLE
(1796-1895).
Histoire et voyage & Histoires de voyages. Le Français,
l'Orient & l'Arménien au XIXe siècle.
Comment Lamartine, Théophile Gautier ou Alexandre Dumas
percevaient-ils les Arméniens ? Quels regards un modeste
botaniste comme Rémy Aucher-Eloy, un éminent archéologue
à l'instar de Georges Perrot ou un missionnaire jésuite
tel le Révérend Père Amédée
de Damas, jetaient-ils sur ce peuple éclaté entre
les empires ottoman, perse et russe ? Quelles étaient les
images des Arméniens véhiculées par les voyageurs
français du XIXe siècle ? Cette double aventure
du voyage et de l'écriture, aux temps du romantisme, du
positivisme et de l'orientalisme, a engendré un imaginaire
à la fois pittoresque et colonialiste. Au sein de cet univers
façonné par l'esprit et l'âme française
de l'époque, " l'Arménien réel "
et " l'Arménien rêvé ", se nourrissent
l'un de l'autre, s'opposent et se contredisent parfois. Des stéréotypes,
des clichés des a priori se figent ; une société,
des mystères, des scènes de vie se dévoilent.
L'Arménien du XIXe siècle se découvre ainsi
au gré des périples, au gré des récits
de voyage. Mais est-ce la réalité ? Est- ce l'imaginaire
?
UN LIVRE CAPITAL POUR L'HISTOIRE DE L'ARMENIE (RENE ADJEMIAN).
Isbn : 2-84794-026-X. 350 pages. Couverture avec rabats. 45 euros
Henri Siranyan. Contes et légendes
d'Arménie. Les anciennes croyances arméniennes
Henri Siranyan, auteur des Flâneries arméniennes
en Drôme-Ardèche, nous livre ici l'antique panthéon
arménien et un florilège de contes issus des légendes
recueillis dans la mémoire collective de ce pays.
S'il est un pays où la tradition et la légende s'imbriquent
avec le temps, c'est bien l'Arménie. L'histoire se conte
ainsi, en cette terre de légendes, et fait obstacle à
la tirade maintes fois entendues : " Point n'est besoin de
remonter au déluge pour raconter
". Car en ce
domaine, il est impossible de faire autrement. En effet tout commence
avec notre ancêtre Noé, qui au sommet du mont Ararat,
s'écria : " Je vois la terre ! ", et plantant
la vigne, le patriarche immortalisera le pays que les historiens
appelleront Arménie. Les ménestrels l'ont chantée
en glorifiant cette terre de Naïri, et les soirs, dans les
chaumières, le visiteur écoutait les troubadours
chantant l'envol de l'oiseau
migrateur, par une ode à la grue, à la lueur des
bougies... C'est dans ce monde où la légende s'imbrique
dans le vrai et où la tradition forge l'histoire, ce lieu
de la terre où domine l'Ararat et où coule l'Araxe,
que l'histoire s'est inscrite dans les mémoires.
LE PAGANISME SOURCE DE LEGENDES, LES POEMES EPIQUES, LE DEV, ARCHAG
LE MALICIEUX, AZAD ET LA FAUCHEUSE, ACHOD, L'ANE ET DIABLE, HOVHANNES
ET TAMERLAN, HOVIG LE MALICIEUX, LA BELLE THAMAR, LE LUTIN DE
DILIDJAN, NAZAR LE BRAVE, SARO ET LA CHEVRE, SEMBAT LE VAILLANT,
SOUREN ET ANAHID, VAHAN LE LOUP, VANIG ET LA GRENOUILLE...
Isbn : 9782847941654. 150 pages. 13 euros
Henri Siranyan. Flâneries arméniennes en Drôme-Ardèche.
Les historiens qui se sont penchés sur l'histoire du peuple
arménien, n'ont pas fini d'être étonnés
par sa vitalité et par sa propension à renaître
coûte que coûte, malgré les tragédies
qui ont jalonné son histoire. Cet ouvrage permet de découvrir
l'intégration d'un peuple déraciné, dans
ses joies et ses peines, dans sa vie au quotidien, à travers
les " Flâneries " hebdomadaires publiées
par le Dauphiné Libéré. Ces rubriques, recueillies
dans ce livre, nous font découvrir l'enfance, l'adolescence
et aussi la vie d'adulte de ces enfants d'émigrés
qui ont réussi à s'insérer dans la société
malgré les difficultés de la guerre et de l'occupation.
Des " Nouvelles " complètent l'ouvrage pour faire
plus amplement connaissance avec cette communauté, dans
ses différences, voire son exotisme, ou pour relater les
épisodes dans le quotidien d'un peuple exilé depuis
la tragédie génocidaire de 1915.
Henri Siranyan est issu de cette génération, la première née en France après le génocide arménien de 1915. Né à Romans dans la Drôme en 1935, expert-comptable et enseignant universitaire retraité, il consacre son temps à l'histoire de sa communauté. Ayant vécu dans son enfance la triste période de la guerre et de l'occupation, ses souvenirs, narrés dans un style direct où alternent l'émotion et l'humour, font resurgir les instants où se mêlent les jeux d'enfants avec l'histoire d'une ville en reconstruction, Valence, ou même dans la Drôme et l'Ardèche. Il est également l'auteur d'une étude sur la littérature arménienne et d'un dictionnaire des principaux écrivains et poètes arméniens.
" UNE BELLE PAGE DE L'HISTOIRE
DES ARMÉNIENS " RENÉ SAINT-ALBAN
" CET OUVRAGE FAIT PARTIE DE L'HÉRITAGE CULTUREL D'UN
PEUPLE ", ALAIN BALSAN.
320 pages. 19 euros
Henri Siranyan. Nouvelles Flâneries
arméniennes en Drôme-Ardèche.
Préface de Nicolas Daragon, maire de Valence.
Ces Nouvelles Flâneries reprennent les articles publiées
chaque semaine dans le Dauphiné Libéré. Ces
chroniques, recueillies dans ce livre, nous font découvrir
l'enfance, l'adolescence et aussi la vie d'adulte de ces enfants
d'émigrés qui ont réussi à s'insérer
dans la société malgré les difficultés
de la guerre et de l'occupation. Des tranches de vie qui nous
font revivre, avec une tendre délicatesse, des portraits
hauts en couleur mais aussi quelquefois très humbles.
Henri Siranyan est l'auteur de plusieurs ouvrages sur l'Arménie
: une étude sur la littérature arménienne
ainsi qu'un dictionnaire des principaux écrivains et poètes
arméniens. Il nous livre ici le second opus de ses Nouvelles
Flâneries arméniennes en Drôme-Ardèche.
Il vient aussi de publier " Contes et légendes d'Arménie
précédés des anciennes croyances arméniennes
".
" LES BELLES PAGES DE L'ARMÉNIE EN DRÔME-ARDÈCHE
", RENÉ SAINT-ALBAN
" A TRAVERS CES ARTICLES, PUBLIÉS CHAQUE SEMAINE DANS
LE DAUPHINÉ LIBÉRÉ, L'INTELLIGENCE ET UNE
GRANDE ÉRUDITION SE FAMILIARISENT AVEC L'HORIZON DES PERSONNES
ET DES LIEUX CONTEMPLÉS ", NICOLAS DARAGON
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EAN : 9782847941586. 250 pages.
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