Nouvelles Flâneries arméniennes en Drôme-Ardèche Préface de Nicolas Daragon Ces Nouvelles Flâneries reprennent les articles publiées chaque semaine dans le Dauphiné Libéré. Ces chroniques, recueillies dans ce livre, nous font découvrir lenfance, ladolescence et aussi la vie dadulte de ces enfants démigrés qui ont réussi à sinsérer dans la société malgré les difficultés de la guerre et de loccupation. Des tranches de vie qui nous font revivre, avec une tendre délicatesse, des portraits hauts en couleur mais aussi quelquefois très humbles. Henri Siranyan est lauteur de plusieurs ouvrages sur lArménie : une étude sur la littérature arménienne ainsi quun dictionnaire des principaux écrivains et poètes arméniens. Il nous livre ici le second opus de ses Nouvelles Flâneries arméniennes en Drôme-Ardèche. Il vient aussi de publier « Contes et légendes dArménie précédés des anciennes croyances arméniennes ». « LES BELLES PAGES DE LARMÉNIE
EN DRÔME-ARDÈCHE », RENÉ SAINT-ALBAN
Plus de 100 personnes présentes pour ce bel hommage à notre ami. En temps qu'éditeur, en présence de sa fille Valérie et d'Alice, la femme d'Henri, je vous livre le dicours que j'ai prononcé : Hommage à Henri Siranyan le 17 juillet 2017 Je ne vais pas être
protocolaire, je dirai simplement " chers amis " au
féminin et au masculin car si vous êtes ici aujourd'hui,
c'est que vous êtes tous des amis d'Henri. pour plus de renseignements, voir l'article complet de notre ami Krikor AMIRZAYAN, président d'Arménia dans les Nouvelles d'Arménie du 18 juillet 2017 : http://www.armenews.com/article.php3?id_article=144443
avec l'association ARMENIA le vendredi 12 mai à 20h30 à la MJC Jean Moulin, salle Cheneviers, 20 rue Jean Moulin à Bourg-lès-Valence avec VALERIE SIRANYAN, l'éditeur René ADJEMIAN et Krikor Amirzayan, président d'Arménia |
Note de l'éditeur
:
Mon ami Henri Siranyan nous a quittés le 8 janvier 2017.
Je travaillais avec lui depuis de nombreux mois pour préparer
la sortie de ce deuxième opus de ses flâneries. Ce
livre lui rend un vibrant hommage posthume grâce à
la volonté de sa fille Valérie.
Un autre volume était en préparation et sortira
prochainement : " Contes et légendes d'Arménie,
les anciennes croyances arméniennes "
HOMMAGE À MON PÈRE
La dernière balade
Mon Papa était un sage, un sage au cur de la cité
et au service des autres. Un sage tel qu'appréhendé
par les philosophes de l'antiquité, Platon ou Aristote.
Un érudit, amoureux des belles lettres et de la poésie,
ouvert à toutes les disciplines, de l'histoire des religions
au droit civil napoléonien. Je nous revois encore, assis
tous les deux au bord de la piscine, à l'occasion de la
préparation d'une de ses nombreuses conférences
sur les chrétiens orientaux, les coptes d'Egypte ou encore
sur l'église chaldéenne, à échanger
avec passion nos points de vue sur l'histoire des religions et
où il ne manquait pas de me faire découvrir la généalogie
des grandes familles arméniennes. En effet, non seulement
il détenait un grand savoir mais il s'attachait aussi à
transmettre toutes ses connaissances fabuleuses, à qui
voulait bien lui prêter une oreille attentive. J'ai eu la
chance de découvrir l'Arménie des montagnes à
ses côtés et de pouvoir rencontrer ses amis d'Orient.
Nous avons ainsi pu visiter ensemble des monastères du
4ème siècle au bord du Lac Sevan ou encore les grottes
de " Gherart " où se cachaient les premiers chrétiens.
Nous avons aussi admiré au musée des beaux-arts
de Erevan, les toiles flamboyantes du peintre Mardiros Sarian,
qu'il aimait tant.
Cette envie de transmettre, il a pu l'exercer aussi pendant près
de trente ans à l'Institut Universitaire de Technologie
de Valence. Il était fier de pouvoir susciter l'intérêt
de ses étudiants qui venaient nombreux assister à
ses cours et qui l'avaient affectu-eusement surnommé "
tonton ". Tous appréciaient ses qualités pédagogiques
et parfois aussi un peu ses jeux de mots, devenus célèbres.
Envie de transmettre et même besoin de transmettre par ses
conférences inoubliables et ses nombreux écrits
sur les poètes arméniens ou sur l'histoire de la
ville de Valence.
Philosophe au cur de la cité, sage parmi les sages,
membre du conseil des sages de la ville de Valence, ses actes
étaient guidés par le désir de faire au mieux
dans l'intérêt de tous. Durant toute sa vie professionnelle,
il ne refusait jamais d'apporter son aide à toute personne
déroutée par les subtilités de la fiscalité
française, notamment au mois de mai, lors de la déclaration
d'impôts. Impliqué au sein du monde associatif, il
occupait souvent le poste de trésorier ou de commissaire
aux comptes bénévole, notamment à la banque
alimentaire, à l'association des anciens combattants ou
encore à l'association des membres de l'ordre des palmes
acadé-miques de la Drôme. Il m'est impossible ici
de citer toutes les associations, dans lesquelles il était
impliqué tant son désir de transmettre et d'aider
les autres était immense. J'espère que tous ses
amis du monde associatif me pardonneront. Chaque jour, mon père
s'attachait à écouter, aider ou soutenir les personnes
dans le besoin ou en détresse, sans rien attendre en retour
et en toute discrétion. Je savais que mon père était
un homme de cur et de bien, mais je n'imaginais pas à
quel point. Je n'ai pu découvrir que très récemment
l'immensité de ses actions au-delà des frontières,
et l'aide qu'il avait pu apporter à toutes ces personnes,
de toutes origines, nationalités ou religions.
Mon père nous a quittés pendant les cérémonies
de Noël, son âme s'en est allée telle les colombes
s'échappant de la petite église du bord du lac Sevan,
au sein de laquelle le peuple arménien opprimé par
le terrible Tamerlan avait pu trouver refuge grâce à
la protection du Père Ohanian. Comme le raconte la légende,
plu-sieurs centaines de milliers de prisonniers avaient ainsi
pu pénétrer dans ce tout petit sanctuaire, pour
ensuite s'envoler libres et joyeux vers leurs montagnes natales.
Mon père s'en est allé, il laisse un immense vide
dans nos curs. C'est à nous tous, désormais,
de perpétuer son uvre et de faire de notre mieux
pour aider les personnes qui en ont le plus besoin. En créant
ainsi une chaîne de solidarité, nous pourrons sentir
son esprit nous guider chaque jour.
Valence, Eglise Saint Sahag,
11 janvier 2017.
Valérie Siranyan
PRÉFACE
Le flâneur est celui qui s'émerveille à trouver
la beauté au gré de l'inconnu. À n'en pas
douter Henry Siranyan était de ceux-là. Capitaine
de l'armée des souvenirs, dès sa jeunesse, il semble
avoir fait sien ce schéma d'existence. Embrassant chaque
nouveau jour comme autant de naissance, il a su garder en mémoire
la fraîcheur et le sens profond de tous ces matins emplis
d'espé-rances. Et puis, certainement parce qu'elle n'a
jamais eu de drapeau, ce soldat nonchalant a choisi d'accrocher
la poésie au revers de son veston. Ainsi portée,
elle lui tiendra lieu de phare dans l'obscurité d'une cruelle
géopolitique à laquelle il n'avait rien demandé,
mais qui le fit naître ici et non ailleurs. Réfractaire
nostalgique mais jamais vaincu, il garde ainsi toujours, face
à cette déchirante finitude, plus qu'une noble et
lourde colère, le sens du juste combat.
Évidemment dans les pages qui suivent il sera donc question
d'Arménie, pays de ses ancêtres, de la Drôme
et de l'Ardèche, de la rue Bouffier à Valence qui
l'a vu grandir et des berges du Rhône, fleuve de son enfance.
Mais il sera aussi et surtout question de la fée Mélusine,
de l'Ararat montagne sacrée où Noé s'échoua,
de la rivière Mialan, de Duduk, de Douce Plage, de Coco
le marin, de la Goule noire et de bien d'autres Grognards d'un
peu partout sur lesquels désormais monte le ciel.
Dès les premières lignes tout est déjà
là et semble en place, préparé, ordonnancé
dans l'unique but de nous montrer l'éclat profond des êtres
et des choses. Beauté que notre auteur a su gla-ner à
la saveur de ses humeurs vagabondes. Autour, point d'arti-fice.
Seuls des immeubles, parfois en ruine, quelques églises
et des ombres au loin traversent le décor afin que chaque
voyage soit unique et parfait.
Retour à la magie du réel ? Ou, plus justement,
à la première des poésies
Car, dans l'abrutissement d'un monde qui perd de son sens, comme
nul autre, Henry Siranyan sait redonner grâce à la
chro-nique, à l'écume des jours qui ne sont plus,
à ces personnages qui ont peuplé notre ville et
plus largement sa vie, et qui désormais, sous sa plume
apaisante, sont à jamais sublimés.
À travers ces articles, publiés chaque semaine dans
le Dauphiné Libéré, l'intelligence et une
grande érudition se familiarisent avec l'horizon des personnes
et des lieux contemplés. Et c'est ainsi toujours en tension,
entre la raison et le cur, que notre hédoniste globe-trotteur
nous promène. Au hasard et souvent il pioche dans sa vie
d'homme des histoires qui ne peuvent plus, hélas, se répéter.
Témoin volontaire d'un monde à jamais englouti,
ce livre nous parle souvent de conflits passés et de contrées
lointaines, mais nous en dit surtout beaucoup sur nous-mêmes.
Et c'est ainsi, en refermant la dernier page, que je n'ai pu m'empêcher
de penser à ces vers de Baudelaire : Nul trait ne dis-tinguait,
du même enfer venu, ce jumeau centenaire, et ces spec-tres
baroques, marchaient du même pas, vers un but inconnu, et
de me dire tout haut " que si grâce à vous Monsieur
Siranyan, Va-lence a désormais son poète, les personnages
de ce récit sont, à n'en pas douter, ses épiques
chevaliers vous emboîtant le pas ".
LA VIEILLE DAME D'OSHAGAN
Oshagan est un village de 6 000 habitants à environ une
quaran-taine de kilomètres de la capitale Erevan, en Arménie.
Ce village se singularise par son église qui a pour vocable
" Eglise Mesrop Mashtots ". Cette église renferme
dans son sous-sol le tombeau de ce moine, théologien et
linguiste qui en l'an 405 inventa l'alphabet arménien.
Lors de chacun de mes voyages, j'ai plaisir à me recueillir
devant son tombeau, constamment fleuri et objet d'une vénération
particulière non seulement par les visiteurs mais aussi
par les villageois. Les fresques murales reproduisent l'effigie
de ce saint que l'Eglise Arménienne a canonisé et
le jardin attenant comporte autant de statues que de lettres stylisées
pour rappeler aux visiteurs l'importante signification de ce lieu
à la gloire de celui qui a été à l'origine
de l'âge d'or de la littérature arménienne.
Mais pour moi, ce lieu s'était singularisé aussi,
de façon profane, par la présence quasi continuelle
d'une vieille dame, toute vêtue de noir, aux longs cheveux
blancs dissimulés par un foulard également noir,
avec de grands yeux noirs d'une infinie tendresse, constamment
présente devant les grilles de l'entrée, et marmonnant
à qui voulait l'entendre, moyennant une petite pièce
de monnaie, la vie en raccourci du vénéré
saint. Lors de mon dernier voyage, je n'ai pas vu ma petite dame
avec qui j'aimais converser. Avec le temps elle débordait
le thème de son sujet favori et me racontait ses malheurs
: le décès de son mari, la perte de son seul fils
à la guerre au Karabagh, ses difficultés dans son
quotidien, et aussi son isolement social.
Le Père Dertad, prêtre de la paroisse que j'interrogeais
sur les raisons de cette absence m'informait qu'elle était
décédée. J'avoue que j'ai ressenti un moment
de tristesse car à chaque fois mes regards en arrivant,
cherchaient sa présence, qui était devenue l'un
des éléments familiers du paysage.
Et en quittant l'enceinte ce jour-là, j'ai pris conscience
que je n'entendrai plus jamais : " À l'an prochain,
mon bon monsieur, et que saint Mesrop vous garde. "
DANIEL VAROUJAN
Dans onze jours les communautés arméniennes du monde
entier célèbreront le triste anniversaire du premier
génocide du XXe siècle, conjointement avec le peuple
de la république d'Arménie. Ce crime contre l'humanité
avait commencé au printemps 1915 par l'arrestation à
Constan-tinople de toute l'élite arménienne, qui
sera assassinée dans des conditions effroyables.
Et parmi eux, Daniel Varoujan. De son vrai nom, Daniel Tchi-boukiarian
est né près de Sivas (Anatolie) en 1824 sous le
règne d'Abdul Hamid II, qui méritera du surnom de
" Sultan Rouge le sanguinaire ".
De temps à autre les peuples engendrent des hommes de talent,
qui par l'éclat de leur génie dépassent les
frontières nationales et attirent sur eux l'estime du monde
entier. Daniel Varoujan était de ceux-là. Poète
de la trempe des plus grands classiques, dont il a subi l'influence,
il est devenu le maître incontesté de la littérature
arménienne.
Pourvu d'une allure martiale et virile, il a représenté
le patriote fougueux et indomp-table de la cause arménienne.
Kourken Mékhitarian, critique littéraire de la Congrégation
Mékhitariste disait de lui : " Va-roujan n'est pas
le poète qui se contente de jouer sur l'une ou l'autre
des cordes de l'âme humaine, mais il sait les faire vibrer
harmonieusement. " Sociologue et philosophe, il va s'ériger
en défenseur éloquent d'un peuple opprimé,
en flétrissant dans une verve sublime, le génie
du mal, de la cruauté et de la tyrannie.
Cependant ses vers font ressortir l'espoir d'un peuple, notamment
par son allégorie " Le Chant du Pain ", cette
uvre inachevée où il glorifie " L'Appel
des Terres ", ou bien ce fragment de son " Epopée
", uvre également inachevée qui fera
dire au grand Garcia Lorca : " Quelle voix parfaite dans
cette vérité ", uvre qu'il s'était
promis, tel Virgile, d'offrir à sa patrie.
LES DEUX AMIS
Au hasard d'une rue, j'ai rencontré un ancien étudiant
de l'IUT de Valence où j'ai enseigné pendant presque
30 ans, les disciplines de gestion et de droit fiscal. Je me suis
souvenu de lui parce qu'il était un étudiant brillant
et aussi, je l'avoue, parce qu'il est d'origine arménienne.
Son nom est la traduction fidèle de Pascal en arménien,
suivi du " ian " inévitable. Ce qui m'avait marqué,
à l'époque, c'est qu'il s'était lié
d'amitié avec un autre étudiant de mon groupe, aussi
brillant que lui, sinon plus, de nationalité turque. Mais
oui ! C'était plus que l'entente cordiale, c'était
l'ami-tié ! Entre deux cours j'avais surpris une de leurs
conversations sur le problème arménien et j'avais
pu constater l'ignorance de celui né à Ankara sur
cette question, ses livres d'histoire, disait-il, étant
peu prolixes sur ce sujet. Il m'est resté en mémoire
sa conclusion : " Tous les Allemands n'ont pas été
des nazis ". Ce qui laissait sous-entendre que tous les Turcs
n'avaient pas été génocidaires au début
du XXe siècle.
À quelques jours de la commémoration des 99 ans
du génocide, le souvenir de cette amitié m'a semblé
être un espoir reposant sur les jeunes générations,
capables de se retourner sur le passé, sans nationalisme
exacerbé, avec les yeux ouverts sur les crimes d'an-ciens
dirigeants de leur pays et en forgeant l'avenir sur le devoir
de mémoire pour des faits qu'ils se doivent de réprouver,
afin qu'ils ne se reproduisent plus jamais.
Et si, contrairement à l'ami turc de Pascal, des yeux restent
obstiné-ment clos, n'est-ce pas à nous, enfants
des rescapés de ce génocide de les leur ouvrir,
comme a essayé de le faire Pascal, et semble y être
parvenu ? Et qui sait ce que l'avenir nous réserve à
cet égard, peut-être que le gouvernement d'Ankara
recon-naîtra enfin le crime de ses prédécesseurs
permettant à ses instan-ces de déposer une gerbe
au pied d'un mémorial, comme nous le faisons chaque année.
C'est alors que l'amitié entre ces deux peuples saura se
manifester pleinement comme celle de Pascal et de son ami turc.
LES YEUX D'ANKINÉ
Le 10 avril 1989, une jolie jeune femme de notre commu-nauté
rejoignait les rivages de l' Eternité. Passagère
du vol Paris-Valence, son avion un Fokker 27, percutait l'éperon
rocheux du col de Tourniol, au lieu dit " La Pierre Chauve
", causant la mort des 19 personnes à son bord, dont
Ankiné, et des 3 membres de l'équi-page. Vingt cinq
ans déjà et des plaies de parents, amis ou proches
qui ne se sont toujours pas cicatrisées. Mon propos aujourd'hui
n'est pas de revenir sur cette tragédie, bien que le 10
avril dernier en a constitué le 25ème triste anniversaire,
mais d'évoquer la mémoi-re d'Ankiné à
travers la lettre que son fiancé écrivait à
ses parents quelques jours après le drame.
L'écriture est tremblante et témoigne d'une émotion
infinie. Chaque mot est l'expression d'un chagrin incommensurable.
Il évoque ses yeux qu'il ne reverra plus jamais, en se
remémorant la date du 9 avril où ils s'étaient
momentanément quittés dans la " certitude de
voir bientôt leur deux vies réunies par les liens
heureux du mariage ". Et plus loin, il ajoutera " les
froides exigen-ces de la vie me renvoient sur les lieux maudits
où j'ai quitté Ankiné pour toujours ".
Ce qui m'a bouleversé, c'est la commu-nion de sa douleur
avec celle des parents de sa fiancée, notamment lorsqu'il
écrit : " Sachez qu'à chaque instant qui s'écou-le,
mes sens, mon cur et mon âme sont tout entier tendus
vers vous. " Alors ces beaux vers de Louis Aragon dans sa
poésie " Les Yeux d'Elsa " sont remontés
en moi, tels le souffle d'un amour éternel :
" Tes yeux sont si profonds
qu'en me penchant pour boire
J'ai vu tous les soleils y venir se mirer
S'y jeter à mourir tous les désespérés
Tes yeux sont si profonds que j'y perds la mémoire
Il advint qu'un beau soir l'univers se brisa
Sur des récifs que les naufrageurs enflammèrent
Moi je voyais briller au-dessus de la mer
Les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa "
les yeux d'Ankiné.
HAÏ-MAGAZINE
Haï-Magazine est le titre d'une émission sur la culture
arménienne de Radio Méga à Valence. Elle
est animée par Julien Vartanian et moi. Si je consacre
ma rubrique à cette émission, c'est qu'au-jourd'hui,
elle a trente-deux ans. Elle est l'héritière de
Haï-Feeling émise sur une autre radio de l'époque
Radio Feeling et qui était animée par Marc Koharian,
Manoug Stépanian, Julien Vartanian et moi. Trente-deux
ans que chaque semaine, étaient diffusés des chants,
des ensembles vocaux, des orchestrations des pages d'his-toire,
des interviews ou des rubriques événe-men-tielles
locales à caractère arménien. Depuis trente-deux
nous avons gardé le même générique
: " la Danse des Pêcheurs " interprétée
par l'ensemble du célèbre accordéoniste Bernard
Dédétsian, bien connu dans notre région.
Et en cette date anniversaire les souvenirs abondent. La radio
était située autrefois au dernier étage d'un
immeuble côte des Chapeliers, où nous nous retrouvions
tous les samedis à 12 heures. Les locaux étaient
vétustes et n'avaient rien à voir avec ceux spacieux
de Radio-Méga où nous continuons, Julien et moi,
à animer cette émission.
Parmi les anecdotes " qui remontent " en ma mémoire
je me souviens de notre ami , le regretté Mirhan, fidèle
de notre émission et de ses commentaires chaleureux. Je
me souviens aussi d'un autre auditeur, fidèle à
l'écoute chaque same-di, un vétéran nonagé-naire,
Hovaguim, qui pendant l'émission, prenait plaisir, soit
à nous féliciter, soit à nous encourager,
soit quelquefois à rectifier nos dires sur tel ou tel point
des pages d'histoire que nous commentions. Marc et moi, avions
décidé un samedi de passer à l'antenne ses
remarques rectificatives.
Quelle avait été notre surprise de l'entendre dire
le lendemain : " C'était qui, ce personnage qui est
intervenu à l'antenne, hier ? " et il avait ajouté
: " Présentez-le moi, afin que je le félicite
de son érudition ! ".
N'ayant pas reconnu sa voix, il n'a jamais voulu croire qu'il
s'agissait de lui ! C'était " Haï-Feeling "
devenu aujourd'hui " Haï-Magazine " sur Radio Méga.
" LAS "
Le 27 avril dernier était la journée nationale de
la dépor-tation. Devant le monument consacré à
cette journée du souvenir, je n'ai pu m'empêcher
de penser à Las, victime comme tant d'autres de la barbarie
nazie. Las de son vrai nom Lovitsa Asla-nian, était née
en 1905 à Tabriz en Iran. Elle avait poursuivi ses études
à Tiflis, l'actuelle Tbilissi en Géorgie et s'était
installée à Paris en 1923 avec son mari Arpiar.
Participant activement à la vie littéraire arménienne
de France, elle acquiert très vite une renom-mée
par ses créations en prose et en vers, renommée
qui débordera même son cadre communautaire. Ses premiers
écrits " Le Lac ", " En dehors de la ligne
", " Point d'interrogation ", lui confèreront
une large reconnaissance parmi les femmes de lettres. Admise comme
membre de l'association des écrivains, ses convictions
progres-sistes l'amèneront en 1936 à devenir membre
du Parti Communiste Français et plus tard à rejoindre
la Résistance Française luttant contre l'occupant
allemand. Dénoncée, elle sera arrêtée
le 26 juin 1944 par la gestapo et déportée au camp
de concentration de Ravensbrück. Violée et torturée,
elle sera finalement envoyée à Auschwitz où
l'attendaient les fours crématoires. Avant de mourir elle
écrira un long poème " Mala " dans lequel
ses deux derniers vers prennent aujourd'hui toute leur signification
:
" De ce sombre enfer le
jour viendra
Où pour témoigner un survivant sera là
"
En ce lieu du souvenir, ces
deux vers ont résonné en moi, tels un avertissement
du passé. Et j'ai eu l'impression de voir son visage émacié,
émergeant des nuages, flottant au-dessus des drapeaux tricolores
déployés, et à ses côtés, les
yeux infiniment tristes de son amie roumaine Olga Bancic, décapitée
quelques mois avant , la même année.
Et le vent qui soudain s'est levé, m'a semblé porter
leur messa-ge qui semblait nous dire : " N'oubliez jamais
! "
L'ARC EN CIEL " DZIADZAN "
En mars 1978, 36 ans déjà, le conseil paroissial
de l'Eglise Apostolique Arménienne de Valence, sous la
présidence de Jean-Manoug Stépanian prenait la décision
d'éditer et de publier un bulletin sous le vocable de Dziadzan
(Arc-en-Ciel). Une équi-pe de rédaction était
formée comprenant Jean-Manoug Stépanian, Marc Koharian,
Henri Siranyan, Julien Vartanian, Jacques Kojakian et le R.P.
Narèg Vartanian. L'équipe se mettait aussitôt
au travail pour accomplir les formalités d'édition,
obtenir l'agrément, réunir les illustrations et
surtout préparer les thèmes à développer
dans le premier numéro. L'agrément des Services
Officiels de Publica-tions était obtenu à la suite
de l'enquête sur dossier. Après neuf mois d'efforts,
le numéro 1 intégrant les périodes de décembre
1978 et janvier 1979 était lancé. L'éditorial
du président Jean-Manoug Stépanian commencera par
cet extrait de la Genèse ; " J'ai placé mon
arc dans la nue, et il servira de signe d'alliance entre moi et
la terre ".
Le coût de l'abonnement annuel sera fixé à
40 francs. La maquette de la page de garde sera confiée
au jeune Bélékian qui dessinera l'Eglise de Noravank.
Une centaine de fidèles répon-dront à l'appel.
Ainsi tous les deux mois, le bulletin sera envoyé ou remis
aux lecteurs qui, par leurs messages de sympathie, soutiendront
l'équipe de rédaction. Les thèmes comprendront
les sujets événe-mentiels de la ville ou de la région,
des chroniques locales et même historiques.
Le bulletin ne vivra, hélas que trois ans, faute de moyens
financiers et s'éteindra en décembre 1981 pourtant
enrichi dans ce dernier numéro des nouvelles et des dessins
d'un jeune, nouveau venu dans l'équipe : Krikor Amirzayan.
C'était l'Arc-en-Ciel dont les couleurs irisées
réapparaîtront quelque dix ans plus tard sous la
plume de la regrettée Nou-nouphare Avdjian avec un autre
vocable, puis encore dix ans plus tard sous celle de la toujours
dynamique Sossie Iliozer, redonnant vie à cet arc lumineux
et coloré apparaissant dans le ciel après chaque
averse, signe de renouveau.
MADAME MANOUCHAK
En cette journée de la fête des Mères, laissez-moi
vous conter l'histoire de madame Manouchak, prénom arménien
correspon-dant à Violette. Donc Manouchak habitait seule
dans la rue Pérollerie, rue où d'ailleurs logeaient
quelques familles armé-nien-nes, issues de la première
vague d'immigration.
C'était une vieille dame dont on disait qu'elle avait enduré
les affres de la déportation jusqu'à Deïr-Ez-Zor,
lors du génocide de 1915, là où avaient été
massacrés son mari et tous ses proches. Elle ne parlait
jamais de son malheur et des atrocités subies. Nous savions
seulement, aux dires de nos parents, qu'elle s'était résignée
à jeter dans l'Euphrate le corps sans vie de son bébé,
né au cours de l'exode. À l'approche du jour de
la fête des Mères, nous avions projeté de
lui faire un petit cadeau en fonction de nos faibles moyens. Lorsque
je dis " nous ", je veux parler d'une bande de gamins
fréquentant l'école de la Cathédrale voisine.
Les moindres sous que nous avions pu collecter en raclant nos
fonds de poches, ne permettaient pas d'envisager un quelconque
achat.
En désespoir de cause nous avions sollicité un commerçant
qui vendait dans la Grande-rue des souvenirs : statuettes, pots,
assiettes décorées, etc., en lui expliquant notre
démarche, pour lui demander ce que nous pourrions obtenir
avec notre faible cagnotte. Le commerçant, ému par
notre démarche, nous deman-dait de repasser le voir le
lendemain. Et le lendemain, ce brave homme nous remettait une
assiette décorée de la Tour Eiffel, valant dix fois
la somme que nous avions récoltée.
Je me souviens de ce dimanche, où frappant à la
porte de Ma-nou-chak, nous lui offrions cette assiette, la vielle
dame ne pouvant retenir son émotion, était en larmes.
J'avoue à ma grande honte que le souvenir le plus vivace
qui m'est resté de cette journée, est le bol de
chocolat chaud qu'elle nous avait offert avec des gâteaux
qu'elle même avait confectionnés.
LE MIALAN
Le Mialan est une rivière qui, aux abords de Saint-Péray
puis de Granges-les-Valence, est un affluent du Rhône. Cette
rivière a donné aussi son nom à un espace
vert se trouvant en face de la clinique Pasteur d'aujourd'hui,
jouxtant le Rhône. Cet espace ravive en moi de nombreux
souvenirs de jeunesse. Nous étions dans la période
de l'"après-guerre ", et les loisirs du dimanche
n'étaient pas ceux d'aujourd'hui, aussi nombre de familles
arméniennes allaient pique-niquer en ce lieu aux bords
des lônes du fleuve.
C'était un coin de verdure où les enfants pouvaient
s'ébattre et se baigner dans ces eaux stagnantes et où
les plus téméraires allaient jusqu'à se jeter
dans le courant du Rhône, au grand désespoir des
parents. Par temps de canicule, ma mère, dès le
samedi, préparait la salade faite de tomates, de concombres
et d'oignons, les feuilles de vigne et les aubergines farcies
qui devaient composer le menu du déjeuner sur l'herbe du
lendemain. Tous les anciens, dont moi, se souviennent de ces journées
mémorables qui abritaient les ébats de ces enfants
" sortis " de la guerre dans l'insouciance de leur jeunesse.
Je me souviens notamment qu'un copain, Aram, s'étant aventuré
dans les flots du fleuve, malgré l'interdiction des parents,
avait perdu son maillot, emporté par le fort courant.
Revenu au bord, à mi-corps, il nous faisant des signes
désespérés pour nous faire comprendre sa
délicate situation. Au bout d'un quart d'heure, l'un de
nous, comprenant le désarroi du nudiste malgré lui,
était allé chercher un caleçon de remplacement.
Or ce sous-vêtement étant celui d'un adulte, sa sortie
de l'eau avait déclenché un éclat de rire
général devant le tableau d'un garçon chétif
dont le caleçon, trop ample, s'évertuait à
descendre le long de ses jambes.
C'était le Mialan, cette aire de verdure qui a abrité
nos baignades et nos jeux d'enfants, et qui a laissé, à
tous ceux de mon âge, le souvenir de ces journées
ensoleillées laissant percevoir la vibration de l'air chaud
et le cri strident des cigales.
LES AVENTURIERS
DE L'ARCHE PERDUE
Je viens de recevoir de mon ami Sarkis, une carte postale illustrant
le mont sacré des Arméniens : le mont Ararat. Bien
que cette montagne dominant le Caucase avec ses 5156 mètres
d'alti-tude, se soit exilée du côté turc,
à 30 kilomètres de la frontière, après
le traité d'Alexandropol du 2 décembre 1920, chaque
habitant de la capitale Erevan, voit son sommet en se réveillant
le matin. Paysage familier de la ville, l'Ararat a donné
son nom au brandy arménien, au club de football, et de
nombreux restaurants portent son nom. Bien plus, les armoiries
de la capitale portaient son symbole, ce qui avait engendré
par le passé une protestation du gouvernement turc ,s'argumentant
sur le fait que cette montagne était située sur
le territoire turc, ce à quoi il lui avait été
répondu, non sans humour, que le drapeau turc comportait
un croissant de lune, alors que la lune n'était pas turque.
Les cimes de cet ancien volcan constam-ment enneigées,
été comme hiver, n'ont pas cessé d'attirer
les explo-rateurs en quête de vestiges de l'Arche biblique.
Ainsi James Bryce, lors de son périple en Transcaucasie,
découvrira au sommet quelques morceaux de bois, découverte
qu'il consignera dans ses notes de voyage en 1877.
Antonio Palégo sera persuadé d'avoir décou-vert
en 1988, les restes de l'Arche, emprisonnés, selon lui,
dans les glaciers. Un avion espion américain survolant
l'espace soviétique de l'époque distin-guera, selon
le pilote, des formes dans la neige, qui pourraient correspondre
à un navire. Toutefois le monde scientifique restera sceptique
quant à ces révélations mais engendrera des
vocations auprès d'aventuriers de tout poil. Mais ce scepticisme
n'affectera pas les Arméniens, pour eux, l'Ararat est la
montagne sacrée où Noé s'échoua avec
son arche, et où comme l'indique l'histo-rien arménien
du Ve siècle, Moïse de Khoren dans sa " Généalogie
de la Grande Arménie ", l'origine des Arméniens
est rattachée à Noé.
En effet l'ancêtre des Arméniens, Haïk, serait
le fils de Thorgom, petit fils de Gomer, lui-même petit
fils de Noé, qui s'installant aux environs du lieu où
l'Arche avait abordé, sur le mont Ararat, aurait créé
ce que plus tard on appellera l'Arménie.
Alors si un jour, vos pas vous mènent dans ce pays, n'hésitez
pas à visiter le monastère de Khor Virap, au pied
de cette montagne que les Arméniens appellent " le
Massis Sacré ".
SUZANNE
Elle nous était arrivée en 2007 de la ville martyre
du séisme, Gumri, l'ancienne Leninakan, elle-même
ancienne Alexandro-pol en Arménie, où elle était
enseignante et membre de jury d'exa-mens dans la province de Chirak.
Fortement impliquée dans le domaine associatif communautaire,
dès son arrivée, elle mettra son savoir et ses compétences
à la disposition des asso-cia-tions armé-niennes
de notre ville et des environs. C'est ainsi qu'elle inter-viendra
à la Croix-bleue, en enseignant la langue et la littérature
arméniennes aux enfants fréquentant l'école
de cette association. Infatigable, elle rejoindra le groupe des
institutrices de l'Ecole Tavitian attaché à la paroisse
Saint-Sahag où elle formera les candidats au baccalauréat,
en vue de la préparation aux épreuves de langue
arménienne.
Toujours le vent en poupe, Suzanne animera différentes
interventions littéraires au sein de la bibliothèque
de la Maison de la Culture Arménienne. Maman de deux enfants,
et grand-mère de six petits-enfants, elle trouve encore
le temps d'écrire des articles littéraires dans
le journal " Nor-Haratch ". La radio communau-taire
Arménienne, Radio A, comprenant tout le parti pouvant être
tiré d'une telle érudite, s'attachera ses services,
en lui confiant plusieurs temps d'an-tenne dans les domaines les
plus variés, et notamment les pages événementielles
de la communauté où elle excellera dans des commentaires
appropriés et opportuns. Cette jeune grand-mère
de 58 ans trouve encore le temps d'écrire un ouvrage historique
en arménien sur la ville d'Urfa, l'ancienne Edesse dont
nombre de familles arméniennes à Valence et à
Bourg-lès-Valence, sont originaires.
Alors si d'aventure, un jour, vos pas vous conduisent dans la
ville de Gumri en Arménie, ville où Suzanne a vécu
et professé, vous rencontrerez peut-être un ou plusieurs
de ses anciens élèves de l'établissement
où elle était une sous-directrice estimée.
Mais surtout vous découvrirez l'ancienne Alexandropol des
tsars, ville détruite en partie par le terrible tremblement
de terre de 1988, et reconstruite aujourd'hui, par la volonté,
la ténacité de ses habi-tants.
LES DEUX SAINTES
DU PREMIER DIMANCHE D'ÉTÉ
Hier, c'était le début de l'été. En
cette période, les Eglises arméniennes célèbrent
la Fête des Saintes Vierges Hripsimé et Gayané.
Lors de ces célébrations, le cantique " Antzink
Nouvi-ryalk " est chanté, hymne composé au
VIIe siècle par le Catho-licos Komitas d'Aghtzik. Hripsimé
et Gayané sont des martyres chré-tiennes qui fuyant
les persécutions romaines au IIIe siècle, s'étaient
réfugiées à la cour d'Arménie, protégées
par la sur du roi Khos-rovidoute convertie au christianisme
à l'insu de son frère le roi Tiridate resté
païen. Ce dernier voudra épouser Hripsimé dotée
d'une grande beauté.
Devant le refus de celle-ci, le roi, fou de rage, fera mettre
à mort Hripsimé, l'abbesse Gayané et les
trente cinq autres jeunes chrétiennes qui les accompagnaient.
Influencé par Dioclétien dans sa hargne antichrétienne,
le roi fera jeter dans la fosse d'un puits, Saint Grégoire
qui prêchait le christianisme. Treize années s'écouleront
pendant lesquelles le roi aura à lutter contre une maladie
que les mages du pays ne pouvaient guérir. Puis pris de
remords et influencé par sa sur, Tiridate fera libérer
Saint Grégoire de la fosse dans laquelle il l'avait fait
jeter, déclarera le christianisme comme religion d'Etat
et réhabilitera Hripsimé, Gayané et leurs
trente cinq compagnes. Dès sa libération Saint Grégoire,
devenu le premier Patriarche d'Arménie, fera construire
pour chacune des deux saintes, un martyrium, désigné
sous le vocable de " Hripsimyantz " et " Gayanantz
". Le R.P. Gourkèn, prêtre de la paroisse Sainte
Gayané à Etchmiadzine, que j'ai bien connu de son
vivant, me racontait qu'autrefois, dès les premiers jours
de l'été, les jeunes filles du village voisin Oudjan,
toutes vêtues de blanc, allaient en procession jusqu'au
tombeau renfermant les reliques de la sainte dans le sous-sol
de l'église portant son nom, pour y déposer un bouquet
de roses blanches.
Ce qui n'est pas sans me rappeler cette jeune fille, prénommée
Hripsimé, qui le premier dimanche de chaque été,
entrait autrefois à l'église Saint Grégoire
à Valence, la tête recouverte d'un tulle blanc et
tenant d'une main un cierge allumé pendant tout l'office
et de l'autre deux roses blanches en mémoire des deux saintes.
LES 20 ANS DE PAPIER D'ARMÉNIE
C'était le 28 juin 2007 au Centre du Patrimoine Arménien,
que cet anniversaire était célébré,
et où Annie Roumy-Koulak-sézian, conseillère
municipale et déléguée du Centre, remettait
une reli-que, le premier exemplaire de la une du journal, le Dauphiné
Li-béré, à André Hairabédian.
Le lendemain, le journal titrait " Vingt bougies pour Papier
d'Arménie ".
Parmi les photos illustrant l'événement, l'une d'elles
fera figure d'image pour la postérité, celle où
une centaine de notables et d'amis ovationnaient André,
ce dernier essayant de masquer sa modestie et sa simplicité
naturelle par un sourire. Sept ans depuis se sont écoulés
et ce mois de juin 2014 concrétisera vingt sept années
de parution, décrivant la vie de notre communauté
que d'aucuns qualifient d'intégration exemplaire. Vingt
sept années où chaque dimanche, André met
en exergue son intime union entre l'esprit et la passion, entre
le trait souvent lyrique et l'habile vision que sa plume sait
transcrire, mettant en pages une vie communau-taire sans a priori,
où apparaît l'image éclatante, voire farouche,
quelquefois joviale ou triste de l'événement, empreinte
de sa bonhomie naturelle. Et chaque dimanche, le lecteur semble
respirer, à travers ses lignes ou celles de sa collaboratrice
Iskouhi, le doux parfum de l'Ararat du monde des origines et du
paradis perdu.
Ce fut, et c'est encore, une balade sur un voilier appelé
" Papier d'Arménie " affrété il
y a vingt sept ans. Ballade où se mêlent, pêle-mêle,
les fifres et les tambourins d'Alphonse Daudet avec le dudug et
le kamantcha de Sayat-Nova ; où se mêle encore la
poésie de Frédéric Mistral avec celle de
son ami Archag Tchobanian. Depuis le voilier est devenu une belle
goélette mue par la douce brise du journal. Et de dimanche
en dimanche, nous en sommes les passagers. Il y a sept ans en
cette journée du vingtième anniversaire, tous ces
passagers étaient présents pour magnifier d'un seul
élan, André, le journal et la goélette, laissant
augurer bientôt celui du trentième.
Et comme pour encenser l'événement, au loin, Crussol
semblait fraterniser avec l'Ararat.
Table des matières
HOMMAGE À MON PÈRE
7
PRÉFACE 9
LA VIEILLE DAME D'OSHAGAN 11
DANIEL VAROUJAN 12
LES DEUX AMIS 13
LES YEUX D'ANKINÉ 14
HAÏ-MAGAZINE 15
" LAS " 16
L'ARC EN CIEL " DZIADZAN " 17
MADAME MANOUCHAK 18
LE MIALAN 19
LES AVENTURIERS DE L'ARCHE PERDUE 20
SUZANNE 22
LES DEUX SAINTES DU PREMIER DIMANCHE D'ÉTÉ 23
LES 20 ANS DE PAPIER D'ARMÉNIE 24
" APARAN " 25
BARON ONNIG 26
DOUCE PLAGE 27
LE TROUVÈRE DES TEMPS MODERNES 28
LES PHOTOGRAPHES D'ANTAN 29
LES DAMES DE LA CROIX-BLEUE 30
LE DUDUK 32
L'ECUME D'ANTAN DU QUARTIER ARMÉNIEN 33
KARINE GALSTIAN UN ART NOUVEAU EN ARMÉNIE 34
L'OBSIDIENNE D'ARMÉNIE 35
LE TEMPS DES VENDANGES 36
GEORGES L'INFATIGABLE BAROUDEUR 37
MEGHRI ET LE VIEUX GRAND-PÈRE 39
ARTHUR VAHANIAN 41
LES KHATCHKARS 42
LES PATRONYMES ARMÉNIENS 43
HAYGAZ ET JEAN-PAUL 44
GINETTE ET ÉLIANE 45
LA PLACE DE LA RÉPUBLIQUE À EREVAN 46
ARTHUR MAGAKIAN 47
TALIN ET GYUMRI 48
LES PRÉNOMS ARMÉNIENS 49
LA BANQUE ALIMENTAIRE ARDÈCHE-DRÔME 50
VOSKAN YEREVANTSI 51
L'ENSEIGNEMENT DE L'ARMÉNIEN À VALENCE 52
LA BRANCHE DE SAPIN 53
AGNÈS VAHRAMIAN 54
ROUSTAM LE MAMELOUK DE NAPOLÉON 55
LE LAVACH 57
ORIGINE DU NOM " DESARMÉNIEN " 58
100ème ANNIVERSAIRE 60
LES VOLONTAIRES ARMÉNIENS 61
MISSAK MANOUCHIAN 62
LE MATENADARAN 63
LA TRADITION ET LA LÉGENDE 64
LES AMICALES COMPATRIOTIQUES 65
SAINT GRÉGOIRE DE NAREK 67
LE MYOSOTIS 68
HENRY BARBY 69
SÉVERINE 70
LE BÛCHERON DE LA RUE BOUFFIER 71
CHOUCHANE ET ASTRIG 72
ZABEL ESSAYAN 74
HASAN CEMAL 76
DZIDZERNAGAPERT 77
LE JOUR DE VARTAVAR 78
GRÉGOIRE DE LA MALADIÈRE 79
COCO LE MARIN 80
LES IMMORTELS 82
LES DEUX YEGHICHE 83
KARABALA 84
LE VOILIER DU LAC SEVAN 86
L'ÉMOTION D'UN PEINTRE 87
SAM LE CONTEUR 88
UNE ÉTOILE À DZIDZERNAGAPERT 90
LA GROTTE MIRACULEUSE 91
LÉA SALAMÉ 93
HENRY CUNY 94
LE VERNISSAGE À ÉRÉVAN 95
L'ÉTRANGÈRE 96
LES " JAMA " UNE INSTITUTION À VALENCE 97
TOROS ROSLIN 99
L'INDÉPENDANCE DE 1991 101
LA FORTERESSE D'ÉRÉBOUNI 102
SAINT GRÉGOIRE DE TALLARD 103
ANATOLE FRANCE 104
VALENCE, AU COIN DES RUES 105
DILIDJAN 106
CHARLES ET AGOP 108
MÈRE TERESA 110
FLEURS DES ANCIENS PRINTEMPS 111
LES DEVS ET ANAHIT 113
LA GOULE NOIRE 114
LA RUE PÊCHERIE 116
PAULE HENRY BORDEAUX 118
LE JOUR DE NOËL 119
LES DEUX " CABASSE " 120
LES CHANTS DE GOGHTEN 121
LES DEUX COLIS 122
LA LOI DU 29 JANVIER 2001 123
HOMMAGE AUX VICTIMES DE PARIS EN ARMÉNIE 124
LES GROTTES DE MANDRIN 125
L'AMIRAL LOUIS DARTIGE DU FOURNET 126
DUILIO DONZELLI 128
MISSAK MANOUCHIAN 129
LES FLEURS DU MAL 130
LE STADE DE LA PALLA 131
MANOUK ABEGHIAN 133
LE CULTE DU FEU 134
LES UFS DE PÂQUES 135
UNE IMMIGRATION RÉUSSIE 137
LE VILLAGE SUISSE 138
RENCONTRES ARMÉNIENNES EN KABYLIE 140
YVES TERNON 141
SANS MÉMOIRE LE PRÉSENT EST VIDE 142
LES RÉMINISCENCES DE L'AMI JULIEN 143
LES GRANDS ÉVÉNEMENTS DE LA DRÔME 145
LE MONT ARAGATS 147
ARAM, LE MUSICIEN DE LA RUE BARO 149
LA MAISON DE LA CULTURE ARMÉNIENNE 151
LE COLLECTIONNEUR DE " PAPIERS D'ARMENIE " 153
HENRY CUNY 154
REPORTAGE EN ARMÉNIE 155
LA FÉE MÉLUSINE 157
LA RUE ABOVIAN À EREVAN 158
LE BLOCKHAUS DU POLYGONE 160
HANNIBAL 161
LE OUD 162
LA FORÊT DE DZAGHKADZOR 163
PETITE FLEUR 164
LE PAPE EN ARMÉNIE 165
LE PRÉSENT, LE FUTUR ET LE PASSÉ 166
CALOUSTE GULBENKIAN 167
21 SEPTEMBRE 1991 169
RAFI LE BÂTISSEUR 171
PIERRE DESCHAMPS 173
LE PRIX AURORA 175
GILBERT PESTRE 176
BADO LE SPORTIF 178
L'ÉGLISE KATOGHIKE 179
LA SALLE DES FÊTES 180
ELDA GRIN 182
TABLE DES MATIÈRES 183
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