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6e volume sur les fameuses "Estimes de l'Ardèche" (Enquête fiscale de 1464). Nous continuons cette extraordinaire voyage et sortons en 2021 ce 6e volume sur ces documents exceptionnels. Notre premier volume est sorti en 1993 !!!! Appelez nous car nous ne sommes pas subventionnés et vendons les livres disponibles.
En 1464, le Roi louis XI, en accord avec les États du Languedoc, ordonne une grande enquête fiscale plus communément appelée Estimes de 1464 visant à actualiser lassiette de limpôt royal : la Taille, principal impôt foncier de lépoque. A lintérieur du diocèse de Viviers, les habitants redevables de limpôt de chaque paroisse déposent sous serment devant une commission locale la déclaration de lensemble de leurs biens immobiliers, mobiliers et cheptel ainsi que les charges ici le cens que chacun doit payer sous forme de redevances seigneuriales. Le plus ancien recensement que sont les Estimes de lannée 1464, malgré leurs lacunes en matière de démographie permet de nous livrer avec grand intérêt les noms de famille parfois familiers, soit environ 1300 patronymes pour la zone cévenole. Nous découvrons à travers la société rurale des paysans, des ecclésiastiques et des nobles exerçant une quantité de petits métiers.Lauteur nous invite à un formidable voyage à travers les contrées cévenoles du pays vivarois et ce au rythme des scribes rédigeant les registres abrégé et sommaire permettant le calcul de limpôt.
EXTRAIT
I. Préliminaires
Pierre Ytier, Seigneur de Géorand, « voulant augmenter
léclat de la maison de
Mazan », vend à celle-ci et à son abbé
plusieurs mas et terres, situés près des
sources de la Loire. Voilà comment un des traducteurs de
la charte, Jean Régné,
présentait lacte de 1209 dans la version abrégée
quil a donnée à la Revue du
Vivarais en 1921.
1. Un peu dhistoire
Labbaye cistercienne de Mazan a été cofondée
au début du XIIe siècle par lévêque
de Viviers, Léodegaire, et le plus puissant seigneur de
la contrée : Pierre Ytier de
Géorand. Le premier fit venir douze moines de Bonnevaux,
en Dauphiné, et le
second, qui, très certainement connaissait « lheureuse
influence » des moines
cisterciens au sein des campagnes, acquit, pour les installer,
un domaine situé à
1 200 mètres daltitude entre les sources de la Loire
et de lArdèche et appelé
Mas
dAdam. Cependant, le seigneur naccepta de donner ce
territoire aux nouveaux
arrivants, conduits par Amédée dHauterives
un proche parent de lempereur dAllemagne,
quà la condition que ce soit son fils, également
Pierre Ytier, qui gouverne
le futur monastère en qualité dabbé
Léodegaire et dHauterives protestèrent
contre de telles prétentions mais labbaye ne pouvait
exister sans terres
Étienne
Harding intervint pour rapprocher les parties et aider à
trouver un compromis.
Finalement, le seigneur donna le domaine à son fils (sous
couvert de lévêché) et
ce dernier ne pût être moins quabbé de
la future abbaye
La règle de charité,
qui veut que chaque abbaye mère conserve sous sa direction
les abbayes sorties de
son sein, venait dêtre contournée par Pierre
Ytier qui, avant lheure, avait installé
à la tête du couvent le premier abbé commendataire,
en la personne de son fils
Aux terres du Mas dAdam, Pierre Ytier ajoutera les vastes
étendues de forêts et
de pâturages de la vallée des Itiers (aujourdhui
vallée de Mazan) et de la vallée de
Vauclare, plus un jardin situé à Montpezat «
pour procurer certains légumes dont
la culture nétait pas possible à Mazan en
raison de lâpreté de son climat ». Plus
Les dons de terre à labbaye continuent. Tous les
grands seigneurs fonciers de la
région cévenole, jusquau XIVe siècle,
vont tenir à figurer parmi ses bienfaiteurs.
Ce qui les pousse à agir ainsi ? Le désir de connaître
le moine et néanmoins proche
parent de lempereur dAllemagne, Amédée
dHauterives ; le désir de figurer parmi
ses intentions de prière ; de laisser le souvenir de leur
nom
Toutes motivations
qui ont dû jouer et dautres encore, sans doute moins
idéalistes
Toujours est-il
que ces acquisitions, cette « dot magnifique » pour
reprendre le mot de Jean Régné,
vont contribuer pour une large part au décollage économique
de labbaye puisque,
dans le siècle même de sa naissance, elle va essaimer
et fonder quatre filles du Var à
15
lAveyron, et du Vaucluse1 à la Corrèze
Un siècle plus tard, nous retrouvons les
descendants des fondateurs dans les mêmes rôles. Pétri
Ytéri (ou Pierre II) est
6ème abbé de la maison de Mazan. Et le bienfaiteur
de labbaye, qui veut augmenter
son éclat avant que daller se croiser, sappelle
toujours Pierre Itier de
Géorand
2. Cest lépoque où
le temps semble immobile
Les gens portent
les mêmes noms et prénoms par delà les siècles
(pour le plus grand tracas des
généalogistes) ; passent entre eux des baux emphytéotiques
(de durée pouvant
aller jusquà 99 ans) ; jurent irrévocablement
et à perpétuité pour eux-mêmes
et leurs descendants
2. Intérêt et actualité de la charte de 1209
Cette charte est un des premiers écrits dans lequel apparaît
le mot « Pagensibus
», rendu en français dans le texte par « colon
». Le traducteur aurait aussi
bien pu écrire « padgel » puisque ce terme
générique, qui sert dans tout le bas Vivarais
à désigner les gens de la montagne, vient précisément
de « pagensis ».
Littéralement : « habitant du pays » (du latin
pagus).
Lors de la réalisation de laménagement hydro-électrique
« Issarlès-Montpezat
» en 1953, E.D.F. a été amenée à
percer le lac dIssarlès pour le mettre en
communication avec la rivière voisine du Gage. De ce fait,
les eaux du lac ont
perdu leur statut d« eaux closes ». Larrêté
préfectoral du 5 juin 1953 a classé
le lac dIssarlès parmi les cours deau de première
catégorie et la soumis au
régime de la pêche fluviale. Le droit de pêche
qui sy applique depuis lors est
celui du régime général avec, entre autres
astreintes, ouverture et fermeture
des périodes de pêche réglementées.
Les habitants du Lac ont perdu, à ce moment
là, le droit libre de pêche quils prétendaient
détenir depuis la « charte de
Mazan3 ». En effet, dans ladite charte, Pierre Itier concédant
aux religieux de
1. Le Thoronet et Silvanés en 1136, Sénanque en
1148 et Bonneval en 1161. Jean Casalet, abbé du
monastère de Sénanque, viendra fonder en 1486 sur
la commune dUsclades, une chapelle vouée à
saint
Sébastien.
2. Sur les Itiers de Géorand, le lecteur intéressé
se reportera utilement à larticle de Régis
Sahuc « Enluminure
des Géorand, Seigneurs des Montagnes », paru dans
la Revue du Vivarais (N°2, 1984, pp. 87-116)
et à louvrage de Boudon-Lashermes : « Vigueries
carolingiennes : Vigueries de Pradelles et des Issartaux »
(pp. 44-45).
3. La « charte de concession (du droit de pêche) de
Mazan » octroyée par le seigneur Ytier du Cros-de-Géorand.
Lorsquau début du XXe siècle la Société
dÉnergie Électrique « Loire et Centre
», alors propriétaire
des eaux du lac voulu déposséder la commune de ce
droit ancestral, le différend fut porté devant le
tribunal
de Largentière qui décida alors que le droit de
pêche était en principe fondé, mais que ses
modalités nétant
pas établies, celles-ci devaient être prouvées
par enquête. Une transaction intervint aux termes de laquelle
le
lac fut partagé en deux parties égales, par une
ligne Nord-Sud, dont lune, située à louest,
fut attribuée à la
commune, et lautre, située à lest, fut
attribuée à la Société « Loire
et Centre ».
La question de la propriété de la pêche se
posa après labolition de la féodalité.
Celle-ci fut résolue dans un avis rendu par le Conseil
dÉtat en lan 13. Le Conseil décida que
le droit de
pêche, dans les rivières non navigables ni flottables,
nappartenait pas aux communes, mais aux proprié16
Mazan le droit de pêche dans le lac leur indique bien :
« excepté dans deux endroits,
dont lun appartient pour le droit de pêche aux religieux
de Bonnefoy,
lautre aux paysans dudit lieu ».
On remarquera, au passage, que la famille Itier ne met pas tous
ses oeufs dans le
même panier. En 1221, elle concèdera encore aux chartreux
de Bonnefoy tous
ses droits de pêche sur la Terrisse et le Ligeret et deux
jets dans le lac dIssarlès,
à savoir : le jet de la Crose et le jet de la Sablouze.
Auquel elle ajoutera, en 1251, le droit quelle avait déjà
sur le jet du Pal de
la Cabote, aussi appelé la Coste). Comme pour les Padgels
du XXe siècle, et
à linverse des chartreux qui étaient végétariens,
les cisterciens de Mazan ne
rechignent pas sur la pitance. Doù les nombreuses
références, dans le texte,
à la pêche et au droit de pêche. Tant au filet,
dans le lac, quau panier dans la
Loire voisine
Allaient-ils jusquà pêcher par les fenêtres
de leur monastère dans la rivière
qui le « couronne » ? il serait presque permis de
le penser si lon en croit une
description du couvent datant de 1573 et rapportée par
le chanoine Therme :
« Advant que de parler du couvent
Parlons dune noble rivière
Quon appelle Tiers du dorant
Dès que la saison printanière
Vient ; vous ny verriés que poissons
Que truites barbeaux et saulmons
Ceste rivière la couronne
Tellement que lon peut pescher
Des fenêtres quelle environne
Sans que rien en puisse empêcher. »
taires riverains. Doù la loi de 1829 qui dit que
le droit de pêche appartient aux riverains, chacun de leur
côté, jusquau fil de leau, cest-à-dire
jusquà la ligne imaginaire médiane de la rivière.
Cest ce droit de pêche que la Société
« Loire et Centre » opposa à la commune dIssarlès,
aussi longtemps
quelle fut propriétaire -de toutes les rives- de
ces eaux « ni navigables, ni flottables ».
Toutefois le Code Civil fit exception à linterdiction
du droit dusage (des eaux des lacs et étangs) qui
réservait
celui-ci aux seuls propriétaires des lacs et étangs
(y compris pour de simples usages domestiques, comme
lavage, abreuvage, puisage) pour en faire profiter les riverains.
Ceux-ci purent donc continuer à exercer leurs droits, ancestraux,
dabreuvage, de lavage et de puisage,
au moyen de plusieurs enclaves daccès, marquées
(au début du XXe siècle) par des chaînes de
pierre très
apparentes.
(Daprès H. Adelbert, « Usages locaux »,
Largentière 1936).
17
(Un acte, également passé entre Pierre Ytier et
le seigneur abbé, partagera le
droit de chasse du gibier qui alors peuplait les forêts
de la haute Ardèche : cerfs,
chevreuils, faisans, coqs de bruyère, sangliers, oiseaux
divers...).
Voici donc la « charte des pêcheries du lac dIssarlès
» rédigée en 1209. Loriginal
de ce texte est aujourdhui conservé aux Archives
de lArdèche, sous la cote
3 H 1 ; cartulaire de Mazan (de folio 4 recto à folio 7
verso).
La traduction que nous donnons ci-après a été
faite en 1847 par Monsieur
A. Borel dHauterives, alors directeur de la traduction.
Les annotations qui
accompagnent le texte sont de nous, J.M. Gardès, celles
se rapportant aux
noms de lieux nous ont été communiquées par
Clovis Vincent () et le père
Paul Teyssier ().
EXTRAIT
CHARTE DES PÊCHERIES
DU LAC
DISSARLÈS - 1209
(Archives de lArdèche : 3H 1 Cartulaire de Mazan
f° 4-7 V° ; 3H 2 traduction
certifiée p. 13-14)
A.B.DH. (M. BOREL DHAUTERIVE, Directeur de la traduction,
1847).
20
Sachent, tous présents et à venir, qui verront ou
entendront la présente charte
que moi, Pierre Ytier, prévoyant pour moi et ma prospérité
et désirant aussi
assurer la paix et le repos des frères religieux qui habitent
à présent, ou qui
habiteront Mazan ; et accroître et augmenter léclat
de cette maison par moimême
et pour les miens pour lamour de Dieu, la rémission
de nos péchés, le
remède de lâme de nos parents
Cest pourquoi dabord je vends, donne et cède
et délaisse à titre de parfaite
vente par cet acte, à jamais valable, et je livre à
Dieu, à la bienheureuse Marie
de Mazan, et à vous Pierre, abbé, et à tout
le couvent présent et futur savoir :
trois mas avec toutes leurs dépendances : entrées,
sorties, parties incultes ou
cultivées, forêts et champs
généralement
tout ce qui appartient ou doit et
paraît devoir leur appartenir, dont le premier sappelle
le Mas Delz Motos1 ; le
second Delz Garis2, le troisième de Rieutord3. Les deux
premiers portant jadis
un seul nom : celui de Mas de Las Usclades4. Lesquels confinent
: vers lOrient
à la terre dels Botergues5 appartenant au Monastère
; vers le midi au fleuve
de la Loire ; vers loccident au ruisseau descendant dUsclades
et, au-delà, en
remontant à la limite qui longe la fontaine par lancienne
route et qui conduit
jusquau hêtre de la Grue.
De telle sorte, cependant, que ladite fontaine reste dans le mas
de Garunne6,
vers le Nord à la terre des Botergues. Le troisième
mas, nommé Rivetort, outre
Loire, confine : vers loccident au fleuve, vers lOrient
au ruisseau de Pacille7 ;
vers le midi à la terre de Las Bacudas8, et aussi, dun
autre côté, le ruisseau
descendant de Bauzon. Ces mas ainsi circonscrits, avec lalleu9,
le fief10, le bénéfice11,
la viguerie12 ou le baillage13, et tout ce que jai ou puis
avoir, ou y avoir
eu, et tout ce que dautres peuvent y avoir ou y avoir eu
par moi, pour moi ou
1. Mas del Motos : il existe un « Les Motes » au bas
de Chamlatier.
2. Delz Garis : Mas de la commune de Géorand. « Avec
le mas Delz Motos (ou mas des Mochons) jadis le
mas de Las Usclades ».
3. RIEUTORD / RIVE TORD : (du lat. Rivus tortus) hameau commune
dUsclades.
4. La Manse des Usclades : comprend, en 1209, le Mas des Mottos
et le Mas des Garris. (Aujourdhui :
Usclades-et-Rieutord).
5. Les Botergues / Les Boutergues : mas commune dUsclades.
Ancienne grange de labbaye de Mazan.
6. Mas de Garunne : au nord des Boutergues, vers Clavel, se trouvait
jadis le mas de Gourrie.
7. Pacille / Padelle : toutes les chartes du Moyen Age évoquent
couramment cette frontière entre les biens de
Mazan et dAiguebelle (M. Carlat, ).
8. Las Bacudas : quartier de la région de Mazan.
9. Lalleu : héritage tenu en franchise.
10. Le fief : héritage tenu à charge de foi et hommage
et de diverses obligations envers un seigneur suzerain.
11. Le bénéfice : bien déglise attribué
à un ecclésiastique en raison des fonctions remplies
par lui.
12. La viguerie : petite circonscription administrative et judiciaire,
de faible importance, où le viguier
(vicarius : primitivement un officier remplaçant le comte)
exerçait ses pouvoirs.
13. Le baillage / bailliage : circonscription à la tête
de laquelle se trouvait le bailli, ou sénéchal,
et où il
exerçait tous les pouvoirs (politiques, administratifs,
financiers, judiciaires, militaires).
21
de moi, en petit ou en grand : depuis le ciel jusquau fond
des abîmes, collectivement
ou séparément, de la manière la plus ferme
et la plus claire, pour votre
utilité et celle des vôtres : je vous les vends,
donne et concède. Moi Pierre Ytier
susdit, pour moi et pour les miens à vous Pierre, abbé
de Mazan, ainsi quà tous
les frères qui y sont consacrés ou sy consacreront
au service de Dieu. Afin que
vous ayez, teniez et possédiez lesdits biens, vous et vos
successeurs, en pleine et
légitime puissance. Et que vous en usiez à votre
volonté, sans aucune entrave ni
empêchement. Je promets aussi avec stipulation à
vous, Seigneur Pierre, abbé
de Mazan, stipulant et agissant au nom du monastère, et
à tous les frères qui à
jamais y serviront le Seigneur, que, jamais, je ne viendrai moi-même
ou ne ferai
venir un autre à lencontre de ladite vente ou donation.
Et que personne, ni
homme, ni femme ; par mon conseil, mon instigation, mon dédit,
mon dire ou
mon fait, ne vous trouble et vous moleste dans votre jouissance
desdits biens
ou à leur occasion. Le prix de cette vente est de trois
mille sols du Puy et une
mule. Lequel prix, je reconnais avoir reçu intégralement.
Renonçant à tout fait, et avec reconnaissance de
cause, à lexception dargent
non compté et de prix non versé. Vous donnant en
aumônes pour lamour de
Dieu et la rémission de mes péchés, purement
et sans restriction, entre vifs et
irrévocablement tout ce que lesdits biens vendus peuvent
valoir de plus que le
dit prix ; que ce soit du double, du triple ou même davantage.
De telle sorte
que vous, frères susdits ou vos successeurs et ceux auxquels
il vous aura plu de
céder, vendre ou engager ; vous puissiez donner, céder,
vendre ou hypothéquer
lesdits mas ; et avoir et posséder lalleu, le fief
et la viguerie et le bénéfice, sans
aucun empêchement ou servitude. Et, sans contradiction de
ma part, ou celle
de mes héritiers. Et je vous vends aussi, compris dans
le même prix, le baillage
desdits mas du consentement, approbation et confirmation de Pierre
de la
Blancheyre, mon bailli14. Il faut observer, cependant, que la
viguerie du Mas
des Usclades, qui appartenait seulement à Hugues du Porit
et à ses frères, a été
engagées à Pierre de la Palisse pour 30 sols de
monnaie de Melgueil (Milgorieusis)
15. Mais lautre mas est tout à fait libre et dégagé
de tout baillage et viguerie.
Donc moi, Pierre Ytier, pour moi et les miens, je ratifie et confirme
à perpétuité
cette vente et je renonce entièrement à tout droit,
action, ou bénéfice de
la loi qui pourrait compléter à moi ou les miens.
De sorte que, ni moi, ni les
miens, ni mes héritiers, ni mes successeurs en aucun temps
; nous ne puissions
rien retenir en vertu du droit écrit, divin ou humain,
commun ou privé, vous
concédant tout droit et action par lesquels moi et mes
héritiers nous pour-
14. Bailli : lofficier (Pierre de la Blancheyre) qui rendait
la justice dans le baillage, au nom de Pierre Ytier
de Géorand.
15. Melgueil : avec le nom latin Milgorieusis, dans la traduction
dA. B.DH. MAUGUIO : petit village de
lHérault où le compte battait monnaie. (Le
comte de « Melgoire », les « sous » de
Melgoire. Cf. cartulaire
de Saint-Chaffre, Charte 437).
22
rions venir à lencontre de cette vente pour tout
ou partie. Car je reconnais
ladite vente être juste, vraie et faite de bonne foi pour
ma propre utilité. Et je
lapprouve et la confirme généralement et en
détail. En outre, je donne aussi
et concède en aumônes purement, sans aucune restriction
ou condition entre
vifs, pour lamour de Dieu et la rémission de mes
péchés et le soulagement de
lâme de mes parents, au monastère de Mazan,
et à tous ses frères présents et à
venir ; la pêche et le droit libre de pêcher toutes
les fois et comme il leur plaira
dans le lac dIssarlès et dans le fleuve de la Loire.
De sorte quils puissent, dans ledit lac, jeter leurs filets
et prendre le poisson
existant à leur volonté ; où il leur semblera
le plus commode. Excepté dans
deux endroits dont lun appartient, pour le droit de pêche,
aux religieux de
Bonnefoi (Bene fidei)16 ; lautre aux paysans dudit lieu.
Laquelle donation je
fais et concède irrévocablement, de plein gré,
de bon coeur, en aumône purement
et simplement, en son entier. De sorte que les donataires puissent
pêcher
librement et de la manière quil leur plaira dans
ledit lac (les deux endroits
exceptés), puissent y avoir une barque amarrée où
ils voudront pour raccommoder
leurs filets et faire tout ce qui leur est nécessaire ;
puissent bâtir, sur le
rocher voisin du lac, une cabane qui leur serve dabri et
enfin, couper le bois
dans les environs du lac pour divers usages. Autant, et chaque
fois quil leur
sera utile. Sans aucun obstacle ou empêchement, spécialement
de la part des
religieux de Bonnefoi. Pourvu que ces derniers ne soient pas troublés
dans leur
droit de pêche.
Dans la Loire, le libre et entier pouvoir de pêcher appartiendra,
comme pour le
lac, aux donataires : depuis le Saut du loup17 jusquau gué
du Cros18. Ils auront
en outre avec nous sur ledit fleuve contre le rocher un lieu où
nous ferons bâtir
et reconstruire et pêcherons à frais communs et y
entretiendrons, chacun pour
notre part, le nombre dhommes nécessaires. De telle
sorte que, si par hasard,
je voulais faire les dépenses et entretenir ces hommes
à mes frais ; néanmoins,
lesdits frères pourront pêcher à leur gré
et garder les poissons après déduction
de moitié pour notre part. Suivant lestimation quils
en feront eux-mêmes et
à laquelle nous serons tenus de nous en rapporter. Lesquelles
choses susdites,
fixées comme dessus, sont données et concédées
à Vous, Seigneur Pierre, abbé
16. Bonnefoi/Bonnefoy : Bene/Bone Fidéi Bonas Fès
? Les religieux de Bonnefoy sont des chartreux (ordre
de saint Bruno). La chartreuse a été fondée
en 1156.
17. Saut du Loup : aussi connu sous le nom de « Saut de
la Loire » (ce qui dailleurs est son véritable
nom).
Endroit où la rivière se resserre sous le Lac dIssarlès.
En face Riou-Cros ; en aval du confluent du Gage.
18. Gué du Croz : en aval de la ferme de Malaval. Sur la
carte dÉtat-major, lemplacement dune
draille
rappelle celui du Gué. Ou bien le « Gua » (aujourdhui
disparu) près du vieux pont de La Palisse. Ce
chemin allait de Saint-Cirgues-en-Montagne au Cros ou au Béage.
Du Saut du Loup au premier Gué : 5
km environ ; du Saut du Loup au second Gué (La Palisse)
: 6 km environ).
23
de Mazan par moi, Pierre Ytier, de bonne foi pour moi et tous
les miens ; sans
aucun dol19 ou machination. Pour la rédemption de mon âme
et celle de mes
parents, de lavis de mes amis. De sorte que vous les ayez
et possédiez comme
il est dit ; vous et les vôtres ; sans aucune contradiction
ou empêchement. Et
pour que toutes les choses contenues en la présente vente
ou donation en général
et en particulier demeurent à jamais inviolablement en
votre possession ;
Moi, Pierre Ytier ayant ainsi que moi Saura20, sa femme, lun
et lautre pour
nous et tous les nôtres, de bonne foi, sans dol, sous le
serment prêté sur les
Saints-Évangiles : nous vous les donnons, concédons
et confirmons.
Nous promettons aussi, par stipulation.......
Table des matières
Issarlès avant lan mil 13
daprès une donation faite à labbaye
de Saint-Chaffre
Charte des pêcheries du lac dIssarlès (1209)
15
LEstime de la paroisse dIssarlès (1464) 31
(71 personnes estimées sur 27 terroirs)
Liste alphabétique des habitants 177-179
de la paroisse en 1464
Lieux habités en 1464 182
Varia : XVIe et XVIIe siècles 185
Le bruslement de léglise dIssarlès en
1582 186
Lettre sur lemprisonnement de Pierre Gardès en 1595
187
Reconnaissances féodales de lan 1595 189
Liève de Giorand pour lan 1604 199
3 actes notariés du XVIIe siècle (1624) 203
Issarlés en 1650 205
Liste des habitants en 1650 255-257
Rôle pour lannée 1681 (85 personnes sur 20
terroirs) 258
Issarlès au XVIIIe siècle 263
Taxe des rôles de la capitation de la communauté
264
dYssarlès en 1702
(146 personnes sur 32 terroirs)
Contribuables (1709 à 1773) 281
(57 contribuables sur 10 terroirs)
Calamités dhier - Issarlès tailhable en 1728
287
(122 personnes recensées)
Issarlès en 1762 : la grande enquête 297
Issarlès en 1789 306
(17 officiers municipaux, 12 membres du comité de surveillance,
17 prêtres natifs dIssarlès, 13 soldats...)
Registre dacompte pour lannée 1791 311
(140 personnes 23 terroirs)
Les cotisants d'Issarlès en 1791 322-324
Récapitulatif 326
La tentative de poldérisation de 1794 327
LISTE ALPHABÉTIQUE
DES COTISANTS DE LA
PAROISSE DISSARLÈS20
Tels quils apparaissent sur le « registre dacompte
» pour lannée 1791
A ACASSAT Pierre
ALEMAND Claude
ALIX Aniès
ALIX Claude, sa Vve
ALIX Claude
ALIX Claude
ALIX Jacques
ALIX Jean-Pierre
ALIX Jean-Pierre
ALIX Marguerite
ALIX Pierre
ALIRAND Jacques
ARMAND Benoît
AUGIER M.
AUGIER Jean-Louis
Las Combes
Le Lac
Le Crouzet
Le Crouzet
Chaumette
Le Pin
Le Tiolin
Le Lac
Les Arcis
Le Crouzet
La Chaze
Massibrand
Les Arcis
Le Crouzet
Les Tendres & Pourcelayres
B BADIOU Jean-Pierre
BARBON Claude de
BECQUE Jean-Baptiste
BONNET Claude
BOUISSON Pierre
BOUYER-AUGIER Et.
BOYER Estienne
BREISSE Claude
BREYSSE Claude
BREYSSE Jean
BREYSSE Jean-Louis
BREYSSE Jean-Louis
BREISSE Marguerite
BREISSE Pierre
BRUN Damien
BRUN Jean
BRUN Jean-Louis
BRUN Jean-Pierre
Les Arcis
Les Arcis
La Chaze
Le Falconi
La Chaze
Les Arcis
Le Mond
La Chaze
La Chaze-Gamard
Le Falconi
Chaumette
Les Arcis
Le Crouzet
Le Lac
La Chaze
Chaumette
Les Issartaux
Le Lac
20. Comme pour l'Estime de 1464, on trouvera le détail
afférent à chaque nom, à partir des terroirs
répertoriés et paginés p. 324
321
C CHAMBON Étienne
CHARIER Pierre
CHAUSSANDE Jacques
CHEVALLIER Estienne
CHEVALLIER François
CROUZET Martin
Les Bourles & Rabiouze
Le Lac
Le Tiolin
Le Lac
Le Lac
La Chaze
D DEMAILLET M. Le Chamet
E EXBRAYAT Les Combes
F FAURE Jean
FIALON André
FIALON Baptiste
FIALON Jean
FIALON Jean-Antoine
FIALON Jean-Antoine
FORESTIER Jean
Le Mond
Rag(easses)
Les Issartaux
Massibrand
Le Crouzet
Le Pin
Le Lac
G GARDÈS Antoine
GARDÈS Jean-Louis
GARDÈS Jean-Louis
GARDÈS Pierre
GARDÈS Pierre
GARDÈS Pierre
GÉLI Jean
GIBERT Joseph
GINOUX Louis
GIRAUD Jean
GUILHOT Jean-Louis
La Chaze
La Chaze
Les Issartaux
La Chaze
Les Issartaux
Le Lac
Le Lac
La Chavade
Le Mond
Massibrand
Massibrand
H HABAUZIT Antoine
HABAUZIT Claude
HABAUZIT Pierre
HABAUZIT Pierre
HAVON Pierre
HÉBRARD Charles
HÉBRARD Jeanne-Marie
HILLAIRE François
HILAIRE François
HILAIRE Jean-Antoine
HILAIRE Jean-Antoine
HUGON Jean-Louis
Le Lac
Le Mond
Le Mond
Les Tendres & Pourceleyres
Les Tendres & Pourceleyres
Le Lac
Le Lac
Le Lac
La Chavade
Las Combes
Les Issartaux
Le Mond
322
L LAFARGERE
LAFOND François
LAFOND Jean-Louis
LAFOND Jean-Pierre
LARGIER Marc
LAVASTRE Claude
LIABEUF François
LIABEUF François
LIABEUF Françoise
LIABEUF Jean
LIABEUF Jean-Antoine
LIABEUF Jean-Antoine
LIOTARD Antoine
LORT Françoise, Ve de
LORT Marie, Veuve RIVET
Les Arcis
Le Pin
La Chaze
Massibrand
Le Mond
La Chaze
Le Crouzet
Le Lac
Le Pin
Les Arcis
Le Pin
Le Plo
Les Arcis
La Chaze
Las Combes
M MALARTRE Antoine
MALARTRE François
MALARTRE Jean
MALARTRE Jean-Louis
MALARTRE Mariane
MARION Étienne
MAURIN Jean
MIALLE Claude
MIALON Estienne
MIALON Gabriel
MIALLON Pierre
MOULIN Claude
MOULIN Claude
MOULIN Dominique
MOULIN Dominique
MOULIN Pierre
Les Arcis
Le Pin
Les Issartaux
Le Plo
La Pinède
Le Mond
Massibrand
Le Lac
Le Lac
Le Mond
Montgros
Le Lac
Massibrand
Le Lac
Le Mond
Le Lac
N NICOLAS Jean-Louis
NUEL Simon
Massibrand
Les Bourles & Rabiouze
O OLLIER Claude
OLLIER Claude
OLLIER Jean-Louis
Las Combes
Las Combes (petit Fustier)
Le Tiolin
323
P PAGÈS Pierre
PAILLÈS Dominique
PAILLÈS Jean-Antoine
PAILLÈS Jean-Antoine
PÉLISSIER Pierre
PETIT Antoine
PHILIPOT Mariane
Le Pin
Le Bes
Le Bes
Les Issartaux
Varennes
Le Mond
Le Falconi
R REDON Pierre
REYNAUD Pierre
RIVET Antoinette
RIVET Jean-Antoine
ROCHETTE André
ROCHETTE André, Annie sa veuve
ROUX Marie, veuve de LORT François
Le Lac
Les Arcis
Le Lac
Chaumette
Massibrand
Les Bourles & Rabiouze
La Chaze
S SERRE Antoine
SOUILHOL Jean-Louis
SOULELHAC Jean-Pierre
SOULELHAC Pierre
La Chavade
Les Arcis
Les Bourles & Rabiouze
Le Chaumet
T TEISSIER André
TENDILHE François
TENDILHE Jacques
TENDILHE Jean
Les Tendres & Rabiouze
Le Crouzet
Le Crouzet
Le Crouzet
V VAILIER André
VARAUD Joseph
VARAUD Louis
VARENES Joseph
VEYRADIER Jean-Pierre
VEYRADIER Jean-Pierre
VIANES Jean
VINCENS Mathieu
VISPRON Jean-Louis
Le Mond
Le Lac
Le Pin
Varenes
Le Plo
Le Chaumet
La Chaze
Le Mond
Le Tiolin
Sont également cités dans le « Registre des
acomptes » :
Arcis Roui, DURAND Marie,
BONNEFOY, GINEYS,
BOUNAUD P., HÉBRARD Jean,
BOUSSON André, LAFON Baptiste,
CROUZET Jean-Louis, LARGIER Pierre.
324
RÉCAPITULATIF GÉNÉRAL
TERROIR Cotisables
Imposition
1790
Impos. terroir/
impos.
paroisse en %
Moyenne
par cotisable
(en l.)
Accompte de
la moitié
Page de
notre
document
Les Arcis 13 428.10.02 11.5 33 213.18.09 312
Le Mond 13 437.09.05 11.7 33 218.09.11 313
Varennes 2 122.08.08 3.3 61 61.04.04 313
Montgros 1 14.11.03 0.4 14* 07.05.08 313
La Chavade 3 113.07.09 3.0 37 56.13.11 314
Le Falconi 3 129.09.03 3.4 43 64.14.08 314
La Chaze 14 245.00.10 6.6 17* 122.10.00 314
Le Crouzet 6 233.18.00 6.3 38 117.01.02 315
Issarlès 4 03.17.00 0.1 0.7 1.18.11 315
La Pinède 1 07.09.04 0.2 7 03.14.08 315
Le Bes 2 137.00.00 3.7 68 68.10.00 315
Chaumette 4 103.05.06 2.8 25* 51.12.10 316
Le Chaumet 4 160.00.04 4.3 40 80.00.03 316
Le Tiolin 4 71.06.06 2.0 17* 35.13.04 316
Las Combes 6 98.05.06 2.7 16* 50.01.10 317
Massibrand 10 45.13.06 1.2 4* 22.16.11 317
Le Pin 8 135.12.06 3.6 16* 67.17.05 318
Le Plo 3 186.08.01 5.0 61 92.14.01 318
Les Issartaux
et B.
7 299.05.06 8.0 42 149.12.10 318
Moulin et
Lac
22 496.05.08 12.6 23* 234.12.01 319
Les Tendres
et P.
4 134.15.00 3.6 33 67.07.06 320
Rageasses 2 110.12.03 3.0 55 55.06.02 320
Les Bourles
et R.
4 38.03.07 1 12 19.01.10 320
Total paroisse
140 3
724.16.05
100 % 27 1862.19.01°
* terroir pour lequel les habitants sont en dessous de la moyenne
de cotisation de
lensemble des habitants de la paroisse (27 livres ; 11 terroirs
concernés).
° 1862.19.01 : ce total diffère de 4 livres 5 sols
1 denier
325
La tentative de poldérisation de 1794
« Nous soussigné, ingénieur des Ponts et Chaussées
des districts du Coiron et du
Tanargue, département de lArdèche, vu larrêté
pris par ce dernier, du 29 Nivose
dernier 18 janvier 1794), qui nous a été adressé
par lagent national de ce même
district, portant quattendu quil existe encore dans
le district un lac appelé dIssarlès,
situé dans la commune dIssarlès, canton de
Coucouron, et que lintérêt public
exige le dessèchement de tous les lacs parce quils
rendront des terres à lagriculture,
et que dailleurs la loi du 14 frimaire à ce sujet
en ordonne le dessèchement, arrête
que le citoyen Auzillon se transportera à la commune dIssarlès,
vérifiera le lac, les
moyens les plus faciles, les moins dispendieux et les moins nuisibles
aux voisins,
pour en opérer le dessèchement, dressera le devis
estimatif des travaux à faire à ce
sujet pour, après la remise de son rapport, être
procédé par des affiches préalables
à ladjudication de lentreprise et des poissons
qui pourront être pris, en faveur de
qui fera sur chaque objet, la condition la meilleure.
Lingénieur, daprès larrêté
ci-dessus, se mit en route dans le courant de Nivose
pour le lieu dIssarlès où est situé
le lac du même nom. Mais la grande quantité de
neige qui couvrait presque toute la surface de cette contrée,
et le froid excessif qui
sy faisait sentir alors, obligea lingénieur
a se replier au Béage jusquà une époque
plus favorable, ou du moins jusquà ce que cette contrée
fut à découvert.
En effet, nous nous y sommes rendus dans le courant de Prairial
dernier avec un
administrateur du directoire du district du Tanargue (le citoyen
Rivière), et le représentant
du peuple Guyardin qui sétaient rendus à la
même époque dans cette
contrée pour une expédition qui fut ordonnée
par le même représentant, dirigée
contre des prêtres réfractaires, déserteurs
et autres brigands, réfugiés dans les bois de
Bozon et autres tout près du lac21.
En conséquence, rapportons que le lac dIssarlès,
dune forme circulaire et dune
profondeur étonnante (puisque dautres personnes que
moi nont pu en connaître
sa véritable profondeur, présente un bassin immense
que nous présumons être un
cratère dancien volcan22 et dont le bassin a été
rempli ou par des sources qui se
sont réunies de lintérieur des terres, ou
par des eaux qui se sont glissées par quelque
soupirail inférieur qui communiquent à quelque autre
grand bassin. Son sol grave-
21. Et parmi eux labbé Louis Gardès, originaire
de Bouyssi-Peyregrosse, Cne du Béage. Nous donnerons
dans un ouvrage à paraître, le « Manifeste
» que proclamèrent sur les bords de ce même
lac le marquis de
Surville et le Général de La Mothe au printemps1796,
appelant à la constitution dune « Armée
royale et
catholique dOrient ».
22. Sur ce lac, en fait maar dorigine volcanique et non
pas bouche éruptive de volcan, voir dans le livre «
Le plateau Ardéchois », Aurore Gardès-Cherif,
chap. I, Géologie, les différents types de volcans/les
éruptions
en présence deau, Ed. Créer, 2017.
326
leux sur lequel repose les eaux qui ne gèlent jamais23
et dont le volume naugmente
pas dans les grandes pluies est, à ce que nous avons pu
observer, de forme conique.
Ce qui me fait dautant plus conjecturer la réalité
de quelques communications
avec dautres eaux, cest quon voyait autrefois
dans ce lac une espèce de poisson
dune médiocre grosseur qui ne paraissait quà
une saison fixe et qui disparaissait
de même (ce fait ma été attesté
par plusieurs personnes et il est rapporté dans l«
Histoire naturelle de la France »24). Ce étant, il
ny a plus de doute que le lac nait
ses communications avecdautres eaux doù le
poisson venait pour se rafraîchir et
quil y aurait du danger à entreprendre son dessèchement,
malgré que jai lu dans
le même ouvrage que depuis quelque temps le poisson qui
venait ordinairement
dans le lac dans les derniers mois de lannée a cessé
dy apparaître. Ce qui donne
lieu de penser quil sest fait quelque éboulement
de terre qui peut avoir obstrué la
communication, mais aussi lon peut croire quelle se
rétablira par la corrosion des
eaux qui coupent, à la longue, tous les obstacles25.
Au surplus, je mets en fait que le lac fournit des branches deau
à larrosement de
quantité de prairies que son dessèchement priverait
indubitablement. Daprès tout
ce dessus, et sans le rapprochement dautres faits qui démontreraient
toujours à
ne pas entreprendre le dessèchement du lac, mais seulement
celui quil ne peut
sopérer dune manière avantageuse pour
la République, pour la raison que lon ne
pourrait jamais sattendre au dessèchement parfait,
mais bien de quelques lisières
surtout son développement, de peu de valeur, à cause
de sa forme et dont le résultat
négalerait pas la dépense quil aurait
coûté.
Daprès cela, nous pensons quil est plus de
lintérêt de la République à conserver
ce lac que den entreprendre le dessèchement ».
Largentière, le second Thermidor lan second de la
République Une et Indivisible
(2 juillet 1794), AUZILLON.
23. « Les eaux qui ne gèlent jamais... » ?
On affirma cependant au Docteur Francus qui visita le lac
en1878 que « le lac fut entièrement gelé en
1870 et quune charrette à boeufs aurait pu passer
partout ! »
Dr. Francus (Albin Mazon), « Voyage aux pays volcaniques
du Vivarais », 1878, Réed. Lienhard & Cie,
Aubenas 1979, chap. XX, le lac dIssarlès.
24. Jean-Louis Giraud-Soulavie, Histoire naturelle de la France,
7 volumes, 1780-1784.
25. Rétablir la communication, en levant tous les obstacles
à la circulation des eaux du lac... Ces travaux de
titan seront entrepris dans la moitié du XXe siècle
par des hommes, par une jeune entreprise , pour accroître,
non pas cette fois-ci la surface des terres agricoles, mais pour
augmenter la production délectricité dans
un
pays qui se rebâtissait au lendemain dune seconde
guerre mondiale.
Voir à ce sujet dans le livre « Le partage des eaux
», ed. Hozoni, juillet 2019, J.-M. Gardès, «
une histoire
de plusieurs dizaines de millions dannées »,
pp. 26-31.
327
328
Carte tirée de l'article de MM. A. Delebecque et E. Ritter
"Sur
les lacs du plateau central de la France", publié
dans la Revue du
Vivarais, T. I, 1ère année, 1893, p. 96 et s.
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